Les débuts du judaïsme Introduction Les religions majoritaires dans le monde Le judaïsme est une religion. Il est pratiqué par environ 15 millions de personnes appelées Juifs ou Juives. De nos jours, Israël est le seul Etat où le judaïsme est la religion majoritaire de la population. I. Les Juifs : un peuple dans l’Empire romain 1) Une province romaine La conquête de la Judée en 63 av. J.-C. par le général Pompée (106-48 av. J.-C.) « Pompée, après avoir soumis, par son lieutenant Afranius, les Arabes qui habitent autour du mont Amanus, descendit dans la Syrie ; et, comme elle n'avait pas de rois légitimes, il en fit une province romaine. Il subjugua la Judée et fit prisonnier le roi Aristobule ; il y fonda quelques villes ; rendit la liberté à d'autres et punit les tyrans qui en avaient usurpé l’autorité. Mais il s'y occupa surtout de rendre la justice, de concilier les différends des villes et des rois ; et, quand il ne pouvait s'y transporter en personne, il y envoyait ses amis. » Source : Plutarque (46-125), Vie de Pompée, XLI. Pompée jeune, Ier siècle av. J.-C. C’est en 63 av. J.-C. que les Romains conquirent la Palestine et firent de la Judée une province romaine, dirigée par un gouverneur. Le plus célèbre fut Ponce Pilate (26-36). En latin, les habitants de la Judée sont appelés « Judaei », ce qui a donné en français le mot « juif ». 2) Un peuple et un territoire soumis par la force Sesterce de Vespasien (69-79), alliage de cuivre, 26,56 grammes, 71 ap. J.-C. La frappe d’une monnaie antique, d’après P. Lévêque, L’Aventure grecque, 1964, fig. 24 VESPASIANus Vespasien AVGustus Auguste Pontifex Maximus Grand Pontife Couronne de laurier Tête vue de profil CAESar césar IMPerator L’empereur TRibunicia Potestate Revêtu de la puissance tribunicienne Pater Patriae Père de la Patrie COS III Consul pour la 3e fois IVDAEA La Judée Soldat romain écrasant les dépouilles des vaincus Femme assise : la Judée vaincue CAPTA a été conquise Senatus Consulto Par décret du Sénat Les Juifs acceptaient mal l’occupation des Romains et se révoltèrent régulièrement, comme lors de la guerre entre 66 et 73, que les Romains gagnèrent. Shekel, argent, 14,01 g., Ø : 22 mm., Jérusalem, 70-71 Monnaie juive, argent, 14,06 g., Ø : 20 mm., Jérusalem, 69-70 שקל ישראל שד ירושלים הקדושה SHEKEL YISRAEL SH(ANA)DALED Shekel d’Israël, année 4 [de la révolte contre Rome] YERUSHALAYIM AKADOSHA Jérusalem la Sainte Coupe religieuse Grenades La prise de Jérusalem (70 ap. J.-C.) Assiégée en mars 70 par les Romains dirigés par Titus, fils de Vespasien, Jérusalem était surpeuplée de réfugiés et de pèlerins. Une famine effroyable sévit : une enceinte romaine de 7 km interdisait tout secours. Du 1er juillet au 26 août, les assauts se suivirent jusqu'à l'incendie du Temple, le 28, et à la destruction de la cité. Ce fut une catastrophe car le Temple était pour les Juifs le signe de la Présence de Dieu au milieu de leur peuple. Les Romains pillent le Temple de Jérusalem, bas-relief de l’arc de triomphe de Titus, Rome, 81-85 Chandelier en or à 7 branches Soldats romains couronnés de lauriers Trompettes et mobilier du Temple Ce qui n’a pas été détruit par les Romains : une section du mur de soubassement du Temple Le mur occidental du Temple de nos jours Le lieu de pèlerinage le plus saint du judaïsme Pèlerins au Mur des Lamentations, XIXe s. Menahem Begin au Mur, 1977 La prise de Massada (2 mai 73 ap. J.-C.) La siège de la forteresse « Le général romain [Flavius Silva] marcha avec ses troupes contre Eléazar et les sicaires qui occupaient avec lui Massada ; il s’empara rapidement de tout le territoire, <dont il garnit de troupes les positions les plus avantageuses. Puis il éleva un mur tout autour de la place, pour rendre la fuite difficile aux assiégés, et y posta des gardes. » L’attaque de la forteresse « Il y avait derrière la tour qui protégeait la route de l’Ouest vers le palais et le faîte de la colline un éperon rocheux d’une largeur considérable et formant saillie, mais de 300 pieds au-dessous du sommet de Massada. [<] Silva y monta donc, l’occupa et ordonna à l’armée d’apporter des charges de terre. [<] On éleva une tour de 100 coudées entièrement blindée de fer, du haut de laquelle les Romains [<] lançaient des projectiles contre les défenseurs du rempart. » La prise de la forteresse « Quand Éléazar vit que le mur était consumé par le feu, il n’imagina aucun moyen de salut ni de défense. [<] Les maris embrassèrent, étreignirent leurs femmes, serrèrent dans leurs bras leurs enfants [<]. Tous percèrent les êtres les plus chéris. [<] Puis ils tirèrent au sort dix d’entre eux pour être les meurtriers de tous. [<] Quand ceux-ci eurent tué sans faiblesse tous les autres, ils s’appliquèrent les uns aux autres la même loi du sort : l’un d’eux, ainsi désigné, devait tuer ses neufs compagnons et se tuer luimême après tous. [<] Le nombre des morts s’élevait à 960, en comptant les femmes et les enfants. [<] Cependant, les Romains, qui s’attendaient encore à combattre [<] commencèrent l’assaut. Alors, voyant la multitude de cadavres, ils ne se réjouirent pas comme en présence d’ennemis morts, mais admirèrent la noblesse de cette résolution et ce mépris de la vie, attestée par tant d’hommes qui avaient agi avec constance jusqu’au bout. » Source : Flavius Josèphe (v. 37-100), La guerre des Juifs, v. 75 ap. J.-C. La Judée au Ier siècle ap. J.-C. Lors de la guerre, les Romains détruisirent le Temple (70), signe, pour les Juifs, de la présence de Dieu au milieu du peuple. Ils vécurent cet événement comme une catastrophe. 3) La dispersion des Juifs dans l’empire romain La diaspora juive après la destruction du Temple De nombreux Juifs quittèrent alors la Judée pour développer ou créer des communautés juives dans le reste de l’empire romain, voire en dehors : on appelle ce mouvement d’émigration la Diaspora. La Diaspora désigne la dispersion des Juifs hors de Palestine, à travers le monde antique. De nos jours, ce mot désigne tout groupe de personnes vivant hors de son pays d’origine, mais gardant des relations avec lui. La construction du récit Consignes Possibilité 1 : vous êtes un Juif installé à Lyon depuis 10 ans. Racontez pourquoi et comment vous avez quitté Jérusalem en 70 ap. J.-C. (10-15 lignes). Possibilité 2 : vous êtes un légionnaire de l’armée romaine. Racontez votre victoire pendant la guerre juive (66-73 ap. J.-C.) et expliquez ses conséquences sur les Juifs. (10-15 lignes). Aide 1. Le récit doit être logique : décrivez d’abord les grandes phases de la guerre juive (prise de Jérusalem et de Massada, destruction du Temple) ; puis expliquez ce qu’est la Diaspora. 2. Le récit doit comporter des lieux et des dates. Bilan Fin de l’heure : Je vérifie mon récit Oui J’ai rédigé un texte : J’ai respecté les règles de rédaction (orthographe, ponctuation…) Mon récit suit un cheminement logique (je n’ai pas parlé de Massada avant la destruction du Temple, etc.) J’ai fait un travail d’histoire : Mon récit comprend des dates (j’en souligne deux) Mon récit se situe dans un espace (j’encadre deux lieux) J’ai raconté les grands épisodes de la guerre juive J’ai expliqué la catastrophe que représente la destruction du Temple pour les Juifs J’ai expliqué la Diaspora Ce n’est pas le cas Que dois-je demander au professeur/camarades/parents pour rectifier si je n’ai pas trouvé par moi-même ? II. Un peuple dans le Proche-Orient ancien 1) Une histoire de dominations successives La domination assyrienne (VIIIe siècle av. J.-C.) Royaumes de Juda et d’Israël au VIIIe siècle avant J.-C. La soumission du roi d’Israël Jéhu aux Assyriens en 841 av. J.C., bas-relief en basalte noir de Salmanazar III, 825 av. J.-C. « Je reçus de Jéhu de l’argent, de l’or, de l’étain, un sceptre pour la main du roi et des poignards de chasse. » (traduction de l’akkadien) La prise de Samarie (722 av. J.-C.) « La quatrième année du règne d’Ezékias, la septième d’Osée, fils d’Ela, roi d’Israël, Salmanasar, roi d’Assyrie, monta contre Samarie et l’assiégea. Les Assyriens s’en emparèrent au bout de trois ans. La sixième année du règne d’Ezékias, la neuvième d’Osée, roi d'Israël, Samarie fut prise. Le roi d’Assyrie déporta Israël en Assyrie et les conduisit à Halah ainsi que sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes de Médie, parce qu’ils n’avaient pas écouté la voix du SEIGNEUR, leur Dieu, et qu’ils avaient transgressé son alliance : tout ce que Moïse, serviteur du SEIGNEUR, avait prescrit, ils ne l’avaient pas écouté ni ne l’avaient pratiqué. » Source : Deuxième Livre des Rois, 18, 9-12 (trad. TOB). La guerre dans le Proche-Orient ancien Torches enflammées La bataille de Lakish (royaume de Juda) remportée par les Assyriens en 701 av. J.-C., Ninive, 700-692 av. J.-C. Archers hébreux Remparts Bélier de siège Archers assyriens Hébreux vaincus partant en déportation Archers assyriens, 700-692 Soldat assyrien exécutant un prisonnier, 700-692 La déportation dans le Proche-Orient ancien La déportation des Elamites après la prise de la ville de Din-Sharri, bas-relief du palais d’Assurbanipal (669-627), Ninive, vers 645 avant J.-C. Ballots portés sur l’épaule Soldat assyrien surveillant les prisonniers Prisonniers attachés… …et pieds nus Bovidés Les déportations sont une pratique courante chez les Assyriens à partir du règne de TéglathPhalazar III (744727 av. J.-C.). Attelage emportant les biens des Elamites Femmes élamites : toute la population est déportée La déportation des Hébreux après la prise de la ville de Lakkish, 700-692 av. J.-C. Bien avant la domination romaine, les Hébreux ont connu la domination assyrienne au VIIIe siècle av. J.-C., qui a conduit à la disparition du royaume du Nord (Israël). Le roi Assurbanipal (669627) sur son char, basrelief du palais du roi, Ninive, vers 645 av. J.-C. La domination babylonienne (VIe siècle av. J.-C.)c Les déportations à Babylone (598, 587, 582) « Parole qui s’adressa à Jérémie au sujet de tout le peuple de Juda en la quatrième année de Yoyaqim, fils de Josias, roi de Juda – c’était la première année de Nabuchodonosor, roi de Babylone –, parole que le prophète Jérémie proclama à tous les gens de Juda et à tous les habitants de Jérusalem : "Depuis la treizième année de Josias, fils d’Amôn, roi de Juda, jusqu’à ce jour, c’est-à-dire pendant vingt-trois ans, la parole du SEIGNEUR s’est adressée à moi, et je vous ai parlé inlassablement, sans que vous m’ayez écouté. Le SEIGNEUR vous a envoyé tous ses serviteurs les prophètes, inlassablement, sans que vous ayez écouté, sans que vous ayez tendu l’oreille pour écouter. Il vous disait : Convertissez-vous chacun de votre mauvaise conduite, de vos agissements pervers, et vous demeurerez sur le sol que le SEIGNEUR vous a donné, à vous et à vos pères, depuis toujours et pour toujours. Ne courez pas après d’autres dieux pour leur rendre un culte et vous prosterner devant eux, cessez de m’offenser par vos pratiques, et je ne vous ferai aucun mal. Mais vous n’avez pas écouté – oracle du SEIGNEUR –, bien au contraire, vous m'avez offensé, pour votre malheur, par vos pratiques. Eh bien ! ainsi parle le SEIGNEUR le tout-puissant : Puisque vous n’écoutez pas mes paroles, je donne ordre de mobiliser tous les peuples du nord – oracle du SEIGNEUR –, en faisant appel à Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur, et je les amène contre ce pays, contre ses habitants – et contre toutes ces nations voisines –, je me les réserve et je les transforme pour toujours en étendues désolées qui arrachent des cris d'effroi, en champs de ruines. Je fais s’éteindre chez eux cris d’allégresse et joyeux propos, chant de l'époux et jubilation de la mariée, grincements de la meule et lumière de la lampe. Ce pays tout entier deviendra un champ de ruines, une étendue désolée, et toutes ces nations serviront le roi de Babylone pendant soixante-dix ans". [<] Voici le nombre des gens que Nabuchodonosor fit déporter en l’an sept : 3023 Judéens. Et dans la dix-huitième année du roi Nabuchodonosor : de Jérusalem, 832 personnes. Enfin, en l'an vingt-trois de Nabuchodonosor, Nebouzaradân, le chef de la garde personnelle fit déporter 745 Judéens. Au total 4600 personnes. » Source : Livre de Jérémie, 25, 1-11 ; 52, 28-30 (trad. TOB). La domination perse (Ve siècle av. J.-C.) Une tentative (historique ?) d’extermination des Juifs « Alors [le conseiller du roi] Haman dit au roi Xerxès : “Il y a un peuple particulier, dispersé et séparé au milieu des peuples dans toutes les provinces de ton royaume. Leurs lois sont différentes de celles de tout peuple, et ils n'exécutent pas les lois royales. Le roi n'a pas intérêt à les laisser tranquilles. S'il plaît au roi, on écrira pour les anéantir.“ [<] Les secrétaires royaux furent alors convoqués au premier mois, le treize, et l'on écrivit, en conformité totale avec les ordres de Haman, aux préfets royaux, aux gouverneurs de chaque province et aux chefs de chaque peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue. On écrivit au nom du roi Xerxès et on cacheta avec l'anneau royal. Puis par des courriers on expédia les lettres à toutes les provinces royales pour exterminer, tuer et anéantir tous les Juifs, jeunes et vieux, enfants et femmes, en un seul jour, le treize du douzième mois, c'est-à-dire le mois d'adar, et pour piller leurs biens. » Source : Esther, 3, 8-13 (trad. TOB). La domination grecque (IVe-Ier siècle av. J.-C.) Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169) « Revenu d’Egypte, par crainte des Romains, Antiochus marcha contre la ville de Jérusalem ; il y arriva la cent-quarante-troisième année du règne des Séleucides, et s'empara de la ville sans combat, les portes lui ayant été ouvertes par ses partisans. Devenu ainsi maître de Jérusalem, il fit mettre à mort beaucoup de ceux qui lui étaient opposés, et, chargé de richesses, produit du pillage, revint à Antioche. » Source : Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XII, 3. Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169) « Les deux rois [d’Egypte et de Syrie], le cœur plein de méchanceté, parleront mensongèrement à la même table ; mais cela ne réussira pas, car la fin doit arriver à sa date. [Antiochos IV] s'en retournera dans son pays avec un matériel important. Ayant des intentions hostiles contre l'Alliance Sainte, il les accomplira, puis s'en retournera dans son pays. » Source : Daniel, 11, 27-28 (trad. TOB). Ils ont ensuite été dominés par les Babyloniens, qui les ont déportés à Babylone, par les Perses, par les Grecs et par les Romains enfin. 722 : Destruction du Royaume d’Israël par les Assyriens Vers 931 : Schisme entre Israël et Juda XIIIe XIIe Epoque présumée de Moïse XIe Stèle de Mescha : 1re mention d’Israël Xe IXe VIIIe VIIe VIe 1er Temple de Jérusalem (Salomon) 587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone 539 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés Ve 2) Une histoire écrite et compilée dans des livres Chronologie hypothétique des livres bibliques 722 : Destruction du Royaume d’Israël par les Assyriens Vers 931 : Schisme entre Israël et Juda XIIIe XIIe Epoque présumée de Moïse XIe Stèle de Mescha : 1re mention d’Israël Xe IXe 1er Temple de Jérusalem (Salomon) VIIIe VIIe VIe Josué, Juges, Samuel, Rois, Début de Ezéchiel, rédaction Jérémie, II et d’Amos, Osée, III Isaïe Michée, Deutéronome I Isaïe Début de rédaction de la TORAH Début de rédaction des Psaumes Début de rédaction des Lamentations 587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone 539 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés Ve Chronologie hypothétique des livres bibliques 398-400 : Achèvement du Pentateuque 167 : Antiochos IV sacrifie à Zeus Olympien au Temple. Révolte des Maccabées 70 : Destruction du Temple VIe Ve IVe IIIe IIe Ier Construction du 2d Temple Jonas, Malachie, Joël Chroniques, Job, Ruth, Esdras, Néhémie, Psaumes, Proverbes Esther, Qohélet Daniel 538 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés 587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone Ier IIe IIIe La transmission des livres bibliques Fragment du Deuteronome, cuir, Qûmran, Ier siècle ap. J.-C. Les plus anciens supports de la Bible sont le parchemin (peau de mouton, de veau ou de chèvre) et le papyrus (roseau). Chaque domination de ces peuples ou libération du peuple hébreux donna lieu à la rédaction de livres, de genres très différents (récits historiques, romans, poèmes, prières...). Rédigés surtout en hébreu, sur des parchemins ou du papyrus, la plupart de ces livres ont été écrits et rassemblés entre le Xe et le Ve siècle av. J.-C. Ils avaient pour but de conserver vivante la tradition du peuple hébreux, toujours menacé par ses voisins. 3) La Bible, entre histoire et mémoire Les 24 livres du « Tanakh » (Bible hébraïque), imprimés par Robert Estienne, Paris, 1546 Composition de la Bible hébraïque Bible hébraïque I. LA TORAH 1- « Au commencement » 2- « Tels sont les noms » 3- « Et Yahvé appela Moïse » 4- « Dans le désert » 5- « Telles sont les paroles » Contenu La création du monde (l’histoire d’Adam et Eve, le Déluge, etc.) et la vie des Hébreux jusqu’à leur arrivée en Egypte ; la sortie d’Egypte et l’alliance de Dieu avec Moïse ; les prescriptions de la Loi ; la vie au désert et l’installation en Terre promise. 6- Josué 7- Les Juges 8- Samuel II. LES PROPHETES 9- Les Rois 10- Isaïe 11- Jérémie 12- Ezéchiel 13- Les Douze (petits prophètes) La formation du royaume d’Israël ; histoire des royaumes d’Israël et de Juda ; prise de Jérusalem et captivité de Babylone ; retour de Palestine et rétablissement du Temple ; révolte des Maccabées. 14- Psaumes 15- Job 16- Proverbes 17- Ruth 18- Cantique des cantiques 19- Qohélet 20- Lamentations 21- Esther 22- Daniel 23- EsdrasNéhémie 24- Chroniques Contes, proverbes, chants et louanges pour Dieu ; enseignement des prophètes, notamment sur la ruine de Jérusalem. III. LES ECRITS Premiers mots du Livre de Josué, codex, Italie, 1295. Torah, rouleau de parchemin, Saint-Pétersbourg, 1828. Le rouleau fut le support des livres dans toute l'Antiquité. Destinés à divers usages – liturgie, étude –, ils étaient composés de pièces de parchemin cousues s’enroulant autour d’un ou deux axes. Mais, à l’exception de l'usage liturgique, le rouleau a été abandonné au profit du codex, livre formé de cahiers de parchemin reliés par la tranche. Les 24 livres de la Bible hébraïque ont été formellement divisés en 3 entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. : la Torah, les Prophètes, les Ecrits. Talmud de Babylone, Amsterdam, 1644-1647 Le Talmud correspond à la Loi orale, qui constitue le complément et l’achèvement incontestable de la Loi écrite. Une interprétation religieuse d’un fait historique Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169) « Revenu d’Egypte, par crainte des Romains, Antiochus marcha contre la ville de Jérusalem ; il y arriva la cent-quarante-troisième année du règne des Séleucides, et s'empara de la ville sans combat, les portes lui ayant été ouvertes par ses partisans. Devenu ainsi maître de Jérusalem, il fit mettre à mort beaucoup de ceux qui lui étaient opposés, et, chargé de richesses, produit du pillage, revint à Antioche. » Source : Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XII, 3. Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169) « Les deux rois [d’Egypte et de Syrie], le cœur plein de méchanceté, parleront mensongèrement à la même table ; mais cela ne réussira pas, car la fin doit arriver à sa date. [Antiochos IV] s'en retournera dans son pays avec un matériel important. Ayant des intentions hostiles contre l'Alliance Sainte, il les accomplira, puis s'en retournera dans son pays. » Source : Daniel, 11, 27-28 (trad. TOB). Mais puisque la Bible est un texte sacré, chaque événement historique raconté ne correspond pas exactement à ce qui est historiquement arrivé, car l’intention des auteurs de la Bible est religieuse. Par exemple, l’historien Flavius Josèphe raconte un événement : Antiochos IV dépouille le Temple des Juifs. Le prophète Daniel raconte le même événement, mais de manière religieuse : le pillage du Temple est une lutte contre l’Alliance de Dieu avec son peuple. III. Un peuple à part dans le monde antique 1) Des pratiques religieuses originales Les rites juifs vus par un historien romain « [Les Juifs] immolent le bélier et ils sacrifient aussi le bœuf [<]. Ils s’abstiennent de porc en mémoire du fléau de la lèpre dont leurs corps avaient jadis été souillés et à laquelle cet animal est sujet [<]. Comme jour de repos, ils ont choisi, dit-on, le septième, parce qu’il leur apporta la fin de leurs peines [<]. Ces rites, de quelque façon qu’ils aient été introduits, peuvent se justifier par leur antiquité [<]. Pour eux, c’est une profanation de faire les images des dieux avec des matériaux périssables et à la ressemblance de l’homme ; l’être suprême est à leurs yeux éternel, inimitable, impossible à détruire. Donc ils n’en ont aucune représentation dans leurs villes, encore moins dans leurs temples ils refusent cette adulation à leurs rois, cet honneur aux Césars. » Source : Tacite (v. 55-120), Histoires, V. Le Temple de Jérusalem, cœur de l’identité juive antique Le pèlerinage au Temple au début du Ier siècle « Des milliers de gens, partis de milliers de villes, les uns par terre, les autres par mer, du Levant et du Couchant, du Nord et du Midi, à chaque fête, se rendent dans le Temple comme dans un commun refuge, dans un havre bien abrité des agitations et des tourments de la vie. » Source : Philon d’Alexandrie, Lois spéciales, I, 66-70. Jérusalem lors d’un pèlerinage pour la Pentecôte dans les années 30 « Quand le jour de la Pentecôte arriva, [les apôtres de Jésus] se trouvaient réunis tous ensemble. [<] Or, à Jérusalem, résidaient des Juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. [<] Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Égypte et de la Libye cyrénaïque, ceux de Rome en résidence ici, tous, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes [<]. » Source : Actes des apôtres, 2, 1.5.9-11 (trad. TOB). La synagogue, lieu de culte et d’enseignement Un enseignement dans une synagogue au début du Ier siècle à Alexandrie « Le septième jour, fonctionnent dans chaque ville des milliers d’écoles où s’enseignent l’intelligence, la modération, le courage, la justice et les autres vertus. Les gens s’y tiennent assis en bon ordre, dans le calme, tandis qu’un des maîtres debout dispense les plus nobles et profitables leçons. » Source : Philon d’Alexandrie, Lois spéciales, II, 62. Une lecture de la Torah dans une synagogue au Ier siècle en Judée « [Jésus] vint à Nazara où il avait été élevé. Il entra suivant sa coutume le jour du sabbat dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. On lui donna le livre du prophète Esaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il était écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a conféré l'onction […]. Il roula le livre, le rendit au servant et s’assit ; tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: “Aujourd'hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez.” » Source : Evangile selon saint Luc, 4, 16-21 (trad. TOB). La synagogue de Capharnaüm Dans le judaïsme, aimer Dieu, c’est obéir à la Loi. Tout Juif, vivant en Judée ou en diaspora, se devait de respecter des règles alimentaires (la cachrout), rituelles (circoncision, repos du sabbat) ou cultuelles (lire et apprendre la Loi à la synagogue). Il participait aux sacrifices, en payant l’impôt annuel au Temple et en allant lui-même à Jérusalem s’il le pouvait, lors des trois fêtes de pèlerinage : Pâque, Pentecôte et la fête des Cabanes. 2) Un Dieu unique qui fait alliance Des cultes aux dieux vers le seul culte à Dieu « Le roi [Josias] envoya dire à tous les anciens de Juda et de Jérusalem de se réunir près de lui. Puis il monta à la Maison du SEIGNEUR ayant avec lui tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem : les prêtres, les prophètes et tout le peuple, petits et grands. Il leur fit la lecture de toutes les paroles du livre de l'alliance trouvé dans la Maison du SEIGNEUR. Debout sur l'estrade, le roi conclut devant le SEIGNEUR l'alliance qui oblige à suivre le SEIGNEUR, à garder ses commandements, ses exigences et ses lois de tout son cœur et de tout son être, en accomplissant les paroles de cette alliance qui sont écrites dans ce livre. Tout le peuple s'engagea dans l'alliance. Le roi ordonna au grand prêtre Hilqiyahou, aux prêtres en second et aux gardiens du seuil de faire sortir du Temple du SEIGNEUR tous les objets qu'on avait faits en l'honneur du Baal, d'Ashéra et de toute l'armée des cieux. On les brûla hors de Jérusalem, dans les plantations du Cédron et on emporta leurs cendres à Béthel. Il supprima la prêtraille que les rois de Juda avaient établie pour brûler de l'encens sur les hauts lieux des villes de Juda et des environs de Jérusalem. Il supprima aussi ceux qui brûlaient de l'encens en l'honneur du Baal, du soleil, de la lune, des constellations et de toute l'armée des cieux. [<] Il supprima les chevaux que les rois de Juda avaient installés en l'honneur du soleil à l'entrée de la Maison du SEIGNEUR, près de la chambre de l'eunuque Netân-Mélek, située dans les annexes; il brûla les chars du soleil. Le roi démolit les autels qui étaient sur la terrasse de la chambre haute d'Akhaz et que les rois de Juda avaient élevés, ainsi que les autels que Manassé avait bâtis dans les deux parvis de la Maison du SEIGNEUR; il les enleva de là et en jeta les cendres dans le ravin du Cédron. » Source : Deuxième Livre des Rois, 23, 1-12 (trad. TOB). A partir du VIIe siècle, sous le règne du roi de Juda Josias, les Hébreux sont progressivement devenus monothéistes : sans nier l’existence d’autres dieux, ils ont d’abord choisis de ne plus en prier qu’un seul (Yahvé), qu’ils ont ensuite reconnu comme étant l’unique dieu de l’univers. Dans tout le monde antique, jusqu’au Ier siècle ap. J.-C., le judaïsme était donc la seule religion monothéiste, hostile au polythéisme des Romains ou des pays voisins. Le don de la Loi : événement fondateur de l’Alliance Les dix commandements « Et Dieu prononça toutes ces paroles : “C'est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude : [1] Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi. Tu ne te feras pas d'idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car c'est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations – s'ils me haïssent – mais prouvant sa fidélité à des milliers de générations - si elles m'aiment et gardent mes commandements. [2] Tu ne prononceras pas à tort le nom du SEIGNEUR, ton Dieu, car le SEIGNEUR n'acquitte pas celui qui prononce son nom à tort. [3] Que du jour du sabbat on fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c'est le sabbat du SEIGNEUR, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l'émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours, le SEIGNEUR a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat et l'a consacré. [4] Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que te donne le SEIGNEUR, ton Dieu. [5] Tu ne commettras pas de meurtre. [6] Tu ne commettras pas d'adultère. [7] Tu ne commettras pas de rapt. [8] Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain. [9] Tu n'auras pas de visées sur la maison de ton prochain. Tu n'auras de visées ni sur la femme de ton prochain, [10] ni sur son serviteur, sa servante, son bœuf ou son âne, ni sur rien qui appartienne à ton prochain.” » Source : Exode, 20, 1-17 (trad. TOB). Moïse recevant les Tables de la Loi, synagogue de Doura-Europos, IIIe s. ap. J.-C. Moïse recevant les Tables de la Loi, Éthiopie, vers 1700. Moïse recevant les Tables de la Loi, Marc Chagall, 1960/1966 L’alliance avec Yahvé est au fondement du judaïsme. Dieu a fait connaître ses volontés par l’intermédiaire des commandements, religieux et moraux, donnés à Moïse.