Rendre compte de la financiarisation des organisations : la

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Rendre compte de la financiarisation
des organisations :
la perspective de la performativité
Jean-Pascal Gond
HEC Montréal
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La financiarisation des organisations
La perspective de la performativité
Un cadre d’analyse
Discussions et implications
1. La financiarisation des organisations
  La financiarisation de l’économie
  Une définition liminaire
  Une tendance lourde : les Etats-Unis comme cas extrême
  La financiarisation au-delà de la sphère économique
  La crise des sub-primes de 2008 a montré que le phénomène dépasse
la sphère des marchés – au moins aux US
  Transfert de logiques de fonctionnement propres aux marchés
financiers à tous les autres domaines de la finance
  Pénétration des logiques de fonctionnement propres aux marchés
financiers dans les organisations et la vie domestique
  Synthèse : ouvrage de G. Davis (2009)
  La financiarisation des organisations
  Modèle « shareholder value » (Fligstein, 1990)
  Comment la financiarisation altère les organisations ?
  Comment peut-on rendre compte de la financiarisation
organisationnelle?
2. La perspective de la performativité
  Comment les modèles (irréalistes) de finance ont-ils pu à ce point se
transformer en réalité sociale pour les américains ?
  Michel Callon (1998)  remise en question de la critique
« classique » de la théorie économique par les psychologues et les
sociologues focalisée sur l’irréalisme de ses hypothèses
  Conceptualisation originale des relations entre l’activité économique
et la théorie économique au prisme des STS et de la sociologie de la
traduction autour de trois idées et deux concepts
–  Notion de PERFORMATIVITE : la théorie économique construit, formate
et donne vie à son objet (l’activité économique) – l’économie (théorique)
est partie prenante de l’ingénierie des marchés économique
 Comment ? / Pourquoi ?
–  Par ce que les acteurs ne sont pas seulement encastrés dans des
réseaux sociaux (Granovetter, 1985) mais ils sont aussi encastrés
cognitivement dans des théories  thèse de l’ENCASTREMENT DE
L’ECONOMIE (REELLE) DANS L’ECONOMIE (THEORIQUE)
–  Parce que les dispositifs techniques permettent de doter les acteurs de
capacité de calcul  notion de CALCULABILITE
2. La perspective de la performativité
Impact très fort en sociologie économique :
  (Re)Développement des Social Studies of Finance  défense de la thèse
de Callon par Donald MacKenzie et Yuval Millo (2003) dans un article sur
l’histoire de la formule de Black and Scholes (AJS)
  Programme de recherche sur l’anthropologie des marchés  textes
rassemblés dans l’ouvrage de (1998) et une série d’ouvrages ultérieurs (ex.
MacKenzie 2006, MacKenzier et al. 2007)
  Perspective considérée aujourd’hui comme l’une des 3 approches du marché
en sociologie économique avec les théories culturelles et l’approche réseau
(cf. Fourcade 2007)
Mobilisation en management et théorie des organisations
  Construction de la décision rationnelle dans les organisations (Cabantous &
Gond, 2011; Cabantous, Gond & Johnson-Cramer, 2008, 2010)
  Mobilisation en management pour montrer l’influence (souvent néfaste) des
hypothèses de la théorie économique (ex. théorie de l’agence, TCT) sur les
pratiques de management (Ferraro, Pfeffer & Sutton, 2005; Ghoshal, 2005)
Grille d’analyse des processus de financiarisation des organisations
Ghoshal (2005, p. 76)
3. Un cadre d’analyse pour rendre de la
financiarisation des organisations
Théories (ex. théorie
de l’agence, modèles
financiers)
Ingénierie
de la
finance
Outils mobilisés
acteurs dans les
organisations
Pratiques
décisionnelles
cadrées sur les
modèles financiers
dans les
organisations
Marchandisation
Recours accru aux
marchés
Convention-nalisation de
la théorie
financière
Acteurs : managers,
financiers, praticiens
prenant des décisions
Adapté de Cabantous & Gond 2011 Org. Sc.
3. Un cadre d’analyse pour rendre de la
financiarisation des organisations
Pourquoi et comment la théorie financière influence-t-elle les
pratiques au sein des organisations ?
  Rôle de l’ingénierie  parce que la finance fournit des outils, des indicateurs
qui sont facilement mobilisables et utilisables dans les organisations pour
soutenir les pratiques de calcul (MacKenzie, Beunza et Millo…)
  Indicateurs de type Economic Value Added
  Influence progressives des approches financières en compta et contrôle
  Rôle de la conventionnalisation  parce que les acteurs sont « encastrés
cognitivement » dans des modèles mentaux qui font des actionnaires les
parties prenantes dominantes (Ferraro et al., 2005; Ghoshal, 2005)
  Modèle shareholder value et de l’agence dominant en stratégie, finance, RH
  Enseignement dans les Business Schools
  Idée que le but de l’organisation est de maximiser le profit pour l’actionnaire comme
convention dominante
  Rôle de la marchandisation  parce que les entreprises ont plus
qu'auparavant recours aux marchés financiers et que les acteurs qui les
conseils facilitent la diffusion des outils financiers et renforcent les conventions
  Rôle des consultants financiers
  Domination de la vision financière dans les pratiques de consulting en stratégie
4. Discussions et implications
  Ce cadre d’analyse permet de rendre compte (au
moins partiellement) des processus grâce auxquels
la financiarisation organisationnelle s’est
développée
  Deux types d’utilisations :
  Usage rétrospectif : comment en est-on arriver à cette situation
et à la domination de la théorie de l’agence comme
représentation de la firme ? Par quels processus les modèles
financiers se sont imposés (au niveau théorique, des outils, et
des conventions acceptées par les acteurs) ?
  Usage prospectif : comment concevoir les organisations pour
performer des théories alternatives (ex. théorie des parties
prenantes, RSE) ? Quels processus d’ingénierie permettent
d’équiper les acteurs souhaitant promouvoir la RSE ou le DD ?
Quel est le rôle des enseignants ?
  Notion de luttes de performation  dimension micro-politique de
ces processus
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