On peut aussi, pour fournir des supports à la réflexion, partir d’images de publics dans divers lieux (on
n’est pas public à un match de foot, un concert de rock ou une représentation théâtrale de la même
façon). Qu’est-ce qui est attendu alors ? Quelle type de participation est requise, acceptée,
provoquée ? On peut faire remarquer aux élèves qu’ils font aussi en tant que public, évoluer les
comportements : siffler par exemple à la fin d’un spectacle comme à la fin d’un concert de rock est
aujourd’hui, pour eux, monnaie courante pour traduire leur enthousiasme alors que longtemps les
sifflements ont été la marque de la réprobation. En revanche lancer des pommes pourries sur les
artistes pour leur signifier sa réprobation est une coutume qui a disparu, heureusement sans doute.
Pendant des siècles les spectateurs ont pu parler, entrer et sortir pendant les représentations sans
pour cela que les acteurs ne le ressentent comme un affront ou une marque de rejet. Aujourd’hui, sauf
si le metteur en scène vous le permet expressément comme cela est le cas dans certains spectacles
qui tiennent de la performance, bavarder, entrer et sortir de la salle ne sont guère permis !
* Vous trouverez en annexe 2 des propositions d’activités à proposer à vos élèves.
ON APPREND À ỆTRE SPECTATEUR EN JOUANT À... LES PISTES DU JEU
1 - Les gardiens du théâtre
À partir des différents écrits proposés, on peut oraliser les définitions à la manière de gardiens du théâtre
qui viendront sur scène donner des consignes aux spectateurs. Chaque gardien qui vient donner sa
définition au public, propose une entrée, une adresse au public et une sortie. Pour cela on peut utiliser
une porte, un portant recouvert d’un rideau symbolisant celui de fond de scène, ou encore simplement
dessiner un carré au sol, l’espace de jeu et de prise de parole. On insiste sur le fait de garder son
personnage tant que l’on est dans l’espace de jeu et de prise parole, en gommant tout geste parasite. Si
la sortie de scène est difficile pour les élèves, on peut terminer la scène par un arrêt sur image.
Cette mise en jeu peut être émaillée de consignes de diction (voix soufflée / voix nasillarde / voix grave /
aigüe / forte / chuchotée / très articulée) et/ou corporelles (corps tout mou / nuque raide / ventre en avant
/ pieds en dedans / marche rebondissante...)*. L’important est que chaque acteur garde bien son
personnage et vive cette confrontation à pour mesurer l’impact de l’adresse, l’importance de l’écoute,
l’exigence de ne pas sortir du jeu.
Cet exercice peut également s’effectuer en déambulation avec l’ensemble du groupe : se croiser, se
regarder, échanger ses répliques par 2, à plusieurs. On joue avec l’espace mais aussi avec l’autre, les
autres... On fait varier les tonalités, les amplitudes sonores, les rythmes de parole. Il s’agit alors en
groupe, d’apprendre à s’écouter et à se répartir la parole !
À l’occasion de ces exercices on éprouve tour à tour les deux rôles, spectateur ou acteur, soit en
adoptant une disposition frontale qui sépare bien les deux espaces (celui du public, celui du jeu ) et fait
exister ou non le 4e mur ; soit on laisse l’espace ouvert, non délimité, et on est tour à tour acteur agissant
ou spectateur des autres comme lors d’une performance ; on choisit alors sa place et son regard.
De plus en plus...
Puis, en gardant la même définition, les acteurs tirent au sort une humeur ou un sentiment qu’ils vont
devoir interpréter. Peu à peu la construction corporelle et l’émotion vont se construire et on y parvient en
demandant une prise parole répétitive en trois fois, en crescendo. Ex : « un peu en colère », « en
colère », « très en colère » ! De plus en plus honteux, arrogant, nerveux... Cet exercice permet
d’accentuer les sentiments et d’entraîner les apprentis-comédiens. Au cours de ce jeu d’oralisation en
adresse directe ils mesurent aussi l’impact de l’écoute, du soutien du groupe, toutes attitudes qui les
aident à surmonter leur trac et à s’améliorer. Ils apprennent ainsi qu’une prestation est d’autant plus
réussie que le public est « bon ».
* On trouvera en annexe 3 des idées d’activité pour l’oralisation.