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e-bulletin
SEANCE DU 01 décembre 2015.
Restitution de l'intervention de : Philippe GABRIEL
Par l'équipe d'auditeurs : Barbara, Camille, Joëlle, Michèle, André, Gilles et Roland.
TITRE : Psychologie de la mémoire et de l’oubli
Deuxième partie
Dans cette deuxième partie de la séance, dans cette troisième section finalement de cette
présentation sur la mémoire, je vais évoquer les influence sur le souvenir et la mémoire. Très
rapidement, j'ai noté ici l'origine des principales influences : influence psychogène, influence
organique ou extérieure, influence contextuelle, pharmacologique ou socioculturelle. On va
essayer de faire le tri
Pour les aspects psychogènes, j'ai noté trois façons de voir les choses. Il y a l'aspect
refoulement : la psychanalyse va surtout être du côté de cette approche. L'idée que certains
souvenirs peuvent être générateurs d'angoisse, et donc l'un des mécanismes de défense, c'est le
refoulement, c'est de tenir le souvenir à distance.
L'aspect psychogène c'est sur le versant cognitif, cela peut être considéré en tant que
traitement de l'information. On peut considérer que certaines informations ne sont pas
particulièrement pertinentes par rapport aux situations que nous rencontrons. Il y a donc un
traitement qui n'est pas prioritaire de certaines informations, ce qui fait que se souvenir de façon
inconsciente est conservé à distance de la conscience.
On peut parler aussi en terme de résilience, l'esprit peut avoir besoin de passer à autre
chose, tout se passe comme si, il fallait passer à autre chose, mettre de côté, ne plus actualiser
des souvenirs qui correspondent à une période que l'on cherche à oublier. C'est l'approche que je
pourrais faire de ces facteurs psychogènes en suivant, grosso modo, les théories dominantes. On
pourrait évoquer que le souvenir, aussi, n'est pas lié à d'autres souvenirs, dans les aspects
composites de la mémoire : composite dans la mesure où il y a une dimension constructive,
composée. Le souvenir n'est pas atteint parce qu'il n'est pas relié à des événements, et peut être
qu'il émergera un peu plus tard. Vous avez sans doute fait l'expérience, que je fais régulièrement,
de chercher le nom d'un auteur, le titre d'un bouquin : je commence à faire cet exercice à 8 h du
matin, et qu'à 8 h 05, je me dise que ce n'est pas la peine, cela ne me revient pas, mais ce n'est
pas grave, ce soir je l'aurais en tête. Et effectivement le soir je me dis : ah oui, c'était ça! ça revient
dans le contexte, et puis il peut y avoir des processus en tâche de fond, qui fonctionnent.
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Pour les aspect socioculturels, je serai un peu plus prolixe. Les aspects socioculturels
c'est, par exemple, les représentations du monde. Par exemple les cartes mentales, les
représentations du monde que nous avons, c'est une expérience de P Gould et R White faite dans
les années 1974. Gould et White comparaient les représentations de Los Angeles par :
 La population blanche du quartier de West Wood.
 La population noire dans les quartiers Watts.
 La population hispanique du quartier de Boyle Heights.
Nous avons pour un même lieu, 3 représentations et 3 mondes différents.
Cela va avoir des effets en terme de souvenirs, parce que l'on sait, d'une manière
générale, que la culture générale et la familiarité, sont des facteurs facilitants. Plus le cerveau en
sait dans un domaine, plus vite il assimile de nouvelles informations : d'où cet encouragement que
l'on peut donner à développer la culture générale chez les jeunes générations. Si l'on a plus de
culture générale, les nouvelles informations trouvent davantage, plus facilement, une place pour
s'intégrer dans le puzzle. William James, un psychologue nord Américain qui s'est beaucoup
intéressé aux questions éducatives disait, par exemple, quand les enfants regardent une série
télévisée, même si elle est stupide et inintéressante, ils connaissent déjà beaucoup de choses sur
les personnages et leurs aventures. De ce fait les nouveaux éléments vont plus vite se graver en
mémoire très facilement, parce qu'ils connaissent bien le contexte.
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Notre cerveau fonctionne comme cela, plus on en connaît dans un domaine, plus on
assimile vite de nouvelles informations. Si l'on ne prend plus les enfants, mais un cardiologue qui
assiste à une conférence pointue sur les transplantations cardiaques, il retiendra 10 fois plus
d'informations, de choses, qu'un novice en médecine, comme nous le montre la recherche en
psychologie ; donc des implications importantes pour l'enseignement en classe. On comprend dès
lors peut-être mieux, pourquoi des enfants en classe apprennent mieux des déclinaisons ou des
tables de multiplications, dès lors qu'ils les chantent sur un air connu. Cela peut aussi expliquer
pourquoi les résultats sont meilleurs dès lors qu'il y a une culture générale qui est importante,
même si le quotient intellectuel n'est pas supérieur. Cela explique aussi pourquoi un livre structuré,
qui va progressivement explorer le sujet, va être plus efficace qu'une succession d'activités
supposées lisibles, mais qui à chaque fois sont nouvelles et sans rapport étroit entre elles.
Donc dans les phénomènes qui influencent la mémoire, on a vu les aspects psychogènes,
on a vu les aspects que l'on peut qualifier de socioculturels. La dimensions plus largement
environnementale est importante : les relations entre l'individu et son environnement. C'est comme
cela que j'ai qualifié les aspects qui sont liés au stress, parce que le stress va avoir une influence
démontrée sur la mémoire. Tout à l'heure, deux personnes sont venues me voir et m'ont raconté
des situations stressantes qu'elles ont vécues, et l'impact que cela a eu sur leurs souvenirs. Ces
questions d'images, qui leur est arrivé pour l'une d'entre elles notamment, le stress joue un rôle
important en terme d'influence extérieure.
On a une loi dans le domaine, qui s'appelle la loi de Yerkes-Dodson qui lie une forte
motivation, comme dans le cas de stress (si dans l'année je pars pour un semestre sabbatique aux
États-Unis, ça peut être vécu comme stressant). Donc une forte motivation, comme dans le cas de
stress, de perturbation émotive, qui facilite la mémorisation, jusqu'à un certain point à partir duquel
on constate ensuite une décroissance. La loi de Yerkes-Dodson c'est l'effet inverse de la primauté
et l'effet de récence dans le sens où on n’a pas une courbe en "U" mais un "U" inversé. Plus le
stress s'élève, plus le souvenir va être fort, jusqu'à un certain point. Avec toutefois un bémol, c'est
qu'en général, les émotions fortement négatives, traumatisantes, vont nous empêcher de percevoir
les attitudes et de se souvenir, donc certes le stress, mais du bon stress. Un bon stress peut être
un facteur facilitant à l'inverse en revanche d'un mauvais stress dans des expériences négatives et
traumatisantes qui s'accumulent. Par exemple un incendie qui se déclare dans un cinéma, on
pourra redire maintes fois cet évènement à ses amis, ces redites par effet de répétition vont
améliorer notre souvenir de l'évènement, éventuellement renforcer des détails de la perception
initiale, mais la peur et le stress provoqués par ce type d'évènement, a tendance à diminuer la
perception correcte des détails des évènements, et donc notre aptitude à se rappeler par la suite.
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On a évidemment toujours des contre exemples. Je ne sais pas si vous connaissez
Lameda, un poète Vénézuélien qui était inspiré par les régimes communistes. Il est allé en Corée
du Nord, où il a été accusé d'espionnage et condamné aux travaux forcés. Au pénitencier, la
nourriture était médiocre et il vivait dans des conditions extrêmement brutales, il a perdu 25 kg, il a
rencontré d'énormes difficultés. Mais malgré ces difficultés il a réussi à composer de mémoire 400
poèmes et 300 sonnets, dont certains furent publiés après. Il disait : « ils ont tout tué en moi, sauf
la mémoire ». Il avait vraiment mémorisé et enregistré ces 400 poèmes et 300 sonnets, avec
beaucoup de concentration, il les a répétés, il les a ordonnés en mémoire, avec des efforts
gigantesque, on veut bien le croire, mais qui lui ont permis d'acheminer ses poésies dans la
mémoire à long terme et de les restituer par la suite.
Il y a aussi dans les influences extérieures, l'effet de l'alcool. L'effet de l'alcool est assez
net, il n'entraîne pas de diminution globale du rappel, il tend à réduire le rappel des mots de la
première partie de la liste, mais pas ceux de la deuxième partie. C'est dire que, je ne vous en parle
pas tout de suite, je vous en montrerai l'illustration, on verra les troubles de mémoire après. Donc
voilà ce qui se passe avec l'alcool : ce qui est indiqué sur le graphique ici, c'est à jeun et sous
l'imprégnation alcoolique, les dernier mots qui ont été déversés dans la mémoire à court terme, ont
aussi bien été retenus par les sujets qui ont bu que par ceux qui n'ont pas bu. Le test consistant à
donner une suite de mots et à demander ce que je viens de dire à quelqu'un qui est sous
imprégnation alcoolique. On peut se faire avoir, parce que si c'est la dernière chose qui a été dite,
effectivement il peut la restituer ; par contre, si c'est ce qu'il y a en début, la mémoire va être
altérée. Donc l'alcool nous laisse la capacité de nous servir de notre mémoire à court terme, mais
son principal effet est de gêner la transmission dans la mémoire à long terme. On peut se rappeler
des bribes d'informations, mais passé un certain délai, on va être confronté à un problème.
Le trou de mémoire alcoolique, peut être en avez-vous entendu parler, on considère que
c'est une histoire en soi. Parler de trou de mémoire pour désigner l'influence de l'alcool peut
paraître ambiguë : environ 2/3 des alcooliques chroniques, perdent ainsi fréquemment la mémoire
lorsqu'ils ont bu. Donc deux sortes de problèmes de mémoires dans le domaine de l'alcoolisme.
Une première qui est fragmentaire, ponctuelle : l'individu va réaliser qu'il a oublié quelque chose
parce qu'après coup quelqu'un lui en parle, lui fait réaliser qu'il a quelque chose qu'il n'a pas en
mémoire.
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Et puis le deuxième aspect c'est l'oubli en bloc d'événements signifiants, avec ce qui
l'accompagne : c'est le sentiment d'un temps perdu. Donc là, on parle d'un oubli qui est
généralement global et en apparence définitif en pensant qu'il n'existe pas de chance de rafraîchir
la mémoire. Dans le trou de mémoire alcoolique, l'individu a la sensation d'avoir effectivement
complètement oublié, de ne pas avoir vécu pendant un moment. Il n'arrivera pas, ou il aura
beaucoup de mal à se rappeler de quelque chose. C'est une expérience assez pénible, parce que
la personne peut se demander si elle n'a pas blessé, tué, quelqu'un par exemple.
En parler notamment avec les étudiants, c'est leur expliquer comment cela a le plus de
chance de se produire, pour qu'ils évitent. Notamment parce que les jeunes générations, ici cela
ne se voit pas trop, mais pour être allé en Angleterre, le vendredi soir dans les environs des
universités, on est amené à vivre des choses absolument effrayantes. Le "binge drinking" qui va
concerner filles et garçons, et franchement cela fait bizarre. Ils se mettent en totale position de
connaître le trou de mémoire parce que c'est ingurgiter très vite de l'alcool et en grande quantité.
En fin de semaine quand on est bien fatigué, c'est "idéal" et si en plus, on a pris des sédatifs et
tranquillisants…. !
Le trou de mémoire, l'oubli d'événements signifiants, c'est un grand classique des
prétoires. Vous avez différentes illustrations du trou de mémoire d'événements signifiants, dans un
article, une journaliste dit :
 « dans ce trou noir, il pratiqué des attouchements poussés sur l'enfant avant de le
poignarder dans sa voiture »
 Le père de trois enfants, dont un bébé d'un mois et demi, expliquait avoir trop bu et
évoquait un trou noir dans sa tête entre le samedi soir 17 h et le dimanche matin 9 h, soit
entre la disparition d'Océane rue Florian, dans le centre de la commune Gardoise, et la
découverte de son corps près de la cave.
Donc je vous dis c'est un classique des prétoires et l'on va retrouver à peu près la même
chose :
 « A l'hôpital où un sédatif m'a été administré, je ne me souviens pas, on m'a raconté
déclare Lukanus à la barre du tribunal, où il dit regretter son emportement »
 Et quelques temps plus tard, toujours le même : « après avoir bu des bières, Lukanus n'a
rien trouvé de mieux que de lancer des poubelles sur des voitures, mené à l'hôpital il a
mordu un des policiers municipaux. Là encore il regrette et dit ne se souvenir de rien, et
donc il accepte tout ».
Donc c'était pour l'alcool ; après, il y a le syndrome de Korsakoff, dont je vous ai dit deux
mots tout à l'heure : cela va se traduire par l'incapacité à se souvenir des éléments récents. Je
vous rappelle, il y a une mémoire explicite, une mémoire implicite, on peut faire des petites
différences. Bon comment en arrive-t-on là ? Il n'y a pas que l'alcool, car je crois que l'on peu y
arriver par une survitaminose A à base de jus de carotte, on peut y arriver aussi je crois.
Ce que l'on sait pour sûr, du côté de la psychologie, c'est que si l'on a pris de l'alcool
chaque jour pendant 10 ans, il ne faut pas s'étonner d'avoir la mémoire un peu obscurcie. On
parlera des troubles de l'alcool, en même temps on sait que ces problèmes peuvent disparaître en
grande partie si l'on arrête de boire. Les alcooliques qui ont passé des tests de mémoire, même 5
semaines après avoir commencé leur traitement, ont obtenu généralement des bons résultats. En
revanche, lorsqu'il s'agit du syndrome de Korsakoff, là c'est fini : c'est irréparable parce que l'on a
une lésion organique du cerveau, donc absence de souvenir des événements récents.
Une autre chose qui est intéressante sur les influences extérieures sur la mémoire, c'est la
question de la marijuana, pour vous dire qu'il y a un certain nombres d'expériences qui ont été
faites. Des expériences avec différents types d'absorption de marijuana, il y a eu "la fumette" et il y
a eu le gâteau (le space cake).
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En fait ce sont des courbes qui traduisent les différences entre personnes qui ont
consommés et personnes qui n'ont pas consommé de marijuana. Il y a eu deux grandes études
sur le sujet, une étude de Darley et de ses collaborateurs, typiquement sur l'influence de la
marijuana sur le processus de stockage et récupération de l'information en mémoire. Darley et ses
collaborateurs ont utilisé des biscuits, je n'ose pas dire parfumés, les sujets des deux groupes
avaient reçu les listes d'une dizaine de mots, qu'ils ont lu et qu'ils ont essayé de se rappeler. Après
les tests de libre rappel, chacun a mangé qui son biscuit drogué, qui son biscuit placébo. Ils ont
voulu contrôler les capacités en mémoire avant le test et une heure plus tard, après le test, c'està-dire au moment de l'effet maximum de la marijuana. Les sujets ont subit à nouveau les tests sur
tous les mots qu'ils avaient lus auparavant.
Il y avait deux résultats, c'est qu'avant l'absorption des biscuits, les sujets qui avaient
consommé de la drogue et ceux qui avaient pris le placébo obtiennent les mêmes résultats, on a
des groupes qui sont comparables. En revanche après l'ingestion des biscuits, les sujets drogués
se rappellent des mots anciens aussi bien que ceux qui ont reçu un placébo, donc c'est un peu le
contraire de l'alcool. Ce deuxième test a été effectué au moment où la drogue faisait son plein effet
sur ceux qui avaient consommé de la marijuana, alors que ceux qui avaient reçu le placébo étaient
à jeun. Le côté comparable de leur performance donne à croire que la marijuana n'a aucun effet
sur la récupération de l'information qui est déjà stockée dans la mémoire à long terme.
En revanche 2 h après que les biscuits ingérés alors que les sujets drogués étaient encore
au plus fort de l'intoxication, on leur a donné à nouveau des listes de mots à mémoriser et cette
fois les résultats divergent. A savoir que les placébos ont de meilleurs résultats que les sujets
drogués. Les placébos se rappellent considérablement mieux que les sujets drogués, et comme
on a vu que la drogue n'affectait pas le recouvrement des souvenirs, la seule explication de ces
mauvais résultats chez les sujets drogués, c'est que la marijuana va réduire les capacités
d'entreposer de l'information dans la mémoire à long terme. Donc elle entrave la mémoire pour les
mots situés au début et au milieu de la liste.
Il faut donc retenir l'idée générale, à savoir que ce qui va être touché c'est la capacité à
faire passer l'information dans la mémoire à long terme : ce n'est pas le fait de récupérer
l'information qui est déjà passée dans la mémoire à long terme, c'est de faire passer une nouvelle
information dans la mémoire à long terme. Et de comprendre qu'il peut y avoir un impact sur les
mots en fonction de leur position dans la liste.
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Dans une autre étude de Miller et de ses collaborateurs, qui est faite un peu plus tard, ils
ont observé cette fois ci que la drogue affectait la mémoire à court terme et la mémoire à long
terme de façon contraire. Avec ici des sujets qui n'ont pas ingéré, mais des sujets qui ont fumé leur
marijuana, et là on a du coup un impact fort, plus rapide sur l'organisme. Deux études qui, prises
ensemble, ont montré que des doses faibles de "pots" comme disent les noirs Américains, peuvent
ne pas perturber les souvenirs de la mémoire à court terme. Tandis que des doses plus fortes,
comme en cas d'absorption lors de la première étude, pouvaient elles perturber la mémoire à court
terme. Des effets de la marijuana qui varient considérablement en fonction aussi de la qualité des
produits, des principes actifs contenus dans la marijuana et des modalités d'absorption de la
substance.
Se rappeler aussi que beaucoup d'effets peuvent être très subjectifs : il y a une dimension
imaginaire importante dans la marijuana. Il y a eu quelques études à long terme, j'en profite pour
les citer, notamment au Costa Rica en 1979, études qui indiquaient que les usagers chroniques de
marijuana, peuvent subir des effets sur la mémoire. Ils se sont intéressés à des sujets qui fumaient
en moyenne une cigarette et demi par jour pendant presque 17 ans, d'autres fumaient depuis plus
longtemps. Ce qu'ils ont observé, c'est que ceux qui prenaient le plus de drogue étaient en général
ceux qui avaient les meilleurs revenus, le moins de périodes de chômage et le travail le plus
régulier. Le record était détenu par un homme qui fumait une moyenne de 40 cigarettes par jour et
qui dirigeait une entreprise prospère de 8 employés.
Comme le rappellent les auteurs, il faut être extrêmement prudent dans l'interprétation des
résultats portant sur la consommation de marijuana, dans le sens où les usagers chroniques vont
mettre en place des techniques pour masquer le déficit cognitif que peut entraîner cette
consommation. L'étude montre, en fait, que les gens qui consomment de la marijuana ne sont pas
forcément désociabilisés. Je pense qu’il y a des gens qui fonctionnent bien avec une
consommation élevée de marijuana, surtout dans des mondes ouvrier et du bâtiment, plus que
dans des milieux intellectuels ; en fait on manque de travaux sur le sujet, c'est assez compliqué.
Mémoire et âge, en quoi le vieillissement perturbe-t-il la mémoire?. On a longtemps cru
que l’on perdait des neurones. On entendait récemment, à propos des attentas, certains qui
disaient que les jeunes qui avaient fait cela, c'est parce qu'ils avaient consommé trop de marijuana
qui leur avait fait péter des neurones. Bon c'est vrai qu'il y a un impact, les substances psychoactives que l'on peut prendre on un effet sur le potentiel des neurones, je crois que c'est assez
clair. En tous cas sur la question des neurones et de l'âge, ce qui commence à être clair aussi,
c'est que l'on a longtemps pensé que l'on n'en fabriquait plus, mais ce n'est pas si vrai que cela ;
en fait, cela continu et même jusqu'à un certain âge, et que l'on a même des terminaisons qui
peuvent repousser. On a des gens qui sont sortis du coma, après 15 ans de coma, ce qui rend
souvent les choses très compliquées pour les décisions qui peuvent-être prises pour les
personnes qui se trouvent dans le coma. On a des cas de personnes qui sont sorties du coma,
parce qu'il y a eu des terminaisons neuronales qui ont repoussé.
On sait que le capital des neurones, de toutes façons, est tellement important et sous
employé, que l'on peut aller au terme de notre existence avec des potentialités préservées. Cela
c'est la bonne nouvelle, ce qui explique pourquoi certains sujets âgés ont des compétences
mnésiques parfois excellentes.
On sait d'un autre côté qu'avec l'âge, se produit un phénomène de ralentissement des
capacités cérébrales, de la transmission des informations dans la mémoire, ce qui rend les
acquisitions plus difficiles, et ce qui rend le rappel plus compliqué, le rappel des souvenirs anciens.
Il y a des raison physiologiques à cette baisse des performances, mais le plus souvent, ce qui va
être mis en avant, c'est quand même une baisse de l'activité psychique, une baisse de l'activité
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physique également. On a pu constater que l'activité physique aide à préserver les fonctionnalités
intellectuelles et notamment la mémoire. C'est une baisse donc des activités intellectuelles qui est
notamment liée à l'isolement. La mémoire a donc besoin d'être sollicitée fréquemment pour bien
fonctionner, et donc avec l'âge, si l'on veut éviter les effets délétères, c'est de poursuivre tout ce
qui peut correspondre à des gymnastiques intellectuelles le plus tard possible.
Ce qui est notable, je l'ai un peu dit en filigrane, est le fait de maintenir des activités,
d'entretenir une plasticité. C'est à rapprocher de ce que l'on a vu deux fois sur la plasticité
cérébrale, c'est l'idée que, par rapport à ce déficit, on va mettre en place des stratégies. Des
stratégies compensatoires, les petits enfants connaissent bien cela : ils observent, par exemple,
que le papy fait répéter deux fois, ce n'est pas parce qu'il n'a pas entendu, c'est parce qu'il veut
avoir le temps de réfléchir, de trouver la bonne réponse à apporter. Cela rejoint la question de la
sagesse, plutôt que de se dépêcher de répondre quelque chose, pour être dans l'air du temps, ou
faire celui qui est dans l'air du temps, il préfère : je renvois la question, comme cela il est sûr d'y
avoir bien réfléchi. Et puis pendant ce temps là, ça phosphore. Je dis les choses comme si c'était
conscient, souvent ce sont des choses qui se font de manière inconsciente par les personnes,
mais qui correspondent plus ou moins à une réalité qui est cette mise en œuvre de stratégies qui
vont permettre de tenir à distance le monde environnant, pour pouvoir effectuer les traitements
dont on estime avoir besoin.
Alors il y a effectivement une dimension organique au vieillissement, cela commence tôt, si
l'on regarde le cerveau de 5 ans à 20 ans, le développement du système nerveux atteint son
maximum : la multiplication des connexions va prendre fin à 11ans chez les filles et 12 ans chez
les garçons ; mais cela ne veut pas dire que l'on va arrêter de gagner des connexions, on va
continuer à en établir. Mais en même temps des connexions inutiles vont disparaître, d'autres vont
se créer. La situation en début de vie, cette capacité à établir de nombreuses connexions, c'est
cette capacité qui rend compte du potentiel que l'on a, notamment en apprentissage des langues
étrangères, quand on est petit, potentiel qui va se réduire avec l'âge, puisqu'en gros à
l'adolescence, on a déjà perdu 15 % matière grise. Et donc entre 11 et 21 ans, c'est une période
type pour le cerveau, avec des connexions qui vont survivre et croître, tandis que d'autres vont
flétrir et mourir.
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Lemaire dans son ouvrage de la Psychologie politique faisait le point sur l’évolution des
performances avec l'âge, chez l'adulte (on ne va pas sur le grand âge), ce qu'il repérait, c'est que
l’évolution des performances, cette tâche de rappel où l'on demande de restituer une liste de mots
notamment, et bien, selon le type d'information, selon qu'il s'agisse de mots, de lettres ou de
chiffres, et bien ces performances évoluent avec l'âge. On voit que chez les adultes, les
performances sont donc maximum : cela suggère que les capacités de traitement augmentent
avec l'âge. En fait d'autres facteurs peuvent expliquer cette performance.
Quelle influence sur la performance ? La mémorisation des chiffres en fonction de l'âge,
vous avez l'étude de Caird, qui montre que, pour des sujets qui ont 20 ou 60 ans, en fonction des
modalités de présentation, on va avoir des résultats différents : la tendance étant une baisse
effectivement du rappel en fonction de l'âge. Mais cette baisse, selon les modalités de
l'expérimentation, peut être beaucoup plus faible que dans d'autres cas. Rappel en fonction de
l'âge de l'enseignement acquis et de celui nouvellement acquis, d'autres travaux ont commencé à
15 ans et l'on va jusqu'à 85 ans ; et l'on voit une baisse progressive pareillement en fonction du
type de matériel : si c'est ancien ou si c'est nouveau, on a des différences qui vont apparaître.
Dernière partie, ce sera de booster la mémoire. Est-ce que l'on peut booster la mémoire ?
On va surtout parler ici des moyens mnémotechniques. Quand j'aborde le sujet avec les étudiants,
j'en profite pour leur dire que l'on a quasiment aucune certitude sur l'impact des choses qui
peuvent se vendre en pharmacie à l'époque des examens. En revanche, on a une quasi certitude
sur les procédés mnémotechniques. Ces procédés mnémotechniques, ce sont des choses qui
vont être liées à l'image : utiliser le pouvoir de l'image pour se souvenir, la question des lieux, en
fonction des endroits. Essayer de se souvenir dans quel contexte on a été en face de l'information
dont on cherche à se souvenir : c'est la question des mots clefs qui vont permettre de retrouver
l'information, trouver les bons termes de recherche.
En fait c'est comme avec Google : si on n'a pas les bons mots, la recherche risque de ne
pas être fructueuse, et pour notre mémoire, c'est un peu la même chose. Et puis c'est le poids
aussi de la répétition : c'est par exemple toute le stratégie du « par cœur » qui va être surtout
sensible à l'éducation précoce, les enfants jeunes, s'ils ont pris l'habitude d'apprendre les choses
par cœur, ce sera une stratégie plus facile à utiliser par la suite. En revanche si ce n'est pas une
stratégie qui a été développée dans l'enfance, ce ne sera pas forcément une stratégie efficace
pour se souvenir un peu plus tard.
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A côté du « par cœur » on a tout ce qui est de l'association visage nom : vous rencontrez
quelqu'un, vous n'êtes pas sûr, après les premières présentations, de vous souvenir de son nom,
vous vous dites : « dans 5 minutes j'aurais oublié ! ». Alors, il faut mettre en place des stratégies,
vous disent des gens comme Lieury : c'est de trouver une caractéristique qui va permettre d'être
associé au nom de la personne et éventuellement à son visage ; lier visage, nom et
éventuellement une caractéristique à noter. C'est la méthode des lieux ou des histoires, méthode
des mots clefs, peut être vous rappelez vous des stratégies pour vous rappeler des ères
géologiques, c'est le « mais où et donc or ni car », là c'est facile. Vous en trouvez pour les nerfs
crâniens etc…
Donc faire des images, avoir des lieux, des mots clefs, des répétitions. Les images c'est
très utile, par exemple, pour l'apprentissage des langues étrangères, avec beaucoup de travaux
qui montrent que le fait d'associer un mot d'une langue étrangère à une image est très efficace.
Comme "Caballo", s'imaginer un cheval qui rue dans un œil, parce qu'il y a "eye" et sa façon de
prononcer (c'est fait pour les anglophones) horse. On crée une image en réunissant le mot clef
avec la phonétique : voilà c'est ce genre de stratégie. Je fais une parenthèse sur le stockage sous
forme d'images : si, par exemple, je vous demande de vous souvenir du nombre de portes qu'il y a
dans votre logement, le meilleur moyen encore va être de vous balader mentalement dans votre
maison. C'est effectivement ce qu'il y a de plus efficace, c'est de faire une image mentale de
chaque pièce et donc de compter les portes que vous visualisez.
Des chercheurs, comme Alii et Kosslyn, nous disent, par exemple, que de nombreux
souvenirs sont entreposés sous forme d'images mentales : ils trouvaient une manière intéressante
de démontrer cette existence de souvenir sous forme d'images, en demandant aux sujets de
mémoriser la carte d'une île hypothétique, une carte d'une île au trésor. On leur demande de
mémoriser cette image, et on leur demandait ensuite d'imaginer un point noir qui se déplacerait
d'un objet à l'autre, d'un arbre à une hutte par exemple. Et la question est : est-ce que les sujets
ont fait une image mentale pour ce déplacement ? Et bien il semble que oui. Si l'on regarde le
graphique qui montre que la distance effectivement sur la carte et le temps mis par les sujets pour
dire : « ça y est, j'ai fait le chemin ! », et bien il y a une correspondance, j'allais dire point par point
entre le temps de réflexion mis par les sujets pour dire « ça y est j'ai terminé, j'ai fait le
déplacement ! », et la distance en cm sur la carte. Donc Kosslyn et ses collaborateurs montrent
que le temps pour déterminer un point est directement lié aux distances sur la carte.
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Alors les phrases clefs, peut être en avez-vous quelques unes, c'était par exemple,
« Napoléon mangea allègrement six poissons sans claquer d'argent », rappel de certains éléments
de la table périodique, donc illustration fournie par Lieury, idem pour les 7 merveilles du monde,
l'échelle de Mohs et les nerfs crâniens. A chaque fois, on a comme cela des phrases qui servent
de repère. Donc qu'est-ce qu'on obtient? A partir du moment où les sujets on connaissance d'une
phrase clef pour les périodes géologiques, on obtient un score d'efficacité de 88 % et le groupe
contrôle lui est à 52 %, 77 % pour les 7 merveilles du monde contre 57 % pour le groupe contrôle,
la même chose pour l'échelle de Mohs et les nerfs crâniens. Pour les nerfs crâniens c'est encore
plus évident puisqu'on est à 27 % pour le groupe contrôle contre 67 % pour la phrase clef.
Donc des phrases clefs et puis évidemment la répétition. La première chose en pédagogie,
dans les sciences de l'éducation, la première chose que l'on m'a apprise, c'est le poids de la
répétition. Si on présente à des sujets une carte avec 24 villes, au premier passage on demande :
« de combien de villes vous souvenez vous ? », c'est 2 villes, au second passage on a 4 villes, et
au troisième passage on arrive à 12 villes. C'est le modèle de répétition à soufflet que connaissent
certains commerciaux. J'évoquais tout à l'heure la rencontre avec une nouvelle personne : "Denise
Coutu, bonjour Denise", et puis on répète à 15 secondes, à 60 secondes et à 3 minutes, et là il y a
des chances que le prénom reste en mémoire.
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L'approche multi épisodique consiste à lire, à écouter, à se rendre à une conférence ou un
spectacle, visionner un film, rechercher sur internet à propos du même sujet. C'est une multi
épisodique et multi média, cela correspond à une répétition, mais sous différentes approches et
cela permet une meilleure mémorisation.
Une des questions, qui est traitée aussi (c'est la question qu'étudient les chercheurs en
psychologie sur la mémoire), c'est le lien entre type de mémoire et méthode. Alors on voit dans le
type de mémoire sollicitée, que dans la mémoire à court terme, il y a la question de la
concentration et de la catégorisation. Notre esprit a tendance à fonctionner en catégorisant, c'est
les stéréotypes, on a une tendance naturel à faire des catégories.
Dans certains cas, on oublie, on ne pense pas que c'est utile : on pense que l'information
est inutile à se souvenir. Penser à catégoriser pour certaines informations c'est un élément
facilitant. Répéter pour soi, écrire un mémo, même si ce mémo n'est pas censé aller plus loin
qu'un rangement vertical très peu de temps après, ce n'est pas grave, simplement le fait de l'avoir
écrit, le fait d'avoir associé la main à l'activité intellectuelle est aussi un élément favorisant. Ce que
la psychologie met aussi en évidence, c'est l'intérêt de décomposer le mot et de le répéter. Avec
des collègues étrangers (j'ai des collègues turcs, ukrainiens), il y a une réelle difficulté parfois à
retenir les noms. Quand je me retrouve avec des collègues d'autres pays, je pense notamment à
un collègue néo-zélandais d'origine chinoise, on y arrive mais par la décomposition.
Mémoire des concepts : lorsque l'on est confronté à des concepts, l'idée d'apprendre 3
mots par jour, faire des images mentales d'une scène, de lire etc… La mémoire des numéros, faire
des regroupements. Alors cela, c'est quelque chose que je n'ai pas abordé plus tôt, mais c'est bien
de le faire maintenant. Je vous ai parlé de l'empan mnésique, vous vous rappelez ? J'ai dit que
c'était de l'ordre de quelques secondes, ce que je vous ai dit, c'est que la capacité de cette
mémoire à court terme avait un empan qui faisait référence à la mesure romaine ; mais l'empan
regroupe le nombre d'éléments que l'on est capable d'avoir en mémoire : ce nombre d'éléments,
on estime, en gros, qu'il est de sept. Il progresse avec l'âge, chez l'enfant tout petit il est à zéro,
puis à un certain âge, l'enfant est capable de se souvenir de quelque chose qui n'est plus devant
lui. Il est capable de se faire une représentation mentale de quelque chose qui est absent : il
commence à avoir un d'empan. Progressivement cela va monter, mais cela ne va pas monter très
haut, jusqu'à sept, huit.
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Et la question que l'on peut se poser est que sept ou huit, dans certains métiers, cela ne
fonctionne pas. Prenez le pharmacien, vous arrivez chez le pharmacien avec votre ordonnance,
s'il fait bien son travail il vérifie les compatibilité de plusieurs produits simultanément, il est capable
de voir un large champs de spécialités, et quand on sait le nombre de référence qu'il y a dans une
pharmacie, on se dit que c'est beaucoup plus que sept. Comment cela fonctionne-t-il ? Je parlais
de catégories tout à l'heure, c'est parce que notre cerveau utilise des regroupements. Des
regroupements qui nous permettent de faire des listes de courses, pas forcément de les garder en
mémoire, surtout si vous avez des catégories génériques, il vous faut du beurre, du lait, des œufs,
du fromage. En fait derrière ces items vous avez des regroupements, et quand votre mémoire va
dans ces regroupements, elle arrive sur d'autres items. Et c'est grâce à ces regroupements, cette
capacité à faire des regroupements, que l'on est capable d'appréhender un nombre très large
d'items en mémoire.
Groupement par unité significative pour les numéros, apprendre par cœur, la mémoire des
visages on l'a vu, faire des connexions entre les visages et les noms, s'entraîner avec les visages
à la télévision, essayer de se souvenir des noms d'acteurs ou des personnalités politiques. Et puis
les adresses, avoir des photos, marquer des indices.
Je vais finir par le dernier point : c'est en fait les liens que l'on a pu observer dans la
recherche contemporaine sur la mémoire, et quels sont les résultats un peu nouveaux. C'est de se
rendre compte, grâce à l'imagerie, qu'imaginer le futur, qui est une chose très courante, quand on
fait des projets, quand on pense à ce que l'on va faire en soirée ou quand on pense à ce que l'on
va faire dans sa journée ; donc, on essaie d'imaginer le futur : les psychologues ont pu montrer
que cette attitude à l'anticipation entretient des liens assez forts avec les mécanismes du souvenir.
En partie, ce sont les mêmes mécanismes qui font anticipation et souvenir, parce que l'on s'appuie
en fait sur notre mémoire pour voir le futur. Donc cela est un champs de recherche qui est en plein
essor. Ce sont des chercheurs, également, qui ont montré le lien entre notre représentation du
temps et notre activité, notre activité liée à la perception de l'espace. C'est comme dans la
relativité, notre façon de penser le passé est liée à la façon dont nous pouvons nous tenir dans
l'espace : c'est l'inscription corporelle de l'esprit. Nos idée abstraites sont inscrites dans nos têtes
sous des formes très concrètes d'images, de formes et mouvements.
Par exemple, des chercheurs de l'université d'Aberdeen, en 2010, ont mené une étude en
laboratoire pour mesurer le type de lien entre temps et mouvement. Nous allons avoir des
participants volontaires qui sont debout, équipés avec des capteurs de mouvement. Et ce que vont
observer les chercheurs d'Aberdeen, c'est qu'au bout de quelques minutes, quand on reste debout
les jambes serrés, notre corps tend à se balancer légèrement d'avant en arrière. Et si à ce moment
là, on demande aux sujet de se souvenir du passé ou de se projeter dans le futur, on découvre
que lorsqu'une personne se plonge dans le passé, le centre de gravité du corps va se déplacer
légèrement vers l'arrière. Si au contraire la consigne est : « dites nous ce que vous allez faire ce
soir », le centre de gravité à tendance à se déplacer vers l'avant, le léger balancement aura
davantage tendance à aller vers l'avant, donc un balancement du corps, qui représenterait une
direction du temps, telle que le corps la perçoit dans une culture donnée. Parce que, dans les
sociétés occidentales, on considère généralement que le passé est derrière et que l'avenir est
devant, la métaphore du passé est derrière et l'avenir devant. Et la recherche d'Aberdeen montre,
pour certains sujets en tous cas, que notre représentation du temps n'est pas indépendante de
celle de l'espace et que c'est quelque chose de profondément incorporée dans notre corps. Une
fonction clef, évidemment, qui est liée à d'autres fonctions. Ce sera mon mot de conclusion.
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