syndromes cliniques microdélétionnels. Les études réali-
sées dans des populations de patients avec retard mental
et caryotype normal ont montré que ces réarrangements
télomériques étaient une cause non rare des retards men-
taux inexpliqués chez l’enfant (de5à8%selon les études)
[1-3].
L’étude des télomères est un examen demandé de plus
en plus fréquemment lorsque les autres explorations (en
particulier le caryotype) n’ont pas permis d’établir un
diagnostic chez des patients avec retard mental ± syn-
drome malformatif et ± dysmorphie.
La description clinique précise de ces nouveaux syn-
dromes microdélétionnels devrait permettre une étude en
FISH plus ciblée en fonction de la symptomatologie ainsi
qu’une meilleure connaissance et donc une prise en
charge plus adaptée de ces pathologies.
Nous décrirons ici 3 syndromes : les délétions 22q13,
9q34 et 1p36.
Délétion 22q13
Le syndrome de délétion 22q13 résulte de la perte de
matériel génétique au niveau de la partie terminale du
bras long d’un des deux chromosomes 22. La délétion
22qter a tout d’abord été identifiée par la cytogénétique
conventionnelle (caryotype standard et haute résolution)
[4-6]. La FISH a ensuite permis de diagnostiquer de nou-
veaux patients porteurs de microdélétion non visible en
cytogénétique [7]. La sonde spécifique 22q13 étant utili-
sée comme sonde témoin de la sonde du syndrome vélo-
cardio-facial, certains diagnostics ont été faits de façon
fortuite lors de recherche de délétion 22q11 [8, 9].
La taille de la délétion est très variable, de 70 kb à prés
de 10 Mb et intéresse la bande terminale 22q13.3 [10].
Elle n’est visible sur le caryotype haute résolution que
dans moins d’un tiers des cas [11]. Elle est le plus souvent
isolée et de novo. Plus rarement, la délétion 22q13 est liée
à des translocations déséquilibrées, soit de novo, soit
résultant du déséquilibre de translocation héritée (10 %
des cas) [12]. La délétion peut aussi être associée à un
anneau du chromosome 22. Celui-ci est habituellement
en mosaïque. Enfin, au moins 2 patients sont rapportés
dans la littérature avec un syndrome de délétion 22q13 lié
à une délétion interstitielle épargnant le télomère [5, 13].
Récemment, le gène ProSAP2 ou SHANK3 a été iden-
tifié dans la région minimale critique du syndrome de
délétion 22qter [14]. SHANK3 code pour une protéine de
structure impliquée dans les synapses excitatrices. Il est
préférentiellement exprimé dans le cortex cérébral et le
cervelet [14]. La description d’un patient avec une trans-
location 12;22 interrompant SHANK3 et présentant un
phénotype similaire aux patients avec délétion 22qter a
conduit à impliquer l’haplo-insuffisance de ce gène dans
la genèse du phénotype neuropsychologique. Cette hypo-
thèse a ensuite été renforcée par l’identification de muta-
tions de SHANK3 chez des patients avec retard mental et
retard de langage sévère [15].
L’incidence de ce syndrome est inconnue à ce jour. Il
est également réparti dans les deux sexes.
Une large étude de Phelan et al. de 2001, sur 37 nou-
veaux patients et 24 de la littérature, a permis de préciser
le phénotype clinique. Il existe dans presque tous les cas
une hypotonie, un retard de développement psychomo-
teur et un retard mental.
L’hypotonie est précoce et peut disparaître complète-
ment avec l’âge. Le retard de développement psychomo-
teur peut être discret la première année avec une acquisi-
tion légèrement décalée de la tenue de tête et de la station
assise. Inversement, il peut être plus sévère avec absence
de tenue assise à 1 an. La marche acquise entre 15 mois et
3 ans est souvent ataxique.
Le retard mental est modéré à profond [12]. Les trou-
bles du langage parfois sévères peuvent être le signe initial
le plus évident (96 % des cas). Des traits autistiques sont
fréquemment associés et peuvent être au premier plan.
La croissance staturo-pondérale est normale ou, par-
fois, accélérée.
La dysmorphie est très discrète voire absente chez les
patients avec délétion cryptique infracytogénétique. Sont
décrits une dolichocéphalie (39 à 57 %), un ptôsis (13 à
57 %), un épicanthus (38 à 41 %), une racine du nez
épaisse et un nez proéminent, un petit menton pointu (11 à
62 %), des oreilles larges et/ou dysplasiques (47 à 65 %),
des mains et des pieds larges (25 à 68 %) et enfin une
syndactylie 2-3 des orteils (28 à 38 %) [10].
Une épilepsie est également rapportée dans près d’un
tiers des cas [8, 10-12].
D’autres symptômes plus occasionnels sont décrits :
malformations rénales, cardiaques, surdité, tolérance ac-
crue à la douleur, hypoplasie unguéale des pieds [12].
Lorsqu’il s’agit d’une translocation déséquilibrée, la
présence d’une trisomie partielle d’un autre chromosome
associée à la monosomie 22q13 peut modifier le phéno-
type. Mais la sévérité du phénotype clinique reste variable
même lorsque la délétion est isolée. Cette variabilité sem-
ble peu corrélée à la taille de la délétion [16].
L’hypotonie, le retard psychomoteur et le retard men-
tal sont des symptômes communs à de nombreux syndro-
mes, et la dysmorphie est discrète voire absente et peu
spécifique. L’atteinte sévère du langage, l’éventuelle
avance staturale et les traits autistiques sont plus caracté-
ristiques et doivent conduire à évoquer ce syndrome. De
plus, certains auteurs préconisent la recherche d’une mi-
crodélétion 22qter chez les patients autistes [8]. Lorsque le
caryotype haute résolution est normal, la délétion est
recherchée par FISH avec la sonde SHANK3. Si cette
recherche s’avère négative et qu’il existe une forte suspi-
cion clinique, un séquençage du gène SHANK3 pourrait
mt pédiatrie, vol. 11, n° 4, juillet-août 2008 225
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