
Dossier patient
La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 10 - décembre 2007
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patient
Dossier
La durée de l’hémiplégie, de l’aphasie ou de la perte de la vue
peut être de quelques secondes seulement, si la circulation du
sang se rétablit toute seule ; votre médecin parle alors d’“accident
ischémique transitoire” (AIT) du cerveau ou de l’œil. Si l’hémi-
plégie dure (la circulation du sang ne se rétablit pas), votre
médecin parle d’“infarctus cérébral”, ce qui désigne la destruction
d’une partie plus ou moins étendue du cerveau.
Alors devant une sténose carotide,
que disent les statistiques ?
Il y a deux cas de figure. Le premier est celui où la sténose n’a
jamais causé d’attaque cérébrale : votre médecin parle de sténose
carotide “asymptomatique”. Le risque d’attaque cérébrale dans ce
cas est faible. Si le rétrécissement est inférieur à 70 %, le risque est
de 1 % par an ; s’il est supérieur à 70 %, le risque est de l’ordre de 2 %
par an (c’est-à-dire que, sur 100 patients qui ont une telle sténose
carotide, chaque année 2 patients ont une attaque cérébrale).
Le deuxième cas de figure est celui d’une sténose découverte
après une attaque cérébrale : votre médecin parle de sténose caro-
tide “symptomatique”. Le risque de refaire une attaque cérébrale
à court terme est majeur. Il s’agit d’une urgence thérapeutique,
c’est-à-dire que le traitement médical doit être commencé sur-
le-champ, et, si une opération de la carotide est décidée, elle
doit être faite dans les 15 jours. Le risque de refaire une attaque
cérébrale est d’autant plus élevé que le rétrécissement de la
carotide est important, et inversement.
QUELS TRAITEMENTS MÉDICAUX
POUR LES STÉNOSES CAROTIDES ?
Le traitement d’une sténose de l’artère carotide repose toujours,
et avant tout, sur le traitement des facteurs susceptibles d’ag-
graver ce rétrécissement et d’augmenter le risque d’attaque
cérébrale (votre médecin parle de “facteurs de risque vascu-
laire”). Parfois votre médecin décidera d’opérer la carotide pour
rétablir un calibre normal de l’artère en enlevant la sténose : il
s’agit de cas très particuliers de rétrécissement de la carotide
supérieur à 70 %.
Le traitement médical des sténoses carotides repose essentiel-
lement sur l’utilisation de médicaments appelés antiagrégants
plaquettaires et sur le contrôle des facteurs de risque vasculaire.
Ce traitement doit être entrepris dans tous les cas, même si
l’on décide par la suite de pratiquer une opération. Il s’agit en
principe d’un traitement à vie. L’efficacité du traitement médical
repose sur son observance. Bien suivi, il peut diminuer le risque
d’attaque cérébrale de 80 %.
Le contrôle des facteurs de risque vasculaire
Le risque de faire ou de refaire une attaque cérébrale en cas
de sténose carotide est d’autant plus important qu’il existe des
facteurs de risque vasculaire. Ces facteurs sont l’hypertension
artérielle (HTA), l’hyperlipidémie (excès de cholestérol ou
de triglycérides dans le sang), l’intoxication par le tabac, et le
diabète.
Quels sont les objectifs à atteindre ?
Hypertension artérielle : le premier objectif est d’avoir une
pression artérielle inférieure à 14/9 cmHg ; cela permet de
diminuer le risque d’attaque cérébrale de 40 %. Si cet objectif
est atteint, ou si votre pression artérielle est déjà naturelle-
ment à ce niveau, votre médecin vous proposera un deuxième
objectif : diminuer encore la pression artérielle de 1 cmHg pour
le premier chiffre et de 0,5 cmHg pour le deuxième chiffre ;
cela permet de diminuer le risque d’attaque cérébrale de 30 %
supplémentaires.
Pour atteindre ces objectifs de pression artérielle, et pour
aider votre médecin à vous traiter, il vous faudra pratiquer
l’“automesure” de la tension à la maison, après avoir acheté un
tensiomètre automatique (qui prend la tension au bras et non
au poignet) [cet appareil n’est pas remboursé ; comptez entre
30 et 50 euros], en respectant la “règle des 3” recommandée
par la Société française d’hypertension artérielle : une série de
mesures tous les 3 mois, 3 jours de suite, à raison de 3 mesures
le matin à jeun de médicaments (en position assise, le bras posé
sur la table, le brassard du tensiomètre placé sur le bras) et de
3 mesures le soir dans les mêmes conditions, après le dîner.
Vous devez noter les résultats de ces mesures dans un carnet et
apporter celui-ci à chaque consultation médicale (ne l’oubliez
pas). La semaine qui précède chaque consultation médicale,
vous ferez de nouveau 3 mesures le matin, 3 mesures le soir,
3 jours de suite. On sait désormais que l’automesure pratiquée à
la maison représente la “vraie” tension artérielle du patient. Son
résultat est plus fiable que la tension prise par le médecin ou le
pharmacien, et que la tension prise par l’infirmière à l’hôpital.
Pour plus d’informations et pour télécharger le carnet de suivi,
consultez le site Internet :
www.auto-mesure.com
.
Cholestérol : en cas de sténose carotide “asymptomatique”, le
taux de “mauvais” cholestérol (on parle de “LDL-cholestérol”)
doit être inférieur à 1 g/l (ou 2,6 mmol/l) ; atteindre cet objectif
diminue le risque d’attaque cérébrale de 20 %. Si vous avez une
sténose carotide révélée par une attaque cérébrale, votre taux
de LDL-cholestérol doit être inférieur à 0,7 g/l (ou 1,8 mmol/l) ;
atteindre cet objectif diminue le risque de refaire une attaque
cérébrale d’environ 30 %.
Tabac : l’arrêt est impératif et diminue le risque d’attaque
cérébrale de moitié dès le sixième mois.
Une activité physique régulière est nécessaire, ainsi que la
perte de poids en cas d’obésité et la réduction des apports en
sel. L’excès d’alcool est interdit.
Le traitement antithrombotique
Bien suivi, le traitement antithrombotique (anticaillot) réduit
le risque d’attaque cérébrale de 20 %, mais aussi celui d’attaque
cardiaque et de décès par maladie vasculaire. Il vise à éviter
la formation des caillots de sang dans les artères, et en parti-
culier sur les plaques d’athérosclérose qui forment la sténose
carotide. On utilise pour cela des médicaments qui empêchent
les plaquettes du sang de se coller sur la paroi de l’artère (votre
médecin parle d’“antiagrégants plaquettaires”). C’est l’amas (ou
agrégation) des plaquettes et d’autres substances qui forme le
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