Les urgences médico-chirurgicales (UMC)
Pr. Larbi Abid
« La solidité de la cité tient moins à la solidité de ses fortifications
qu’à la fermeté d’esprit de ses habitants » Thucydide, Athènes 460-395 av. JC
Tous les établissements de santé disposent en principe d’un service des urgences
(communément appelé PU) dont la fonction est l’accueil et le traitement des personnes se
présentant en situation d’urgence. Cet accueil doit se faire sans sélection, 24h/24 h, 7j/7j et pour
toute personne se présentant en situation d’urgence.
Le service des urgences est donc un service d’accueil, de traitement et d’orientation des
patients en lien avec les autres services hospitaliers que ce soit les services de soins, de
consultation ou le plateau technique (imagerie, laboratoires). Il est géré par un médecin urgentiste,
et doit permettre l'accueil et l'examen par un médecin urgentiste tous les jours et en toute heure, et
doit pouvoir faire venir un médecin spécialiste en fonction de la pathologie.
L’urgence est une situation non prévue, de survenue brutale et demandant
une réponse rapide. L’urgence vitale met en cause le pronostic vital du patient, l’urgence
fonctionnelle met en cause le pronostic fonctionnel.
Outre ces deux aspects de l’urgence, il y a également l’urgence ressentie par le
patient : il n’y a pas de danger véritable pour le patient, mais existence d’un tableau
d’angoisse. Il y a également l’urgence sociale où le patient se présente dans un contexte
social difficile, aigu.
La notion d’urgence est en fait difficile à cerner : ce qui est urgent pour vous, ne
l’est pas forcement pour votre voisin ; ce qui est urgent pour l’usager de la santé, ne l’est
pas forcement pour le professionnel de la santé ; ce qui est urgent pour l’usager et le
professionnel, ne l’est pas forcement pour le décideur …
Les structures d’un service d’urgence sont : une salle d’accueil préservant la
confidentialité, un espace d’examen et de soins, une salle d’accueil des urgences vitales avec les
moyens nécessaires à la réanimation immédiate et une unité d’hospitalisation de courte durée.
Un agent d’accueil devrait recevoir tout usager se présentant pour une urgence médico-
chirurgical. Cet agent d’accueil (qui est le plus souvent un médecin généraliste dans notre pays)
devrait être un agent paramédical formé. Son rôle est d’établir le 1er contact avec le patient et de la
mettre en confiance (ce qui manque dans nos PU et qui est source de conflits qui font
fréquemment la une de nos quotidiens). Il détecte la détresse vitale ou ressentie, anticipe les
conflits latents, défini les besoins de santé et les priorités de soins (tri des malades), décide du lieu
le plus adapté aux soins et distille l’information aux proches.
Origine du mot « TRI » date des campagnes napoléoniennes (1792) où il fallait procéder
au tri des soldats blessés sur les champs de bataille. L’arrivée en masse des blessés au niveau des
points de prise en charge créés spontanément, nécessitait la mise en place d’un système de
priorisation afin de prendre en charge des malades dans un ordre qui permet de sauver le plus de
patients possibles, en classant les soldats en trois groupes : ceux qui allaient survivre, ceux qui
certainement allaient mourir et ceux susceptibles de survivre en cas de prise en charge immédiate.
Aux 19ème et 20ème siècles le système va évoluer avec la mise en place de services d’urgences
dédiés avec une équipe de soins spécialisée, aux compétences spécifiques.
Dans les années 60-70, apparition au Canada du tri ( Québec) effectué par des secrétaires-
réceptionnistes, puis, par une I.A.O en 1970 pour faire face aux lacunes, puis aux USA, la
médecine d’urgence devient une spécialité et fondation de l’Association des infirmiers des
Services d’urgences. Dans les années 80 et face à l’affluence des urgences, les pays anglo-saxons
(Australie, Angleterre) optent pour un tri des patients. La pratique s’étend à l’Europe (Allemagne,
Belgique, Suisse, France) Dans ce dernier pays, la circulaire du 14 mai 1991 définit le rôle de
l’IAO.