ARTICLE DE REVUE 352
sable de diarrhée) pour
Vibrio cholerae
ou des toxines
responsables de diphtérie pharyngée pour
Coryne-
bacterium diphtheriae
. La diversité des facteurs de
virulence bactérienne est immense [–], mais
l’inuence de facteurs individuels sur l’évolution de la
maladie est bien souvent insusamment décrite. Fait
particulièrement important pour la pratique clinique,
des tests de PCR sont uniquement disponibles pour un
faible nombre de facteurs de virulence, et ce, la plupart
du temps dans des centres de référence. A l’heure
actuelle, les multiples propriétés des bactéries ne sont
également pas encore prises en compte dans le proces-
sus de décision clinique et, en raison des progrès tech-
niques accomplis dans la biologie moléculaire et la
microbiologie, le nombre de facteurs de virulence ne
cessent d’augmenter. En cas de réaction médiée par
une toxine, la durée nécessaire à l’obtention du résul-
tat de la PCR est bien souvent trop longue pour inuen-
cer la décision clinique. Le syndrome de choc toxique
dans le cadre d’une infection à
S.
aureus en est un bon
exemple. Dans ce cas de gure, le choix de l’antibio-
thérapie est initialement dicté par les symptômes cli-
niques et la toxine n’est généralement que déterminée
rétrospectivement. La présence de la toxine du syn-
drome de choc toxique peut toutefois être responsable
d’une réponse immunitaire excessive et de compli-
cations massives. Il en est de même pour d’autres fac-
teurs de virulence, comme les facteurs d’adhésion, qui
n’ont jusqu’à présent guère d’inuence sur le processus
de décision clinique. Grâce aux données génomiques,
il est déjà possible aujourd’hui pour
S. aureus
d’identi-
er jusqu’à facteurs de virulence diérents, et ce
sans grands moyens techniques. Cela permet d’évaluer
précisément le risque individuel d’un patient par ex.
en ce qui concerne les complications potentielles (for-
mation de biolms ou d’abcès, choc et risques de trans-
mission, etc.). En ce qui concerne
C. diphtheriae,
outre
la toxine diphtérique, des facteurs d’adhésion majeurs
pour l’épithélium pharyngé peuvent également être
mis en évidence. Ce sont précisément ces isolats com-
portant les deux facteurs de virulence qui doivent faire
l’objet d’une attention particulière. La concertation
avec des confrères spécialisés en infectiologie, en hy-
giène hospitalière et en médecine intensive occupera
une place de plus en plus déterminante à l’avenir an
que les multiples informations microbiologiques
puissent être utilisées de manière optimale pour une
prise en charge individuelle des patients.
Détection de mécanismes de résistance
L’élucidation d’un mécanisme de résistance est essen-
tielle, car elle permet non seulement d’assurer un
traitement ecace, mais elle conère également une
compréhension épidémiologique face à la propagation
actuellement très rapide de bactéries multirésistantes.
Diérentes méthodes phénotypiques et génotypiques
sont disponibles à cet eet au laboratoire de micro-
biologie. La grande diversité de gènes codant pour les
BLSE, l’AmpC et les carbapénémases s’oppose toutefois
à la disponibilité d’une PCR spécique pour chaque
gène. Là aussi, le WGS peut s’avérer très utile et appor-
ter un éclaircissement dénitif. La gure illustre ce
cas de gure à l’exemple de la carbapénémase de type
IMI-, qui a pu être détectée par WGS mais fait défaut
dans les tests diagnostiques courants.
Le plus grand bénéce clinique concerne toutefois les
bactéries à croissance lente, telles que
Mycobacterium
tuberculosis
. Les résultats du test de résistance phéno-
typique sont uniquement disponibles tardivement,
retardant ainsi l’initiation d’un traitement anti-
biotique optimal précisément pour les isolats de
M.tu-
berculosis
multirésistants. La méthode de WGS per-
mettrait ici d’obtenir des résultats nettement plus
rapidement par analyses de séquences des gènes de
résistance et ce, même directement à partir d’un
échantillon du patient [–]. Cela serait semblable à
une méthode déjà utilisée dans les laboratoires
spécialisés pour
M.tuberculosis
consistant à tester les
résistances par PCR/hybridation. Le WGS fournit tou-
tefois nettement plus d’informations génétiques, car
il ne se contente pas d’analyser des gènes isolés. Les
chercheurs tentent actuellement de rendre le test de
résistance génotypique encore plus précis par ce biais
et de déterminer les antibiorésistances par test gé-
notypique pour les patients présentant des infections
mixtes. En outre, les informations fournies par le
WGS peuvent être utilisées à des ns épidémiolo-
giques.
Il est également possible de comprendre les méca-
nismes de résistance par le biais de la génétique fonc-
tionnelle. La détection de pertes de porines pour les
entérobactéries et les bactéries à Gram négatif non
fermentaires, telles que
Pseudomonas aeruginosa,
constituait jusqu’à présent un diagnostic d’exclusion.
Un prol de résistance phénotypique a été comparé
génotypiquement avec un large spectre de PCR indi-
viduelles et nalement, après avoir éliminé tous les
résultats négatifs, la possibilité d’une perte de porines
a été envisagée. Les pertes de porines sont actuelle-
ment plus fréquentes que les résistances aux carba-
pénèmes médiées par un plasmide. L’analyse par WGS
permet d’annoter les mutations par ex. dans le gène
oprD
de
P.aeruginosa
et l’inuence sur la perméabilité
de la porine pour les carbapénèmes peut être directe-
ment postulée (g. ).
SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(15–16):348–355