Philippe Caubère – Les Pièces – Les Enfants du Soleil – Texte de présentation– page 1/1
Les Enfants du Soleil
Si Ariane, évoquait l’apprentissage artistique de Ferdinand, le héros de mon histoire, Les Enfants du Soleil
raconte son apprentissage amoureux au sein de la compagnie du “Soleil” au cours de la même période,
c’est-à-dire avant, pendant et après les répétitions du spectacle L’Âge d’Or. Ferdinand s’intéresse de près à
Clémence, une petite jongleuse engagée pour le spectacle 1789. Il la drague, couche avec elle puis la quitte et
enfin, la retrouve. A ce moment-là, elle est avec un autre homme. Alors il va devenir jaloux, tomber amoureux
d’elle et s’employer par tous les moyens à l’arracher à ce rival. Bref, ce sont toutes les mésaventures d’un jeune
homme qui, pour la première fois de sa vie tombe amoureux d’une femme, qui seront jouées dans ce nouveau
récit comique et fantastique où l’on retrouvera également les protagonistes d’Ariane ou l’Âge d’Or: Ariane
elle-même, Max, Bruno, Violaine, Henri et beaucoup d’autres qui seront à la fois témoins et acteurs de cette
drôle d’histoire d’amour. Cette histoire qui se cachait sous la précédente, de même qu’une poupée russe en
cache toujours une autre, de même qu’un conte des mille et une nuits en recèle toujours un autre, plus secret,
plus intime, plus mystérieux.
Alors on va se dire : “ Encore le Théâtre du Soleil ! ”. Et je ne pourrai que répondre : “Hé oui Encore ! ”. Et
toujours. On choisit pas sa vie, ou si peu. Et moi, que ça plaise ou pas, j’ai grandi au Théâtre du Soleil, j’y ai
appris à faire du théâtre, j’y suis tombé amoureux, je m’y suis même marié. Et j’y suis tombé jaloux. Et, comme
un jour ça m’a pris de jouer ma vie sur la scène, me voilà bien obligé d’évoquer encore et toujours ce sacré
Théâtre du Soleil, ses personnages hauts en couleurs, ses charmes, ses délires et bien entendu, sa directrice
fantasque et bien connue !
La vie est un roman, on le sait. Mais alors, pourquoi ce roman ne serait-il pas de théâtre ? Oui, un grand roman
de théâtre. Un roman vivant où personnages et situations, sortis directement de la mémoire du comédien,
seraient réincarnés là, devant nous, au présent. Un feuilleton burlesque et romantique en pleins d’épisodes
qu’on pourrait venir voir comme on voudrait, selon son caprice, quelque chose entre Tintin et La Recherche du
Temps perdu qui raconterait l’Histoire d’aujourd’hui du point de vue personnel, polémique et farfelu de l’un de
ses acteurs. De l’un de ses enfants.
Alors un règlement de compte ? Certainement pas. S’il y a des comptes qui se règlent ici c’est avec la jeunesse,
avec le temps qui passe, avec les illusions.
Et pour en finir avec quelques questions indiscrètes : “ Est-ce qu’Ariane a vu le spectacle ? ”. Non. Mais j’ai
décidé de répondre que oui. Parce que c’est comme si elle l’avait vu. Il y a des personnes dans sa vie avec qui il
n’est pas besoin de copiner, qu’il n’est même pas besoin de voir pour qu’on continue à les entendre, à se
disputer avec elles, à rêver d’elles, à les aimer.
Et pour le reste, mes chers amis, je ne sais plus trop quoi vous dire.., ou plutôt si : rendez-vous au Théâtre
Hébertot car c’est là, sur la scène, que ça va se jouer !
P.C. Septembre 1988