Le contrôle tensionnel chez les seniors est loin d`être optimal

Il est bien établi que la prévalence de l’hypertension
artérielle augmente régulièrement avec l’âge, affectant
environ la moitié des personnes de plus de 65 ans et les deux
tiers des plus de 80 ans. L’hypertension artérielle est
reconnue pour être l’un des principaux facteurs de risque
cardiovasculaire. Il est aussi bien démontré qu’une baisse des
chiffres tensionnels s’accompagne d’une diminution du
risque de complications cardiovasculaires et de la mortalité.
La prise en charge de l’hypertension est cependant réputée
insuffisante. C’est dans le but d’appréhender de façon plus
précise la situation au sein de la population française, à la fois
du point de vue du patient et du praticien, que les données
collectées au cours de l’étude des Trois Cités ont été
analysées.
Les 9090 participants, tous âgés d’au moins 65 ans (en
moyenne, 74 ± 6 ans), ont été recrutés entre 1999 et 2001 sur
la base du volontariat parmi la population générale des villes
de Dijon, Bordeaux et Montpellier. Cinq tranches d’âge ont
été définies : < 70 ans ; de 70 à 74 ans ; de 75 à 79 ans; de 80
à 84 ans et 85 ans. Des informations concernant leur
histoire médicale, et en particulier leurs antécédents
cardiovasculaires éventuels, ont été collectées au cours d’une
interview réalisée au domicile de chaque participant. Leur
indice de masse corporelle était aussi calculé et leur pression
artérielle mesurée à deux reprises, en position assise après 5
min de repos, à l’aide d’un tensiomètre électronique.
Les patients étaient considérés hypertendus si leur
pression artérielle systolique était 160 mmHg ou si leur
pression artérielle diastolique était 95 mmHg ou bien s’ils
recevaient un traitement antihypertenseur. La prévalence de
l’hypertension a également été évaluée sur la base des
recommandations actuelles considérant les valeurs seuils de
140 et 90 mmHg pour les pressions systolique et diastolique
respectivement. Les patients qui prenaient des médicaments
anti-hypertenseurs pour une indication autre que
l’hypertension étaient exclus de la cohorte.
Au sein de cette population constituée à 61% de femmes,
les deux tiers étaient hypertendus et 17% avaient au moins 80
ans. Environ 30% des sujets avaient une pression artérielle
au-delà de 160/95 mmHg et 55% d’entre eux avaient une
hypertension systolique isolée (pression systolique 160 et
pression diastolique < 95 mmHg). L’hypertension était plus
fréquente chez les hommes que chez les femmes. Après prise
en compte des patients traités, la prévalence globale de
l’hypertension était de 66% chez les hommes et de 60% chez
les femmes. Lorsque les valeurs seuils actuelles de 140/90
mmHg étaient retenues, la prévalence globale de
l’hypertension atteignait 83% chez les hommes et 75% chez
les femmes. Les traitements de l’hypertension et la prise de
conscience par les patients de leurs chiffres tensionnels élevés
étaient plus fréquents chez ceux qui avaient une histoire
d’accidents cardiovasculaires ou de diabète, ou une surcharge
pondérale et étaient corrélés au nombre de consultations
annuelles chez leur généraliste. La probabilité de recevoir un
traitement augmentait aussi avec l’âge mais n’était pas
influencée par le niveau d’instruction.
Une très bonne corrélation était observée entre le
traitement anti-hypertenseur et la prise de conscience de leur
hypertension par les patients. Moins de un cinquième des
patients hypertendus traités ne savaient pas qu’ils étaient
hypertendus. L’hypertension n’était contrôlée que chez 35%
des patients (avec un seuil à 160/95 mmHg), pourcentage qui
s’élevait à 69% avec un seuil à 140/90 mmHg. Les femmes
étaient mieux contrôlées que les hommes (70% versus 57%).
Le contrôle tensionnel était meilleur chez les patients qui
avaient des antécédents cardiovasculaires et chez ceux qui
avaient des mesures fréquentes de leur pression artérielle.
Curieusement, ceux qui se savaient hypertendus étaient moins
bien contrôlés que ceux qui l’ignoraient. Cependant, les
premiers avaient une hypertension plus sévère et recevaient
plus fréquemment une trithérapie que les seconds.
La prévalence élevée de l’hypertension artérielle observée
au sein de cette population générale confirme les données
déjà publiées. Ainsi, les deux tiers ou les trois quart des
personnes de plus de 65 ans seraient concernées, selon les
valeurs seuil considérées. Il n’est pas impossible que ces
chiffres soient légèrement sous évalués en raison d’une plus
faible participation probable des patients les plus affectés par
des complications liées à leur hypertension. Cette étude
confirme également que la proportion d’hypertendus
insuffisamment traités demeure très élevée, en particulier
chez les hommes, sans que des explications objectives
puissent être données.
Le contrôle tensionnel chez les seniors est loin d’être
optimal
©2006 Successful Aging SA
Brindel P, Hanon O, Dartigues J-F, Ritchie K, Lacombe J-M, Ducimetière P, Alpérovitch A, Tzourio C for the 3C Study
Investigators. Prevalence, awareness, treatment, and control of hypertension in the elderly: the Three City study. J
Hypertension. 2006; 24 : 51-58
Af 402-2006
L. Teillet
Hôpital Sainte-Périne, Paris.
% d’hommes dont la
PA était contrôlée
% de femmes dont la
PA était contrôlée
Age (années)
- < 70
- 70 à 74
-75 à 79
- 80
54,7
57,5
57,8
56,1
75,3
72,0
69,4
66,0
Hypertendus conscients de leur hypertension
- Non
- Oui
71,1
53,1
83,0
67,5
1 / 1 100%
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