vie des partenaires épidémiologie & programmes de lutte contre les maladies animales Avancées en génomique animale La génomique poursuit ses progrès en santé et en production animales. Les séquences génomiques des principales espèces animales domestiques sont désormais décryptées. La revue Science du 6 novembre 2009 nous fait part du séquençage du génome du cheval (Equus caballus), la plus noble conquête de l’homme. L’histoire de la domestication du cheval a accompagné l’histoire des sociétés humaines. Nous avons vécu plusieurs millénaires de civilisation du cheval, qui ne s’est achevée que dans la seconde moitié du XXe siècle. Cependant, malgré la diminution de ses effectifs dans les pays développés, le cheval reste un compagnon privilégié de l’homme. Les chevaux font partie de l’ordre des périssodactyles. L’analyse de leur génome fait apparaître un nouveau centromère sur le chromosome 11, qui présente les propriétés d’un centromère immature, mais pleinement fonctionnel et dépourvu de séquences centromériques satellites. L’ensemble de ces travaux clarifie la nature de la diversité génétique au sein et entre les différentes races de chevaux, et suggère que la domestication du cheval a fait intervenir, au départ, un nombre restreint d’étalons mais un grand nombre de juments. La cartographie du génome équin permettra d’identifier des mutations dans des gènes impliqués dans la morphologie, l’immunologie et le métabolisme, avec des retombées prévisibles en médecine humaine. Plus de 90 maladies héréditaires pourraient servir de modèles pour des affections semblables chez l’homme comme l’infertilité, des maladies inflammatoires et des désordres musculaires (Hurtley, 2009 ; Wade et coll., 2009). Un premier article paru dans la même revue a rapporté la séquence génomique d’une vache (Bos taurus) de race Hereford, grâce au travail réalisé par un consortium international. Les connaissances acquises par ce séquençage permettront d’améliorer la sélection des populations bovines et l’identification de mutations impliquées dans certaines maladies des bovins (Poutrel, 2009 ; Bovine Genome Sequencing and Analysis Consortium et coll., 2009). 2010 • 1 53 vie des partenaires La même revue publie le séquençage du génome du ver à soie (Bombyx mori). Des données archéologiques semblent montrer que la domestication du ver à soie a débuté il y a vraisemblablement 5 000 ans. Les auteurs du travail ont séquencé le génome de 29 lignées domestiques du monde entier ainsi que de 11 vers à soie sauvages (Bombyx mandarina) récoltés en Chine (Normile, 2009). Les chercheurs ont tenté d’identifier les gènes qui pourraient être associés à la domestication et la sélection ; 354 gènes ont été repérés. Les vers à soie domestiques ont été élevés et sélectionnés pour la taille du cocon, la croissance, le taux de reproduction et l’efficacité de la digestion. Les vers à soie domestiques tolèrent la manipulation par l’homme et ont perdu la faculté de voler ; ils ne reconnaissent plus le danger des prédateurs et seraient donc incapables de survivre dans la nature. Mais les généticiens n’entendent pas en rester là ; ils tentent de mettre Références en place un projet de séquençage de 10 000 vertébrés, au moins une espèce Bovine Genome Sequencing and Analysis Consortium, Elsik C.G., Tellam R.L., Worley K.C., Gibbs R.A., Muzny D.M., Weinstock G.M. et coll. (2009). – The genome sequence of taurine cattle: a window to ruminant biology and evolution. Science, 324 (5926), 522-528. par genre. Hurtley S. (2009). – A horse is a horse, of course. Science, 326, 767. Katz L.A. (2006). – Genomes: epigenomics and the future of genome sciences. Current Biology, 16, 23, 996-997. résultant de l’analyse de l’ADN humain. Une première réunion a été organisée en avril 2009 avec 50 participants provenant des États-Unis, du Canada, d’Amérique latine, d’Europe et d’Asie. Les protagonistes du projet pensent qu’il va fournir des informations utiles pour l’étude du génome humain et des connaissances biologiques de base. Ce projet donnera Normile D. (2009). – Insect genetics. Sequencing 40 silkworm genomes unravels history of cultivation. Science, 325, 1058-1059. également un aperçu de l’évolution des génomes et de la spéciation dans une Pennisi E. (2008a). – Building the tree of life, genome by genome. Science, 320, 1716-1717. L’un des participants, le Professeur Olivier Hanotte, un biologiste de la Pennisi E. (2008b). – Are epigeneticists ready for big science ? Science, 319, 1177. Pennisi E. (2009). – No genome left behind. Science, 326, 794-795. Poutrel B. (2009). – Le génome de la vache entièrement décrypté. Bull. GTV, 50, juillet-août. Wade C.M., Giulotto E., Sigurdsson S., Zoli M., Gnerre S., Imsland F., Lear T.L. et coll. (2009). – Genome sequence, comparative analysis, and population genetics of the domestic horse. Science, 326 (5954), 865-867. 54 Depuis le séquençage du génome humain, les chercheurs souhaitent séquencer d’autres génomes afin de comparer leurs résultats avec ceux 2010 • 1 perspective évolutionniste. conservation de l’Université de Nottingham au Royaume-Uni, a insisté pour que des espèces en danger d’extinction soient reprises dans la liste, estimant que dans 20 ans il sera peut-être trop tard (Pennisi, 2008a, 2009). Enfin, il faut noter la percée de l’épigénomique, ce qui ajoute de la complexité dans les relations entre le génotype et le phénotype. Il y a sans aucun doute beaucoup à en attendre (Katz, 2006 ; Pennisi, 2008b).