rêves de gloire et de fortune n’attirait pas les carabins qui,
pour la plupart provinciaux, avaient quitté le nid familial
depuis au moins six ans justement dans l’espoir de passer
à la postérité ! Cela revenait à faire machine arrière...
Lieu d’exercice défini, diplômes enregistrés sans frais
auprès de la préfecture : le médecin « généraliste »
n’avait plus qu’à se mettre au travail... Finalement, la
consultation médicale du début du XX
e
siècle ressemblait
assez à celle que nous connaissons. Un interrogatoire et
un examen physique. La différence résidait dans le fait
que le médecin effectuait (et analysait) lui-même ses
prélèvements. Quand il était suffisamment équipé, il
réalisait les clichés radiologiques. Précisons également
que le médecin réalisait entre dix et quinze visites à
domicile par jour : l’invention du téléphone et du
vélocipède furent d’une aide précieuse !
Place de la médecine dans les conflits
mondiaux
Au cours de la première guerre mondiale, plus de 16 000
médecins français furent mobilisés sur le Front [11]. Cette
Grande Guerre a fait plus de 10 millions de morts parmi
les soldats, toutes nationalités confondues. En ce qui
concerne la France, l’on dénombra plus de 5,5 millions de
blessés [12]. Les soldats devaient faire face à de nouvelles
façons de combattre et à de nouvelles armes, obligeant
ainsi les médecins à adapter leur pratique et à faire
évoluer leurs connaissances.
Si la médecine générale n’existait pas encore en tant
qu’entité à l’époque de la Grande Guerre, il n’y avait pas
plus généraliste qu’un médecin exerçant dans l’horreur
des tranchées. Confronté aux pathologies chirurgicales,
infectieuses et même psychiatriques, le médecin devait
faire face à une multitude de cas cliniques pour lesquels il
constituait un premier recours. À lui de savoir reconnaître
les urgences, de les traiter et d’orienter son patient.
Àl’image du médecin généraliste du XXI
e
siècle, le
médecin des tranchées était aussi amené à créer des
liens avec ses patients afin, si possible, de constituer un
soutien psychologique. Malheureusement, accompagner
les patients dans la souffrance ou même dans la mort
relevait aussi des qualifications du médecin qui, durant
cette période, était bien souvent démuni face à l’atrocité
du conflit.
La période de l’entre-deux guerres marqua l’apparition
de certaines spécialités telles que la pédiatrie ou encore la
phtisiologie (pneumologie) [13].
C’est le 7 octobre 1940 que le Conseil de l’Ordre des
Médecins fut institué [14] mais il s’agissait en fait
d’organiser une épuration de la profession médicale.
Le Conseil de l’Ordre tel que nous le connaissons fut créé
le 24 septembre 1945 [13].L’ordonnance du 4 octobre
1945 créa quant à elle la Sécurité Sociale [13].
La médecine dans la seconde moitié
du XX
e
siècle
L’accroissement rapide des connaissances nécessita la
création des spécialités médicales. C’est sous l’impulsion
des médecins généralistes désireux de parfaire leurs
connaissances que les spécialités médicales virent le
jour.
Il fallut attendre l’arrêté du 6 octobre 1949 pour que les
spécialités médicales soient codifiées et que les conditions
nécessaires à leur pratique soient fixées officiellement
[15]. Les certificats d’études spécialisés (CES) sont alors
créés [5]. Les enseignements des CES sont proposés après
le doctorat, donc après l’année préparatoire de PCB et les
sept ans d’études de médecine, et ce sont 2 000 étudiants
qui sont inscrits en 1956. À l’origine, il s’agit simplement
pour les omnipraticiens de perfectionner leurs acquis
dans certains domaines. Néanmoins, peu de temps
s’écoulera avant que la spécialisation devienne l’objectif
des jeunes médecins... reléguant la médecine générale
au grade de « non-spécialité ».
Le 30 décembre 1958, la « loi Debré » [5, 13, 16] met en
place les CHU ainsi que le statut des médecins hospitaliers.
Les pensées évoluent puisque la voie hospitalo-universi-
taire semble désormais nettement plus prestigieuse que
le secteur libéral.
Face au triomphe des « médecines d’organes » [17],
certains praticiens de médecine générale tentent de
mettre en place une résistance. C’est entre 1973 et 1975
que la Commission Fougère se prononce pour la
formation obligatoire de deux ans pour les futurs
généralistes. L’idée de supprimer l’internat et de créer
un concours classant obligatoire pour tous a également
été évoquée mais aussitôt rejetée par les étudiants au
début des années 80...
Toujours dans le même esprit de promouvoir la médecine
générale, certaines UFR mettent en place des enseigne-
ments de médecine générale ainsi que des stages auprès
de praticiens libéraux (Bobigny, Tours, Nancy...).
Cependant, la médecine générale et les spécialités
médicales ne sont pas encore sur un pied d’égalité et
l’internat de médecine générale est baptisé « résidanat »
[18].
Les études de médecine
dans la seconde moitié du XX
e
siècle
Les évènements de mai 68 ont permis l’adoption de
nouvelles réformes dans l’enseignement et l’organisa-
tion des études médicales comme, par exemple,
l’autonomisation des CHU ainsi que la suppression du
concours de l’externat. Ces réformes aboutissent à un
afflux massif d’étudiants en médecine et, par consé-
quent, à la nécessité de réguler ce flux en instaurant le
numerus clausus en 1972 dès la findelapremièreannée
[5, 17].
L’externat est alors obligatoire pour tous [5] dès la finde
la troisième année d’études et l’externe est désormais
appelé « étudiant hospitalier ». Le premier et le deu-
xième cycles durent six ans au total et constituent un
tronc commun à tous les étudiants hospitaliers.
Pour entrer dans le troisième cycle, les étudiants doivent
avoir validé le deuxième cycle et obtenu le certificat de
synthèse clinique et thérapeutique (CSCT) [17].
Histoire de la médecine |Histoire et évolution de la médecine générale en France : focus sur le XX
e
siècle
MÉDECINE Février 2016 93
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