Lexique G comme... N e u ro l o g i e . c o m 20 1 0 ; 2 ( 1 ) : 2 0- 1 Carte d’identité génétique des gliomes diffus de l’adulte Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Diffuse gliomas identity card ....................................................... .... .... Ahmed Idbaih es gliomes ou tumeurs gliales diffus(es) ... .... Service de neurologie Mazarin, sont les tumeurs cérébrales primitives .... Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière ; ..... .... .... les plus fréquentes chez l’adulte. À .... .... Inserm, Unité 711 ; l’heure actuelle, leur diagnostic repose .... .... UPMC Université Paris VI, .... .... Laboratoire biologie essentiellement sur les critères de la ... .... des interactions neurone-glie, classification anatomopathologique .... Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière ; ..... .... de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) .... Paris . .. <[email protected]> .................................................... ..... qui individualise 7 principaux types de gliomes L diffus (tableau 1). Or, dans certains cas, selon les neuropathologistes eux-mêmes, les critères morphologiques de cette classification s’avèrent insuffisants pour prédire l’évolution clinique de la tumeur et la réponse aux traitements de la tumeur, et pour établir des groupes de tumeurs homogènes. En effet, des tumeurs gliales présentant le même aspect histologique sous le microscope peuvent parfois évoluer de manières radicalement différentes, déconcertant ainsi les cliniciens. Depuis les années 1980, les travaux de recherche biologique menés dans les gliomes visent notamment leur caractérisation moléculaire. En effet, de nombreuses équipes s’efforcent de découvrir et de décrire les altérations du génome (acide désoxyribonucléique, ADN), du transcriptome (acide ribonucléique messagers, ARNm), du protéome (protéines) et de l’épigénome (modification épigénétique de l’ADN comme la méthylation des promoteurs des gènes) ; d’apprécier la fréquence de ces altérations moléculaires ; et d’évaluer leur pertinence et leur intérêt bioclinique. L’analyse de l’ensemble de ces biomolécules permet ainsi d’établir une véritable carte d’identité moléculaire de la tumeur. La carte d’identité génétique est le versant le plus avancé .......................................................................................................................... ... ... .... .... CARTE D’IDENTITÉ GÉNÉTIQUE DES GLIOMES .... .... DIFFUS DE L’ADULTE .... .......................................................................................................... ... .... .... Les gliomes, ou tumeurs gliales, sont des tumeurs du cerveau ..... .... naissant directement des cellules, cérébrales elles-mêmes par .... .... .... .... .... opposition aux métastases .... .... .... .... cérébrales. En effet, ces dernières... ... ............................................................................................................................ . 20 neurologie.com | vol. 2 n°1 | janvier 2010 de la carte d’identité moléculaire des gliomes diffus de l’adulte. Nous aborderons successivement la carte d’identité génétique des glioblastomes et des oligodendrogliomes. En effet, ces deux types de tumeurs gliales représentent près des deux tiers de l’ensemble des gliomes diffus de l’adulte et suscitent ainsi le plus de travaux de recherche biologiques. Au sein des glioblastomes ou astrocytomes de grade IV, deux principaux types génétiques sont individualisés correspondant à deux entités évolutives. Les glioblastomes primaires ou de novo, représentant 95 % de l’ensemble des glioblastomes et survenant d’emblée, généralement chez le sujet âgé, sont classiquement caractérisés par : – une amplification du gène du récepteur au facteur de croissance épithéliale (EGFR) ; – une trisomie du chromosome 7 ; – une délétion homozygote du gène CDKN2A impliqué dans le contrôle du cycle cellulaire ; – la perte du chromosome 10 (figure 1). Les glioblastomes secondaires sont plus rares (5 % de l’ensemble des glioblastomes). Ils compliquent l’évolution d’une tumeur gliale préexistante de plus bas grade de malignité (gliome de grade II ou III) et surviennent chez des sujets plus jeunes. Ils ont en commun avec les glioblastomes primaires : – une trisomie du chromosome 7 ; – une délétion homozygote du gène CDKN2A ; – la perte du chromosome 10. En revanche, ils n’ont pas d’amplification du gène EGFR et présentent plus fréquemment que les glioblastomes primaires, des mutations des gènes codant pour l’isocitrate déshydrogénase 1 (IDH1) [1]. Les mutations du gène codant pour la protéine p53 étaient autrefois traditionnellement associées aux glioblastomes secondaires. Des travaux récents viennent nuancer cette donnée [2]. Les oligodendrogliomes présentent, dans environ deux tiers des cas, une codélétion des bras chromosomiques 1p et 19q avec des points de cassure centromériques sur les chromosomes 1 et 19 correspondant plus précisément à une translocation chromosomique t(1;19)(q10;p10) [3]. Cette codélétion chromosomique est parfaitement exclusive de l’amplification de l’EGFR et permet ainsi de DOI : 10.1684/nro.2010.0188 Tableau 1. Principaux types et sous-types de gliomes diffus de l’adulte .................................................................................................................................................................................................. ... ... Types .. Sous-types .. .. .. .. Astrocytome de grade II . Astrocytome .. .. Astrocytome de grade III .. .. Astrocytome de grade IV ou glioblastome .. .. .. .. ... Oligodendrogliome ... Oligodendrogliome de grade II .. .. Oligodendrogliome de grade III .. .. .. Oligoastrocytome ou gliome mixte .. Oligoastrocytome ou gliome mixte de grade II .. .. Oligoastrocytome ou gliome mixte de grade III .. . .................................................................................................................................................................................................... ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Figure 1. Portraits génétiques de deux tumeurs gliales caractérisées par la technique d’hybridation génomique comparative sur puce à ADN. Ces profils génomiques ont été obtenus dans le cadre du programme Carte d’Identité des Tumeurs (CIT) de la Ligue nationale contre le cancer. A 3.1 * 2.8 2.5 2.2 1.9 ** 1.6 1.3 1.0 0.7 0.4 *** 0.1 1 B 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 202122 3.1 2.8 2.5 2.2 1.9 § §§ 1.6 1.3 1.0 0.7 0.4 0.1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 2122 * Amplification du gène EGFR ; ** délétion homozygote de CDKN2A ; *** perte du chromosome 10 ; perte du bras chromosomique 1p ; §§ perte du bras chromosomique 19q. définir deux groupes génomiques de gliomes parfaitement distincts (EGFR amplifiés versus 1p/19q codélétés) [4]. Sur le plan clinique, cette codélétion est associée à une meilleure réponse aux traitements antitumoraux et à un meilleur pronostic [5]. Ces efforts de cartographie des altérations génétiques et moléculaires des tumeurs gliales ont un impact non seulement cognitif, améliorant notre compréhension de la biologie des gliomes, mais également clinique. En effet, une meilleure connaissance des facteurs moléculaires prédictifs du pronostic et de la réponse aux traitements des gliomes permettra une meilleure prise en charge médicale des patients souffrant de tumeur gliale. § Références 1. Parsons DW, Jones S, Zhang X, et al. An Integrated Genomic Analysis of Human Glioblastoma Multiforme. Science 2008 ; 321 : 1807-12. 5. Cairncross JG, Ueki K, Zlatescu MC, et al. Specific genetic predictors of chemotherapeutic response and survival in patients with anaplastic oligodendrogliomas. J Natl Cancer Inst 1998 ; 90 : 1473-9. 2. The Cancer Genome Atlas Research Network. Comprehensive genomic characterization defines human glioblastoma genes and core pathways. Nature 2008 ; 455 : 1061-8. 3. Jenkins RB, Blair H, Ballman KV, et al. A t(1;19)(q10;p10) mediates the combined deletions of 1p and 19q and predicts a better prognosis of patients with oligodendroglioma. Cancer Res 2006 ; 66 : 9852-61. 4. Idbaih A, Marie Y, Lucchesi C, et al. BAC array CGH distinguishes mutually exclusive alterations that define clinicogenetic subtypes of gliomas. Int J Cancer 2008 ; 122 : 1778-86. neurologie.com | vol. 2 n°1 | janvier 2010 21