4 INTELLIGENCE DES DONNÉES ET ENTREPRISES EN COLLABORATION AVEC EY
En outre, l’aversion humaine au
changement constitue un obstacle
important. De nombreuses per-
sonnes sont réticentes aux derniers
logiciels, par peur qu’ils rendent leur
propre intervention superflue. C’est
pourquoi un soutien de la direction
et un accompagnement intensif sont
si importants. Sans quoi tout le
monde trouvera une raison de se ca-
cher derrière la manière habituelle
de travailler. »
Burgelman : « L’entreprise doit affi-
cher une politique cohérente afin de
convaincre ses collaborateurs
d’adhérer au projet. Cette vision doit
provenir du management, pour en-
suite s’insinuer dans les échelons in-
férieurs. Malheureusement, de nom-
breux CEO sont encore trop peu
conscients des possibilités actuelles.
C’est pourquoi je leur conseille
d’installer Google Now sur leur
smartphone ou leur tablette, afin
d’expérimenter personnellement ce
qu’est l’intelligence artificielle et tout
ce que l’on peut faire des différentes
données. En outre, une entreprise ne
doit pas commettre l’erreur de se
montrer trop stricte avec les données
disponibles. Vous devez laisser agir
les données, les encourager à racon-
ter leur histoire et accepter de ne pas
toujours comprendre l’origine des ré-
sultats. Les analystes scientifiques de
données traditionnels contrôlent
encore chaque donnée séparément,
mais cela n’est plus possible quand
trois milliards de données vous par-
viennent chaque jour. Dans ce cas,
l’analyste doit aborder les données
différemment : il ne peut plus être le
mouton, il doit être le berger qui
mène ses moutons vers la pâture
idéale. »
L’évolution en faveur de l’analyse
des données a un grand impact
sur notre vie privée. Comment
une entreprise doit-elle gérer ce
phénomène ?
Staelens : « Il ne sera pas facile de
trouver le juste équilibre entre l’inno-
vation et le respect de la vie privée.
Les nouvelles évolutions dans le
monde des données sont axées sur la
maximisation de la valeur commer-
ciale des informations disponibles via
un traitement principalement auto-
matique des informations utiles.
toutefois devoir évoluer vers des applications plus
prédictives. Celles-ci donnent aux entreprises la pos-
sibilité d’être beaucoup plus réactives et de détecter
des tendances qui indiquent une évolution. Il ne suffit
plus de disposer d’analystes capables d’expliquer
pourquoi un client est parti il y a trois mois. Les entre-
prises disposant des données adéquates pourront dé-
celer les clients mécontents qui envisagent de passer
à la concurrence dans les trois mois. »
Quelles erreurs les entreprises doivent-elles
éviter lors de l’implémentation d’une stratégie
efficace de gestion de données ?
Burgelman : « De nombreuses entreprises ne savent
même pas ce qu’elles veulent analyser. Elles ont be-
soin d’une stratégie réfléchie afin de mettre exacte-
ment le doigt sur ce qu’elles souhaitent améliorer. Ce
n’est qu’alors que la technologie moderne leur per-
mettra de mettre au jour des liens utiles dans les don-
nées disponibles. Ce processus exige cependant une
nouvelle philosophie, laquelle sera si possible stimulée
par le département Business Development, habitué à
imaginer sans cesse de nouveaux concepts ou de nou-
veaux modèles d’affaires. Si l’initiative est lancée par
le département informatique, on recherchera trop
souvent des solutions dans le cadre connu. Alors que
l’objectif est précisément de s’en départir. »
Staelens : « Les entreprises se lancent trop souvent
dans une multitude de petits projets, ce qui les em-
pêche d’avoir une vision holistique des données
qu’elles traitent. Rares sont celles qui savent qui utilise
certaines données et à quelles fins. Pourtant, c’est une
condition indispensable pour élaborer une vision des
données pour l’avenir. »
À quels obstacles les entreprises sont-elles
confrontées dans ce domaine ? Et comment
peuvent-elles les surmonter ?
Staelens : « Pour commencer, de nombreuses entre-
prises surestiment le coût d’une politique de données
efficace. Tout comme pour les médicaments, il existe
également des alternatives génériques qui sont beau-
coup moins onéreuses et qui proposent presque les
mêmes fonctionnalités que les produits de référence.
>
© Sofie Van Hoof
Plus d’analyse prédictive. Ces dernières années, ce
sont surtout les solutions d’analyse descriptive qui ont
évolué. Ces solutions se concentrent sur les données
provenant du passé et du présent. Au cours des
années à venir, on assistera à l’essor de l’analyse pré-
dictive. Ces solutions pourront par exemple prévoir le
comportement d’achat des consommateurs ou indi-
quer quand des machines ont besoin d’un entretien.
Encore plus de données dans le cloud. Le nombre de
données ou de logiciels disponibles via le « cloud » ou
internet est appelé à augmenter. Cette évolution vers
plus de cloud computing va même mener, selon cer-
tains, à ce que le cloud prenne à son compte la
majeure partie des dépenses informatiques d’ici 2016.
Plus d’applications visuelles et mobiles. Les applica-
tions visuelles et leurs versions mobiles deviendront
un élément essentiel de l’infrastructure informatique.
Elles permettent aux entreprises qui gèrent intelli-
gemment leurs données de constituer des récapitula-
tifs visuels pour tous les départements-clés. Ces solu-
tions rendent digestes des informations complexes
tout en permettant de représenter les évolutions en
temps réel. Nous assisterons également à l’apparition
d’applications destinées à apporter l’information aux
utilisateurs au moment souhaité. Le secteur des appli-
cations pourrait atteindre un chiffre d’affaires de 60
milliards de dollars et créer 5 millions d’emplois d’ici
2018.
Les données deviennent des biens négociables.
L’information est devenue un bien précieux et négocia-
ble. De plus en plus d’entreprises vont se spécialiser
dans la collecte de données, et le premier site de mise
aux enchères de données ne devrait pas tarder à voir
le jour.
Les fichiers journaux des systèmes gagnent en impor-
tance. Par le passé, ces fichiers étaient effacés après
un intervalle de quelques semaines, en raison des
coûts élevés de stockage ; mais ils ne cesseront de
gagner en importance au cours des années à venir. Ils
sont très précieux en matière de protection des don-
nées, de surveillance de l’efficacité et de gestion des
risques.
Les tendances du big data
« Une bonne gestion des données
permet aux entreprises de mieux
apprendre à connaître leurs clients. »
Luc Burgelman, CEO NGData