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chargé de la Politique de la Ville (ACSÉ), DEMOS a proposé pendant deux ans à 450 enfants
âgés de 7 à 12 ans d’apprendre à jouer d’un instrument de l’orchestre symphonique en vue d’une
réalisation musicale collective. Avec le concours pédagogique de la Cité de la musique, DEMOS
a mobilisé des musiciens professionnels de l’Orchestre de Paris et de l’Orchestre Symphonique
Divertimento, mais aussi des professeurs de conservatoires, des musiciens intervenants, des
animateurs et des éducateurs sociaux.
Cette action visait pour l’essentiel des territoires «politique de la Ville» . Ces territoires sont
définis comme tels par le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports qui attribue par
décret le statut de quartiers prioritaires de la politique de la ville à des territoire urbains dits
sensibles. Relativement au projet DEMOS, ce statut signifie que le rayon d’action de DEMOS
concerne prioritairement des territoires dans lesquels les conditions d’accès à la musique
classique n’existent pas à priori. Le principe d’intervention reposait sur un apprentissage intensif
et encadré de la pratique orchestrale, et une restitution sous la forme de concerts, chaque enfant
de l’Orchestre des Jeunes Demos disposant de son propre instrument.
Ce mode d’intervention est communément partagé dès lors qu’il s’inscrit dans le cadre des
actions de sensibilisation au monde de l’orchestre menées en France sous l’égide du ministère de
la Culture et de la Communication, du ministère de l’Éducation nationale ou des collectivités
territoriales (l’association Orchestre à l’Ecole…). Cependant, l’action de DEMOS s’est aussi
construite en référence à des initiatives engagées ailleurs, certaines de longue date et qui servent
ici de modèle, voire de parangon–El Sistema (Venezuela, 1975), Gouri (Etat de São Paulo, Brésil,
1995), Big Noise (Écosse, 2008), New Brunswick Youth Orchestra (Canada, 2008), Orchkids (Baltimore),
Batuta (Colombie) – à quoi viennent s’ajouter les politiques d’intervention des orchestres de rang
international comme le London Symphony Orchestra (LSO Discovery, qui concerne 30000personnes
par an: écoles, centres sociaux, hôpitaux, maisons de retraite)... L’action de Démos s’est donc
engagée à un double niveau, au niveau territorial au prix d’un ajustement aux politiques
culturelles françaises à l’œuvre dans ce domaine; au niveau international, par une pratique de
l’échange et de la rencontre avec les porteurs de projets semblables de par le monde, qui ont
en commun de faire de l’Orchestre symphonique l’instrument d’une insertion culturelle, et le
catalyseur d’un bonheur partagé. A Paris, le concert de fin d’année à la salle Pleyel devint le
symbole de cette réussite.
L’expérience fut jugée concluante, l’initiative reconduite, le cadre de coopération renouvelé.
En 2010, le Conseil de la création artistique avait donné l’impulsion, cette fois un nouveau
montage institutionnel fut imaginé, de nouveaux partenaires furent mobilisés, un accroissement
de la part de mécénat permit un élargissement du nombre d’instances associées à la dynamique
de ce projet. DEMOS avait désormais acquis une place centrale dans le dispositif de l’action
éducative par la musique. La diversité des formes d’adhésion à cette modalité de l’action
publique donna une nouvelle impulsion au projet. Chacun en était convaincu, l’enjeu sociétal
de DEMOS est crucial: d’une part, grâce à la pédagogie collective construite sur le principe
d’une participation à l’orchestre symphonique, DEMOS porte les valeurs d’engagement dans
l’action collective; d’autre part, en associant chacun, de façon indiérenciée, à ce projet collectif,
DEMOS œuvre à la construction d’un destin partagé.
Chacun abandonne alors le registre métaphorique. Il n’est plus question de déclarations
d’intention ou de principes généraux sur les bienfaits hypothétiques de cette musique que
l’on nomme, faute de mieux, « savante occidentale» sur les sociétés contemporaines. Non,
il s’agit de tout autre. Ici, la construction d’un avenir en commun se fait dans les interactions
routinières qui nourrissent le quotidien des moments partagés à mesure des enseignements, des
échanges, des répétitions, dans cette transmission de savoir-faire et l’accession à cette «école de