“La condition
juive
en France”
Par Dominique Schnapper
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M 01907
- 288 -
F: 3,00 E
N°288 - MARS 2009 - 3
N°288 - MARS 2009 - 3
Judaïsme :
Le dictionnaire
amoureux d’Attali
Judaïsme :
Le dictionnaire
amoureux d’Attali
Pessah :
Quand trois
générations
se rencontrent
Pessah :
Quand trois
générations
se rencontrent
Hommage :
Schlomo
Carlebach
Hommage :
Schlomo
Carlebach
Histoire :
Les juifs du Maroc
sous le Protectorat
Histoire :
Les juifs du Maroc
sous le Protectorat
Connaissez vous le Talmudland ?
Connaissez vous le Talmudland ?
INFORMATION JUIVE Juin 2008 3
Editorialiste : Josy Eisenberg
Chroniqueur : Guy Konopnicki
Comité de rédaction : Josy Eisenberg,
Michel Gurfinkiel, Victor Malka,
Joël Mergui, Philippe Meyer
Collaborateurs : Armand Abécassis,
Anne-Julie Bémont, Albert Bensoussan,
Paul Giniewski, Hélène Hadas-Lebel,
Carol Iancu, Gérard Israël, André Kaspi,
Naïm Kattan, Elie Korchia, Odette Lang,
Annie Lelièvre, Daniel Sibony.
Direction Administrative
et Financière :
Noémie Lasry
Maquette : Information Juive
Photographies : Alain Azria
Régie publicitaire : BTN Edition
Tél. : 01 47 86 71 95 Email : [email protected]
Edité par S.a.r.l. Information Juive
le journal des communautés
au capital de 304,90
Durée de la société : 99 ans
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et publications : 0708K83580
Dépôt légal n° 2270. N°ISSN : 1282-7363
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Tél. : 03 83 29 31 84
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Jacques Lazarus
Gérant de la SARL,
directeur de la publication :
Philippe Meyer
Directeur :
Victor Malka
N°288 - MARS 2009
AU SOMMAIRE D’
19
26
10
36
40
32
7
20
14 23
4
30
EDITO
4- Idolart par Josy Eisenberg
JUIFS ET FRANCAIS
7- La condition juive en France par Dominique Schnapper
EN COUVERTURE
10- Retrouver les saveurs de l'hébreu par Claude Lanzmann
JUDAÏSME
14- Le dictionnaire amoureux du judaïsme Un entretien avec Jacques Attali
CHRONIQUE
17- Les tribus proportionnelles par Guy Konopnicki
ANTISEMITISME
19- Durban : symbole de la haine par Philippe Haddad
LA VIE JUIVE
20- Connaissez-vous le Talmudland ? par Pierre-Henry Salfati
LA VIE DU CONSISTOIRE - 23
JUDAÏSME
26- Pessah : quand 3 générations se rencontrent par Philippe Haddad
DÉBATS
28- Le coup de gueule de Konop par Odette Lang
OPINION
29- Les mensonges et la vérité historique par Paul Giniewski
BONNES FEUILLES
30- Les juifs du Maroc sous le protectorat par Michel Abitbol
HISTOIRE
33- La Bible et ses peuples par Léa Philpott
EXPOSITIONS
34- Chronique d'un rêve avorté par Léa Philpott
LIVRES
35- par Odette Lang
HOMMAGE
36- Shlomo Carlebach, l'homme qui incarnait la yiddishkeit par Rahel Musleah
L’HUMOUR DES SENS
38- Cheminements de l'humour juif par Alain Barchechath
CINÉMA
40- Quand Téchiné nous plonge au cœur du mensonge par Elie Korchia
CARNET -41
VERBATIM - 42
4INFORMATION JUIVE Mars 2009
Fête de Pessah oblige :
aujourd’hui, chers lecteurs,
vous aurez deux éditoriaux
pour le prix d’un.En
premier lieu, quelques
réflexions qui m’ont été
inspirées par la vente Bergé Saint-
Laurent, et les montants pharaoniques
atteints par certaines enchères. Certes, la
Torah n’a jamais condamné l’art. Elle cite
même Tubal-Caïn, qui inventa les
instruments de musique. Quant au
créateur - architecte et décorateur – de
l’Arche Sainte, Betsalel, il est présenté
comme « inspiré par l’esprit ». La beauté
est un don divin puisque, dans la
Cabbale, la Sefira de l’éthique, Tiferet,
est aussi celle de l’esthétique. C’est tout
dire.
L’ART
ET LA VIE
Cependant, on le sait, il a
toujours existé dans le
judaïsme, depuis le
Décalogue, l’interdit
d’une certaine représen-
tation par l’image qui
pourrait mener à l’idolâtrie : « Tu ne te
feras pas d’image… ».
On peut apparemment exonérer l’art
moderne non figuratif de ce risque
d’idolâtrie. Il suscite cependant d’autres
perversions : celles de l’argent et du
narcissisme. Je passe rapidement sur
l’incroyable survalorisation de certaines
formes de cet art, comme Mondrian ou
Rothko – que jadis Yasmina Reza avait si
subtilement brocardé dans sa pièce «Art».
Certains magnats qui se laissent séduire
par des toiles monocolores prétendues
EDITO
Idolart PAR JOSY EISENBERG
géniales ne sont manifestement que des
« gogoooos » : ce n’est pas une faute
d’orthographe, mais une petite idée du
nombre de zéros qui figurent sur leurs
chèques… Chacun est certes libre de faire
ce qu’il veut de son argent. Cependant :
1/ En ces temps de crise, plus que
jamais, l’argent investi – ou plutôt, placé
dans ces valeurs-refuge que sont
devenues les œuvres d’art, dévoyées de
leur fonction initiale – pourrait servir
utilement à d’autres causes. Il est
stérilement retiré de la sphère
économique. Je parle des acheteurs, et
non des vendeurs qui semblent vouloir
affecter à des œuvres caritatives le produit
de la vente. Ce dévoiement est déjà de
l’ordre de l’idolâtrie.
2/ L’achat à prix d’or d’une pièce d’art
constitue le sommet d’une autre
idolâtrie : l’égoïsme et l’orgueil. Il s’agit
de rien moins que de soustraire à la vue
du grand nombre une œuvre que l’on a
le monopole de contempler, satisfaction
égotiste qui établit également un lien
narcissique entre l’artiste et l’acheteur.
Narcissisme mais aussi exhibition-nisme
de la propriété et de la richesse. C’est
en effet le culte de l’argent plus que
celui de la beauté: le plus souvent,
l’œuvre d’art sommeille d’ailleurs dans
le coffre d’une banque…
Péché d’orgueil qui est considéré dans
la pensée juive comme l’expression
suprême de l’idolâtrie. L’orgueilleux
prend toute la place et expulse Dieu de
son monde. Le Talmud résume cela en
une formule célèbre : «Dieu dit à
l’orgueilleux : toi et Moi, nous ne
pouvons pas habiter ensemble.»
La sacralisation de l’art – le mot dit
bien en quoi il peut devenir une
véritable religion – se fait d’ailleurs
précisément au nom d’un autre concept
révélateur : celui de l’Unicité. Sa copie
ne vaut rien : l’original vaut de l’or.
Singulières contradictions d’un monde
moderne qui survalorise la copie quand
il s’agit de musique, alors qu’il
n’accorde de valeur qu’à l’original
quand il s’agit des arts plastiques.
Ce terme – pièce unique – m’a
toujours fait tiquer. Il ne s’agit plus de
beauté, mais de fétichisme : confer les
sommes astronomiques payées pour les
lunettes de Gandhi ou la pipe de
Churchill. On est en plein fétichisme,
c’est-à-dire une des formes les plus
spectaculaires de l’idolâtrie.
Francis Bacon disait :
«Homo ars additus
naturae». L’homme, c’est
de l’art-ajouté à la nature.
Toute vie humaine est en
soi création et œuvre d’art.
Chaque pièce d’art est certes « unique
», mais il y a des milliards d’unicités.
On peut certes en dire autant des
milliards d’êtres humains, dont le
Talmud rappelle que chacun est unique:
c’est pour cela que la Torah les fait tous
descendre d’un même homme. Mais un
abîme sépare l’unicité statique et
idolâtrie d’une œuvre d’art de l’unicité
fragile de la personne humaine ;
chaque vie est un film, alors que
l’unicité artistique, quelles que soient
les émotions qu’elle peut susciter, fige
les choses dans la matière.
On peut exonérer l'art moderne non figuratif de ce
risque d'idolâtrie. Il suscite cependant d'autres
perversions : celles de l'argent et du narcissisme.
On est en plein fétichisme, c'est-à-dire une
des formes les plus spectaculaires de l'idolâtrie.
INFORMATION JUIVE Mars 2009 5
Quels résultats pour la Tsédaka 2008 ?
Gil Taieb : Notre campagne s'est achevée avec des résultats
très satisfaisants, malgré la crise, les subprimes, Madoff et les
problèmes sociaux et économiques qui ont commencé très fort
en 2008, et se poursuivront, avec encore davantage d'amplitude,
en 2009, d'après tous les experts.
Je veux dire combien je suis fier de la communauté juive,
elle a été exemplaire. Elle a été au rendez-vous du cœur et de
la générosité et a compris que c'était aussi de sa responsabilité.
Quels types de problématiques rencontre-t-on dans la communauté
juive ?
G.T. : Les problèmes rencontrés par les responsables des
associations sociales juives sont identiques à ceux observés au
sein de la communauté nationale.
On peut y ajouter cependant des problèmes d'insécurité,
notamment avec l'effet " guerre de Gaza ".
Nos militants rencontrent le même éventail de détresses : des
adolescents sans repères, des enfants livrés à eux-mêmes, des
familles monoparentales avec des problèmes de santé et de
n'arrivent pas à commencer à travailler, des personnes âgées
atteintes de maladies graves et pour lesquels il n'existe pas de
structures d'accueil, des exclus ….
Quelles différences avec les années précédentes ?
G.T. : Voici deux ans que je préside l'Appel national pour la
tsédaka et je dois dire que j'ai ressenti cette année une très réelle
mobilisation. L'Appel pour la tsédaka est la seule campagne
unitaire de la communauté juive. Pendant un mois du 15
novembre au 15 décembre, les associations culturelles, cultuelles,
sociales, éducatives ... agissent à l'unisson et s'investissent de
façon remarquable. C'est quelque chose que je tiens à saluer.
Quelle utilisation des sommes collectées ?
G.T. : Nous avons collecté 2 735 322 euros avec 16 365
donateurs. Soit 100 000 euros de plus que l'an dernier pour un
nombre de donateurs équivalent.
C'est bien, mais il n'y a pas de quoi se congratuler.
En vérité, nous respirons car nous avions envisagé une baisse
significative des dons. Cela eut été un vrai déchirement. Car
moins de collecte, c'est moins d'aides aux programmes associatifs,
donc d'aide aux personnes démunies ou exclues. Autant de
personnes, de familles que nous n'aurions pas pu aider. Dans
une période comme celle que nous traversons, ce n'était pas
imaginable.
Les sommes recueillies vont être distribuées selon une
procédure qui respecte la plus grande transparence, sur la base
des programmes présentés par les 120 associations juives sociales
au Fonds Social Juif Unifié.
Et en 2009 ?
G.T. : Je remplirai encore ce rôle de président de cette très
noble cause. Mes engagements dans la campagne de la Tsédaka,
remontent à plusieurs années.
Je souhaite que chaque Juif de France en devienne
l'ambassadeur.
L'année 2009 devrait voir se renforcer les actions sur le terrain
pour permettre à tous ceux qui ont besoin de nous d'être secouru.
Cette campagne devra être encore plus unitaire.
Notre choix dans la façon d'aborder la campagne 2008 a été
celui de répéter sans cesse que chacun de nous, donateurs,
acteurs social, professionnel ou bénévole , était responsable face
aux défis et attentes de ceux qui souffrent.
Nous avons parlé vrai, sans détour !
Nous avons montré les choses, nous avons expliqué qu'il existe
des solutions.
Nous avons parlé de la souffrance de l'âme de nos frères et
nous avons fait appel à
l'humanisme et au sentiment de fraternité de chacun.
Nous avons un début de réponse cette année.
L'année 2009 verra encore d'autres maux se développer aussi
nous devons tous être prêts à œuvrer pour y faire face ensemble.
Merci aux 16 365 donateurs pour leur générosité.
Rendez-vous pour la campagne 2009.
*Le Dr Gil Taïeb vient d'être élu Vice-Président du Fonds
Social Juif Unifié.
UN ENTRETIEN AVEC LE DR GIL TAÏEB,
PRÉSIDENT DE L'APPEL NATIONAL POUR LA TSÉDAKA*
© Javky Azoulai
APPEL NATIONAL POUR LA TSÉDAKA :
LES JUIFS DE FRANCE ONT RÉPONDU PRÉSENT !
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