
Groupe d’appui Politiques Jeunesse
Qu'est ce que la richesse ?
La définition qui prédomine aujourd'hui est quasiment exclusivement économique, et les
indicateurs privilégiés pour mesurer le progrès des nations (PIB, taux de croissance)
ignorent la plupart des dimensions du bien-être individuel et collectif : cohésion sociale,
activités non rémunérées, pression humaine sur l'environnement…
Aussi, depuis les années 1990, de nombreuses initiatives, émanant de chercheurs,
d'associations et d'ONG, d'institutions statistiques, ou d'organisations internationales,
visent à évaluer la richesse ou le progrès sur la base d'indicateurs "alternatifs".
Ces nouveaux indicateurs, visant à contrer ou du moins à compléter le PIB, incluent dans
leurs calculs des taux de bien-être.
La mise en place de ces nouveaux indicateurs est-elle suffisante pour "repenser la
richesse" ? Peut-on imaginer une nouvelle définition du terme richesse ?
La richesse comme accumulation de biens matériels
Richesse et productivité
Les travaux de Malthus (1766 – 1834) et sa définition de la richesse
Dans une période de construction et de légitimation de l’économie politique comme
science objective, Malthus a cherché à quantifier l'accroissement des richesses d’une
nation, et à démontrer ainsi sa puissance. Pour cela, il écarte de la mesure de la richesse
tous les biens immatériels. Il pose donc une séparation entre la richesse, dont les
accroissements se mesurent à travers des prix et des quantités, et les travaux
« improductifs », non mesurables, dont il reconnaît la légitimité mais qui ne seront pas
pris en compte dans sa définition de la richesse.
La comptabilité nationale (mise en place en France en 1938)
La comptabilité nationale a été conçue dans la même logique, visant à permettre
d’« exhiber » la puissance des nations. Elle entérine l’idée que la richesse d’une nation se
mesure à l’aune de l’accroissement de son PIB : ce qui compte, c’est l’augmentation des
biens et services produits, amenés sur le marché et appropriés par des individus.
Richesse et satisfaction des désirs
Les économistes du 19ème Jean-Baptiste Say et Walras (Auguste puis Léon) ont posé
comme postulat le lien entre utilité et satisfaction d’un désir individuel : un bien est utile
dès lors qu’il permet de satisfaire un désir (quelle que soit la légitimité de ce désir).
Celui-ci se transforme alors en besoin.
Cette théorie a été reprise dans la comptabilité nationale. Elle envisage la richesse du
point de vue de l’individu : il n’y a de richesse que s’il y a production d’un bien apporté
sur le marché puis approprié par un individu.
Richesse et consommation
Si cette vision des choses s’est développée au 19ème siècle, c’est parce qu’elle sous-
tendait l’idée qu’à travers la production, l’homme aménageait la nature, remettait de
l’humain dans le monde (cf. Hegel et Marx). De même, la consommation était vue
comme un moyen pour l’individu de se transformer, de développer ses facultés par l’acte
de consommer.
Quant au travail et à sa place prépondérante dans nos sociétés, Dominique Méda analyse
le fait qu’au 18ème siècle, le choix a été fait d’instaurer pour réguler la société un ordre
économique plutôt qu’un ordre politique. Cet ordre économique, où travail et production