CONTACT SANT. N.220 D.C JAN 07 (Page 28)

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INTERVIEW D’ÉRIC LARTIGAU
Chef du département universitaire de
radiothérapie, Centre Oscar Lambret Lille
Innovations technologiques
Mieux dépister, mieux
diagnostiquer, mieux traiter...
Personnalisation, précision, ciblage, efficacité sont les
maîtres-mots des nouvelles voies technologiques
et informatiques de lutte contre le cancer. De plus
en plus, le dépistage, le diagnostic et le traitement
bénéficient de cette montée en puissance accroissant
de façon exponentielle les chances de rémission.
hirurgie : beaucoup de cancers peuvent être traités par
chirurgie en association avec
d’autres traitements. Il s’agit
de pratiquer l’ablation de la
tumeur (exérèse) ou de l’organe touché avec une marge de tissus sains et les ganglions voisins. Au fil des années, cette exérèse
se développe (si possible) dans le sens du retrait
de la tumeur (tumorectomie) et du ganglion sentinelle plutôt que de l’organe complet. Aujourd’hui, les méthodes opératoires bénéficient
de l’apport de l’informatique, de la robotisation
et des progrès de la chirurgie reconstructrice.
Le chirurgien est ainsi aidé dans le choix
de sa stratégie opératoire (imagerie médicale, simulation), dans son geste, par des robots
commandés par un système expert et dans
son aisance grâce aux techniques chirurgicales de restauration des formes et des fonctions. Le bénéfice pour le patient est considérable (gestes moins traumatisants, moins
mutilants et sécurisés) pour un confort et un
pronostic améliorés.
Moins agressive que la chirurgie, la curiethérapie qui consiste à mettre en place un élément radioactif au contact de la tumeur bénéficie, elle aussi des avancées technologiques et
informatiques. La curiethérapie pulsée, technique
qui ne s’applique que pour certains cancers de
la sphère ORL, gynécologique et de la prostate
est un mode innovant d’irradiation fractionnée. Elle est réalisée à l’aide d’un projecteur
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Contact Santé n°220
Le Centre Oscar Lambret fait partie des trois sites français qui accueilleront dès avril 2007 cet équipement révolutionnaire que constitue le ciberknife (R) (il en existe seulement huit en Europe). Révolutionnaire, car techniquement, un des seuls capable d’intégrer si précisément les caractéristiques de la cible et la dynamique physiologique du patient. Capable aussi de traiter des cancers jusqu’alors considérés comme incurables. Une centaine de
patients par an devrait en bénéficier la première année et 250 dès l’année suivante. Avec cet équipement, la
région se retrouve tout d’un coup à la pointe du combat, embarquée dans une “fantastique aventure”. Le coût est
à la mesure de l’innovation: 3 M euros apportés par le Conseil régional, 2,7 par l’ARH et 1,130 M euros par l’INCA.
de source (iridium), qui se déplace dans des
cathéters mis en place à l’intérieur ou au
contact de la tumeur, suivant des positions
et une longueur liées à la topographie tumorale et des temps déterminés et ajustés par
ordinateur, de façon à obtenir la distribution
de dose optimale. La mise à disposition de la
curiethérapie pulsée signifie pour les patients
concernés une amélioration importante de
leurs prise en charge médicale, mais aussi et
surtout, de leur qualité de vie.
Avec la chirurgie et la chimiothérapie, la
radiothérapie est le traitement le plus répandu des cancers, contribuant avec elle à la plupart des guérisons. Près de 150 000 malades
reçoivent un traitement par radiothérapie
chaque année en France.
Le principe veut que l’on frappe le tissu tumoral à l’aide de rayons dont l’énergie casse les
brins d’ADN des cellules visées. Contrairement
au tissu sain, les cellules cancéreuses ont un
potentiel de réparation moléculaire réduit, l’application quotidienne de rayons sur celles-ci
va donc les tuer. Toutefois, les cellules saines
sont sensibles à ces doses répétées, il est donc
décembre - janvier 2007
essentiel de ne viser que le tissu malade.
« La radiothérapie d’aujourd’hui se distingue
par l’individualisation et la précision du traitement. Les moyens informatiques d’imagerie médicale (scanner, IRM, tomographie par émission
de positons) permettent de définir avec précision
la structure et la localisation de la tumeur dans
l’organisme. Il est donc possible de définir le
meilleur angle d’incidence et la meilleure distribution d’énergie en respectant le maximum de
tissu sain », explique le professeur Eric Lartigau,
chef du département universitaire de radiothérapie, Centre Oscar Lambret, Lille.
Cette approche extrêmement fine permet
par ailleurs de suivre la tumeur dans ses
déplacements. En avril 2007, le Centre Oscar
Lambret se portera acquéreur d’un des trois
robots autonomes de France (cyberknife(R))
capable de suivre la tumeur dans ses déplacements organiques, limitant ainsi l’asservissement du patient. Ce robot est commandé par un système expert qui intègre les
caractéristiques de la cible et la dynamique
physiologique du patient sous contrôle du
radiothérapeute.
www.santenpdc.org
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