INTERVIEW D’ÉRIC LARTIGAU Chef du département universitaire de radiothérapie, Centre Oscar Lambret Lille Innovations technologiques Mieux dépister, mieux diagnostiquer, mieux traiter... Personnalisation, précision, ciblage, efficacité sont les maîtres-mots des nouvelles voies technologiques et informatiques de lutte contre le cancer. De plus en plus, le dépistage, le diagnostic et le traitement bénéficient de cette montée en puissance accroissant de façon exponentielle les chances de rémission. hirurgie : beaucoup de cancers peuvent être traités par chirurgie en association avec d’autres traitements. Il s’agit de pratiquer l’ablation de la tumeur (exérèse) ou de l’organe touché avec une marge de tissus sains et les ganglions voisins. Au fil des années, cette exérèse se développe (si possible) dans le sens du retrait de la tumeur (tumorectomie) et du ganglion sentinelle plutôt que de l’organe complet. Aujourd’hui, les méthodes opératoires bénéficient de l’apport de l’informatique, de la robotisation et des progrès de la chirurgie reconstructrice. Le chirurgien est ainsi aidé dans le choix de sa stratégie opératoire (imagerie médicale, simulation), dans son geste, par des robots commandés par un système expert et dans son aisance grâce aux techniques chirurgicales de restauration des formes et des fonctions. Le bénéfice pour le patient est considérable (gestes moins traumatisants, moins mutilants et sécurisés) pour un confort et un pronostic améliorés. Moins agressive que la chirurgie, la curiethérapie qui consiste à mettre en place un élément radioactif au contact de la tumeur bénéficie, elle aussi des avancées technologiques et informatiques. La curiethérapie pulsée, technique qui ne s’applique que pour certains cancers de la sphère ORL, gynécologique et de la prostate est un mode innovant d’irradiation fractionnée. Elle est réalisée à l’aide d’un projecteur C 28 Contact Santé n°220 Le Centre Oscar Lambret fait partie des trois sites français qui accueilleront dès avril 2007 cet équipement révolutionnaire que constitue le ciberknife (R) (il en existe seulement huit en Europe). Révolutionnaire, car techniquement, un des seuls capable d’intégrer si précisément les caractéristiques de la cible et la dynamique physiologique du patient. Capable aussi de traiter des cancers jusqu’alors considérés comme incurables. Une centaine de patients par an devrait en bénéficier la première année et 250 dès l’année suivante. Avec cet équipement, la région se retrouve tout d’un coup à la pointe du combat, embarquée dans une “fantastique aventure”. Le coût est à la mesure de l’innovation: 3 M euros apportés par le Conseil régional, 2,7 par l’ARH et 1,130 M euros par l’INCA. de source (iridium), qui se déplace dans des cathéters mis en place à l’intérieur ou au contact de la tumeur, suivant des positions et une longueur liées à la topographie tumorale et des temps déterminés et ajustés par ordinateur, de façon à obtenir la distribution de dose optimale. La mise à disposition de la curiethérapie pulsée signifie pour les patients concernés une amélioration importante de leurs prise en charge médicale, mais aussi et surtout, de leur qualité de vie. Avec la chirurgie et la chimiothérapie, la radiothérapie est le traitement le plus répandu des cancers, contribuant avec elle à la plupart des guérisons. Près de 150 000 malades reçoivent un traitement par radiothérapie chaque année en France. Le principe veut que l’on frappe le tissu tumoral à l’aide de rayons dont l’énergie casse les brins d’ADN des cellules visées. Contrairement au tissu sain, les cellules cancéreuses ont un potentiel de réparation moléculaire réduit, l’application quotidienne de rayons sur celles-ci va donc les tuer. Toutefois, les cellules saines sont sensibles à ces doses répétées, il est donc décembre - janvier 2007 essentiel de ne viser que le tissu malade. « La radiothérapie d’aujourd’hui se distingue par l’individualisation et la précision du traitement. Les moyens informatiques d’imagerie médicale (scanner, IRM, tomographie par émission de positons) permettent de définir avec précision la structure et la localisation de la tumeur dans l’organisme. Il est donc possible de définir le meilleur angle d’incidence et la meilleure distribution d’énergie en respectant le maximum de tissu sain », explique le professeur Eric Lartigau, chef du département universitaire de radiothérapie, Centre Oscar Lambret, Lille. Cette approche extrêmement fine permet par ailleurs de suivre la tumeur dans ses déplacements. En avril 2007, le Centre Oscar Lambret se portera acquéreur d’un des trois robots autonomes de France (cyberknife(R)) capable de suivre la tumeur dans ses déplacements organiques, limitant ainsi l’asservissement du patient. Ce robot est commandé par un système expert qui intègre les caractéristiques de la cible et la dynamique physiologique du patient sous contrôle du radiothérapeute. www.santenpdc.org