Et puis le deuxième aspect c'est l'oubli en bloc d'événements signifiants, avec ce qui
l'accompagne : c'est le sentiment d'un temps perdu. Donc là, on parle d'un oubli qui est
généralement global et en apparence définitif en pensant qu'il n'existe pas de chance de rafraîchir
la mémoire. Dans le trou de mémoire alcoolique, l'individu a la sensation d'avoir effectivement
complètement oublié, de ne pas avoir vécu pendant un moment. Il n'arrivera pas, ou il aura
beaucoup de mal à se rappeler de quelque chose. C'est une expérience assez pénible, parce que
la personne peut se demander si elle n'a pas blessé, tué, quelqu'un par exemple.
En parler notamment avec les étudiants, c'est leur expliquer comment cela a le plus de
chance de se produire, pour qu'ils évitent. Notamment parce que les jeunes générations, ici cela
ne se voit pas trop, mais pour être allé en Angleterre, le vendredi soir dans les environs des
universités, on est amené à vivre des choses absolument effrayantes. Le "binge drinking" qui va
concerner filles et garçons, et franchement cela fait bizarre. Ils se mettent en totale position de
connaître le trou de mémoire parce que c'est ingurgiter très vite de l'alcool et en grande quantité.
En fin de semaine quand on est bien fatigué, c'est "idéal" et si en plus, on a pris des sédatifs et
tranquillisants…. !
Le trou de mémoire, l'oubli d'événements signifiants, c'est un grand classique des
prétoires. Vous avez différentes illustrations du trou de mémoire d'événements signifiants, dans un
article, une journaliste dit :
« dans ce trou noir, il pratiqué des attouchements poussés sur l'enfant avant de le
poignarder dans sa voiture »
Le père de trois enfants, dont un bébé d'un mois et demi, expliquait avoir trop bu et
évoquait un trou noir dans sa tête entre le samedi soir 17 h et le dimanche matin 9 h, soit
entre la disparition d'Océane rue Florian, dans le centre de la commune Gardoise, et la
découverte de son corps près de la cave.
Donc je vous dis c'est un classique des prétoires et l'on va retrouver à peu près la même
chose :
« A l'hôpital où un sédatif m'a été administré, je ne me souviens pas, on m'a raconté
déclare Lukanus à la barre du tribunal, où il dit regretter son emportement »
Et quelques temps plus tard, toujours le même : « après avoir bu des bières, Lukanus n'a
rien trouvé de mieux que de lancer des poubelles sur des voitures, mené à l'hôpital il a
mordu un des policiers municipaux. Là encore il regrette et dit ne se souvenir de rien, et
donc il accepte tout ».
Donc c'était pour l'alcool ; après, il y a le syndrome de Korsakoff, dont je vous ai dit deux
mots tout à l'heure : cela va se traduire par l'incapacité à se souvenir des éléments récents. Je
vous rappelle, il y a une mémoire explicite, une mémoire implicite, on peut faire des petites
différences. Bon comment en arrive-t-on là ? Il n'y a pas que l'alcool, car je crois que l'on peu y
arriver par une survitaminose A à base de jus de carotte, on peut y arriver aussi je crois.
Ce que l'on sait pour sûr, du côté de la psychologie, c'est que si l'on a pris de l'alcool
chaque jour pendant 10 ans, il ne faut pas s'étonner d'avoir la mémoire un peu obscurcie. On
parlera des troubles de l'alcool, en même temps on sait que ces problèmes peuvent disparaître en
grande partie si l'on arrête de boire. Les alcooliques qui ont passé des tests de mémoire, même 5
semaines après avoir commencé leur traitement, ont obtenu généralement des bons résultats. En
revanche, lorsqu'il s'agit du syndrome de Korsakoff, là c'est fini : c'est irréparable parce que l'on a
une lésion organique du cerveau, donc absence de souvenir des événements récents.
Une autre chose qui est intéressante sur les influences extérieures sur la mémoire, c'est la
question de la marijuana, pour vous dire qu'il y a un certain nombres d'expériences qui ont été
faites. Des expériences avec différents types d'absorption de marijuana, il y a eu "la fumette" et il y
a eu le gâteau (le space cake).
Psychologie de la mémoire et de l’oubli 2/2 Page 5/13