
Une analyse récente des aspects économiques de la fièvre aphteuse (James et Rushton, 2003) a permis d’établir
que l’ensemble des études passées en revue aboutissait à la conclusion suivante : un certain degré de contrôle
produit des retombées économiques positives. Quand elle était possible, l’éradication a généralement été la
politique la plus économique puisqu’elle a permis d’éviter les coûts à long terme de la vaccination. Toutefois,
dans les cas où l’éradication ne faisait pas partie des solutions envisagées, les stratégies de vaccination à long
terme produisaient encore des retombées économiques positives. D’après les données recueillies par l’auteur (par
ex., James et Ellis, 1978) la vaccination dans les systèmes à faible rapport et à faible rendement peut aussi
produire des retombées économiques positives, de même qu’elle peut améliorer la protection des animaux ayant
une bonne production dans la même région. Il ne fait pas de doute qu’un investissement accru en faveur de la
lutte contre les maladies de la Liste A serait économiquement justifié, d'autant plus si on prend en compte des
facteurs tels que la sécurité des moyens de subsistance et de l’approvisionnement alimentaire. Ce n’est pas une
coïncidence si les pays les plus pauvres sont ceux qui ont tendance à être les plus touchés par les maladies de la
Liste A : ils ne disposent pas des ressources qui leur permettraient de réaliser des investissements très utiles dans
la lutte contre les maladies.
Dans une perspective internationale, cette situation représente une menace économique pour le monde entier. Le
coût de l’épizootie de fièvre aphteuse de 2001 au Royaume-Uni a été estimé à plus de 12 milliards de dollars EU
(Anderson, 2002). En outre, les coûts engendrés à l’échelle mondiale par la prévention de l’introduction des
maladies exotiques sont énormes, mais ils n’ont pas été chiffrés. Au-delà des coûts directs liés à la prévention, la
distorsion des marchés internationaux et du commerce des produits d’origine animale inflige d’énormes pertes
économiques aux importateurs potentiels, ainsi qu’aux exportateurs.
Les nombreuses analyses économiques non publiées réalisées par l’auteur révèlent qu’il est possible de réaliser
d’importantes réductions de coûts en ajustant la stratégie appliquée aux programmes permanents de prophylaxie.
De ce fait, pour de nombreux pays, un investissement accru dans l’analyse économique des programmes de
prophylaxie produirait en soi des retombées économiques positives en améliorant le rapport coût-efficacité de
l’investissement dans la lutte contre les maladies.
Le présent rapport a pour objectif d’évaluer le degré d’utilisation de l’analyse économique pour guider la prise
de décision en matière de politique zoosanitaire, l’intérêt pour les services vétérinaires de recourir plus largement
aux analyses économiques et les moyens qui permettraient de faciliter une utilisation accrue des analyses
économiques des maladies animales.
Un questionnaire a été adressé aux 162 Pays Membres de l’OIE, dont 125 ont répondu : l’Afghanistan, l’Afrique
du Sud, l’Algérie, l’Allemagne, Andorre, l’Angola, l’Australie, l’Autriche, l’Azerbaïjan, le Bahreïn, la Barbade,
la Belgique, le Bénin, la Biélorussie, la Bolivie, la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, la Bulgarie, le Burkina Faso, le
Canada, le Chili, Chypre, la Colombie, le Congo, le Costa Rica, la Côte d'Ivoire, la Croatie, Cuba, le Danemark,
l’Égypte, El Salvador, l’Équateur, l’Erythrée, l’Espagne, l’Estonie, les Etats-Unis d’Amérique, l’Ethiopie, la
Finlande, la France, le Ghana, la Grèce, le Guatemala, le Guyana, le Honduras, l’Inde, l’Indonésie, l’Islande,
Israël, l’Italie, le Japon, la Jordanie, le Kenya, le Kirghizistan, le Koweït, la Lettonie, le Liban, le Lesotho, la
Lituanie, le Luxembourg, la Macédoine, Madagascar, le Malawi, la Malaisie, le Mali, Malte, le Maroc, Maurice,
le Mexique, la Mongolie, le Mozambique, le Myanmar, la Namibie, le Népal, le Nicaragua, le Nigéria, la
Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, Oman, l’Ouzbékistan, le Pakistan, le Panama, le
Paraguay, les Pays-Bas, le Pérou, les Philippines, la Pologne, le Portugal, le Qatar, la République centrafricaine,
la République Tchèque, la République dominicaine, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Russie, Sao Tome et
Principe, le Sénégal, Singapour, la Slovaquie, la Slovénie, la Somalie, le Soudan, le Sri Lanka, la Suède, le
Surinam, la Suisse, la Syrie, Taipeh China, la Tanzanie, le Tchad, la Thaïlande, le Togo, Trinité-et-Tobago, la
Tunisie, la Turquie, l’Ukraine, l’Uruguay, le Vanuatu, le Venezuela, le Vietnam, le Yémen, la Zambie et le
Zimbabwe. Une réponse était incomplète et ne précisait pas le pays d'origine.
2. RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE
Q1. Votre pays procède-t-il à une analyse économique de l’impact des maladies animales?
Les pays ont majoritairement (59 %) fait savoir qu’ils effectuaient occasionnellement une analyse économique
de l’impact des maladies animales. Les autres réponses étaient les suivantes : systématiquement pour toutes les
maladies importantes (9 %), souvent (11 %) et jamais (21 %).