La silicose pulmonaire

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Version
: 1.0
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Date Date
: 01.07.2013
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La silicose pulmonaire
DOSSIER
Sommaire :
I.
Introduction
II.
Sources d’exposition
III.
Prévention
Dr Jean-Louis GIOT,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
Cellule scientifique
Commission scientifique
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I. Introduction
La silicose est une maladie appartenant au groupe des pneumoconioses, pathologies qui se
caractérisent par l’accumulation de poussières minérales dans les poumons.
On distingue deux grands types de pneumoconioses :
- les pneumoconioses bénignes ;
- les pneumoconioses malignes.
Les pneumoconioses bénignes consistent en un dépôt de particules minérales au sein des
poumons, n’occasionnant guère d’altération de leur fonctionnement ; elles ne comportent
aucun risque d’accroissement de complications infectieuses, comme la tuberculose, ou de
cancérisation bronchique. Parfois définies comme un simple « tatouage » pulmonaire, ces
pneumoconioses de surcharge peuvent être provoquées par des particules de fer
(sidérose), des poussières de charbon (anthracose), de baryte (barytose), de titane etc.
Une forme de gravité intermédiaire peut résulter de l’exposition à certains minéraux ne
contenant pas de silice comme, par exemple, le kaolin.
Les pneumoconioses malignes se caractérisent par une altération importante de la fonction
pulmonaire par fibrose et peuvent également s’accompagner de complications infectieuses et
de la survenue de cancers bronchiques. Les plus connues sont celles induites par
l’exposition aux poussières de silice, la silicose et d’asbeste, l’asbestose (qui ne sera pas
détaillée ici).
La silice
La silicose est provoquée par l’exposition aux poussières de silice cristalline, appartenant à
la grande famille chimique des silicates ; sa principale forme est le quartz. Le quartz est le
minéral dominant dans des roches fort répandues en Belgique telles que les sables, les grès
et les quartzites, ces deux dernières catégories étant des roches relativement dures issues,
sous l’effet de la pression et de la température1, de la transformation au fil des temps
géologiques du sable, forme pratiquement pure de la silice cristalline,. Il existe d’autres
formes cristallines de la silice, beaucoup plus rares, la tridymite et la cristobalite, formées à
de plus hautes températures dans certaines laves.
La silice existe également sous forme non cristalline ; il s’agit alors de la silice amorphe,
comme dans le verre de silice, la terre de diatomées2, l’opale amorphe,… Contrairement à la
forme cristalline, la forme amorphe n’est pas dangereuse.
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Le porphyre et le granite, roches magmatiques, contiennent également du quartz, associé à d’autres minéraux. Le granite,
absent de nos régions ne doit pas être confondu avec le granit, terme générique désignant une roche dure et grenue
d’origine géologique quelconque, mais susceptible de prendre un beau poli et d’être utilisée en décoration. Un exemple en
est le petit granit, qui est une roche calcaire, dépourvue de silice, exploitée dans certaines régions de Wallonie et utilisée en
construction. Il faut noter cependant que du granite importé est également façonné dans nos régions à des fins décoratives,
exposant alors les tailleurs de pierre à la silice.
2
Algues unicellulaires pourvues d’une enveloppe siliceuse formée de silice amorphe. La terre de diatomées naturelle
appelée diatomite, kieselguhr ou encore, tripoli, peut être utilisée comme abrasif, insecticide, absorbant, produit d’entretien
etc. Afin d’en éliminer les composants organiques, la terre de diatomée peut être calcinée pour certains usages, (produits
absorbants, filtration, charges pour peintures, chimie,…) ; à partir de 450°, le traitement thermique transforme alors la silice
amorphe en silice cristalline fibrogène, sous forme de cristobalite.
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À côté de la silice, il existe d’autres silicates. Parmi les plus connus, citons des silicates
d’alumine, comme le schiste ardoisier (ou phyllade) et le kaolin. Si ce dernier peut induire
une forme intermédiaire de pneumoconiose, la poussière d’ardoise en elle-même n’est pas
dangereuse. Mais les conditions de son extraction peuvent cependant exposer à de la silice
cristalline car les veines ardoisières sont souvent associées à des bancs de roches
fibrogènes (grès, quartzites)3.
Silice et santé
Le danger de la silice cristalline réside dans son caractère fibrogène, c’est-à-dire dans ses
propriétés d’induire une fibrose du poumon.
En cas de présence de silice dans l’air respirable, les particules de moins de 5 micromètres
peuvent parvenir dans les alvéoles pulmonaires. La membrane de celles-ci est normalement
juxtaposée de façon intime avec celle des vaisseaux sanguins, ce qui permet les échanges
gazeux entre l’air et le sang.
La silice va déclencher une réaction inflammatoire au sein des alvéoles, associée à un
processus de fibrose. C’est-à-dire que des cellules et des substances diverses vont se
déposer entre les alvéoles et les vaisseaux, constituant un tissu fibreux. Cette situation va
compromettre le système d’échanges des gaz. En cas de prolongation de l’exposition, la
réaction de fibrose peut s’étendre, formant de véritables nodules, les nodules silicotiques.
Ceux-ci sont alors susceptibles de perturber l’architecture du poumon, réduisant encore les
surfaces d’échange et comprimant les voies respiratoires. Les lésions pourront également
perturber le fonctionnement du cœur avec évolution vers d’importants problèmes cardiovasculaires.
Quasiment dépourvue de signes cliniques au départ, la silicose va progressivement se
traduire par un essoufflement, la dyspnée, limitée au début à l’effort. Elle deviendra
permanente à un stade plus avancé, avec altération de l’état général, présence de toux et de
douleurs thoraciques.
La symptomatologie peut bien entendu être aggravée par la survenue d’épisodes de
bronchite. Par ailleurs, L’emphysème peut également être à l’origine de pneumothorax
spontanés.
La confirmation du diagnostic de silicose se base sur la radiographie des poumons. Les
différents types de lésions sont codifiés internationalement selon leur gravité, ce qui est
important en cas de reconnaissance en maladie professionnelle.
Les lésions pulmonaires peuvent se compliquer en d’autres affections :
• la surinfection par le bacille de la tuberculose ;
• la survenue d’un cancer bronchique4.
La responsabilité de la silice dans la survenue de maladies à composante immunitaire est
également mise en cause, indépendamment de la gravité des lésions pulmonaires. Il s’agit
troubles rénaux graves, pouvant conduire à l’insuffisance rénale, ainsi que de maladies de la
peau et du sang.
3
C’est pour cette raison que la législation impose une surveillance de santé obligatoire en cas d’exposition aux poussières
d’ardoise (comme d’ailleurs de schiste).
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La silice est d’ailleurs reprise dans la liste des substances cancérigènes du Code sur le bien-être au travail (Titre V,
chapitre II, Annexe III).
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II. Sources d’exposition
Toute situation professionnelle où le travailleur est exposé à des poussières de silice
cristalline (ou d’une autre forme pathogène) est susceptible de déclencher le phénomène de
fibrose pulmonaire.
L’exposition peut résulter :
• de l’extraction et de la première transformation de matériaux silicogène ;
• de la production de produits finis ;
• de l’utilisation de matériaux ou substances contenant un agent silicogène.
Le risque augmente bien entendu en fonction du degré de confinement de l’espace de
travail. Il est moindre en carrière que dans les mines. Néanmoins, dans les carrières, il
s’accroît lors du travail à proximité de machines générant d’importants volumes de
poussières comme le concassage, le criblage, le broyage etc.
L’extraction et la première transformation
Il s’agit de l’extraction de roches silicogènes, c’est-à-dire susceptibles de libérer de la silice
libre, de leur concassage éventuel et des opérations annexes (criblage, chargement etc.).
Les principales roches silicogènes en Belgique sont, rappelons-le, le sable et les roches
gréseuses, grès et quartzite5. Il en existe d’autres, moins répandues comme l’arkose, le silex,
le porphyre.
Jadis abondamment extraites, surtout pour leur qualité de pierre à bâtir, elles le sont
actuellement essentiellement pour la production de concassés, à l’usage du secteur du
bâtiment et des travaux publics.
D’autres industries extractives ont naguère occupé le premier plan en matière de risque
silicotique dans nos régions : ce sont les charbonnages et les ardoisières.
Si dans les deux cas les poussières du produit commercialement recherché, à savoir le
charbon d’une part, l’ardoise de l’autre, s’avèrent non fibrogènes, les mineurs pouvaient
cependant être exposés à des quantités importantes de silice.
Dans le cas des mines de charbon, le pouvoir silicogène de la silice s’associant au
« tatouage » pulmonaire provoqué par le charbon, bon nombre de travailleurs y contractaient
une pneumoconiose mixte, l’anthraco-silicose.
Des constatations analogues peuvent être faites en ce qui concerne l’extraction de l’ardoise,
formée de schistes feuilletés, non silicogènes, mais dont les bancs sont le plus souvent
intercalés dans des couches gréseuses et/ou quartzitiques, constituant donc ainsi une
source d’exposition à la silice.
On peut associer à ces catégories professionnelles exposées à la silice le personnel affecté
au creusement de tunnels.
5
Il s’agit là d’une catégorisation très schématique car le sédiment sableux de départ peut contenir d’autres minéraux,
comme des argiles, donnant dès lors naissance à des schistes gréseux, des quartzophyllades etc.
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La production de produits finis
Cette rubrique concerne surtout toute l’industrie de transformation de la pierre, qu’elle soit
d’origine indigène ou importée, lorsque le matériau de départ contient des éléments
silicogènes.
L’exposition s’effectue lors des opérations de taille et de polissage.
L’utilisation de matériaux ou substances contenant un agent silicogène et l’exposition
à celles-ci
On peut citer :
•
l’utilisation du sable comme agent abrasif 6dans des opérations très diverses telles
le ravalement de façades, le dessablage de pièces de fonderie, le sablage de
pièces métalliques, le sablage du verre, la taille du verre, du cristal, des pierres
précieuses, la fabrication de prothèses dentaires, l’usure artificielle de vêtements
(jeans),… ;
•
l’exposition au sable lors de son incorporation dans les processus de production de
matériaux divers comme le verre, les céramiques, porcelaines et faïences, les grès
sanitaires, les produits réfractaires, les moules de fonderie, les bétons et les
tarmacs,… ;
•
les interventions sur des matériaux riches en silice comme les revêtements
réfractaires des fours des hauts fourneaux et des verreries (maçons fumistes) ;
•
les interventions sur le béton comme le forage, le ponçage de surfaces,… ;
•
l’utilisation de terre de diatomées calcinée (absorbant, charge pour peintures,…) ;
•
l’exposition aux grains de céréales dont l’enveloppe peut contenir jusqu’à 10% de
silice, exposition concernant surtout le monde agricole.
III. Prévention
Mesures préventives techniques
D’une façon générale, le Code sur le bien-être au travail (CBET), Titre V, chapitre I impose
de procéder à une évaluation du risque. Celle-ci portera particulièrement sur la nature
exacte des matériaux mis en œuvre ainsi que sur les niveaux d’exposition.
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Le sable utilisé comme abrasif est actuellement de plus en plus souvent remplacé par des produits non siliceux ou par de
la silice amorphe.
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Le CBET, Titre V, chapitre I, fixe la limite supérieure d’exposition à la silice cristalline à 0,1
mg/m³ pour le quartz et le tripoli (poussières alvéolaires7) et à 0,05 mg/m³ pour la cristoballite
et la tridymite (poussières alvéolaires) (Annexe I au Titre V, chap. I du CBET).
On doit envisager dans la mesure du possible, le remplacement de la silice par des
matériaux non fibrogènes, par exemple dans des procédés d’abrasion, de dessablage etc.
L’utilisation de sable ou d’autre grains contenant plus de 1 % de silice libre est d’ailleurs
interdit pour les travaux de traitement au jet et de dessablage (CBET, Titre V, chap. I, art. 37
§ 1er). Si l’utilisation de la silice ne peut être évitée, les opérations doivent être réalisées en
milieu clos et étanche, mis en dépression (art. 37 § 2 ) ou répondre à une autorisation
spéciale ainsi qu’à certaines conditions (art. 37 § 3).
Dans les entreprises d’extraction et de première transformation, on essaiera de limiter la
dispersion de poussières en humidifiant les matériaux et en recourant à des dispositifs
d’aspiration des poussières à la source. Ces mesures doivent être étendues aux tâches
d’entretien des locaux de travail.
Le cas échéant, des dispositifs de protection individuelle comme des appareils de protection
respiratoire, masques filtrants ou masques à adduction d’air, des combinaisons étanches
seront mis à disposition, adaptés en fonction des risques.
Mesures préventives médicales
Selon le CBET (Titre V, chap. I, Annexe IV), les travailleurs exposés à la silice libre seront
soumis obligatoirement à une surveillance de santé annuelle, entre autres dans le cas
d’inhalation de poussières provenant de : quartz, tridymite, cristobalite, grès, silex, quatrzite,
arkose, schiste, ardoise, coticule, porphyre.
L’évaluation de santé préalable est très importante, car elle peut permettre d’éviter
l’exposition au risque de travailleurs atteints de certaines pathologies.
L’examen général périodique annuel devrait comporter une anamnèse générale, un
questionnaire pour rechercher d’éventuels symptômes respiratoires et un examen clinique et
épreuves fonctionnelles respiratoires.
Selon la législation, l’évaluation périodique doit être assortie annuellement d’un examen
radiolographique du thorax. Le CBET prévoit cependant que cette fréquence puisse être
adaptée en fonction de l’évaluation des risques. Cette latitude paraît raisonnable, entre
autres afin d’éviter des irradiations injustifiées.
7
Particules d’un diamètre médian égal à environ 4 µm ( on peut également parler de « fraction respirable »).
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