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TOUT LE MONDE EST OCCUPE
De Christian Bobin,
Mise en scène Maia Jarville
« Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d’amour.
Qu’ils soient bénis. C’est grâce à eux que la terre est ronde et que l’aube chaque fois se lève, se lève,
se lève. » Christian Bobin.
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Sommaire
SYNOPSIS ............................................................................................. 3
NOTE D’INTENTION ............................................................................. 4
PRESENTATIONS .................................................................................. 6
UN ROMAN AU THEATRE, POURQUOI ? .............................................. 8
UN ROMAN AU THEATRE, POUR QUI ? ............................................. 10
UN ROMAN AU THEATRE, COMMENT ? ............................................ 11
PROPOSTITIONS DE MEDIATION ET D’ACTION CULTURELLE ............. 14
QUELQUES EXTRAITS DU TEXTE ........................................................ 18
ARTICLES DE PRESSE .......................................................................... 20
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TOUT LE MONDE EST OCCUPE,
(ou la sublimation dune quotidienne catastrophe)
SYNOPSIS
Ariane tombe amoureuse. Le jour de son mariage elle s’arrache le cœur de la poitrine et
l’offre, chaud et palpitant, à son époux, qui par maladresse le laisse tomber. Il se brise en
trois morceaux en touchant le sol ; elle aura trois enfants.
On bascule alors de l’autre coté du conte, après « ils vécurent heureux et eurent beaucoup
d’enfants ». Et là, c’est comme la vie ; une succession d’imprévus fantaisistes. Ariane quitte
son mari la nuit même de son mariage, enceinte. Elle continue de faire le ménage chez les
riches, et accouche dans un train fantôme ; sa fille s’appellera Manège.
Manège ne ferme jamais les yeux. Le jour où elle se met à parler, c’est pour prédire l’avenir.
Vient alors un autre mari, un plombier moustachu qui siffle Mozart, et un deuxième enfant :
Tambour.
Dehors, une révolution.
Puis encore un autre homme, un troisième enfant, et tous ceux qui traversent l’histoire ; les
amis, les amis des amis, les amis des enfants, le chat et le canari.
Tous, même réunis, continuent de n’être habités que de leurs propres obsessions. C’est
l’histoire d’une tribu joyeuse, d’une maison pleine de monde et de rires d’enfants où
s’installe peu à peu, discrètement, la solitude. Une solitude profonde et dangereuse, qui les
mènera d’un pas dansant, certes, mais inéluctable, vers leur tragédie.
L’ avis de Jean-Rémi Barland ( Revue Lire)
Résumer le dernier roman de Christian Bobin, c'est forcément en affadir son propos, tant
il est évident que tout ici, de l'intrigue à la forme, relève de la fantasmagorie et du miracle
littéraire. Cent vingt-cinq pages oniriques qui, feignant de raconter le quotidien banal
d'une jeune femme employée de maison se prénommant Ariane, parle d'innocence, de
ruse, de jalousie, de tristesse, d'orgueil, d'amour fou, de lendemains sans espoir et
d'illuminations sans retour.
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TOUT LE MONDE EST OCCUPE
NOTE DINTENTION
Christian Bobin apporte un regard étonnant dans la littérature contemporaine, et
absolument unique dans le paysage du théâtre contemporain. Un regard plein d’une joie
profonde, à la recherche de la grâce. Un regard qui s’empare des choses les plus simples du
quotidien et les élève, les sublime.
Dans Tout le monde est occupé son écriture poétique poésie vivante, incarnée- amène le
récit vers le conte. C‘est léger et cruel, comme le sont les contes.
L’histoire en elle-même est simple, c’est une succession de scènes quotidiennes, presque banales –
et c’est de ce banal que sans cesse nait la magie, l’extraordinaire, comme une incapacité à tolérer le
réel.
C’est une écriture que je qualifierai d’anti-événementielle : pas de héros, pas d’acte
historique, beaucoup de vide et de silence. Mais c’est justement dans ce vide que s’opèrent
les glissements oniriques, à partir de cette apparente quotidienneté que naissent les rêves
et les fantasmes.
Ici plusieurs réalités coexistent sans jamais se choquer. Christian Bobin met en lumière ce
que l’ordinaire contient d’extraordinaire. Comme s’il voyait le monde en étant de l’autre
coté du miroir.
Et il nous y amène avec lui.
Et l’on entre dans ce monde où tout est possible, où les morts se relèvent, où les amoureux
volent et où les animaux parlent comme l’on entrerait en soi même, pour redécouvrir cette
capacité de s’émerveiller que nous avons tous.
C’est, je crois, ce qui a été si fort dans ma rencontre avec ce texte.
J’y ai reconnu cette chose directe, crue et foudroyante : cette lucidité cruelle qu’ont les
enfants ; un trouble se côtoient bonheur et tristesse, angoisse et plaisir, où l’on passe
dans la même seconde du rire aux larmes. Cette sensation de saisir le monde entier d’un
regard, de le transpercer, et d’être soi même transpercé par lui.
« Blessure et lumière vous arrivent en même temps, on ne peut faire le tri, on ne peut
demander un temps de réflexion, une pause, un répit. » C. Bobin
J’y ai reconnu aussi la force que l’on peut déployer pour s’accrocher à cet état d’enfance,
cette certitude que dans l’enfance se trouve le cœur battant du monde.
C’est à partir de cette sensation que je veux travailler, et avec la conviction que le regard que
l’on porte sur le monde peut le modifier.
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La poésie peut-elle agir comme une résistance ?
Peut être pas engagée comme on l’entend en politique, mais une résistance, oui.
A l’air du temps.
Je crois profondément que chaque fois que l’on décide de montrer quelque chose au
théâtre, je veux bien dire juste de le montrer, d’en parler, il s’agit d’un petit acte politique.
Un choix.
A mes yeux , la poésie devient résistance quand elle s’installe sur la place publique pour
s’adresser à chacun dans ce qu’il a de plus intime, de plus secret, c'est-à-dire d’unique et de
sublime, et non pas a ce que nous avons de commun et d’ordinaire.
En adaptant le texte je conserverai la trame de l’histoire, son squelette, et au plateau nous
axerons le travail autour des sensations provoquées par la lecture, par les évocations, par les
images qu’elle contient. Il ne s’agit pas de « faire le roman sur scène » mais de faire vivre
cette poésie qui concerne autant les objets, les ambiances et les non dits que les
personnages et leurs répliques.
Notre travail est celui de la mise en chair autour du squelette. La mise en chair, le délicat
passage à l’incarnation de ces personnages, de ces situations, des forces qui les soutiennent
et des aspirations qui les élèvent.
La vie, le mouvement, la parole.
Travailler avec les contrastes donnés par le roman.
Travailler avec les zones d’ombre, profondes et puissantes, pour laisser apparaitre la
lumière.
Travailler avec humour et légèreté pour laisser surgir le tragique.
Et surtout, surtout, faire du quotidien, du plus banal, une source inépuisable
d’émerveillement.
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