Histoire et évolution de la médecine générale en France : focus sur

Histoire et évolution
de la médecine générale
en France : focus sur le
XX
e
siècle
« Il faut savoir doù lon vient pour savoir où lon va »
1
Des fondements de la médecine générale
aux portes du XX
e
siècle :
survol de lévolution de la discipline
Les premières traces de médecine remontent à la nuit des temps [1].En
effet, des trépanations crâniennes étaient pratiquées à lépoque préhistor-
ique dans le simple but de soulager le malade [2]. Pour commencer à parler
de médecine au sens propre du terme, il faut avancer dans le temps et faire
une halte dans lAntiquité.
En Mésopotamie pour commencer, dans ce « berceau de la civilisation » [3]
où le premier système décriture a été inventé : dans le célèbre Code
juridique de Hammurabi (qui date denviron 3300 av. J-C.) gurent pour la
première fois neuf paragraphes consacrés à lactivité médicale. Les médecins
étaient alors appelés les « azus »[3].
Continuons notre survol en Égypte pour saluer nos lointains confrères, les
«sounou » (« médecin » en égyptien). Grâce à lembaumement, les
médecins ont pu développer leurs connaissances anatomiques et certains
ont laissé à la postérité de nombreux papyrus médicaux [3, 4] qui font,
encore de nos jours, ladmiration de la communauté scientique.
Revenons maintenant en Europe pour visiter la Grèce... Cest au V
e
siècle
avant J-C. que lécole de Cos fut fondée par Hippocrate [3], abandonnant
ainsi les pratiques mythologiques ainsi que celles des philosophes-savants.
Basant sa pratique sur une approche holistique du patient, Hippocrate
sopposait à Euryphon et son école de Cnide pour qui le diagnostic était
forgé sur lorgane qui souffre. Ainsi, sans le savoir, Hippocrate inventa les
principes de la médecine générale. Il exposa sa nouvelle vision de la
médecine dans son Corpus Hippocraticum et basa sa pratique sur la fameuse,
mais non moins fausse, théorie des humeurs. Que cela soit dit : Hippocrate
sera le nouveau « Père de la Médecine » ! ... et cest à lui, aujourdhui
encore, que les nouveaux diplômés rendent hommage en prêtant serment le
jour de leur thèse.
Après la conquête la Grèce, de nombreux médecins de lécole dAlexandrie
arrivèrent à Rome [3] et une multitude de courants de pensée saffrontèrent
jusquàlavènement de Claude Galien au II
e
siècle. Considéré comme le
fondateur de la physiologie expérimentale, et reprenant les principes de la
théorie dHippocrate, il inventa le concept de médecine galénique.
Quittons maintenant lAntiquité et plongeons-nous dans le Moyen-Âge,
divisé en deux périodes : la période monastique et la période scolastique [3].
Histoire de la médecine
1
Fernand Braudel, dans la préface de lHistoire de lAfrique noire par Joseph Ki Zerbo, Hatier,
1972.
VIE PROFESSIONNELLE
ÉDECINE
MÉDECINE Février 2016 91
Ornella Salvatore
M
edecin G
en
eraliste, Titulaire du diplôme
universitaire dhistoire de la m
edecine
(Universit
e Paris V Descartes). Thèse
dhistoire de la m
edecine portant sur
lhistoire et l
evolution de la m
edecine
g
en
erale en France à partir du XIX
e
siècle
Tir
es à part : O. Salvatore
Résumé
Discipline en plein essor, la médecine
générale est de nos jours une spécialité
à part entière qui a su prendre, au l
des siècles, une place capitale dans la
prise en charge du patient. Au-delà des
simples modications de son ensei-
gnement, elle est devenue une spé-
cialité à part entière et une discipline
davenir tournée également vers la
recherche.
Au gré des grands bouleversements
politiques et scientiques des XIX
e
et
XX
e
siècles, la médecine générale est
passée des mains des ofciers de santé
peu qualiés du début du XIX
e
à celles
des médecins « omnipraticiens » for-
més à partir dun cursus universitaire
similaire à celui des étudiants en
spécialités médicales. Son rôle :
prendre en charge le patient
dans sa globalité.
Mots clés
médecine générale.
Abstract. History and development
of general practice in France:
focus on the twentieth century
General practice, a booming discipline,
nowadays is a specialty in its own that
has taken over the centuries, a crucial
role in the patient's care. Beyond
simple changes in teaching, it has
become a specialty in its own, and a
promising discipline oriented towards
research.
Following the great political and
scientic upheavals of the nineteenth
and twentieth centuries, general
practice was transferred from unskilled
health ofcers in the early 19th century
to those doctors or GPsformed from
the same university course as for
students in medical specialties. Their
role: to treat the patient as a whole.
Key words
general practice.
DOI: 10.1684/med.2016.21
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La période monastique fut une période dobscurantisme
médical dominée par lÉglise, la plupart des médecins
étant des clercs. La seconde période débuta au XI
e
siècle
et fut marquée par lécole de Salerne. Suite à une série de
conciles, lÉglise se désengagea alors progressivement de
la médecine et les pratiques « empiriques » prirent le pas
sur les pratiques religieuses. La Faculté de Montpellier vit
le jour et la médecine fut érigée au rang de science à part
entière.
La Renaissance, avec la mise au point de limprimerie,
contribua à la diffusion des savoirs scientiques de
lépoque.
Vint le XVII
e
siècle, qui est à considérer comme le Siècle
dOr des sciences avec le développement des sciences
fondamentales, mais où règne encore la théorie des
Humeurs doù découlent les principes thérapeutiques
nis par Galien, centrés sur la saignée.
Le XVIII
e
siècle, enn, fut marqué par une audace
thérapeutique, linvention de la vaccination, réalisée
par Edward Jenner en 1796, et des avancées techniques
commecelledelapercussionmiseaupointpar
Auenbrugger ou encore le stéthoscope inventé par
Laennec.
Àlaube de la Révolution, la misère et la grande mortalité
infantile étaient encore bien courantes [5]. Les établis-
sements hospitaliers étaient dans un état catastrophique
et les charlatans sévissaient dans les rues. Il fut question
de fermer les hôpitaux et de favoriser les secours à
domicile. Félix Vicq dAzyr décida alors de réformer
lenseignement de la médecine [5] andéviter les
inégalités locales en matière de soins médicaux.
Il proposa une formation mixte, théorique et pratique,
et destina les meilleurs étudiants à une longue carrière
hospitalière. Les autres étudiants, eux, exerceraient dans
les campagnes. Cette réforme, jugée non conforme aux
idées révolutionnaires, ne verra pas le jour. En 1791, ce
sont la loi Allarde et la loi Le Chapelier qui furent
adoptées. Celles-ci supprimaient toute corporation
médicale et autorisaient lexercice médical à qui paiera
une patente à lÉtat [6, 7].
Nous arrivons maintenant au XIX
e
siècle, époque où la
médecine prota de lévolution des savoirs fondamen-
taux pour modier sa pratique et son enseignement. Il
était désormais question de « confrontation anatomo-
clinique » et de spécialisation [3].
Après la Révolution et ses lois chaotiques, lheure était à
la réorganisation de lenseignement de la médecine.
Il fallait faire face à la montée du charlatanisme et vite !
Cest en 1793 que le corps des ofciers de santé vit le
jour [8], justement dans le but de pallier le manque
de docteurs en médecine surtout dans les campagnes.
La loi du 19 ventôse an XI (10 mars 1803) créa une
médecine à deux vitesses avec dun côté les ofciers
de santé formés rapidement au sein décoles de santé,
et de lautre les docteurs en médecine [9]. Petit à petit,
les écarts de formation entre les deux corps samenui-
sèrent, jusquà la loi Chevandier du 30 novembre 1892
[5, 7] qui supprima lofciât de santé. La pratique de la
médecine était désormais rendue aux seules mains des
médecins.
La médecine au XX
e
siècle :
lavènement de la médecine
générale
Au début du XX
e
siècle, lespérance de vie sallongea de
plus de 30 ans grâce aux nombreuses découvertes
scientiques. Les spécialités médicales nétaient pas
encore codiées et chaque médecin était un médecin
« généraliste ».
Parcours dun étudiant en médecine
au début du XX
e
siècle
Les études médicales rencontrèrent un franc succès en ce
début de siècle. Il y avait 4 495 étudiants en médecine à
Paris en 1898 et environ 45 000 médecins en France en
1910 [10]. Pour que le lecteur se fasse une opinion : cela
revient à dire quun médecin consultait en moyenne un
patient tous les douze jours... ! Des mesures restrictives
(création de lexamen du PCN : physique, chimie, sciences
naturelles [10] ; deux années de service militaire obliga-
toires au lieu dune pour tout étudiant de 27 ans nayant
pas obtenu son doctorat) furent donc instaurées ande
réduire le nombre détudiants en médecine. Et cela
fonctionna puisque le nombre détudiants en médecine à
Paris en 1906 passa à 3 157.
Pour pouvoir « entrer » en Faculté de médecine, il fallait
être titulaire dun baccalauréat ès lettres ainsi que dun
baccalauréat ès sciences. Ce dernier sera remplacé par le
concours du PCN mentionné plus haut. La formation était
mixte avec une part pratique le matin en stage hospitalier
et laprès-midi lors des travaux « pratiques » ainsi quune
part théorique lors des cours magistraux. La réussite des
études requérait la validation dexamens probatoires
ainsi que la réalisation et la soutenance dune thèse.
La création des concours de linternat (en 1802) et de
lexternat avait pour but douvrir la voie hospitalière aux
étudiants qui le désiraient et qui en étaient capables.
Ils nétaient donc pas obligatoires.
Linstallation
De façon générale, les jeunes médecins sinstallèrent en
ville, à proximité de confrères débordés an de pouvoir
les suppléer à loccasion [10]. La démographie médicale
étant dense dans les grandes agglomérations, le niveau
de vie des médecins était assez faible. Ainsi, mis à part
ceux qui avaient la chance de reprendre la patientèle dun
médecin jeune retraité, il nétait pas rare que certains
médecins soient obligés de trouver un autre emploi an
de gagner leur vie.
Déjà à cette époque, lon encourageait les jeunes
diplômés à aller exercer leur art dans les campagnes,
véritables déserts médicaux laissés en proie aux charla-
tans et aux rebouteux. La grande majorité des médecins
souhaitait malgré tout rester en ville. La perspective de
sisoler dans une campagne peu facile daccès et loin des
92 MÉDECINE Février 2016
VIE PROFESSIONNELLE
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e
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rêves de gloire et de fortune nattirait pas les carabins qui,
pour la plupart provinciaux, avaient quitté le nid familial
depuis au moins six ans justement dans lespoir de passer
à la postérité ! Cela revenait à faire machine arrière...
Lieu dexercice déni, diplômes enregistrés sans frais
auprès de la préfecture : le médecin « généraliste »
navait plus quà se mettre au travail... Finalement, la
consultation médicale du début du XX
e
siècle ressemblait
assez à celle que nous connaissons. Un interrogatoire et
un examen physique. La différence résidait dans le fait
que le médecin effectuait (et analysait) lui-même ses
prélèvements. Quand il était sufsamment équipé, il
réalisait les clichés radiologiques. Précisons également
que le médecin réalisait entre dix et quinze visites à
domicile par jour : linvention du téléphone et du
vélocipède furent dune aide précieuse !
Place de la médecine dans les conits
mondiaux
Au cours de la première guerre mondiale, plus de 16 000
médecins français furent mobilisés sur le Front [11]. Cette
Grande Guerre a fait plus de 10 millions de morts parmi
les soldats, toutes nationalités confondues. En ce qui
concerne la France, lon dénombra plus de 5,5 millions de
blessés [12]. Les soldats devaient faire face à de nouvelles
façons de combattre et à de nouvelles armes, obligeant
ainsi les médecins à adapter leur pratique et à faire
évoluer leurs connaissances.
Si la médecine générale nexistait pas encore en tant
quentité à lépoque de la Grande Guerre, il ny avait pas
plus généraliste quun médecin exerçant dans lhorreur
des tranchées. Confronté aux pathologies chirurgicales,
infectieuses et même psychiatriques, le médecin devait
faire face à une multitude de cas cliniques pour lesquels il
constituait un premier recours. À lui de savoir reconnaître
les urgences, de les traiter et dorienter son patient.
Àlimage du médecin généraliste du XXI
e
siècle, le
médecin des tranchées était aussi amené à créer des
liens avec ses patients an, si possible, de constituer un
soutien psychologique. Malheureusement, accompagner
les patients dans la souffrance ou même dans la mort
relevait aussi des qualications du médecin qui, durant
cette période, était bien souvent démuni face à latroci
du conit.
La période de lentre-deux guerres marqua lapparition
de certaines spécialités telles que la pédiatrie ou encore la
phtisiologie (pneumologie) [13].
Cest le 7 octobre 1940 que le Conseil de lOrdre des
Médecins fut institué [14] mais il sagissait en fait
dorganiser une épuration de la profession médicale.
Le Conseil de lOrdre tel que nous le connaissons fut créé
le 24 septembre 1945 [13].Lordonnance du 4 octobre
1945 créa quant à elle la Sécurité Sociale [13].
La médecine dans la seconde moitié
du XX
e
siècle
Laccroissement rapide des connaissances nécessita la
création des spécialités médicales. Cest sous limpulsion
des médecins généralistes désireux de parfaire leurs
connaissances que les spécialités médicales virent le
jour.
Il fallut attendre larrêté du 6 octobre 1949 pour que les
spécialités médicales soient codiées et que les conditions
nécessaires à leur pratique soient xées ofciellement
[15]. Les certicats détudes spécialisés (CES) sont alors
créés [5]. Les enseignements des CES sont proposés après
le doctorat, donc après lannée préparatoire de PCB et les
sept ans détudes de médecine, et ce sont 2 000 étudiants
qui sont inscrits en 1956. À lorigine, il sagit simplement
pour les omnipraticiens de perfectionner leurs acquis
dans certains domaines. Néanmoins, peu de temps
sécoulera avant que la spécialisation devienne lobjectif
des jeunes médecins... reléguant la médecine générale
au grade de « non-spécialité ».
Le 30 décembre 1958, la « loi Debré » [5, 13, 16] met en
place les CHU ainsi que le statut des médecins hospitaliers.
Les pensées évoluent puisque la voie hospitalo-universi-
taire semble désormais nettement plus prestigieuse que
le secteur libéral.
Face au triomphe des « médecines dorganes » [17],
certains praticiens de médecine générale tentent de
mettre en place une résistance. Cest entre 1973 et 1975
que la Commission Fougère se prononce pour la
formation obligatoire de deux ans pour les futurs
généralistes. Lidée de supprimer linternat et de créer
un concours classant obligatoire pour tous a également
été évoquée mais aussitôt rejetée par les étudiants au
début des années 80...
Toujours dans le même esprit de promouvoir la médecine
générale, certaines UFR mettent en place des enseigne-
ments de médecine générale ainsi que des stages auprès
de praticiens libéraux (Bobigny, Tours, Nancy...).
Cependant, la médecine générale et les spécialités
médicales ne sont pas encore sur un pied dégalité et
linternat de médecine générale est baptisé « résidanat »
[18].
Les études de médecine
dans la seconde moitié du XX
e
siècle
Les évènements de mai 68 ont permis ladoption de
nouvelles réformes dans lenseignement et lorganisa-
tion des études médicales comme, par exemple,
lautonomisation des CHU ainsi que la suppression du
concours de lexternat. Ces réformes aboutissent à un
afux massif détudiants en médecine et, par consé-
quent, à la nécessité de réguler ce ux en instaurant le
numerus clausus en 1972 dès la ndelapremièreannée
[5, 17].
Lexternat est alors obligatoire pour tous [5] dès la nde
la troisième année détudes et lexterne est désormais
appelé « étudiant hospitalier ». Le premier et le deu-
xième cycles durent six ans au total et constituent un
tronc commun à tous les étudiants hospitaliers.
Pour entrer dans le troisième cycle, les étudiants doivent
avoir validé le deuxième cycle et obtenu le certicat de
synthèse clinique et thérapeutique (CSCT) [17].
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e
siècle
MÉDECINE Février 2016 93
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En 1982, le concours de linternat devient le seul moyen
daccéder aux spécialités en ouvrant la voie des DES
(Diplômes dÉtudes Spécialisées) : les CES sont alors
supprimés.
Jusquen 2004, les futurs médecins généralistes ne
passent pas le concours de linternat. Leur deuxième
cycle est suivi dune période de résidanat qui dure deux
ans et demi (trois ans pour les nouvelles promotions de
résidents à partir de 2001).
\Lorganisation du 3
e
cycle de médecine générale est
nie par le décret du 7 avril 1988, modié par le décret
du 16 mai 1997. Il comporte une formation théorique, une
formation pratique hospitalière et une formation pratique
extrahospitalière [17]. Les résidents effectuent cinq stages
rémunérés dun semestre : quatre stages hospitaliers, dont
un en CHU, et un stage en structures de soins primaires,
essentiellement auprès de praticiens généralistes.
Pour obtenir le diplôme dÉtat de docteur en médecine,
avec qualication en médecine générale, les étudiants
doivent avoir validé la formation théorique et la
formation pratique du résidanat, et soutenu une thèse.
La médecine générale
au XXI
e
siècle
Nouveautés dans lorganisation
des études médicales
Lannée 2004 marque la n du concours de linternat.
Il est remplacé par les Épreuves Classantes Nationales et
devient obligatoire pour tous les étudiants en médecine,
quelle que soit la spécialité choisie. Lancien résidanat
prend alors dénitivement le nom dinternat de méde-
cine générale [5].
Depuis la rentrée 2010, la première année du premier
cycle détudes médicales (PCEM1) devient la « première
année commune aux études de santé » (PACES). Les
futurs étudiants en médecine, odontologie, pharmacie et
les futures sages-femmes sont soumis au même concours
àlan de cette PACES. Chacun étant ensuite classé en
rang utile (ou non...) pour pouvoir poursuivre dans la
voie quil sest choisie.
Les premier et deuxième cycles des études médicales
gardent la même durée quàlan du siècle précédent.
La formation est toujours mixte : théorique à lUniversité
et pratique au sein des stages hospitaliers (CHU). Chaque
étudiant hospitalier doit effectuer quatre stages de trois
mois par an, consistant en cinq matinées par semaine,
laprès-midi étant réservé aux cours à lUniversité, aux
examens et à la préparation des ECN. Certains stages
comme la chirurgie, la médecine interne, les urgences ou
la réanimation, la pédiatrie et la gynécologie-obstétrique
sont obligatoires. Les étudiants hospitaliers effectuent
des gardes aux urgences et perçoivent une rémunération.
Àlan du deuxième cycle, les étudiants doivent obtenir
leur « certicat de synthèse clinique et thérapeutique »
(CSCT) qui correspond au module 11 des ECN.
Au total, pour pouvoir accéder au troisième cycle des
études médicales, létudiant doit avoir validé son
deuxième cycle, obtenu son CSCT et avoir été classé en
rang utile aux ECN an de pouvoir choisir sa spécialité
ainsi que la région dans laquelle il effectuera son internat.
Linternat dure ensuite de trois à cinq ans en fonction de
la spécialité choisie.
Linternat de médecine générale
en 2015
Il dure trois ans (donc six semestres) et comporte des
stages obligatoires : un stage en médecine adulte
polyvalente (souvent en médecine interne ou gériatrie),
un stage en pédiatrie ou un stage en gynécologie-
obstétrique, un stage aux urgences ainsi quun stage chez
un praticien de ville dit « stage de niveau 1 ».
Les autres stages sont libres et linterne peut, sil le
souhaite, réaliser un « stage autonome en soins primaires
ambulatoires supervisé » ou SASPAS.
Parmi tous les stages, linterne doit réaliser au moins un
stage en CHU.
Pour valider son troisième cycle, linterne doit avoir
réalisé et validé lensemble de ses stages, avoir rédigé ses
travaux universitaires (ces derniers devant être approuvés
par le tuteur de linterne), avoir suivi un nombre sufsant
dheures denseignement et, last but not least (comme le
disent nos amis anglo-saxons), avoir soutenu sa thèse de
doctorat.
Linterne peut, sil le souhaite, compléter sa formation
grâce à la validation de Diplômes dÉtudes Spécialisées
Complémentaires (DESC) ou bien de Diplômes Universi-
taires (DU), ou encore de Diplômes Inter-Universitaires
(DIU).
La médecine générale aux plans
mondial et national
La WONCA
Au début des années 70 se crée la « World Organization
of National Colleges and Academies of General Practice/
Family Medicine » [19] dont le but est « non seulement
dapporter une dénition précise à la profession de
médecin généraliste/médecin de famille, mais aussi et
surtout dassurer le leadership scientique et académique
et de représenter la discipline de médecine générale/
médecine de famille pour le continent. Son rôle principal
est de promouvoir et développer la discipline pour
obtenir et maintenir un haut niveau déducation, de
formation, de recherche et de pratique clinique au
bénéce individuel des patients et de la communauté »
[20]. Il existe une sous-section européenne ainsi quune
association denseignants de médecine générale appelée
EURACT [20] (European Academy of Teachers in General
Practice).
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e
siècle
94 MÉDECINE Février 2016
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Voici la dénition de la médecine générale selon la
WONCA [20] :
«Les médecins généralistes-médecins de famille sont des
médecins spécialistes formés aux principes de cette
discipline. Ils sont le médecin traitant de chaque patient,
chargés de dispenser des soins globaux et continus à tous
ceux qui le souhaitent indépendamment de leur âge, de
leur sexe et de leur maladie. Ils soignent les personnes
dans leur contexte familial, communautaire, culturel et
toujours dans le respect de leur autonomie. Ils acceptent
davoir également une responsabilité professionnelle de
santé publique envers leur communauté. Dans la
négociation des modalités de prise en charge avec leurs
patients, ils intègrent les dimensions physique, psycho-
logique, sociale, culturelle et existentielle, mettant à
prot la connaissance et la conance engendrées par des
contacts répétés. Leur activité professionnelle comprend
la promotion de la santé, la prévention des maladies et la
prestation de soins à visée curative et palliative. Ils
agissent personnellement ou font appel à dautres
professionnels selon les besoins et les ressources disponi-
bles dans la communauté, en facilitant si nécessaire
laccès des patients à ces services. Ils ont la responsabilité
dassurer le développement et le maintien de leurs
compétences professionnelles, de leur équilibre person-
nel et de leurs valeurs pour garantir lefcacité et la
sécurité des soins aux patients ».
Le médecin généraliste est donc le médecin de premier
recours. Il se dénit par des compétences dites « géné-
riques » classées en six catégories : les soins de première
ligne, les soins centrés sur la personne, le processus
décisionnel pour résoudre des problèmes, lapproche
globale, lorientation communautaire et ladoption dun
modèle holistique. Ces compétences résument les fonc-
tions du médecin généraliste qui prend en charge le
patient dans sa globalité.
La loi française
Peu à peu, le médecin généraliste se place au centre de la
prise en charge du patient et cela devient dautant plus
effectiflorsquelaloidu13 août2004estvotée[21, 22] :elle
prévoit la coordination des soins autour du médecin
traitant. En toute logique, lArrêté du 20 novembre 2004
a élaboré un formulaire de « déclaration de choix du
médecintraitant »,àremplirégalementpartouslesassurés
de 16 ans et plus. De même, la loi met en place la création
dun dossier médical personnel qui permet de suivre le
cheminement du malade dans son parcours de soins.
La recherche en médecine
générale
La médecine générale devient une discipline davenir.
Tout comme les spécialités médicales, elle se tourne vers
la recherche et lenseignement.
La recherche en médecine générale est en lien avec la
recherche en soins primaires [23]. Créée aussi pour
diminuer les écarts avec les spécialités médicales et
rendre attrayante la médecine générale, elle est à la fois
clinique et épidémiologique. Son domaine dapplication
est celui des patients pris en charge en médecine
générale. Parfois les équipes de recherche sont multi-
disciplinaires car elles peuvent mobiliser des chercheurs
en santé publique, en sciences sociales et humaines ainsi
quen économie.
La médecine générale de demain
Lannée 2015 est synonyme de changements pour les
médecins et surtout pour les médecins généralistes. La loi
de santé [24] proposée par Madame Marisol Touraine,
ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits
des femmes, veut moderniser le système de santé
français. Les trois grands axes de cette prise en charge
concernent : la prévention, la création de nouveaux
droits pour les patients, le placement des soins de
proximité au centre de la prise en charge du patient.
Ce projet de loi ambitieux fait polémique par certains de
ses aspects et entraîne, depuis son élaboration, mani-
festation sur manifestation. Au cœur des débats et des
désaccords : la généralisation du tiers-payant et laccrois-
sement de certaines fonctions du personnel paramédical.
C
onclusion
Parler de lhistoire de la médecine générale revient à
évoquer lhistoire dun paradoxe. Souvenez-vous : pré-
sente dès le début des temps et conforme aux préceptes
holistiques dHippocrate, la médecine générale a long-
temps été la seule forme dexercice. Ce nest que bien des
siècles plus tard et sous limpulsion des généralistes que se
sont créées les spécialités !
Le second paradoxe se situe dans le fait que la sous-
section de médecine générale au Conseil National des
Universités ne date que de décembre 2014 faisant delle la
spécialité médicale la plus jeune...
Le médecin généraliste est aujourdhui plus que jamais au
cœur de la prise en charge de ses patients et son avenir est
en passe de subir de profondes modications.
~Liens dintérêts : lauteur déclare navoir aucun lien
dintérêt en rapport avec larticle.
NDLR. Depuis une trentaine dannées, nombre de
généralistes, tant dans le cadre associatif que dans celui
de la formation continue ou de luniversité, simpli-
quent dans la défense et la promotion de la médecine
générale. Nous reviendrons très prochainement sur le
développement et larticulation des différentes moda-
lités et structures et le développement de la Filière
Universitaire de Médecine Générale (FUMG).
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