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Le parasite et son hôte
Une relationlongue durée
Lesparasitespeuvent prendre
desaspectstrèsdiérentsles
unsdesautres.Leur point com-
mun? «Ils dépendent physiologi-
quement de leur hôte et ont une
inuence négative sur ce dernier»,
expliquent Philippe Christe et
Olivier Glaizot. Qui le recon-
naissent volontiers: la dénition
exacte de ces proteurs reste
parfois oue. Ainsi, un moustique
peut-il être qualié de parasite?
«Pas vraiment. S’il ne peut pas
vivre sans le sang de sa victime,
l’interaction est assez courte. Or,
un parasite établit une relation
durable avec son hôte. Il s’y ins-
talle, s’y nourrit et l’utilise même
comme moyen de transport. Il a
donc intérêt à ce que ce dernier
vive le plus longtemps possible.»
Et de préciser toutefois que
certains parasites entraînent
la mort de leur hôte, comme c’est
le cas des parasitoïdes. Les deux
spécialistes insistent également
sur la notion de coévolution,
l’hôte développant des parades
pour lutter contre son parasite,
et celui-ci s’empressant de
trouver des nouvelles stratégies
pour arriver à ses ns.
«Par exemple, le coucou pond ses
œufs dans les nids d’autres oi-
seaux. Une fois éclos, l’oisillon
éjecte les œufs de l’hôte. L’oiseau
parasité peut apprendre à recon-
naître l’œuf de coucou et l’exclure
àtemps de son nid: on l’observe
notamment chez certaines pies
bavardes espagnoles. Mais le
coucou est capable de pondre
des œufs qui ressemblent à ceux
de son hôte, qui n’y verra que du
feu…» Olivier Glaizot évoque
aussi le comportement «maeux»
du coucou geai, qui n’hésite pas
à espionner le nid de son hôte.
Si d’aventure une pie espagnole
en venait à éjecter son œuf, le
brigand se vengerait en cassant
à son tour les œufs de la pie…
Enn, Olivier Glaizot met éga-
lement en lumière l’utilisation
de certains de ces proteurs en
médecine, notamment pour
lutter contre les maladies
auto-immunes. «En ingérant
un œuf de ver intestinal, le
patient détourne l’attention
de son système immunitaire,
qui jusque-là s’attaquait à ses
propres cellules. La méthode
est assez nouvelle, mais les
premiers tests ont été plutôt
concluants. Encore faut-il
dépasser notre dégoût à l’idée
d’avaler un ver…» Et Philippe
Christe de renchérir: «Etant
donné que plus de 30% des
organismes vivants sont des
parasites, on peut imaginer
qu’il nous reste encore de
nombreuses découvertes
à faire quant à leur utilité,
en médecine et ailleurs!» MM
* A voir jusqu’au 20 août 2017: «Parasites!
L’exposition qui démange», Musée de
zoologie, Palais de Rumine, Lausanne.
Plus d’infos: www.zoologie.vd.ch
Un accenteur mouchet (à dr.) et un coucou se disputent le nid.
Photo: Getty
SOCIÉTÉ |MM44,31.10.2016 | 31