« A la recherche d’une éthique universelle : nouveau regard sur la loi naturelle » - Résumé du document rédigé par la Commission théologique internationale Y a-t-il des valeurs morales objectives capables d’unir les hommes et de leur procurer paix et bonheur ? Fondée sur la raison commune à tous les hommes, la loi naturelle est la base de la collaboration entre tous les hommes de bonne volonté quelles que soient leurs convictions religieuses. Certes, elle est de droit accessible à la raison humaine commune aux croyants et aux incroyants et l’Eglise n’en a pas l’exclusivité, mais, comme la Révélation assume les exigences de la loi naturelle, le magistère de l’Eglise en est constitué le garant et l’interprète. Ce n’est que progressivement que la personne humaine accède à l’expérience morale et devient capable de se dire à elle-même les préceptes qui doivent guider son agir. Le bien qui s’impose ainsi est le bien moral. Mais, à la différence des êtres qui ne sont pas dotés de raison, la personne humaine est capable de reconnaître et d’intérioriser ces finalités, et donc d’apprécier, en fonction d’elles, ce qui est bon ou mauvais pour elle. Il ne s’agit donc pas tant de se soumettre à la loi d’un autre que d’accueillir la loi de son propre être. La loi naturelle ne saurait être présentée comme un ensemble déjà constitué de règles qui s’imposent a priori au sujet moral, mais elle est une source d’inspiration objective pour la démarche, éminemment personnelle, de prise de décision. Le sujet moral peut mettre en œuvre pratiquement les orientations de la loi naturelle sans être capable, en raison de conditionnements intellectuels particuliers, d’en discerner explicitement les fondements théoriques ultimes. Dans la tradition théologique chrétienne, la personne présente deux aspects complémentaires et ne s’oppose pas à la nature. En scrutant l’intelligibilité de celle-ci, la personne découvre ainsi les chemins de son humanisation. Le passage de la personne à la société éclaire la distinction essentielle entre loi naturelle et droit naturel. Par le fait que les hommes ont vocation à vivre en société avec d’autres, ils ont en commun un ensemble de biens à poursuivre et de valeurs à défendre. Quatre valeurs découlent des inclinations naturelles de l’homme et dessinent les contours du bien commun que la société doit poursuivre, à savoir : la liberté, la vérité, la justice et la solidarité. La « légitime et saine laïcité de l’Etat » consiste dans la distinction de l’ordre surnaturel de la foi théologale et de l’ordre politique. La Cité doit ainsi procurer aux personnes qui la composent ce qui est nécessaire à la pleine réalisation de leur vie humaine, ce qui inclut certaines valeurs spirituelles et religieuses, ainsi que la liberté pour les citoyens de se déterminer vis-à-vis de l’Absolu et des biens suprêmes. La grâce ne détruit pas la nature mais elle la guérit, la conforte et la porte à son plein accomplissement. C’est donc à la lumière de la raison éclairée par la foi vive que l’homme saisit au mieux les orientations de la loi naturelle qui lui indiquent le chemin du plein épanouissement de son humanité. La découverte de la loi naturelle répond à la quête d’une humanité qui, depuis toujours, cherche à se donner des règles pour la vie morale et la vie en société. Nous devons parvenir à nous dire, par-delà les divergences de nos convictions religieuses et la diversité de nos présupposés culturels, quelles sont les valeurs fondamentales pour notre commune humanité, de manière à travailler ensemble à promouvoir compréhension, reconnaissance mutuelle et coopération pacifique entre toutes les composantes de la famille humaine.