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Rayons de soleil sur la session à Jérusalem
(9 septembre 4 décembre 2014)
C’était le soir du lundi 8 septembre. J’étais assis dans la salle d’attente à l’aéroport d’Addis Abeba, venant de
Goma-Kigali et attendant de m’embarquer pour Tel Aviv, quand je vois surgir de l’escalier roulant deux
prêtres africains qui s’avancent et me dépassent. Je me lève pour faire quelque pas et peu après, le deux
reviennent. Je les regarde mieux. Je vois une petite croix en grains blancs et noirs, j’y reconnais le signe d’un
M. Afr. Je m’approche et je dis leurs noms : Anselm Mahwera (Tanzanie) et Grégoire Milombo (Congo), les
deux venant du Burkina. Eux aussi, en voyage vers Jérusalem ! A 22 h 15, on nous appelle pour
l’embarquement.
Anselm Mahwera à la Tour de David Grégoire Milombo à Hébron
Inoubliables les images nocturnes, en survolant le littoral de Tel Aviv et Jaffa. Vues de l’avion, les deux
villes semblent une vaste crèche près de la mer avec une myriade d’étoiles qui éclairent la nuit de la terre !
Nous débarquons vers 4 h 40, le jeune confrère Jean-Bosco Nibigira (Burundi et partant pour le
Mozambique) nous attend et, dans le silence de l'aube, nous roulons vers la Ville Sainte. Merci à Jean-Bosco
! Nous arrivons à Ste Anne. Je concélèbre, puis me repose, mais le véritable voyage-pèlerinage ne fait que
commencer ! « A ce moment de notre vie, Dieu nous invite à visiter les lieux au-dedans de nous, à être
missionnaires envers ces zones en nous qui doivent encore être évangélisées » (Guy Theunis). Dans la
soirée, je verrai Manolo Fernandez (Espagne), arrivé de Bunia (Congo) : il m’initiera aux « randonnées
nocturnes » dans la « Old City » de Jérusalem ! Peu après, Jean Ronayette (France et partant pour le
Burkina), et plus tard (22 septembre), Bonaventure Gubazire (Ouganda), venu du Malawi. Nous formons
déjà une petit mosaïque internationale de confrères ! C’est le moment sans retour de notre lerinage vers le
« pôle du monde », là tous sont nés dans la foi : « Un pèlerinage nous libère des contraintes obligatoires
de tous les jours, de tout ce qui est statut ou position sociale, de toutes nos histoires personnelles, de nos
triomphes ou nos défaites, de sorte que nous devenions capables de redevenir nous-mêmes » (W. Turner).
Manolo Fernandez à la Tour de David Bonaventure Gubazire à Ste Anne
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La session Bethesda a commencé le 10 septembre. Nous sommes 21 participants venant de trois continents :
Europe, Afrique, Amérique du Nord dont six M. Afr. et trois SMNDA, Agathe Ngendakumana (Burundi),
Loly Otondo et Begona Inarra (Espagne). Les journées sont chargées et parfois même mouvementées dans
les déplacements pour les visites des lieux et des sites archéologiques de la Ville Sainte et en Israël. L’une
des premières visites à été à l’Eglise du Notre Père près du monastère du Carmel au sommet du Mont
des Oliviers (mercredi 10 septembre) : je regarde toutes les plaques avec les 140 langues inscrites. Je me
réjouis de voir le swahili, le kinyarwanda, le more, le kirundi, le soudanais, l’afrikaans, le zulu, l’igbo du
continent où nous sommes missionnaires.
La prière du Notre Père en swahili La prière du Notre Père en kinyarwanda
La prière du « Notre Père » (celui qui est le Père de tous) me réjouit et à la fois suscite en moi de la peine. Il
est le Père maltraité par beaucoup et à tous les niveaux, même religieux. Le fanatisme religieux ne frappe pas
seulement les pays asiatiques mais aussi ceux de l’Afrique. Les fleurs poussent partout, les haies sont
enjolivées par mille couleurs, les oliviers de la paix entourent le monastère des Carmélites, mais cela ne
suffit pas à apaiser le cri douloureux du monde qui monte jusqu’ici. Autant ce lieu éveille la poésie dans
l’âme, autant les nouvelles qui viennent du monde blessent la présence en ce lieu du Dieu unique pour tous
par son amour et son salut !
Peu après, nous sommes allés voir le Monument de la tolérance dans la périphérie sud de Jérusalem
(mercredi 10 septembre). Deux hautes colonnes et entre elles, un olivier dont les branches dépassent les deux
colonnes. C’est un hymne à la confiance et à l’espérance que les deux peuples, juifs et palestiniens, mais
aussi les peuples du monde entier puissent un jour s’accepter mutuellement. J’ose espérer en me souvenant
de Noé et de l’arche après le déluge que reviendra un jour parmi nous la colombe ayant au bec un rameau
d’olivier ! Ce jour-là, l’hymne à la Joie de Beethoven éclatera jusqu’aux extrémités de la terre !
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L’Olivier de la Tolérance La Colombe de la Paix à Taybé
La visite à la basilique de Ste Anne et aux fouilles de la Piscine probatique (vendredi 12 septembre) : les
4 premiers Pères Blancs arrivèrent à Ste Anne le 1er octobre 1878, la même année que partait la première
caravane de missionnaires P.B. d’Alger vers l’Afrique Orientale. Il y a un lien peut-être entre les deux
équipes de ces missionnaires qui nous ont précédé dans la foi : les premiers se mettent en route pour le
premier pèlerinage à la Source de la foi et s’y établir ; les deuxièmes entreprennent le voyage pour la
première mission qui les conduira à être les témoins des 22 jeunes martyrs ougandais à cause de la foi.
L’intercession des premiers viendra au secours des martyrs des nouvelles générations de chrétiens en
Afrique.
Tout est impressionnant dans la Basilique et les fouilles de la Piscine. C’est la seule église construite par les
Croisés à Jérusalem qui n’a pas été détruite par les Arabes. Saladin en fit une madrassa (école de droit
coranique) en 1192. L’un des aspects qui frappe l’attention, c’est l’acoustique exceptionnelle dans la
Basilique : pas besoin de micro puisque la voix retentit partout comme un écho! La Parole de Dieu lue et
proclamée à haute voix donne l’impression d’un « tonnerre » qui traverse progressivement l’espace intérieur
et même extérieur de la Basilique. L’autre aspect impressionnant, c’est de voir l’affluence de pèlerins qui
débarquent chaque jour dans cette surface sacrée. Au temps fort de l'année, plus de mille personnes par jour
venant de tous les continents ! Un peuple universel, surtout asiatique en ces temps, riche en couleurs,
langues, ethnies, cultures, défile, prie, chante ! Un défilé qui a la saveur d’un printemps pascal sans fin !
Jean Ronayette avec la syndrome de Samson à la Piscine Probatique
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Le Mur des Lamentations (dimanche 14 septembre) : après la destruction du Temple en 70 par Titus, les
Juifs survivants venaient pleurer sur les ruines du Temple. En 1967, l’armée israélienne détruira toutes les
maisons palestiniennes qui avaient été bâties à 4 mètres de distance de ce Mur. Les Juifs en firent une grande
esplanade pour l’accès de leurs frères et sœurs pèlerins venant du monde. A tout moment de la journée, les
Juifs pieux, tous courants religieux confondus, viennent prier. Ils se balancent à un rythme régulier pour
mieux scander et chanter parfois les versets de la Torah et des Prophéties. Tout le monde se balance, même
les enfants ! Parfois des chants individuels à haute voix ou en groupe ! Les Torah sont placées dans les
mezusa (les cylindres) au milieu des groupes. J’ai vu des Juifs pleurer devant le Mur. Dans les interstices du
Mur, des milliers de petits papiers porteurs de demandes, d’intercessions, d’attentes pas seulement des Juifs
mais des croyants du monde entier. Moi-même, j’ai mis une trentaine de lettres données par les fidèles qui
fréquentent la chapelle de la Maison Lavigerie à Goma.
J’ai lu sur une grande stèle près du Mur que « la tradition juive enseigne que le Mont du Temple est le point
central de la création, son nombril, et le point focal de la spiritualité du judaïsme mondial actuel. Sur cette
montagne a été posé le rocher qui soutient le monde. Ici Adam vint à la vie, ici Abraham, Isaac, et Jacob ont
servi Dieu. Ici furent bâtis le premier Temple (1000 ans av. J. C.) et le deuxième Temple vers 510 av. J. C.,
après le retour de l’exil. Jérusalem a été choisie par Dieu pour être le berceau de la Shekinah (la Présence
de Dieu). Ici les Juifs ont prié pendant des dizaines de siècles, gardant la foi qu’un jour le Temple serait
reconstruit ». Les sages de la tradition rabbinique ont écrit que « la Présence ne pourra jamais s’éloigner du
Mur occidental du Temple ».
Le Mur des Lamentations Giuseppe Locati avant la montée du canyon dans le désert du Négev
Guy Theunis à la Piscine Probatique accueillant les pèlerins
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A Tabgha, dans le lieu dit de la « Primauté de Pierre », je n’oublierai jamais ce qui s’est passé au moment
que nous partagions le pain et le poisson après l’Eucharistie : nous étions près de la rive du lac. Une foule de
pèlerins s’est approchée pour demander de partager le même pain et le même poisson avec nous. Jai vu en
cela une page des Actes des Apôtres : les goyim du monde s’approchent de la communauté chrétienne pour
demander le même Pain de Vie. « Le mur de la séparation est tombé, et les Juifs et les Païens deviennent un
dans la communauréconciliée par le Christ » (Bill Russell) : le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a
vu une grande lumière…
Le partage du pain et du poisson à Tabgha
Giuseppe Locati m.afr.
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