Le contrôle tensionnel chez les seniors est loin d’être optimal fréquente chez les hommes que chez les femmes. Après prise en compte des patients traités, la prévalence globale de l’hypertension était de 66% chez les hommes et de 60% chez les femmes. Lorsque les valeurs seuils actuelles de 140/90 mmHg étaient retenues, la prévalence globale de l’hypertension atteignait 83% chez les hommes et 75% chez les femmes. Les traitements de l’hypertension et la prise de conscience par les patients de leurs chiffres tensionnels élevés étaient plus fréquents chez ceux qui avaient une histoire d’accidents cardiovasculaires ou de diabète, ou une surcharge pondérale et étaient corrélés au nombre de consultations annuelles chez leur généraliste. La probabilité de recevoir un traitement augmentait aussi avec l’âge mais n’était pas influencée par le niveau d’instruction. Une très bonne corrélation était observée entre le traitement anti-hypertenseur et la prise de conscience de leur hypertension par les patients. Moins de un cinquième des patients hypertendus traités ne savaient pas qu’ils étaient hypertendus. L’hypertension n’était contrôlée que chez 35% des patients (avec un seuil à 160/95 mmHg), pourcentage qui s’élevait à 69% avec un seuil à 140/90 mmHg. Les femmes étaient mieux contrôlées que les hommes (70% versus 57%). Le contrôle tensionnel était meilleur chez les patients qui avaient des antécédents cardiovasculaires et chez ceux qui avaient des mesures fréquentes de leur pression artérielle. Curieusement, ceux qui se savaient hypertendus étaient moins bien contrôlés que ceux qui l’ignoraient. Cependant, les premiers avaient une hypertension plus sévère et recevaient plus fréquemment une trithérapie que les seconds. La prévalence élevée de l’hypertension artérielle observée au sein de cette population générale confirme les données déjà publiées. Ainsi, les deux tiers ou les trois quart des personnes de plus de 65 ans seraient concernées, selon les valeurs seuil considérées. Il n’est pas impossible que ces chiffres soient légèrement sous évalués en raison d’une plus faible participation probable des patients les plus affectés par des complications liées à leur hypertension. Cette étude confirme également que la proportion d’hypertendus insuffisamment traités demeure très élevée, en particulier chez les hommes, sans que des explications objectives puissent être données. Il est bien établi que la prévalence de l’hypertension artérielle augmente régulièrement avec l’âge, affectant environ la moitié des personnes de plus de 65 ans et les deux tiers des plus de 80 ans. L’hypertension artérielle est reconnue pour être l’un des principaux facteurs de risque cardiovasculaire. Il est aussi bien démontré qu’une baisse des chiffres tensionnels s’accompagne d’une diminution du risque de complications cardiovasculaires et de la mortalité. La prise en charge de l’hypertension est cependant réputée insuffisante. C’est dans le but d’appréhender de façon plus précise la situation au sein de la population française, à la fois du point de vue du patient et du praticien, que les données collectées au cours de l’étude des Trois Cités ont été analysées. Les 9090 participants, tous âgés d’au moins 65 ans (en moyenne, 74 ± 6 ans), ont été recrutés entre 1999 et 2001 sur la base du volontariat parmi la population générale des villes de Dijon, Bordeaux et Montpellier. Cinq tranches d’âge ont été définies : < 70 ans ; de 70 à 74 ans ; de 75 à 79 ans; de 80 à 84 ans et ≥ 85 ans. Des informations concernant leur histoire médicale, et en particulier leurs antécédents cardiovasculaires éventuels, ont été collectées au cours d’une interview réalisée au domicile de chaque participant. Leur indice de masse corporelle était aussi calculé et leur pression artérielle mesurée à deux reprises, en position assise après 5 min de repos, à l’aide d’un tensiomètre électronique. Les patients étaient considérés hypertendus si leur pression artérielle systolique était ≥ 160 mmHg ou si leur pression artérielle diastolique était ≥ 95 mmHg ou bien s’ils recevaient un traitement antihypertenseur. La prévalence de l’hypertension a également été évaluée sur la base des recommandations actuelles considérant les valeurs seuils de 140 et 90 mmHg pour les pressions systolique et diastolique respectivement. Les patients qui prenaient des médicaments anti-hypertenseurs pour une indication autre que l’hypertension étaient exclus de la cohorte. Au sein de cette population constituée à 61% de femmes, les deux tiers étaient hypertendus et 17% avaient au moins 80 ans. Environ 30% des sujets avaient une pression artérielle au-delà de 160/95 mmHg et 55% d’entre eux avaient une hypertension systolique isolée (pression systolique ≥ 160 et pression diastolique < 95 mmHg). L’hypertension était plus L. Teillet Hôpital Sainte-Périne, Paris. Age (années) - < 70 - 70 à 74 -75 à 79 - ≥ 80 Hypertendus conscients de leur hypertension - Non - Oui % d’hommes dont la PA était contrôlée % de femmes dont la PA était contrôlée 54,7 57,5 57,8 56,1 75,3 72,0 69,4 66,0 71,1 53,1 83,0 67,5 Brindel P, Hanon O, Dartigues J-F, Ritchie K, Lacombe J-M, Ducimetière P, Alpérovitch A, Tzourio C for the 3C Study Investigators. Prevalence, awareness, treatment, and control of hypertension in the elderly: the Three City study. J Hypertension. 2006; 24 : 51-58 ©2006 Successful Aging SA Af 402-2006