27 Cardio
&Sport
• n°15
Analyse d’article
Cardio
&Sport
• n°1627
La pratique intense et prolongée
d’un sport s’accompagne
d’adaptations cliniques, élec-
triques, morphologiques et fonction-
nelles du système cardiovasculaire,
d’importance variable, et réunies sous
le terme de cœur d’athlète. Le deve-
nir de ces adaptations à l’arrêt de l’en-
traînement est encore discuté. Il
dépend manifestement du type
d’adaptation et des susceptibilités
individuelles. Sur le plan morpholo-
gique, une régression de l’hypertro-
phie pariétale, plus nette que celle de
la dilatation cavitaire, est clas-
sique. Sur le plan électrique, une
normalisation de l’ECG est le plus
souvent observée. Le devenir des
arythmies, en particulier supraven-
triculaires, est plus débattu.
>Objectif de l’étude
Dans cette étude suisse, un groupe
d’anciens (1955-1975) cyclistes pro-
fessionnels masculins (AP ; n = 62 ;
66 ± 7 ans) a été comparé avec un
groupe contrôle (C ; n = 62 ; 66 ±
6 ans) n’ayant jamais pratiqué de
sport d’endurance.
L’objectif principal était de comparer
les différences électrocardiographiques,
●fréquence cardiaque moyenne
diurne < 50 bpm ;
●fréquence cardiaque moyenne noc-
turne < 40 bpm ;
●pause sinusale 2,5 secondes ;
●fibrillation ou flutter atrial, ou port
d’un stimulateur cardiaque.
Les tachycardies sont définies comme
une succession d’au moins 3 batte-
ments ectopiques à une fréquence
supérieure à 120 bpm. La fréquence
d’extrasystoles est la suivante :
●aucune < 1 h -1 ;
●rare > 1 et < 248 /24 h ;
●occasionnelle > 248 et < 1 439 / 24 h ;
●élevée > 1 440 / 24 h.
> Résultats
Clinique
En dehors d’une fréquence plus élevée
des vertiges chez les AP (n = 17 ; 27 %),
les deux groupes ne présentaient pas
de différence clinique significative. En
particulier, les facteurs de risque car-
diovasculaire (tabac plus fréquent chez
C) et les traitements à visée cardiovas-
culaire étaient similaires (73 % AP vs
76 % C) dans les deux populations.
Parmi les pathologies cardiovascu-
laires connues, les fibrillations et flut-
en particulier les arythmies et les signes
de dysfonction sinusale.
Les AP avaient arrêté le cyclisme de haut
niveau depuis 30 à 50 ans. La pratique
sportive contemporaine de l’étude, rap-
portée en équivalent énergétique heb-
domadaire, était un peu supérieure chez
les AP (4,6 ± 4,4 vs 3,3 ± 1,7 h ; p = 0,03)
sans différence, cependant, pour le
nombre de sujets pratiquants plus de 4
heures par semaine. La pratique du
cyclisme était plus importante chez les
AP et celle du jogging et de l’aviron chez
les C. La majorité (44 ; 71 %) des AP a
reconnu la prise de produits censés amé-
liorer la performance (stimulants de type
amphétamines ou assimilés (72 %) et
stéroïdes anabolisants (9 %), essentiel-
lement).
> Méthodologie
Tous les participants ont bénéficié
d’un ECG de repos, d’un Holter ryth-
mique de 24 heures (3 dérivations)
sur une période incluant leur acti-
vité physique habituelle, et d’un
échocardiogramme transthoracique
de repos.
Le diagnostic de maladie du sinus
était retenu en cas d’au moins l’un
des critères suivants :
Le cœur d’athlète
Que devient-il à l’arrêt
de l’entraînement ?
Baldesberger S, Bauersfeld U, Candinas R et al. Sinus node disease and
arrhythmias in the long-term follow-up of former professional cyclists.
Eur Heart J 2008 ; 29 : 71-8.
Le risque d’arythmie après l’arrêt de l’entraînement chez
les athlètes endurants reste controversé.
Pr François Carré (Hôpital Pontchaillou, Rennes) Comment faut-il surveiller le cœur des ath-
lètes à l’arrêt de l’entraînement?
DR
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