La Judée - Collège Montesquieu Evry

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Les débuts du
judaïsme
Introduction
Les religions
majoritaires dans le
monde
Le judaïsme est une religion. Il est pratiqué par
environ 15 millions de personnes appelées Juifs ou
Juives. De nos jours, Israël est le seul Etat où le
judaïsme est la religion majoritaire de la population.
I. Les Juifs : un peuple dans l’Empire romain
1) Une province romaine
La conquête de la Judée en 63 av. J.-C.
par le général Pompée (106-48 av. J.-C.)
« Pompée, après avoir soumis, par son
lieutenant Afranius, les Arabes qui
habitent autour du mont Amanus,
descendit dans la Syrie ; et, comme elle
n'avait pas de rois légitimes, il en fit
une province romaine. Il subjugua la
Judée et fit prisonnier le roi Aristobule ;
il y fonda quelques villes ; rendit la
liberté à d'autres et punit les tyrans qui
en avaient usurpé l’autorité. Mais il s'y
occupa surtout de rendre la justice, de
concilier les différends des villes et des
rois ; et, quand il ne pouvait s'y
transporter en personne, il y envoyait
ses amis. »
Source : Plutarque (46-125),
Vie de Pompée, XLI.
Pompée jeune,
Ier siècle av. J.-C.
C’est en 63 av. J.-C. que les Romains conquirent la
Palestine et firent de la Judée une province
romaine, dirigée par un gouverneur. Le plus célèbre
fut Ponce Pilate (26-36).
En latin, les habitants de la Judée sont appelés
« Judaei », ce qui a donné en français le mot
« juif ».
2) Un peuple et un territoire soumis par la force
Sesterce de Vespasien (69-79),
alliage de cuivre, 26,56 grammes, 71 ap. J.-C.
La frappe d’une
monnaie antique,
d’après P. Lévêque,
L’Aventure grecque,
1964, fig. 24
VESPASIANus
Vespasien
AVGustus Auguste
Pontifex
Maximus
Grand Pontife
Couronne
de laurier
Tête
vue de
profil
CAESar
césar
IMPerator
L’empereur
TRibunicia
Potestate
Revêtu
de la
puissance
tribunicienne
Pater
Patriae
Père de la Patrie
COS III
Consul pour la 3e fois
IVDAEA
La Judée
Soldat
romain
écrasant
les
dépouilles
des
vaincus
Femme assise :
la Judée
vaincue
CAPTA
a été
conquise
Senatus
Consulto
Par décret
du Sénat
Les Juifs acceptaient mal l’occupation des Romains
et se révoltèrent régulièrement, comme lors de la
guerre entre 66 et 73, que les Romains gagnèrent.
Shekel, argent, 14,01 g., Ø : 22 mm., Jérusalem, 70-71
Monnaie juive, argent, 14,06 g., Ø : 20 mm., Jérusalem,
69-70
‫שקל ישראל שד‬
‫ירושלים הקדושה‬
SHEKEL YISRAEL SH(ANA)DALED
Shekel d’Israël, année 4 [de la révolte
contre Rome]
YERUSHALAYIM AKADOSHA
Jérusalem la Sainte
Coupe
religieuse
Grenades
La prise de Jérusalem (70 ap. J.-C.)
Assiégée en mars 70
par les Romains
dirigés par Titus, fils
de Vespasien,
Jérusalem était
surpeuplée de
réfugiés et de
pèlerins. Une famine
effroyable sévit : une
enceinte romaine de
7 km interdisait tout
secours. Du 1er juillet
au 26 août, les
assauts se suivirent
jusqu'à l'incendie du
Temple, le 28, et à la
destruction de la cité.
Ce fut une
catastrophe car le
Temple était pour les
Juifs le signe de la
Présence de Dieu au
milieu de leur peuple.
Les Romains pillent le Temple de Jérusalem,
bas-relief de l’arc de triomphe de Titus, Rome, 81-85
Chandelier en or à 7 branches
Soldats romains
couronnés de lauriers
Trompettes et
mobilier du Temple
Ce qui n’a pas été détruit par les Romains :
une section du mur de soubassement du Temple
Le mur occidental du Temple de nos jours
Le lieu de pèlerinage le plus saint du judaïsme
Pèlerins au Mur des Lamentations, XIXe s.
Menahem Begin au Mur, 1977
La prise de Massada (2 mai 73 ap. J.-C.)
La siège de la forteresse
« Le général romain [Flavius
Silva] marcha avec ses troupes
contre Eléazar et les sicaires
qui occupaient avec lui
Massada ; il s’empara
rapidement de tout le territoire,
<dont il garnit de
troupes les positions
les plus avantageuses.
Puis il éleva un mur
tout autour de la
place, pour rendre la
fuite difficile aux
assiégés, et y posta
des gardes. »
L’attaque de la forteresse
« Il y avait derrière la tour qui protégeait la route de l’Ouest vers le palais et
le faîte de la colline un éperon rocheux d’une largeur considérable et formant
saillie, mais de 300 pieds au-dessous du sommet de Massada. [<] Silva y
monta donc, l’occupa et ordonna à l’armée d’apporter des charges de terre.
[<] On éleva une tour de 100 coudées entièrement blindée de fer, du haut de
laquelle les Romains [<] lançaient des projectiles contre les défenseurs du
rempart. »
La prise de la forteresse
« Quand Éléazar vit que le mur était consumé par le feu, il
n’imagina aucun moyen de salut ni de défense. [<] Les maris
embrassèrent, étreignirent leurs femmes, serrèrent dans leurs bras
leurs enfants [<]. Tous percèrent les êtres les plus chéris. [<] Puis
ils tirèrent au sort dix d’entre eux pour être les meurtriers de tous.
[<] Quand ceux-ci eurent tué sans faiblesse tous les autres, ils
s’appliquèrent les uns aux autres la même loi du sort : l’un d’eux,
ainsi désigné, devait tuer ses neufs compagnons et se tuer luimême après tous. [<] Le nombre des morts s’élevait à 960, en
comptant les femmes et les enfants. [<] Cependant, les Romains,
qui s’attendaient encore à combattre [<] commencèrent l’assaut.
Alors, voyant la multitude de cadavres, ils ne se réjouirent pas
comme en présence d’ennemis morts, mais admirèrent la noblesse
de cette résolution et ce mépris de la vie, attestée par tant
d’hommes qui avaient agi avec constance jusqu’au bout. »
Source : Flavius Josèphe (v. 37-100), La guerre des Juifs, v. 75 ap. J.-C.
La Judée
au Ier siècle ap. J.-C.
Lors de la guerre, les
Romains détruisirent le
Temple (70), signe, pour les
Juifs, de la présence de Dieu
au milieu du peuple. Ils
vécurent cet événement
comme une catastrophe.
3) La dispersion des Juifs dans l’empire romain
La diaspora juive après la
destruction du Temple
De nombreux Juifs quittèrent alors la Judée pour
développer ou créer des communautés juives dans
le reste de l’empire romain, voire en dehors : on
appelle ce mouvement d’émigration la Diaspora.
La Diaspora désigne la dispersion des Juifs hors de
Palestine, à travers le monde antique. De nos jours,
ce mot désigne tout groupe de personnes vivant
hors de son pays d’origine, mais gardant des
relations avec lui.
La construction du récit
Consignes
 Possibilité 1 : vous êtes un Juif installé à Lyon depuis 10 ans.
Racontez pourquoi et comment vous avez quitté Jérusalem en 70
ap. J.-C. (10-15 lignes).
 Possibilité 2 : vous êtes un légionnaire de l’armée romaine.
Racontez votre victoire pendant la guerre juive (66-73 ap. J.-C.)
et expliquez ses conséquences sur les Juifs. (10-15 lignes).
Aide
1. Le récit doit être logique : décrivez d’abord les grandes phases
de la guerre juive (prise de Jérusalem et de Massada,
destruction du Temple) ; puis expliquez ce qu’est la Diaspora.
2. Le récit doit comporter des lieux et des dates.
Bilan
Fin de l’heure : Je vérifie mon récit
Oui
J’ai rédigé un texte :
J’ai respecté les règles de rédaction
(orthographe, ponctuation…)
Mon récit suit un cheminement logique (je
n’ai pas parlé de Massada avant la
destruction du Temple, etc.)
J’ai fait un travail d’histoire :
Mon récit comprend des dates (j’en souligne
deux)
Mon récit se situe dans un espace (j’encadre
deux lieux)
J’ai raconté les grands épisodes de la guerre
juive
J’ai expliqué la catastrophe que représente la
destruction du Temple pour les Juifs
J’ai expliqué la Diaspora
Ce n’est
pas le cas
Que dois-je demander au
professeur/camarades/parents pour rectifier
si je n’ai pas trouvé par moi-même ?
II. Un peuple dans le Proche-Orient ancien
1) Une histoire de dominations successives
La domination
assyrienne (VIIIe
siècle av. J.-C.)
Royaumes de Juda et d’Israël
au VIIIe siècle avant J.-C.
La soumission du roi d’Israël Jéhu aux Assyriens en 841 av. J.C., bas-relief en basalte noir de Salmanazar III, 825 av. J.-C.
« Je reçus de Jéhu de l’argent, de l’or, de l’étain, un sceptre
pour la main du roi et des poignards de chasse. » (traduction de l’akkadien)
La prise de Samarie (722 av. J.-C.)
« La quatrième année du règne d’Ezékias, la septième
d’Osée, fils d’Ela, roi d’Israël, Salmanasar, roi d’Assyrie,
monta contre Samarie et l’assiégea. Les Assyriens s’en
emparèrent au bout de trois ans. La sixième année du
règne d’Ezékias, la neuvième d’Osée, roi d'Israël, Samarie
fut prise. Le roi d’Assyrie déporta Israël en Assyrie et les
conduisit à Halah ainsi que sur le Habor, fleuve de Gozân,
et dans les villes de Médie, parce qu’ils n’avaient pas
écouté la voix du SEIGNEUR, leur Dieu, et qu’ils avaient
transgressé son alliance : tout ce que Moïse, serviteur du
SEIGNEUR, avait prescrit, ils ne l’avaient pas écouté
ni ne l’avaient pratiqué. »
Source : Deuxième Livre des Rois, 18, 9-12 (trad. TOB).
La guerre dans
le Proche-Orient
ancien
Torches enflammées
La bataille de
Lakish (royaume
de Juda)
remportée par
les Assyriens en
701 av. J.-C.,
Ninive,
700-692 av. J.-C.
Archers
hébreux
Remparts
Bélier
de
siège
Archers
assyriens
Hébreux
vaincus
partant en
déportation
Archers assyriens, 700-692
Soldat assyrien exécutant un
prisonnier, 700-692
La déportation
dans le Proche-Orient ancien
La déportation
des Elamites
après la prise
de la ville de
Din-Sharri,
bas-relief du
palais
d’Assurbanipal
(669-627),
Ninive,
vers 645
avant J.-C.
Ballots portés
sur l’épaule
Soldat
assyrien
surveillant les
prisonniers
Prisonniers
attachés…
…et pieds nus
Bovidés
Les déportations
sont une pratique
courante
chez les Assyriens
à partir du règne
de TéglathPhalazar III (744727 av. J.-C.).
Attelage
emportant
les biens
des Elamites
Femmes élamites :
toute la population
est déportée
La déportation des Hébreux après la prise
de la ville de Lakkish, 700-692 av. J.-C.
Bien avant la
domination romaine,
les Hébreux ont connu
la domination
assyrienne au VIIIe
siècle av. J.-C., qui a
conduit à la disparition
du royaume du Nord
(Israël).
Le roi Assurbanipal (669627) sur son char, basrelief du palais du roi,
Ninive, vers 645 av. J.-C.
La
domination
babylonienne
(VIe siècle
av. J.-C.)c
Les déportations à Babylone (598, 587, 582)
« Parole qui s’adressa à Jérémie au sujet de tout le peuple de Juda en la quatrième année de
Yoyaqim, fils de Josias, roi de Juda – c’était la première année de Nabuchodonosor, roi de
Babylone –, parole que le prophète Jérémie proclama à tous les gens de Juda et à tous les
habitants de Jérusalem : "Depuis la treizième année de Josias, fils d’Amôn, roi de Juda, jusqu’à ce
jour, c’est-à-dire pendant vingt-trois ans, la parole du SEIGNEUR s’est adressée à moi, et je vous
ai parlé inlassablement, sans que vous m’ayez écouté. Le SEIGNEUR vous a envoyé tous ses
serviteurs les prophètes, inlassablement, sans que vous ayez écouté, sans que vous ayez tendu
l’oreille pour écouter. Il vous disait : Convertissez-vous chacun de votre mauvaise conduite, de vos
agissements pervers, et vous demeurerez sur le sol que le SEIGNEUR vous a donné, à vous et à vos pères,
depuis toujours et pour toujours. Ne courez pas après d’autres dieux pour leur rendre un culte et vous
prosterner devant eux, cessez de m’offenser par vos pratiques, et je ne vous ferai aucun mal.
Mais vous n’avez pas écouté – oracle du SEIGNEUR –, bien au contraire, vous m'avez offensé,
pour votre malheur, par vos pratiques. Eh bien ! ainsi parle le SEIGNEUR le tout-puissant :
Puisque vous n’écoutez pas mes paroles, je donne ordre de mobiliser tous les peuples du nord – oracle du
SEIGNEUR –, en faisant appel à Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur, et je les amène contre
ce pays, contre ses habitants – et contre toutes ces nations voisines –, je me les réserve et je les transforme
pour toujours en étendues désolées qui arrachent des cris d'effroi, en champs de ruines. Je fais s’éteindre
chez eux cris d’allégresse et joyeux propos, chant de l'époux et jubilation de la mariée, grincements de la
meule et lumière de la lampe. Ce pays tout entier deviendra un champ de ruines, une étendue désolée, et
toutes ces nations serviront le roi de Babylone pendant soixante-dix ans". [<] Voici le nombre des gens
que Nabuchodonosor fit déporter en l’an sept : 3023 Judéens. Et dans la dix-huitième année du
roi Nabuchodonosor : de Jérusalem, 832 personnes. Enfin, en l'an vingt-trois de Nabuchodonosor,
Nebouzaradân, le chef de la garde personnelle fit déporter 745 Judéens. Au total 4600
personnes. »
Source : Livre de Jérémie, 25, 1-11 ; 52, 28-30 (trad. TOB).
La domination perse (Ve siècle av. J.-C.)
Une tentative (historique ?) d’extermination des Juifs
« Alors [le conseiller du roi] Haman dit au roi Xerxès : “Il y a un peuple
particulier, dispersé et séparé au milieu des peuples dans toutes les
provinces de ton royaume. Leurs lois sont différentes de celles de tout
peuple, et ils n'exécutent pas les lois royales. Le roi n'a pas intérêt à les
laisser tranquilles. S'il plaît au roi, on écrira pour les anéantir.“ [<] Les
secrétaires royaux furent alors convoqués au premier mois, le treize, et
l'on écrivit, en conformité totale avec les ordres de Haman, aux préfets
royaux, aux gouverneurs de chaque province et aux chefs de chaque
peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa
langue. On écrivit au nom du roi Xerxès et on cacheta avec l'anneau royal.
Puis par des courriers on expédia les lettres à toutes les provinces royales
pour exterminer, tuer et anéantir tous les Juifs, jeunes et vieux, enfants et
femmes, en un seul jour, le treize du douzième mois, c'est-à-dire le mois
d'adar, et pour piller leurs biens. »
Source : Esther, 3, 8-13 (trad. TOB).
La domination grecque (IVe-Ier siècle av. J.-C.)
Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169)
« Revenu d’Egypte, par crainte des Romains, Antiochus marcha contre la
ville de Jérusalem ; il y arriva la cent-quarante-troisième année du règne
des Séleucides, et s'empara de la ville sans combat, les portes lui ayant été
ouvertes par ses partisans. Devenu ainsi maître de Jérusalem, il fit mettre
à mort beaucoup de ceux qui lui étaient opposés, et, chargé de richesses,
produit du pillage, revint à Antioche. »
Source : Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XII, 3.
Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169)
« Les deux rois [d’Egypte et de Syrie], le cœur plein de méchanceté,
parleront mensongèrement à la même table ; mais cela ne réussira pas, car
la fin doit arriver à sa date. [Antiochos IV] s'en retournera dans son pays
avec un matériel important. Ayant des intentions hostiles contre l'Alliance
Sainte, il les accomplira, puis s'en retournera dans son pays. »
Source : Daniel, 11, 27-28 (trad. TOB).
Ils ont ensuite été dominés par les Babyloniens, qui
les ont déportés à Babylone, par les Perses, par les
Grecs et par les Romains enfin.
722 : Destruction du Royaume d’Israël par les Assyriens
Vers 931 : Schisme entre Israël et Juda
XIIIe
XIIe
Epoque
présumée de
Moïse
XIe
Stèle de
Mescha :
1re mention
d’Israël
Xe
IXe
VIIIe
VIIe
VIe
1er Temple
de
Jérusalem
(Salomon)
587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone
539 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés
Ve
2) Une histoire écrite et compilée dans des livres
Chronologie hypothétique des livres bibliques
722 : Destruction du Royaume d’Israël par les Assyriens
Vers 931 : Schisme entre Israël et Juda
XIIIe
XIIe
Epoque
présumée de
Moïse
XIe
Stèle de
Mescha :
1re mention
d’Israël
Xe
IXe
1er Temple
de
Jérusalem
(Salomon)
VIIIe
VIIe
VIe
Josué, Juges,
Samuel, Rois,
Début de
Ezéchiel,
rédaction
Jérémie, II et
d’Amos, Osée,
III Isaïe
Michée,
Deutéronome
I Isaïe
Début de
rédaction de la
TORAH
Début de
rédaction des
Psaumes
Début de
rédaction des
Lamentations
587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone
539 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés
Ve
Chronologie hypothétique des livres bibliques
398-400 : Achèvement du Pentateuque
167 : Antiochos IV sacrifie à Zeus Olympien au Temple.
Révolte des Maccabées
70 : Destruction du Temple
VIe
Ve
IVe
IIIe
IIe
Ier
Construction du 2d Temple
Jonas,
Malachie, Joël
Chroniques, Job,
Ruth, Esdras,
Néhémie,
Psaumes,
Proverbes
Esther,
Qohélet
Daniel
538 : édit de Cyrus. Autorisation du retour des exilés
587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor et exil à Babylone
Ier
IIe
IIIe
La transmission
des livres bibliques
Fragment du
Deuteronome,
cuir, Qûmran,
Ier siècle ap. J.-C.
Les plus anciens
supports de la
Bible sont le
parchemin (peau
de mouton, de
veau ou de
chèvre) et le
papyrus
(roseau).
Chaque domination de ces peuples ou libération du
peuple hébreux donna lieu à la rédaction de livres,
de genres très différents (récits historiques, romans,
poèmes, prières...).
Rédigés surtout en hébreu, sur des parchemins ou
du papyrus, la plupart de ces livres ont été écrits et
rassemblés entre le Xe et le Ve siècle av. J.-C. Ils
avaient pour but de conserver vivante la tradition du
peuple hébreux, toujours menacé par ses voisins.
3) La Bible, entre histoire et mémoire
Les 24 livres du « Tanakh » (Bible hébraïque),
imprimés par Robert Estienne, Paris, 1546
Composition de la Bible hébraïque
Bible hébraïque
I. LA TORAH
1- « Au commencement »
2- « Tels sont les noms »
3- « Et Yahvé appela Moïse »
4- « Dans le désert »
5- « Telles sont les paroles »
Contenu
La création du monde (l’histoire
d’Adam et Eve, le Déluge, etc.) et la vie
des Hébreux jusqu’à leur arrivée en
Egypte ; la sortie d’Egypte et l’alliance
de Dieu avec Moïse ; les prescriptions
de la Loi ; la vie au désert et
l’installation en Terre promise.
6- Josué
7- Les Juges
8- Samuel
II. LES
PROPHETES 9- Les Rois
10- Isaïe
11- Jérémie
12- Ezéchiel
13- Les Douze
(petits
prophètes)
La formation du royaume d’Israël ;
histoire des royaumes d’Israël et de
Juda ; prise de Jérusalem et captivité
de Babylone ; retour de Palestine et
rétablissement du Temple ; révolte des
Maccabées.
14- Psaumes
15- Job
16- Proverbes
17- Ruth
18- Cantique
des cantiques
19- Qohélet
20- Lamentations
21- Esther
22- Daniel
23- EsdrasNéhémie
24- Chroniques
Contes, proverbes, chants et louanges
pour Dieu ; enseignement des
prophètes, notamment sur la ruine de
Jérusalem.
III.
LES ECRITS
Premiers mots du Livre de
Josué, codex, Italie, 1295.
Torah, rouleau de parchemin,
Saint-Pétersbourg, 1828.
Le rouleau fut le support des livres
dans toute l'Antiquité. Destinés à
divers usages – liturgie, étude –, ils
étaient composés de pièces de
parchemin cousues s’enroulant
autour d’un ou deux axes. Mais, à
l’exception de l'usage liturgique, le
rouleau a été abandonné au profit du
codex, livre formé de cahiers de
parchemin reliés par la tranche.
Les 24 livres de la Bible hébraïque ont été
formellement divisés en 3 entre le Ier et le IIIe siècle
ap. J.-C. : la Torah, les Prophètes, les Ecrits.
Talmud de Babylone, Amsterdam, 1644-1647
Le Talmud
correspond à
la Loi orale,
qui constitue
le complément
et
l’achèvement
incontestable
de la Loi
écrite.
Une interprétation religieuse d’un fait historique
Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169)
« Revenu d’Egypte, par crainte des Romains, Antiochus marcha contre la
ville de Jérusalem ; il y arriva la cent-quarante-troisième année du règne
des Séleucides, et s'empara de la ville sans combat, les portes lui ayant été
ouvertes par ses partisans. Devenu ainsi maître de Jérusalem, il fit mettre
à mort beaucoup de ceux qui lui étaient opposés, et, chargé de richesses,
produit du pillage, revint à Antioche. »
Source : Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XII, 3.
Le pillage du Temple par Antiochos IV Epiphane (169)
« Les deux rois [d’Egypte et de Syrie], le cœur plein de méchanceté,
parleront mensongèrement à la même table ; mais cela ne réussira pas, car
la fin doit arriver à sa date. [Antiochos IV] s'en retournera dans son pays
avec un matériel important. Ayant des intentions hostiles contre l'Alliance
Sainte, il les accomplira, puis s'en retournera dans son pays. »
Source : Daniel, 11, 27-28 (trad. TOB).
Mais puisque la Bible est un texte sacré, chaque
événement historique raconté ne correspond pas
exactement à ce qui est historiquement arrivé, car
l’intention des auteurs de la Bible est religieuse.
Par exemple, l’historien Flavius Josèphe raconte un
événement : Antiochos IV dépouille le Temple des
Juifs. Le prophète Daniel raconte le même
événement, mais de manière religieuse : le pillage
du Temple est une lutte contre l’Alliance de Dieu
avec son peuple.
III. Un peuple à part dans le monde antique
1) Des pratiques religieuses originales
Les rites juifs vus par un historien romain
« [Les Juifs] immolent le bélier et ils sacrifient aussi le bœuf [<].
Ils s’abstiennent de porc en mémoire du fléau de la lèpre dont
leurs corps avaient jadis été souillés et à laquelle cet animal est
sujet [<]. Comme jour de repos, ils ont choisi, dit-on, le
septième, parce qu’il leur apporta la fin de leurs peines [<]. Ces
rites, de quelque façon qu’ils aient été introduits, peuvent se
justifier par leur antiquité [<]. Pour eux, c’est une profanation
de faire les images des dieux avec des matériaux périssables et à
la ressemblance de l’homme ; l’être suprême est à leurs yeux
éternel, inimitable, impossible à détruire. Donc ils n’en ont
aucune représentation dans leurs villes, encore moins dans leurs
temples ils refusent cette adulation à leurs rois, cet honneur aux
Césars. »
Source : Tacite (v. 55-120), Histoires, V.
Le Temple de Jérusalem,
cœur de l’identité juive antique
Le pèlerinage au Temple au début du Ier siècle
« Des milliers de gens, partis de milliers de villes, les uns par terre, les autres
par mer, du Levant et du Couchant, du Nord et du Midi, à chaque fête, se
rendent dans le Temple comme dans un commun refuge, dans un havre bien
abrité des agitations et des tourments de la vie. »
Source : Philon d’Alexandrie, Lois spéciales, I, 66-70.
Jérusalem lors d’un pèlerinage pour la Pentecôte dans les années 30
« Quand le jour de la Pentecôte arriva, [les apôtres de Jésus] se trouvaient
réunis tous ensemble. [<] Or, à Jérusalem, résidaient des Juifs pieux, venus
de toutes les nations qui sont sous le ciel. [<] Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de
l'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Égypte et de la Libye cyrénaïque,
ceux de Rome en résidence ici, tous, tant Juifs que prosélytes, Crétois et
Arabes [<]. »
Source : Actes des apôtres, 2, 1.5.9-11 (trad. TOB).
La synagogue, lieu de culte et d’enseignement
Un enseignement dans une synagogue au début du Ier siècle à Alexandrie
« Le septième jour, fonctionnent dans chaque ville des milliers d’écoles où
s’enseignent l’intelligence, la modération, le courage, la justice et les autres
vertus. Les gens s’y tiennent assis en bon ordre, dans le calme, tandis qu’un
des maîtres debout dispense les plus nobles et profitables leçons. »
Source : Philon d’Alexandrie, Lois spéciales, II, 62.
Une lecture de la Torah dans une synagogue au Ier siècle en Judée
« [Jésus] vint à Nazara où il avait été élevé. Il entra suivant sa coutume le
jour du sabbat dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. On lui
donna le livre du prophète Esaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il
était écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a conféré l'onction […].
Il roula le livre, le rendit au servant et s’assit ; tous dans la synagogue
avaient les yeux fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: “Aujourd'hui,
cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez.” »
Source : Evangile selon saint Luc, 4, 16-21 (trad. TOB).
La synagogue de
Capharnaüm
Dans le judaïsme, aimer Dieu, c’est obéir à la Loi.
Tout Juif, vivant en Judée ou en diaspora, se devait
de respecter des règles alimentaires (la cachrout),
rituelles (circoncision, repos du sabbat) ou cultuelles
(lire et apprendre la Loi à la synagogue). Il
participait aux sacrifices, en payant l’impôt annuel
au Temple et en allant lui-même à Jérusalem s’il le
pouvait, lors des trois fêtes de pèlerinage : Pâque,
Pentecôte et la fête des Cabanes.
2) Un Dieu unique qui fait alliance
Des cultes aux dieux vers le seul culte à Dieu
« Le roi [Josias] envoya dire à tous les anciens de Juda et de Jérusalem de se réunir près de lui.
Puis il monta à la Maison du SEIGNEUR ayant avec lui tous les hommes de Juda et tous les
habitants de Jérusalem : les prêtres, les prophètes et tout le peuple, petits et grands. Il leur fit la
lecture de toutes les paroles du livre de l'alliance trouvé dans la Maison du SEIGNEUR. Debout
sur l'estrade, le roi conclut devant le SEIGNEUR l'alliance qui oblige à suivre le SEIGNEUR, à
garder ses commandements, ses exigences et ses lois de tout son cœur et de tout son être, en
accomplissant les paroles de cette alliance qui sont écrites dans ce livre. Tout le peuple
s'engagea dans l'alliance.
Le roi ordonna au grand prêtre Hilqiyahou, aux prêtres en second et aux gardiens du seuil de
faire sortir du Temple du SEIGNEUR tous les objets qu'on avait faits en l'honneur du Baal,
d'Ashéra et de toute l'armée des cieux. On les brûla hors de Jérusalem, dans les plantations du
Cédron et on emporta leurs cendres à Béthel. Il supprima la prêtraille que les rois de Juda
avaient établie pour brûler de l'encens sur les hauts lieux des villes de Juda et des environs de
Jérusalem. Il supprima aussi ceux qui brûlaient de l'encens en l'honneur du Baal, du soleil, de la
lune, des constellations et de toute l'armée des cieux. [<] Il supprima les chevaux que les rois
de Juda avaient installés en l'honneur du soleil à l'entrée de la Maison du SEIGNEUR, près de la
chambre de l'eunuque Netân-Mélek, située dans les annexes; il brûla les chars du soleil. Le roi
démolit les autels qui étaient sur la terrasse de la chambre haute d'Akhaz et que les rois de Juda
avaient élevés, ainsi que les autels que Manassé avait bâtis dans les deux parvis de la Maison du
SEIGNEUR; il les enleva de là et en jeta les cendres dans le ravin du Cédron. »
Source : Deuxième Livre des Rois, 23, 1-12 (trad. TOB).
A partir du VIIe siècle, sous le règne du roi de Juda
Josias, les Hébreux sont progressivement devenus
monothéistes : sans nier l’existence d’autres dieux,
ils ont d’abord choisis de ne plus en prier qu’un seul
(Yahvé), qu’ils ont ensuite reconnu comme étant
l’unique dieu de l’univers.
Dans tout le monde antique, jusqu’au Ier siècle ap.
J.-C., le judaïsme était donc la seule religion
monothéiste, hostile au polythéisme des Romains
ou des pays voisins.
Le don de la Loi : événement fondateur de l’Alliance
Les dix commandements
« Et Dieu prononça toutes ces paroles : “C'est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, qui t'ai fait
sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude : [1] Tu n'auras pas d'autres dieux face à
moi. Tu ne te feras pas d'idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur
terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu
ne les serviras pas, car c'est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la
faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations – s'ils me haïssent – mais
prouvant sa fidélité à des milliers de générations - si elles m'aiment et gardent mes
commandements. [2] Tu ne prononceras pas à tort le nom du SEIGNEUR, ton Dieu, car le
SEIGNEUR n'acquitte pas celui qui prononce son nom à tort. [3] Que du jour du sabbat on
fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage,
mais le septième jour, c'est le sabbat du SEIGNEUR, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l'émigré que
tu as dans tes villes. Car en six jours, le SEIGNEUR a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce
qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le SEIGNEUR a béni
le jour du sabbat et l'a consacré. [4] Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se
prolongent sur la terre que te donne le SEIGNEUR, ton Dieu. [5] Tu ne commettras pas de
meurtre. [6] Tu ne commettras pas d'adultère. [7] Tu ne commettras pas de rapt. [8] Tu ne
témoigneras pas faussement contre ton prochain. [9] Tu n'auras pas de visées sur la maison
de ton prochain. Tu n'auras de visées ni sur la femme de ton prochain, [10] ni sur son
serviteur, sa servante, son bœuf ou son âne, ni sur rien qui appartienne à ton prochain.” »
Source : Exode, 20, 1-17 (trad. TOB).
Moïse recevant les Tables de la Loi,
synagogue de Doura-Europos, IIIe s. ap. J.-C.
Moïse recevant les Tables de la Loi,
Éthiopie, vers 1700.
Moïse recevant les
Tables de la Loi,
Marc Chagall,
1960/1966
L’alliance avec
Yahvé est au
fondement du
judaïsme. Dieu a
fait connaître ses
volontés par
l’intermédiaire des
commandements,
religieux et moraux,
donnés à Moïse.
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