Restauration de l’immeuble Clarté à Genève Jacques-Louis de Chambrier CV scolarité puis études secondaires classiques/mathématiques à Lausanne, intérêt marqué pour les arts et l'architecture architecte diplômé epfz 1976 participe au recensement architectural à Genève, étude du patrimoine bâti bureau d'architecte, plusieurs associations, Neuchâtel et Genève, 1978 à 2006 activités multiples d'architecte constructeur, constructions immobilières, promotions, transformations et restaurations divers concours, gagnant et réalisation du centre d'entretien de l'autoroute N5 avec J.L. Rivier 1994 membre du comité de la Société d'Histoire de l'Art en Suisse 2000-2012, contribution à la redéfinition de la série des Monuments d'Art et d'Histoire travaux spéciaux, immeubles habités, transformations surélévations, immeuble moderniste (1930) Mairie 35 Genève avec P. Sartorio bureau indépendant Genève 2006, et nouvelle association de Chambrier & Liechti architectes dès 2011 restauration de l'immeuble Clarté de Le Corbusier et Pierre Jeanneret (1932), études et chantier, 2004 à 2010 projets, constructions neuves et chantiers spécialisés de transformation en cours 2014 Conférence L'immeuble Clarté représente l'aboutissement d'une période très créative de Le Corbusier, qui trace une des voies les plus influentes du mouvement moderne par ses idées et ses publications (L'Esprit Nouveau, Vers une Architecture 1923) et ses projets iconiques (Maison La Roche 1923, Pavillon de l'Esprit Nouveau 1925, projet SDN et Weissenhof Siedlung 1927, Villa Savoye 1928, Armée du Salut 1929). Clarté, architecture lisse de verre et d'acier, résume l'époque du purisme, de l'esthétique de l'ingénieur et de la machine, ainsi que les utopies urbaines et sociales élaborées par Le Corbusier après 1918. Ses concepts du standard et de la série se révèlent de manière inédite dans la construction de Clarté qui est un modèle de rationalisme expérimental. Les logements de la croissance….. Quel héritage ? Richard Klein, architecte, historien, professeur à l’ENSAP de Lille Richard Klein est architecte d.p.l.g, docteur en histoire de l’art, Habilité à diriger les Recherches, professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille et Directeur du laboratoire de recherche (Le Lacth) de cet établissement. Il est l’auteur de très nombreux articles et de plusieurs ouvrages traitant de l’histoire de l’architecture contemporaine. Il dirige la collection « architectures contemporaines » aux éditions Picard et a dirigé entre 2000 et 2008 la collection « architecture / archives » aux éditions JeanMichel Place. - La cité de l’Etoile à Bobigny, Candilis, Josic, Woods, Paris, Créaphis, février 2014. - Représentations de l’architecture contemporaine, Cahiers Thématiques n°12, direction d’ouvrage en collaboration avec Eric Monin, Ensap de Lille, Maison des Sciences de l’Homme, Paris, février 2013. - Le Corbusier, le palais des congrès de Strasbourg, nouveau programme, dernier projet. Paris, Picard, 2011. - Véra Cardot et Pierre Joly Photographies, d’architecture, catalogue d‘exposition, Maison de l’architecture et de la ville, Lille 2011. - Architecture de la Culture, Relais du pouvoir européen. direction d’ouvrage en collaboration avec Bernard Toulier. Collection Les réseaux de la modernité, Dapa/Docomomo International, Cedhec, Institut du Patrimoine, Paris, septembre 2009. - Robert Mallet-Stevens, La villa Cavrois, Picard, Paris 2005 - Les années ZUP, architectures de la croissance 1960-73, direction d’ouvrage en collaboration avec Gérard Monnier, Picard, Paris, 2002. Trois types d’interventions sur du logement social James Dunnett, architecte (UK) CV James Dunnett a étudié l’architecture à l’université de Cambridge et la sculpture à la St Martin's School of Art. Il a tout d’abord travaillé pour Erno Goldfinger, dont il a choisi d’intégrer le bureau à une époque où tout ce que Goldfinger représentait dans le monde de l’architecture était violemment rejeté – Goldfinger, l’élève de Perret à l’Ecole des Beaux Arts de Paris et le collègue du Corbusier à Athènes en 1933. Au bout de deux ans, Goldfinger n’avait plus de travail, et Dunnett est passé au département d’architecture du London Borough of Camden, où il a réalisé des logements sociaux devenus mondialement célèbres – et dont bon nombre sont désormais «classés». Ces immeubles sont «modernes», mais très différents des logements sociaux de Goldfinger, dont la plupart sont désormais classés eux aussi. Dunnett s’est mis à écrire, principalement pour l’Architectural Review, sur Louis Kahn, Goldfinger, Le Corbusier... Après huit années passées à Camden, il est parti pour ouvrir son propre cabinet en 1983, monter la première exposition des œuvres de Goldfinger à l’Architectural Association, et enseigner à l’université Brookes d’Oxford et ailleurs. Il a été secrétaire fondateur de DOCOMOMO-UK en 1990 dont il a été co-président de 2002 à 2012. Il continue à pratiquer l’architecture, à écrire, à donner des conférences et à faire de la sculpture. Conférence En Grande-Bretagne, la plupart des logements sociaux construits à la fin des années 1950 et dans les années 1960 ont été démolis dans les années 1980 et 1990, surtout les tours préfabriquées, construites essentiellement avec de grands panneaux de béton préfabriqué, mais aussi de nombreux programmes de faible et moyenne hauteur à forte densité d’habitation. Les programmes de faible hauteur et à faible densité se sont souvent dégradés eux aussi lorsque la vie économique se détériorait dans la région, mais ce phénomène n’a pas suscité une aussi grande attention. Les grands programmes à panneaux étaient principalement l’œuvre de grands entrepreneurs en bâtiments qui les avaient construits pour les pouvoirs publics avec l’encouragement du gouvernement central, mais sans recourir à des architectes indépendants. Leur qualité technique – surtout dans la jointure entre les grands panneaux – était souvent médiocre, tout comme la qualité de leur conception. Par conséquent, lorsque leurs défaillances techniques ont commencé à poser problème, on n’a guère hésité à les démolir, surtout lorsqu’il s’agissait de tours de grande hauteur, puisque l’idéal du Mouvement moderne de la «ville verte» dont ils s’inspiraient vaguement avait cessé d’être compris. En revanche, certains fournisseurs de logements sociaux, notamment le London County Council, avaient fait appel à de bons architectes, tant en interne que comme consultants indépendants, qui avaient fait du bon travail, surtout en n’utilisant pas le système des «grands panneaux». Un très petit nombre de leurs lotissements ont été classés, de sorte que la question qui se pose est celle de leur rénovation plutôt que de leur démolition. Je parlerai de trois de ces programmes que je connais personnellement. 1. Les immeubles du Queen Elizabeth Square à Glasgow, conçus en 1956 par le plus célèbre architecte britannique de son époque, Sir Basil Spence, mais non classés et démolis en 1992. 2. Park Hill, à Sheffield, un grand quartier classé au centre d’une ville industrielle en perte de vitesse, avec des «rues verticales» vaguement inspirées par Le Corbusier, dont certaines ont été acquises par un promoteur qui les a déshabillées jusqu’à la structure de béton en vue de les reconfigurer entièrement dans le cadre du plan d’ensemble d’origine. 3. Carradale House, Balfron Tower et le Brownfield Estate dans l’Est de Londres par Erno Goldfinger, construits en 1966-1975, et classés pour la plupart. Carradale House a été soigneusement préservée en tant que logement social et la tour Balfron (27 étages) a été récemment vidée pour être elle aussi rénovée et accueillir des logements privés. Tous ces trois programmes reflètent ou reflétaient l’idéal de la «ville verte». Si cet idéal reste mal compris, tous ces programmes et les espaces verts qu’ils renferment continueront à être menacés. Restaurer les cités satellites des années 60 : le Lignon dans le panorama européen. Franz Graf, architecte et professeur EPFL CV Diplômé en architecture de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, il travaille comme architecte indépendant à Genève dès 1989. Enseignant en architecture et construction à l’Université de Genève (1989-2006), il est professeur ordinaire de technologie à l’Accademia di architettura di Mendrisio dès 2005 et professeur associé de théorie et de projet à l’École polytechnique fédérale de Lausanne dès 2007. Ses recherches développent la connaissance des systèmes constructifs modernes et contemporains et ses publications sont recueillies dans des ouvrages de référence. Il est co-responsable de la recherche « Encyclopédie critique pour la restauration et la réutilisation de l’architecture du XXe siècle » financée par la CUS (2008-2013), président de Docomomo-Suisse et membre du comité des experts pour la restauration de l’œuvre de la Fondation Le Corbusier. Conférence La conservation des objets monumentaux est souvent réduite « à un débat manichéen où l’évidence d’une cause juste, la conservation des monuments, est sans cesse opposée à la violence ignorante des barbares ». Or, comme le démontre subtilement Alois Riegl, elle est par nature conflictuelle, valeurs de mémoire –commémorative, historique ou temporelle, valeur esthétique ou valeur utilitaire impliquent souvent des pratiques de conservation qui sont incompatibles entre elles. Quand, de surcroit, nous avons à faire à l’architecture du logement de masse des trente glorieuses, la valeur d’usage et la valeur économique doivent faire l’objet d’une pesée d’intérêts raisonnée spécifiquement élaborée pour que se développe un projet complexe et responsable. C’est sous ce regard que la sauvegarde de la cité satellite du Lignon sera comparée d’emblématiques opérations européennes. Robin Hood Gardens, London UK Alison & Peter Smithson 1972 Grand’Mare, Rouen Marcel Lods, Paul Depondt, Henri Beauclair 1968-1969 Balfron Tower, London UK Ernö Goldfinger 1965 Tscharnegut, Bern H. & G. Reinhard 1965 Cité satellite du Lignon, Genève, Suisse Georges Addor, Dominique Julliard, Jacques Bolliger, Louis Payot, architectes 1963-1971