THÉORIE DES PARALLÈLES EUCLIDIENNES
Autor(en): Commolet
Objekttyp: Article
Zeitschrift: L'Enseignement Mathématique
Band (Jahr): 5 (1903)
Heft 1: L'ENSEIGNEMENT MATHÉMATIQUE
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-6636
PDF erstellt am: 25.05.2017
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THÉORIE DES PARALLÈLES EUCLIDIENNES
Pour éviter des répétitions il sera entendu dans ce qui vu
suivre que nous raisonnons sur un même plan.
Si une droite CD (fia;, i) s'éloigne d'une droite AB ?c'est-a
dire si les perpendiculaires MP, M1i>1... abaissées des points de
CD sur AB vont en croissant
?elle continuera as'en éloi
gner dans le même sens, et à
s'en rapprocher dans le sens
contraire5tant qu'elle n'at
teindra pas AB. Rencontrera
t-elle AB dans le sens elle
s'en rapproche ?Ce n'est pas
évident apriori, car quand
on se pose cette question, le
cas des asymptotes se présente aussitôt àl'esprit. Nous yrépon
drons plus loin, n'ayant pas besoin d'élucider ce point pour
établir la théorie qui fuit l'objet de ce travail, et c'est précisément
en cela qu'elle est intéressante.
Fig. i
Nous retenons seulement le fait de la constance de l'éloigne
ment ou du rapprochement qui, d'après le concept que nous
avons de la ligne droite, ne peut pas ne pas s'imposer àl'esprit.
Il est d'ailleurs susceptible de pouvoir être vérifié par une
expérimentation directe.
Nous pouvons donc en faire un axiome ou postulat au même
litre que les autres axiomes ou postulats de la ligne droite dont
on ne saurait sérieusement contester qu'il n'aient leur origine
dans l'observation ou l'expérience.
Cette origine nous échappe par suite de l'habitude, les proprié
tés de la ligne droite ayant été épurées depuis longtemps, et
étant devenues des données d'intuition. Mais une analyse un peu
profonde ne permet pas de la méconnaître.
Or en n'admettant que les propriétés de la ligne droite consi
dérée en elle-même, on ne définit pas complètement cette ligne.
Il faut yajouter une propriété du même ordre concernant sa ma
nière d'être par rapport aune autre droite, propriété qui ne
peut se déduire des premières, comme c'est établi aujourd'hui,
que nous savons certaine dans le monde extérieur accessible anos
observations et sans laquelle le développement logique de la géo
métrie ordinaire est impossible. Seulement on doit chercher une
façon de présenter cette propriété qui entraîne immédiatement
notre adhésion, et ce n'est le cas, ni de la lorme donnée par
Euclide dans son postulat V, ni de celle qui lui aété subs
tituée.
La forme suivante répond hce but
Axiome. ?Si deux droites se rapprochent dans un sens, elles
s^éloignent constamment dans le sens contraire, et inversement
(tant qu'elles ne se coupent pas).
Ainsi énoncé, cet axiome s'impose immédiatement anous
comme vrai. Nous ne pouvons concevoir, en effet, sans faire vio
lence ànotre esprit, que deux droites se rapprochent après
s'être éloignées, ni qu'elles s'éloignent après s'être rapprochées.
Définition. ?Une droite est dite parallèle àune autre quand
tous ses points sont àla même distance de cette autre.
Théorème I. ?Deux droites perpendiculaires àune troisième
sont parallèles Vune àVautre.
Soient deux droites AB?CD perpendiculaires àune troisième
EF(fig. 2). En faisant tourner le demi-plan (R) autour de EF
pour l'appliquer sur le demi-plan (S), 118 viendra sur IIÀet Kl)
sur KG. Si donc les droites AB, CD se rapprochaient ou s'éloi
gnaient dans la région (R), elles se rapprocheraient ou s'éloigne
raient dans la région (S), ce qui est contraire àl'axiome posé plus
haut. Les perpendiculaires abaissées par exemple de CD sur AB
sont égales. Mais on peut remarquer que ces perpendiculaires
sont aussi perpendiculaires àCD. Soit en effet une perpendicu
laire MP abaissée d'un point quelconque Mde CD sur AB, on a
MP =KH. Joignons MH et PK, Les deux triangles PHK, HMP
sont égaux comme ayant un angle droit égal compris entre côtés
égaux, d'où PK =MH. Par suite les deux triangles HKM, PMK
Fig. 2
ont leurs trois côtés égaux et sont égaux. On en déduit
HKM =PMK. Le premier étant droit, il en est de môme du
second. Les distances de chacune des deux droites AB, CD à
l'autre sont donc les mêmes.
Ainsi se trouve nettement établie l'existence de deux droites
parallèles.
Théorème 11. ?Par un point pris àVextérieur d'une droite,
on peut mener une parallèle àeette droite^ et on ne peut en mener
qu'une.
Soient la droite AB et le point G(fig. 3). Menons CD perpen
Fig". 3.
diculaire àAB, et EF perpendiculaire àCD au point C. La droite
EF sera parallèle àAB, d'après le théorème I, et c'est la
seule.
Considérons en effet une autre droite HK passant par le point C
et faisant avec EF un angle aussi petit qu'on le veut. Une partie
de cette droite fera avec CD un angle aigu, soit CK cette partie.
Abaissons d'un point Mde CK la perpendiculaire MP sur AB, et
désignons par Mi le point MP prolongé rencontre EF. On a
MP<MiP, et comme M4P=CD, il s'ensuit MP <CD. Donc HK
n'est pas parallèle àAB.
Corollaire. ?Quand deux droites sont parallèles, toute droite
perpendiculaire àVune est perpendiculaire àVautre.
Théorème 111. ?Deux droites AB, CD parallèles àune troi
sième sontparallèles entre elles.
On démontrera facilement que AB et CD sont perpendiculaires
àune même droite.
Les autres théorèmes dérivant des parallèles :égalité des
angles alternes-internes, somme des angles d'un triangle, etc., se
démontreront comme d'habitude ;mais on pourra les démontrer
de la manière suivante.
Soient deux parallèles AB et CD et la sécante EF (fig. 4)*
Menons KR perpendiculaire sur AB et HP perpendiculaire àCD.
Fig. 4.
Les deux triangles rectangles HKP, lIRK sont égaux, car HP =
KR. Donc KHR =HKP.
En remarquant que la figure HRKP aquatre angles droits et
que la somme des angles du triangle HPK égale la somme des
angles du triangle lIPvK, on voit que la somme des angles d'un
triangle rectangle égale deux angles droits.
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