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Détermination d’un Taux de Pression Fiscale Optimal en Côte d’Ivoire
1. Introduction
La croissance économique est au
fondement du développement économique
et social. Cela fait d‘elle un objectif majeur
des politiques de développements. Après
une période relativement longue d‘intenses
débats sur le rôle de l‘Etat dans l‘économie,
beaucoup d‘économistes reconnaissent
qu‘une taille minimum de l‘Etat est
nécessaire pour le développement
économique et social d‘un pays. Dans la
théorie traditionnelle des finances
publiques, les rôles que l‘on attribue à la
politique fiscale sont financier, économique
et social (Musgrave, 1959). Sur le plan
financier, le système fiscal doit être en
mesure de trouver les ressources
nécessaires au fonctionnement de l‘Etat.
Sur le plan économique, la politique fiscale
peut servir à réguler l‘activité économique
en modifiant l‘effort fiscal demandé aux
contribuables ou bien prendre la forme
d‘incitations fiscales visant à réduire la
pression fiscale afin de relancer la
consommation, l‘investissement et
l‘emploi. Certains types de dépenses
publiques contribuent à améliorer la
productivité du secteur privé. Les dépenses
de sécurité et de maintien de la paix,
d‘infrastructures, de santé et d‘éducation
entrent dans cette catégorie de dépenses
publiques productives. Dans son rapport
annuel sur le développement dans le
monde de 1994, la Banque Mondiale
conclut que le manque d‘infrastructures
socio-économiques hypothèque fortement
la croissance économique et le
développement social dans beaucoup de
pays Africains. Sur le plan social, la fiscalité
est un instrument de redistribution des
revenus dans le sens d‘une plus grande
équité sociale. Les recettes budgétaires
constituent donc un instrument essentiel
des stratégies de développement.
Comment, en effet, concevoir une politique
de développement si les moyens sont
déficients ? Comment construire des
infrastructures publiques importantes et
lutter efficacement contre la pauvreté si les
ressources financières sont insuffisantes ?
Les ressources fiscales présentent par
rapport aux autres ressources de
financement, à l‘exception des dons, la
particularité de n‘entraîner aucune charge
ultérieure d‘endettement ; cela incite à
privilégier le recours à ces ressources pour
préserver la soutenabilité des finances
publiques. Cette croyance est sans doute à
la base du critère de convergence de
l‘UEMOA visant à atteindre un taux de
pression fiscale minimum égal à 17% dans
les différentes économies. Reconnaissant
l‘importance des dépenses publiques et de
la politique fiscale, la Côte d‘Ivoire a
entrepris depuis son indépendance en 1960
une série de reformes fiscales visant à
accroître les recettes fiscales. Bien que
celles-ci aient connu une augmentation
croissante, le taux de pression fiscale, quant
à lui, n‘a cessé de baisser passant de 21,7%
en 1965 à 17,6% en 1990 puis à 15% en 2006.
Plusieurs raisons ont été mises en avant
pour expliquer cette situation. L‘une des
raisons est liée à la structure « trop
centralisée » de l‘administration fiscale. On
a aussi évoqué le manque de civisme fiscal
et la fraude fiscale chez les contribuables1.
Les réformes fiscales mises en œuvre ces
dernières années ont constitué une réponse
au besoin d‘améliorer les performances
fiscales et accroître les recettes publiques.
Mais elles peuvent aussi être interprétées
comme une réaction devant l‘érosion
apparente des bases d‘imposition due au
niveau élevé des taux d‘imposition et au
développement de l‘évasion et de la fraude
fiscales.
En dépit de ces réformes fiscales, le taux de
pression fiscale est resté inférieur au taux
1 Oussou (1994) montre l’existence de fraude fiscale
au niveau des recettes douanières qui se situerait
entre 25 et 35%.