€pict•te 2
Biographie
€pict•te est probablement nŠ • HiŠrapolis (sud-ouest de la Phrygie). EmmenŠ • Rome, il passe son enfance comme
esclave au service de €paphrodite (un affranchi de l’empereur NŠron) dont la tradition fait un ma•tre cruel (il lui
aurait cassŠ la jambe, d'o‘ le surnom donnŠ d'Épictète le boiteux). Il aurait prŠvenu son ma•tre en disant Œ•la jambe
va casser•Ž sans plus de plainte, et une fois le malheur arrivŠ, aurait conclu par un Œ•je t'avais prŠvenu•Ž[1].
€pict•te rŠussit cependant • assister aux confŠrences du sto‹cien Musonius Rufus. Par la suite, il est lui aussi
affranchi dans des conditions qui restent indŠterminŠes, m’me si on suppose en gŠnŠral que c'est • la mort de son
ma•tre. Il se met alors • l'Štude de la philosophie et du sto‹cisme en particulier. Mais en 89 ou 94, il doit quitter Rome
• la suite d'un Šdit contre les philosophes, dictŠ par l'empereur Domitien qui s’accommode mal de l’influence du
sto‹cisme parmi les opposants • son rŠgime tyrannique[2].
€pict•te se retire • Nicopolis d'€pire o‘ il vit dans la pauvretŠ en compagnie d'une femme et d'un enfant qu'il a
adoptŠ. A Nicopolis, il ouvre une Šcole sto‹cienne qui conna•t un grand succ•s. Pendant plusieurs annŠes, il enseigne
sous la forme de discussions et de remises en question. Ses contemporains semblent avoir la plus grande estime pour
la qualitŠ de son enseignement. Selon Spartianus, il revient ensuite • Rome o‘ il devient familier de l'empereur
Hadrien, mais le fait est incertain[3]. Selon la Souda, il vit jusqu'au r•gne de Marc Aur•le, mais d'apr•s Aulu-Gelle,
€pict•te est dŠj• mort quand celui-ci arrive au pouvoir[4]. Il est conjecturŠ qu'il enseigna • Julius Rusticus[5], qui
devint plus tard l'enseignant de Marc Aur•le et l'introduisit • la philosophie sto‹cienne par l'intermŠdiaire d'€pict•te.
€pict•te n'a laissŠ aucun Šcrit, mais l'un de ses disciples, Arrien, a recueilli ses propos regroupŠs en deux ouvrages:
Les entretiens (“”•†–”—•„ [diatribai]) et Le manuel (Enchiridion) qui rŠsument sa doctrine sous la forme
d’aphorismes. Son hŠritage a ŠtŠ conservŠ • travers un unique manuscrit, datant du XIe ou XIIe si•cle, et conservŠ •
la biblioth•que d'Oxford.
Voici le dŠroulement des cours d'€pict•te, tel qu'€mile BrŠhier l'a reconstituŠ : Œ La sŠance commen˜ait par une
le˜on technique, faite par le ma•tre ou par un disciple : commentaire d'un texte de Chrysippe ou de ZŠnon ou encore
exercice de logique ; apr•s quoi, souvent • l'occasion d'une question posŠe par un auditeur, le ma•tre se laissait aller •
une improvisation, libŠrŠe de toute forme technique, dans un style souvent brillant et imagŠ, plein d'anecdotes, ayant
recours • l'indignation et • l'ironie.•Ž[6].
Doctrine
La philosophie d’€pict•te se veut pratique, comme un ensemble de r•gles permettant de mettre en application de
grandes valeurs morales. La droiture d’esprit qu’il prŠconise lui fait rejeter les effets de style des orateurs, les joutes
pseudo-logiques des sophistes et la recherche effrŠnŠe des honneurs. Si l'Štude de la logique est importante, c'est en
tant qu'elle est au service de la morale pratique. Il n'y a l• aucun rejet de la rŠflexion, puisque c'est elle qui fait que la
raison n'est pas une facultŠ comme les autres, et que l'homme, nŠ comme un animal, est destinŠ • devenir le
spectateur du cosmos et l'interpr•te des intentions de la Providence.
La question principale • laquelle tente de rŠpondre la philosophie d’€pict•te est de savoir comment il faut vivre sa
vie. Face • cette premi•re interrogation, tous les autres grands questionnements de la philosophie sont de peu
d’importance • ses yeux. ™ cette fin, €pict•te se pose tout d’abord la question de l’existence, ou non, d’une Œ•nature
des choses•Ž qui est invariable, inviolable et valable pour tous les hommes sans exception. Sa rŠponse est claire : la
Œ•nature des choses•Ž existe et il la formule, au dŠbut de son Manuel, en disant que, de toutes les choses du monde,
certaines sont en notre pouvoir exclusif tandis que d’autres ne le sont pas. Nos opinions, nos mouvements, nos dŠsirs,
nos inclinaisons, nos aversions — en un mot, toutes nos actions — appartiennent • la premi•re classe des choses et il
les appelle Œ•prohairŠtiques•Ž. Le corps, les biens, la rŠputation, les dignitŠs — en un mot, toutes les choses qui ne
sont pas du nombre de nos actions — appartiennent • la deuxi•me classe des choses et il les appelle
Œ•aprohairŠtiques•Ž. Qu’est-ce donc la prohairesis ? €pict•te nous montre que la prohairesis est la facultŠ qui nous
fait diffŠrents de tous les autres ’tres vivants. Elle est la facultŠ qui nous permet de dŠsirer ou d’avoir de l’aversion,