La gouvernance économique mondiale depuis 1944

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Thème 4.
les échelles de gouvernement dans le monde de la fin
de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours.
Question 3, chapitre 9
La gouvernance économique mondiale
depuis 1944
Qu'est-ce que la gouvernance?
« Gouvernance n’est pas synonyme de gouvernement.
Les 2 notions se réfèrent à des comportements exprimant une
volonté, à des activités guidées par un but, à des systèmes de
règles. Mais l’idée de gouvernement implique une autorité
officielle, dotée de capacités de police garantissant la bonne
exécution de la politique adoptée. La gouvernance, elle, couvre
des activités sous-tendues par des objectifs communs ; ces
objectifs peuvent s’inscrire ou non dans des mécanismes
légaux et formels de responsabilité, ils ne requièrent pas
nécessairement des pouvoirs de police pour surmonter les
méfiances et obtenir l’application de la norme. En d’autres
mots, la gouvernance est un phénomène plus large que le
Gouvernement. »
James N. Roseneau, Governance without government,
Cambridge Press, 1992
Schéma récapitulatif des acteurs définissant la
gouvernance.
Echelle nationale et
régionale.
-Etats
-Regroupements
régionaux (UE., ALENA.,
Mercosur etc.)
- « clubs » : G8.,G20.,
BRICS. Etc.
Echelle des « individus »
-Société civile
-Associations privées
-ONG. de dimension
mondiale
Echelle internationale
mondiale
-FMI.
-BK. mondiale
-OMC.
Gouvernance =
-Règles
-Instances
-Négociations
Echelle des entreprises
-Stratégies et
fonctionnement des
multinationales
-Lobbies divers et cartels
=Evolution
complexe avant
d’en arriver là
avec moments
clefs…
-1944 à nos jours ?
1944-1971: Bretton Woods
1944-1945
1971-1991: Recherche d'une nouvelle coopération
internationale face aux crises économiques
Depuis 1991 :
Vers une nouvelle
gouvernance
mondiale?
1989-1991
2008
Problématique.
Comment évoluent et se manifestent les
logiques de coopération économique depuis
1944?
I/ L'établissement d'un ordre économique mondial 1944-1971
Deux projets concurrents: les plans Keynes et White
Les deux plans concurrents présentés par Keynes, qui dirigeait la
délégation anglaise, et par White, le représentant du Trésor
américain, s'opposaient presque point par point.
Pour Keynes, en effet, l'objectif n'était rien moins que d'étendre
au plan international le système bancaire existant au plan national.
Il fallait pour cela créer une monnaie internationale, émise par une
banque centrale supranationale[...] Par son orientation délibérément
supranationale, le plan Keynes posait les jalons d'une véritable
régulation de l'économie mondiale.
On sait qu'il n 'en a rien été […] Disposant des deux tiers du stock
d'or mondial, es Etats-Unis imposèrent le maintien de la référence à
l'or dans le SMI dans la mesure qu'elle permettait de fonder la
domination du dollar. […] Ils s'opposèrent à la création d'une
Harry Dexter White et John Maynard Keynes
I/ L'établissement d'un ordre économique mondial
1944-1971
A/ La genèse de la gouvernance économique mondiale
La gouvernance économique = un concept d’après guerre à triple
origine :
*les désordres économiques et monétaires de l’Entre Deux guerres
leur amplification durant la crise de 1929.
*la ruine suscitée par la Seconde Guerre mondiale (en particulier en
Europe, ancienne zone des grandes puissances économiques).
*l’émergence de la prise de conscience par les EUA. de leur rôle de
leadership politico –économique mondial.
Plaque commémorant la
conférence de Bretton Woods,
1-22 juillet 1944
B/ Un système économique mondial placé sous la domination des
Etats-Unis
- Sièges de la banque mondiale et du FMI aux EUA
- 1/3 des droits de vote au FMI
- $ = “as good as gold”
-- «$
«$ gap»
gap» reflétant
reflétant la
la dépendance
dépendance des
des économies
économies européennes
européennes à
à l'égard
l'égard des
des EUA
EUA
- Importance du plan Marshall
II/ Le tournant des années 1970 -1980: une
gouvernance en crise
Date
Stock
Avoirs en $
d'or
des
des EUA banques
étrangères
1950
22,8
3,1
1957
22,8
9,1
1960
18,8
11,6
1965
14
16
1968
10,7
17,3
1973
11,7
66,8
Gérard Marie Henry, Dollar:
la monnaie internationale, 2004
Un système dénoncé par les pays du Tiers-monde
« Le Groupe des 77 a vu le jour parce que le Tiers-monde a compris qu'il devait parler
d'une seule voix aux cessions de la CNUCED et dans les autres réunions consacrées aux
problèmes économiques mondiaux. […] nous nous sommes rassemblés pour négocier
avec les pays industrialisés les changements à apporter aux pratiques et aux règles
régissant les finances et les échanges mondiaux. […]
Si lorsque nous recherchions des ressources pour notre survie, sans parler de notre
développement, nous appliquions à la lettre les moyens préconisés pour réunir des
capitaux, nous semblions toujours finir soit par tomber sous la coupe, ou à peu près, des
sociétés transnationales, soit par subir les politiques déflationnistes* du FMI, quand ce
n'était pas les deux à la fois. »
Julius Nyerere, président de la Tanzanie, allocution devant le Groupe des 77, 12 février
1979
* qui consistent à faire baisser les prix mais pouvant entrainer à long terme un gel des
salaires
Questions :
1- Comment le stock d’or américain et la masse de $ en circulation évoluent-ils ?
Quel problème cela pose-t-il ?
2- Que dénonce et revendique le Groupe des 77 ?
II/ Le tournant des années 1970 -1980: une
gouvernance en crise
A/ La fin du système de Bretton Woods
En août 1971,
Le président
américain
Richard Nixon
suspend la
convertibilité
du $ en or
L’efficacité et l'importance de Bretton Woods sont à relativiser:
- cette gouvernance ne concerne que le monde occidental en raison du
climat de la guerre froide.
A partir du milieu des 1960's, le système de Bretton Woods est
progressivement remis en question par les difficultés de
l’économie américaine, puis par le 1er choc pétrolier de 1973
En bref, la remise en cause du système de BW résulte de
dysfonctionnement éco et de revendications politiques.
- Poids décisif du plan Marshall car pas de convertibilité des devises
européennes avant 1958
- Contestation des pays du Tiers-monde.
Mais quels sont les facteurs de la fin du système de BW?
- stock d'or USA < qté de $ émis
- Csq: des pays comme la France en 1965 réclament de++ d'être payés
en or.
Donc:
- 1971: Nixon suspend la convertibilité du dollar en or.
- 1976: accords de Kingston.
ce économique mondiale face aux crises des années 1970-1980
Impact des 2 chocs pétroliers, les PI décident de coopérer afin de
maintenir le libre échange et éviter le refuge dangereux du
protectionnisme:
- 1975 : création du G6 (France, RFA, RU, Italie, EUA, Japon,) au sommet
de Rambouillet
- 1976 : G7 = G6+ Canada
Première réunion du G6 à Rambouillet en 1975.
De gauche à droite : Aldo Moro, Takeo Miki,
Gérald Ford, Helmut Schmidt et Valery Giscard d'Estaing
Dès 1980's dvpt d’une vague néo libérale: déréglementation ou
dérégulation , politiques d’ajustement structurels du FMI
Csq: accélération de la mondialisation, des échanges commerciaux mais
aussi retour des crises financières qui se multiplient à partir de 1987
Le président américain Ronald Reagan et la « Dame de Fer » Premier
Ministre britannique Margaret Tchatcher, « so happy » de défendre
les politiques néolibérales dans les 1980's.
III/ La recherche d'une nouvelle
gouvernance mondiale depuis 1991
En quoi ces documents sont-ils révélateurs des débats
actuels sur la gouvernance économique mondiale ?
Le point de vue d’un économiste américain
Aujourd’hui la mondialisation ça ne marche pas. Ça ne
marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche
pas pour la stabilité de l’économie mondiale. La
transition du communisme à l’économie de marché a
été si mal gérée que partout, sauf en Chine, au
Vietnam et dans quelques rares pays de l’Europe de
l’Est, la pauvreté est montée en flèche et les revenus
se sont effondrés. Pour certains la solution est simple :
abandonnons la mondialisation. Ce n’est pas possible
ni souhaitable. La mondialisation [...] a aussi apporté
d’immenses bienfaits. C’est sur elle que l’Asie orientale
a fondé on succès, notamment sur les échanges
commerciaux et le meilleur accès aux marchés et aux
technologies. C’est elle qui a permis de grands progrès
en matière de médecine, et qui a créé une société
civile mondiale dynamique, luttant pour plus de
démocratie et de justice sociale. Le problème n’est
plus la mondialisation. C’est la façon dont elle a été
gérée. En particulier par es institutions internationales,
le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, qui contribuent à
fixer les règles du jeu. Elles l’ont fait trop souvent en
fonction des pays avancés – d’intérêts privés en leur
sein – et non de ceux des pays en développement.
Joseph E. Stiglitz (prix Nobel d’économie en 2001),
La Grande Désillusion, Librairie Arthème Fayard, 2002
Peter Sutherland, répond à Jacques Attali avant le sommet de l'OMC à Seattle en
1999
IL y a quelques semaines, l'organisation à la naissance de laquelle j'ai été fier de
présider, avec cent trente-quatre Etats, s'est trouvée brocardée dans ces pages par
Jacques Attali [économiste français]. M. Attali appelait cet été à « en finir avec
l'Organisation mondiale du commerce » ( Le Monde du 27 juillet). Ses arguments sont
à prendre au sérieux.D'abord, parce qu'il note avec raison que l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) « est même la plus importante de tout le système multilatéral » ;
qu'elle est « une institution équilibrée où sont représentés tous les pays du Sud » (et
pas seulement en théorie : plus de cent des cent trente- quatre sont des pays en
développement, dont vingt-neuf des pays moins avancés).
[Mais l'article de Jacques Attali se transforme en une vériatble critique de l'OMC] : «
l'OMC a presque toujours donné raison aux Etats-Unis » ;
L'ironie veut que, ce même été, l'OMC épinglait le quart des exportations américaines
pour subventions déguisées et pratiques déloyales, et sommait les Etats-Unis de
changer leur législation fiscale sous quatorze mois.
Je m'étonne que tant d'experts, même parmi les plus éclairés, aient tendance à
confondre le symptôme et sa cure : paniqués [...] par la mondialisation galopante, voilà
qu'ils l'amalgament à l'OMC, c'est-à-dire avec l'organisation qui, précisément, s'efforce
de la contenir dans un cadre de règles multilatérales contraignantes qui seules sont
susceptibles d'en faire partager tous les bénéfices.
[…] Faut-il rappeler - encore et toujours - qu'au cours des cinquante dernières années,
depuis le lancement du GATT, le commerce a été et reste le moteur de la croissance
mondiale, contribuant de façon substantielle à la prospérité, au développement et à la
hausse des niveaux de vie dans l'ensemble de nos pays tant au Nord qu'au Sud.
Depuis 1951, le commerce mondial s'est multiplié dix-sept fois, la production mondiale
quatre fois et le revenu mondial par tête deux fois. Cette ouverture des marchés a
permis aux pays en développement d'enregistrer un doublement de leurs exportations
au cours de ces seules trente dernières années.
A la fin des fins - comme le montrent tant d'études récentes, de la Banque mondiale au
FMI en passant par la Commission trilatérale -, il faut se rendre à l'évidence : les pays
en développement dont l'économie s'est ouverte - dans les règles que nous, «
libéralisateurs » des échanges, n'avons cessé de promouvoir - ont connu une
croissance annuelle de 4,5 % au cours des années 70 et 80. Les économies qui
choisirent de rester closes, en revanche, ont stagné autour de 0,7 %. Et le même
phénomène, presque à la virgule près, se retrouve dans les pays riches : l'ouverture
signifie 2,3 % de croissance l'an ; la fermeture, 0,7 %.
Peter Sutherland, ancien directeur du GATT puis de l'OMC, Le Monde,
23/10/1999
III/ La recherche d'une nouvelle gouvernance
mondiale depuis 1991
A/ Vers une gouvernance économique multipolaire ?
- 1991 :Dissolution de l’URSS , dvpt de la présence de la Chine communiste dans l’éco de
marché. On assiste à la « fin de l’histoire » (Francis Fukuyama, économiste américain)
- dvpt de nouvelles organisations d’intégration économique régionale:
ALENA . (1994), AEC (1994)
-1994
, vic to ire du lib re éc ha nge
-1995 :: Accords
création de
de Marrakech
l'OMC
-1997 : G7+R uss ie= G8
-1999 : G20
Mercosur (1991),
III/ La recherche d'une nouvelle gouvernance
mondiale depuis 1991
B/ Une gouvernance contestée
Caricature tirée d'un trac
d'ATTAC, années 2000
III/ La recherche d'une nouvelle gouvernance
mondiale depuis 1991
B/ Une gouvernance contestée
Rejet de la légitimité du G8, G20, FMI, OMC, du pouvoir des FTN par les
antimondialistes et altermondialistes.
Argument:
- Manque de considération à l'égard des PED, de la « justice sociale « et des
enjeux écologiques
- Politique néolibérale = « dictature des marchés » néfaste au au bien être des
peuples.
Conséquence:
Opposition de deux visions du monde différentes
Exemple de symboles de la confrontation de deux visions du monde
- manif de 40 000 personnes vs le sommet de l’OMC à Seattle en 1999.
- Forum social mondial et Forum économique mondial
1987 : création du FEM de Davos
2001 : création du FSM à Porto Alegre. Slogan :« un autre monde est possible »
Forum social mondial, Tunis, 2013
Conclusion
Depuis la fin de la IIGM, les principes d’une gouvernance économique
mondiale rencontrent des limites que ce soit au départ sous l’égide des
EU ou avec l’apparition de nouveaux acteurs (pays émergents, FTN).
La dérive néolibérale de cette gouvernance dans un contexte de crise
semble de ++ agacée une société civile mondiale Bolivie, Equateur,
Vénézuela- « Indignados » espagnols) avide d’une véritable justice
sociale face au creusement des inégalités entre riches et pauvres..
*Une réponse possible : la volonté affichée de relance des principes du
développement durable / réorientation économique mais = ½ échec à la
conférence sur le climat à Copenhague 2009 suite à la crise qui amène d’autres
priorités (relance « classique »).
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