Les arthrites lymphocytaires ou le syndrome de Flory S C

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XIe Symposium de rhumatologie*
Les arthrites lymphocytaires
ou le syndrome de Flory
● B. Amor**
Ce symposium, devenu depuis 11 ans une étape obligée de la
formation post-universitaire de haut niveau en rhumatologie, a su
harmonieusement mêler les différents pôles d’intérêt de la spécialité, ses aspects pratiques et ses aspects plus fondamentaux
dans une ambiance conviviale. Ayant participé à toutes ces journées à des titres divers : orateur, auditeur, président de séance, j’y
ai toujours glané des informations intéressantes.
Certaines lubies qui me sont chères comme “la mesure en rhumatologie”, “l’intérêt de la décharge au cours des poussées
congestives d’arthrose des membres inférieurs”, “la réponse aux
traitements comme aide au diagnostic”, lubies dont l’utilité
apparaît vite à ceux qui travaillent avec moi au lit du malade ou
en consultation, trouvent difficilement leur place à la tribune des
congrès. Le symposium Roussel Diamant a été l’une des tribunes
permettant des propos un peu originaux, et ce devant un auditoire
vaste, choisi et critique. Je suis persuadé que les intervenants
appelés à cette tribune depuis 10 ans et ceux qui interviendront
ont partagé et partageront le même sentiment.
Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour dire quelques mots
d’un autre sujet mal connu, car la plupart des internes qui passent à Cochin n’en ont pas entendu parler. Je vois chaque année
deux ou trois patients qui ont fait le désespoir diagnostique et
thérapeutique de nombreux collègues, et qui souffrent de monoet d’oligoarthrites, dont le liquide synovial est modérément
inflammatoire et de formule à dominante lymphocytaire. Ces
mono- et oligoarthrites touchent des sujets jeunes et même des
enfants, entraînent une gêne fonctionnelle et des douleurs rela-
tivement modestes dues surtout à la distension articulaire par des
épanchements souvent très abondants. Elles ont la particularité
de récidiver sur des années tout en demeurant relativement
bénignes, car n’entraînant jamais de détérioration articulaire,
malgré une synoviale histologiquement proche de celle de la
polyarthrite rhumatoïde.
Les traitements généraux (mis à part les AINS, qui ont une
modeste efficacité préventive des récidives) et, en particulier, les
traitements de fond de la PR ou des spondylarthropathies sont
inefficaces, et j’ai renoncé à les prescrire à ces malades. Les traitements locaux, ponction évacuatrice plus corticoïdes, synoviorthèse à l’acide osmique, synovectomie arthroscopique, permettent des rémissions de quelques mois à quelques années, mais
rappelons que, l’affection restant bénigne malgré les récidives,
il faut savoir résister à la tentation d’utiliser des traitements agressifs. Les synoviorthèses isotopiques sont rarement indiquées car
les patients sont jeunes et l’articulation la plus touchée est le
genou.
Ces arthrites lymphocytaires sont-elles une forme bénigne de
divers rhumatismes (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthropathies, rhumatisme psoriasique) ou une maladie autonome ?
Trente-cinq ans de suivi du premier patient pour lequel les examens les plus sophistiqués ont été réalisés et le suivi des 14 autres
malades vus depuis ne m’ont pas permis de trancher, et m’ont
conduit à retenir le diagnostic (qui est aussi un pronostic) d’arthrites lymphocytaires ou syndrome de Flory, du nom du premier
patient.
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* Symposium Roussel Diamant, 31 janvier 1998, Paris.
** Service de rhumatologie, Hôpital Cochin, Paris.
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La Lettre du Rhumatologue - n° 242 - mai 1998
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