(Espagne) : le cas de El Castillo et Cueva Morin

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L’anthropologie 108 (2004) 367–393
http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/
Article original
Le débitage lamellaire dans le Moustérien final
de Cantabrie (Espagne) : le cas de El Castillo
et Cueva Morin
Bladelet production in the Final Mousterian
of Cantabrian (Spain): the case of El Castillo
and Cueva Morin
Jose Manuel Maíllo Fernández a, Victoria Cabrera-Valdès a,*,
Federico Bernaldo de Quirós b
a
Departamento de Prehistoria y Arqueología, Universidad Nacional de Educación a Distancia, UNED,
C/Senda del Rey 7, 28040 Madrid, Espagne
b
Area de Prehistoria, Universidad de León, Espagne
Disponible sur internet le 8 décembre 2004
Résumé
Nous présentons ici une série de données confirmant la présence de produits laminaire et lamellaire dans les niveaux moustériens de la grotte de El Castillo et Cueva Morin. Leur présence renforce
nos hypothèses sur la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur dans la région
cantabrique et appuie notre idée quant au rôle des néandertaliens dans les transformations culturelles
liées à l’origine de l’Aurignacien.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
We present here evidence for blade/bladelet production in Mousterian levels of Cueva del Castillo
and Cueva Morin. This presence reinforces our hypothesis of a cultural continuity between the Middle and Upper Palaeolithic in Cantabrian Spain. It also provides us with new data on the role of
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (V. Cabrera-Valdès).
0003-5521/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.anthro.2004.10.009
368
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Neanderthals in Early Upper Palaeolithic cultures and more specifically in the formation of the Aurignacian.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Paléolithique moyen ; Paléolithique supérieur ; Moustérien ; Schéma opératoire lamellaire ; El Castillo ; Cueva Morin ; Technologie lithique
Keywords: Middle Palaeolithic; Upper Palaeolithic; Mousterian; Bladelet production scheme; El Castillo; Cueva
Morin; Lithic technology
1. Introduction
Le débitage lamellaire est un des éléments traditionnellement lié au Paléolithique supérieur et aux premières étapes de l’Aurignacien. Bien que le débitage laminaire soit déjà
connu aux moments anciens du Paléolithique moyen (EOI 8-6) en Angleterre, en France et
en Belgique (Revillion, 1994) sa présence est considérée comme une caractéristique du
Paléolithique supérieur. Cependant les nouvelles découvertes et leur présence de plus en
plus communes dans des sites moustériens remettent en question cette conception, de sorte
que ce serait la présence des chaînes opératoires de lamelles qui deviendrait le facteur
discriminant entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur, et, ainsi, un indicateur des humains modernes (Bar Yosef et Kuhn, 1999).
Dans ce travail nous présentons des résultats préliminaires sur la présence de chaînes
opératoires de production de lamelles dans deux sites cantabriques soient la grotte de « El
Castillo » et celle de « Morin » toutes les deux du Moustérien, à proximité des vallées
centrales de la Cantabria (Fig. 1).
2. El Castillo
Les nouvelles fouilles de la Grotte de El Castillo (Fig. 2) apportent un important corpus
de données qui nous permet d’établir l’existence d’une continuité claire entre les niveaux
moustériens et ceux qui correspondent au Paléolithique supérieur. Ces données nous ont
permis de considérer comment la transition est plutôt un problème quantitatif que qualitatif
(Bernaldo de Quirós et Cabrera Valdès, 1990). L’étude technologique des niveaux 18b et
18c a également apporté la confirmation de l’existence, dans ces niveaux de l’Aurignacien
de Transition, de schémas opératoires de type récurrent centripète et ses variantes, associés
à la présence de schémas lamellaires caractéristiques (Cabrera Valdés et al., 1996a,2000a).
La séquence de la grotte de El Castillo représente l’une des plus vastes connues dans la
Péninsule Ibérique, ayant une succession complète d’occupations paléolithiques, qui se
subdivisent en 26 couches, où des niveaux stériles alternent avec ceux d’occupation humaine,
arrivant à atteindre une puissance estimée, selon H. Obermaier, à 1–20 m dans les fouilles
de l’IPH de 1910–1914. D’une façon résumée, et après la révision réalisée par l’un d’entre
nous (Cabrera Valdès, 1984), nous trouvons représentés, au début, les niveaux culturels
suivants : deux niveaux Paléolithique moyen Ancien, un niveau Acheuléen supérieur, deux
niveaux Moustériens, deux niveaux Aurignaciens, deux du Périgordien supérieur, un du
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Fig. 1. Situation des sites de Cueva de « El Castillo » et Cueva Morín.
Fig. 1. Situation of the sites of Cueva de “El Castillo” and Cueva Morín.
Solutréen moyen, trois de différentes étapes du Magdalénien et finalement un niveau Azilien (Fig. 3). Il est aussi intéressant de faire remarquer quelques aspects de ces fouilles
anciennes. Même si elles n’avaient pas une méthodologie comme celle qui est employée
aujourd’hui, elles ont été réalisées avec une vision géologique et avec une surveillance
horizontale des différentes couches comme on peut l’observer dans la documentation photographique, dans les dessins et dans les schémas réalisés pendant ces travaux, abordant
chaque couche anthropique comme une unité culturelle (Cabrera Valdès, 1984). La stratigraphie de El Castillo était très nette et les couches culturelles, en couleur noire, se distinguaient clairement des niveaux stériles rougeâtres, avec lesquels elles formaient une séquence
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 2. Plan du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 2. Plan of the site of Cueva de “El Castillo”.
alterne, quoique l’on puisse distinguer, aujourd’hui, entre eux, différentes occupations dans
chaque niveau archéologique (Fig. 4).
Dans les fouilles actuelles, nous avons respecté la numérotation des niveaux donnés par
Obermaier (Obermaier, 1925 ; Cabrera Valdès, 1984) bien qu’on y ait distingué des sousniveaux archéologiques ou sédimentaires. Depuis 1980, les fouilles horizontales furent centrées sur la zone externe signalée dans une superficie de 40 m2 de laquelle ne restèrent que
24 m2 utiles pour les fouilles au début de l’unité 18, de même qu’un peu moins de 3 m2
dans la zone de la coupe longitudinale conditionnée par la morphologie de la grotte. Les
objectifs poursuivis consistaient à analyser les activités et les différentes occupations possibles à l’intérieur de l’unité 18, parce qu’il était possible de trouver, avec beaucoup de
chance, l’existence de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur, car
l’on avait constaté la présence de l’unité 18 (Aurignacien), nettement séparé par un autre
niveau stérile (19) de l’unité 20 (Moustérien) (Fig. 5).
Le gisement de El Castillo se situe dans la zone externe d’un vaste réseau de conduits
karstiques qui constituent la grotte ainsi appelée, correspondant avec une vaste salle coupée dans son extrémité par l’évolution du versant, ouvrant sur une grande cavité avec un
portique de section pseudo rhombique de 18-20 m de large et d’une hauteur visible actuelle
d’environ 20 m, laquelle fut pratiquement colmatée dans sa totalité par des sédiments avant
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Fig. 3. Stratigraphie du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 3. Stratigraphy of Cueva de “El Castillo”.
Fig. 4. État actuel du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 4. Actual view of Cueva de “El Castillo”.
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 5. « El Castillo ». Vue stratigraphique des unités 20, 19 et 18.
Fig. 5. “El Castillo”. Stratigraphy of units 20, 19 to 18.
la fouille de H. Obermaier. La communication avec les conduits intérieurs du karst se faisait à travers deux voies, l’une inférieure fossilisée par les dépôts de l’unité 20, et une autre
supérieure qui n’arriva pas à se fossiliser complètement dans les limites supérieures de la
séquence.
Nous avons une série ample de datations de ces niveaux de la grotte de El Castillo,
autant radiométriques que géologiques, dont il est intéressant de faire un commentaire. En
ce qui concerne les sous-niveaux de l’unité 18, un total de dix datations AMS C14 furent
réalisées dans trois laboratoires différents, Tucson (Cabrera Valdès et Bischoff, 1989),
Oxford, (Hedges et al., 1994) et Gif-sur-Yvette (Cabrera Valdès et al., 1996b), qui, pour
l’ensemble de l’unité 18, ne présente pas de discordances significatives malgré la provenance de trois laboratoires différents. De plus, nous avons des datations ESR qui confirment les dates du C14 (Rink et al., 1995, 1997). Les dates par niveaux sont :
• 18 B : 38 500 ± 1800 (AA-2406) ;
• 18 B : 37 000 ± 2200 (OxA 2473) ;
• 18 B : 37 100 ± 1800 (AA-2407) ;
• 18 B : 38 500 ± 1300 (OxA 2474) ;
• 18 B : 40 700 ± 1600 (OxA 2475) ;
• 18 C : 39 800 ± 1400 (OxA 2478) ;
• 18 C : 40 000 ± 2100 (AA-2405) ;
• 18 C : 40 700 ± 1500 (OxA 2476) ;
• 18 C : 41 100 ± 1700 (OxA 2477) ;
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• 18 C : 42 200 ± 2100 (GiFA 89147) ;
• 18 C : 40 000 ± 5000 (ESR).
Comme on peut observer, la base de l’unité 18 (18c) se situe autour des 40 000 BP,
tandis que le niveau supérieur (18b) est daté autour de 38 500 BP. La présence de ces dix
dates ne permet pas d’objecter quelque doute que ce soit en ce qui concerne la situation
chronologique du niveau.
Récemment Zilhão et d’Errico (1999, 2000, 2004) ont critiqué, en se fondant, supposonsnous, sur des critères taphonomiques, l’existence des niveaux aurignaciens au-dessus du
Châtelperronien. Leur critique est fondée en deux lignes d’explication sur l’existence des
dates anciennes : ou bien les gisements ont des problèmes stratigraphiques comme pour El
Castillo, Pendo ou le Geissenklösterle ou la présence isolée des pointes de Châtelperron,
comme à L’Arbreda ou Reclau Viver, leur permet de dénommer ces sites comme Châtelperroniens. Cette position est naïve, premièrement car le Châtelperronien représente plus
que la présence d’une ou deux pointes de Châtelperron, et l’idée de sa présence due à des
mélanges dans le niveau n’est soutenue que dans leur opinion, car ils n’ont pas visité les
sites ni étudié les matériaux mais utilisé des publications préliminaires, comme c’est le cas
pour El Castillo. En général, leurs opinions ne sont basées que sur leurs critères a priori de
la transition où les Néandertaliens ont créé le Châtelperronien mais pas l’Aurignacien.
Dans le cas de El Castillo, leur interprétation de la stratigraphie ne se fonde que sur une
idée a priori de la stratigraphie. L’existence d’un troisième niveau s’appuie uniquement sur
une certaine tergiversation de nos publications. Nous devons premièrement considérer que
notre interprétation des sous-niveaux est fondée sur les études géologiques de M. Hoyos
ainsi que de nos observations pendant la fouille, et dans tous les cas, nous possédons les
comparaisons avec la documentation et les carnets de fouille d’Obermaier et des photos de
ses fouilles (quelques-unes déjà publiées dans Cabrera Valdès, 1984). Toutes les données
ont été récoltées pendant les vingt années où nous avons travaillé sur le site. Nous devons
premièrement considérer que nos fouilles se déroulèrent autour de celle d’Obermaier, et
qu’il a fouillé la partie principale du site. Aussi, dans leur article, ils proposent que notre
niveau 18c doit être Moustérien, mais comme son caractère aurignacien a déjà été publié,
cela ne fait aucun doute (Cabrera Valdés et al., 1993, 1996a, 1997, 2000b).
Même en tenant compte du fait que la zone des fouilles horizontales actuelle est beaucoup plus restreinte, les résultats obtenus offrent des modèles semblables à ceux d’Obermaier. Dans les campagnes actuelles, l’unité 18 a été sous-divisée en trois niveaux (18a,
18b et 18c). Le niveau 18a est une couche stérile sur 18b. Dans l’aire extérieure, n’est
représentés que le 18b, et nous avons détecté une dense concentration d’os accompagnés
par une industrie lithique où le calcaire, travaillé d’une façon sommaire, ressort du point de
vue quantitatif, à côté de percuteurs en quartzite, et des pièces en quartzite en moindre
proportion et une présence minimum de silex. Dans cette zone-là, on détecta des fragments
dispersés de charbon. Également dans cette zone, la composition des types d’os présente
d’abondants restes crâniens, des mâchoires et des éléments du squelette axial, avec beaucoup des traces de boucherie (Pumarejo et Cabrera Valdés, 1992), ce qui nous permet de la
considérer comme une zone de traitement primaire des animaux, qui aurait été réalisé avec
des instruments tranchants de grande taille et de replacement facile (Cabrera Valdès et
Bernaldo de Quirós, 1984). Dans ce sens-là, le calcaire est la matière première idéale, car il
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se taille facilement et il est le seul qui permet d’obtenir des pièces d’une grande taille,
(puisque ni en silex ni en quartzite on n’obtient des nodules d’une grande taille).
Le niveau 18c se présente surtout dans la coupe longitudinale et montre une série de
concentrations de charbon abondantes mais sans limites précises. On y détecte des couches
très fines (< 1 cm.) de charbons, où apparaissent des éléments en pierre ou en os brûlés,
mais il n’y a pas d’évidences structurales qui nous permettent de les considérer en tant que
foyers ou aires de combustion, comme des altérations thermiques. L’interprétation nous
mène plutôt à croire qu’il s’agit des aires de rejet où les restes des foyers et des autres
matériaux se déposeraient par les nettoyages successifs des zones centrales. Ceci se confirme
aussi par sa situation marginale par rapport au vestibule de la caverne et à côté d’un grand
bloc, ainsi que par la présence anormalement élevée des restes de taille, par rapport aux
instruments présents. L’existence d’instruments de silex, de couleurs et textures semblables à ceux de ces restes de taille, dans les fonds de l’excavation d’Obermaier – qui eût lieu
dans la partie centrale de la caverne –, nous permet, de cette façon, de situer ces éléments
dans une chaîne d’activités qui occupe d’autres parties de la caverne. Ainsi, les instruments
seraient taillés à proximité des foyers, de telle façon que le nettoyage des foyers devrait
forcément entraîner non seulement les restes de charbon, mais aussi les restes de taille
tombés dans son intérieur, et qui seraient comme cela re-déposés dans cette zone de la
caverne.
L’étude des niveaux correspondants au niveau Moustérien a commencé en 1998 après
les fouilles du niveau stérile (19) qui le séparait des niveaux Aurignaciens (18b et 18c).
L’unité 20 est en correspondance avec le niveau Moustérien « Alfa » de Obermaier (Cabrera
Valdès, 1984) et a été divisée en six sous-niveaux. En général, ils maintiennent les tendances déjà observées durant les fouilles anciennes ; c’est ainsi que dans les niveaux supérieurs
20a et 20b des hachereaux apparaissent, à la technologie et au type identique à ceux des
premières fouilles, et comme eux fabriqués en quartzite et en ophite (Fig. 6). Dans le niveau
20c, une aire de combustion simple est apparue, qui présente à sa base des traces de rubéfaction et des altérations thermiques. La séquence termine avec les niveaux 20d et 20e qui
ont été modifiés thermiquement par le foyer du niveau supérieur, de telle sorte que certains
restes de faune sont quasiment impossibles à identifier, elle présente aussi des hachereaux.
Leur datation a été située, pour le moment à 43 300 ± 3800 BP (GiFA 92506, Cabrera
Valdés et al., 1996b).
Pendant la campagne de 2000 nous avons débuté les fouilles au niveau 21a, qui correspond à la première sous-division que nous avons réalisé au sein de l’unité 21, stérile selon
les fouilles de H. Obermaier (Cabrera Valdès, 1984). En principe, ce niveau présente une
grande complexité que nous espérons pouvoir résoudre lors de futures campagnes.
Les niveaux moustériens de la grotte de El Castillo sont fondamentalement caractérisés
par des schémas opératoires discoïdes, dont les produits s’emploient comme racloirs (Fig. 7)
et où se détache principalement la présence des hachereaux. Cependant, à cet ensemble,
nous devons ajouter les schémas lamellaires qui sont présentés dans ce travail (Cabrera
Valdès et al., 2001).
2.1. El Castillo : nature de l’ensemble
Face à la difficulté intrinsèque que suppose le fait d’identifier ces supports laminaires,
d’autres produits similaires produits par des schémas opératoires d’éclats comme il peut
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Fig. 6. « El Castillo ». Hachereaux de l’unité 20.
Fig. 6. “El Castillo”. Cleaver flakes from unit 20.
ressortir de la préparation de plans de percussion dans des nucléus discoïdes, Levallois, etc.
où nous trouvons des lames/lamelles « de fortune », nous avons voulu être très rigoureux et
inclure comme tels ces supports très caractéristiques de schémas laminaires, c’est-à-dire
ces pièces qui présentent des restes des enlèvements antérieurs parallèles (Inizan et al.,
1995). Pour cela, nous avons écarté les exemplaires qui, même s’ils pouvaient appartenir à
ces schémas opératoires n’offrent pas cependant de certitude suffisante.
Certains des niveaux étudiés ne présentent pas de nucléus, ce qui fait que nous possédons uniquement les supports extraits. Pour étudier la méthode de taille employée, nous
utiliserons le remontage mental, c’est-à-dire l’étude minutieuse des négatifs de la face dorsale où nous trouvons la séquence technique imprimée, séquence d’où provient la pièce
étudiée (Tixier, 1978 ; Pelegrin, 1995).
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Fig. 7. « El Castillo ». Racloirs du niveau 21.
Fig. 7. “El Castillo”. Side scrapers from level 21.
Les conclusions que nous pouvons extraire de cette étude sont provisoires. Tous les
niveaux inclus dans la séquence moustérienne se trouvent à l’étude ou sur le point d’être
mis à jour. Mais l’importance scientifique des résultats nous amène à les présenter de façon
préliminaire.
2.2. Niveau 21
2.2.1. Les nucléus
Nous disposons de deux nucléus de morphologie à tendance prismatique et de gestion
bipolaire (Fig. 8) en quartzite de grain fin. Les bipolaires sont de morphologie rectangulaire (Fig. 8(1, 2)). L’adéquation morphologique et métrique du support du nucléus permet
une mise en forme simple ; les plans de percussion sont confectionnés à partir de l’extrac-
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Fig. 8. « El Castillo ». Nucléus du niveau 21.
Fig. 8. “El Castillo”. Nucleus from level 21.
tion d’une tablette ou bien, il est possible de profiter de la surface naturelle si celle-ci est
adéquate. Il n’apparaît aucune évidence, sur ces mêmes plans, d’initiation d’exploitation à
partir de lames à crête, ce qui fait qu’il pourrait être de type entame. Le développement du
débitage apparaîtrait donné à partir de cette entame à lames semi-corticales. Ces lames sont
également caractéristiques du contrôle du cintrage de la table, étant, à la fois une pièce
prédéterminée (elle maintient les expectatives morphologiques et techniques désirées) et
prédéterminante (elle modifie le carénage de la table). L’abandon du débitage semble être
dû à la récurrence d’accidents de taille dans l’un des cas et à l’épuisement ou à des besoins
378
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 9. « El Castillo ». Lamelles du niveau 21.
Fig. 9. “El Castillo”. Bladelets from level 21.
économiques dans l’autre. Il y a aussi un nucléus a lamelles type grattoir caréné, sur éclat
avec une table d’exploitation étroite (Fig. 8(3)).
2.2.2. Les supports
La majorité des supports sont réalisés en quartzite de grain fin et correspondent à des
petites lames de section trapézoïdale ou triangulaire et possèdent un indice élevé de fracturation. Ils présentent des talons lisses ou punctiformes avec une préparation sur l’envers
au moyen d’une abrasion et/ou d’une retouche. Ils présentent un profil rectiligne et leur
morphologie est rectangulaire (Fig. 9).
2.3. Niveau 21 supérieur
Nous ne disposons que de supports laminaires pour ce niveau, aussi bien en quartzite de
grain fin qu’en silex. Ce sont des lamelles de production pleine de section triangulaire ou
trapézoïdale sans cortex. Elles présentent une préparation abondante de l’envers au moyen
de retouche et/ou d’abrasion. Dans les pièces où le talon est conservé, celui-ci est lisse ou
filiforme. Certaines d’entre elles sont le résultat de l’adéquation du cintrage de la table et
présentent une section triangulaire et des cortex sur l’un des latéraux (Fig. 10). Une des
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
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Fig. 10. « El Castillo ». Lamelles du niveau 21sup.
Fig. 10. “El Castillo”. Bladelets from level 21sup.
lamelles présente des retouches semi-abruptes sur le côté droit et qui à gauche présente une
retouche marginale directe. Cette pièce peut être considérée comme une lamelle « Dufour ».
2.4. Niveau 20e
Pour ce niveau, nous disposons uniquement de produits de débitage, certains d’entre eux
assez caractéristiques. Selon ceux-ci, le schéma opératoire peut être très similaire à celui
décrit dans des niveaux précédents. La plupart sont des fragments de lamelles de dimension réduite. Les plans de percussion, à juger par les talons, pourraient être plats ou corticaux et l’entretien des nucléus rares. Nous n’avons aucune constance, ni de tablettes ni de
flancs de nucléus. Au contraire, nous trouvons quelques fragments d’entame et de lames de
section triangulaire avec un cortex sur l’un des côtés et qui sont le résultat du ravivage du
cintrage de la table du nucléus. Les lamelles de production pleine présentent les mêmes
caractéristiques déjà commentées, où se détachent la préparation sur l’envers au moyen de
retouche et/ou d’abrasion, le profil rectiligne et la régularité des nervures (Fig. 11).
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 11. « El Castillo ». Lamelles du niveau 20e.
Fig. 11. “El Castillo”. Bladelets from level 20e.
2.5. Niveau 20c
Dans ce niveau, nous ne disposons que de quatre nucléus. Comme pour la totalité de la
série de El Castillo, tous sont réalisés sur du quartzite à grain fin et présentent une morphologie qui tend à être prismatique de gestion unipolaire (Fig. 12). Comme nous l’avons
commenté pour les précédents, ceux-ci montrent une adéquation morphologique en rap-
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
381
Fig. 12. « El Castillo ». Nucléus des niveaux 20c et 20ab.
Fig. 12. “El Castillo”. Nucleus from levels 20c and 20ab.
port avec le type d’exploitation à réaliser, ce qui permet une mise en forme simple. Les
plans de percussion sont confectionnés au moyen de l’extraction de grands éclats de pierre
ou bien, ils profitent aussi de la surface corticale du support. Le début de l’exploitation doit
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
être réalisé au moyen d’une entame, en se développant de la même façon que pour ceux
déjà décrits. Les dernières extractions correspondent à des lamelles ou à des éclats laminaires, bon nombre d’entre elles étant reflété et aussi des extrémités proximales de lamelle
avec les mêmes caractéristiques que celles décrites en haut (Fig. 12(6,7)).
2.6. Niveau 20a/b
Nous disposons seulement d’un nucléus (Fig. 12(5)). Il est réalisé en quartzite à grain fin
et présente une morphologie prismatique de gestion unipolaire. La mise en forme est semblable à celles déjà décrites : il n’y a pas de préparation du plan de percussion ni des flancs.
Pour la convexité distale, on profite d’un plan naturel. L’entretien du cintrage s’effectue à
partir de l’extraction de lamelles débordantes.
3. La Grotte Morin
Située à Villanueva de Villaescusa, la grotte Morin est également parfois mentionnée
sous le nom de Mazo Moril ou grotte del Rey. Elle est creusée dans une petite colline
formée de calcaire urgonien, dans le bassin de drainage du Solía, à soixante mètres au-dessus
du niveau de la mer et à six kilomètres de la ligne de côte actuelle. L’entrée de la grotte est
orientée au NO, la cavité se prolongeant ensuite en direction du SE pour prendre fin vers le
SO (Fig. 13). La hauteur du porche est de deux mètres (González Echegaray et Freeman,
1971).
La grotte fut découverte pour la Préhistoire par H. Obermaier et P. Wermet en 1910.
Deux ans plus tard, en 1912, J. Carballo (fondateur et directeur du Musée Régional de
Préhistoire et d’Archéologie des Cantabres) et P. Sierra réalisèrent un petit sondage resté
inédit. Seul O. Cendrero publia quelques vestiges extraits de l’aire de fouille laissée par les
premiers chercheurs (Cendrero, 1915). Entre 1917 et 1919, J. Carballo reprit les travaux
dans la grotte et réalisa la première véritable fouille du gisement. Au cours de ce travail, les
niveaux correspondants au Paléolithique supérieur ainsi que deux niveaux du Paléolithique
moyen furent mis en évidence (Carballo, 1923). En 1918, au terme d’une première campagne, J. Carballo invita le Comte de la Vega del Sella à fouiller le gisement. Ces nouvelles
recherches durèrent jusqu’en 1920 et furent très rapidement divulguées à la communauté
scientifique (Vega del Sella, 1921). En 1966, commença la dernière intervention archéologique dans la grotte, qui s’acheva en 1969. Elle fut réalisée par une équipe hispanoaméricaine dirigée par J. González Echegaray et L.G. Freeman (González Echegaray et
Freeman, 1971, 1973, 1978). Cette intervention apporta à la Préhistoire espagnole deux
aspects très importants. D’une part, l’application de méthodes de fouille modernes et, d’autre
part, la mise en évidence de la première séquence complète documentant la transition entre
le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur dans les Cantabres. Cette séquence
révéla la présence, pour la première fois dans cette région, d’un niveau Châtelperronien et,
par conséquent, apporta la solution au débat sur l’Aurignaco-Moustérien (González Echegaray, 1969).
La séquence stratigraphique mise en évidence lors de cette intervention est composée de
22 niveaux, (Fig. 14) dont les attributions culturelles sont les suivantes :
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 13. Plan du site de Cueva Morín.
Fig. 13. Plan of Cueva Morín.
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Fig. 14. Stratigraphie de Cueva Morín.
Fig. 14. Stratigraphy of Cueva Morín.
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Niveau 1 : Azilien.
Niveau 2 : Magdalénien.
Niveau 3 : Solutréen supérieur.
Niveaux 4 et 5b : Gravettien.
Niveau 5a : Aurignacien évolué.
Niveaux 6 et 7 : Aurignacien ancien.
Niveaux 8 et 9 : Aurignacien archaïque.
Niveau 10 : Châtelperronien.
Niveaux 11–17 : Moustérien.
Niveaux 18–21 : stériles.
Niveau 22 : Moustérien.
Les niveaux étudiés sont les 11 et 12 ; les deux niveaux sont formés par des sables avec
de la boue qui, à l’origine, étaient de couleur marron clair. L’apparition d’une partie d’un
foyer (détruit lors de fouilles précédentes dans le gisement) dans le niveau 11 modifie cette
situation en changeant le sédiment. Ainsi, le sommet du niveau 12 présente une couleur
plus claire due à la rubéfaction de celui-ci. La déposition de ceux-ci s’est produite dans des
conditions d’environnement uniformes de caractère mesuré (Butzer, 1971, 1973 ; Laville et
Hoyos Gómez, 1994). L’analyse pollinique révèle la présence d’un paysage de pins avec
une grande abondance de fougères et de graminées qui datent le niveau de l’interstade
Hengelo (Leroi-Gourhan, 1971).
L’échantillon correspond à une petite aire à l’intérieur de la grotte (cadres VA et VB)
dont la surface totale n’occupe pas plus d’1 m2. Cependant, ils se révélèrent très riches en
ce qui concerne le nombre de restes trouvés. Ces niveaux présentent une grande diversité
quant à la quantité de matières premières représentées, où se détache le silex, ainsi que
d’autres, comme le quartzite, l’ophite, le grès, etc. L’industrie réalisée en silex présente un
grand nombre de pièces avec des altérations de type thermique, ceci se trouve également
confirmé en partie par notre étude étant donné que dans le niveau 11, 62,3 % du silex
présente ce type d’altération, alors que dans le 12, seulement 9,1 %. Typologiquement, il
s’agirait d’un Moustérien à Denticulés (González Echegaray et Freeman, 1971, 1973). Le
débitage se situe par principe à l’intérieur de schémas de débitage discoïde, même si d’autres
méthodes, comme le Levallois pourraient être présentes dans une moindre proportion (variétés récurrentes).
Nous avons aussi de récentes datations sur le niveau 11 qui donnent la date de 39 770 ±
730 (GifA 96264), très proche de celles du niveau 18 de Castillo (Maíllo Fernández et al.,
2001).
3.1. Cueva Morin : nature de l’ensemble
L’ensemble de pièces assignables à ce type de schémas opératoires est très réduit, car il
ne devait pas être très important à l’échelle quantitative au sein du total de l’ensemble
lithique (Maíllo Fernández, 2001). C’est pour cela que nous préférerons présenter ensemble les deux niveaux.
3.1.1. Les nucléus
Nous disposons de quatre nucléus qui présentent des négatifs d’extractions de lamelleslames dans les deux niveaux (deux pour le niveau 11 et deux pour le niveau 12). La matière
386
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Fig. 15. Nucléus des niveaux moustériens de Cueva Morín.
Fig. 15. Nucleus from mousterian levels of Cueva Morín.
première se compose de silex, excepté un nucléus sur quartzite de grain fin. Morphologiquement, on peut les classer, grosso modo, comme des nucléus à tendance prismatique et
d’exploitation unipolaire. Ils sont confectionnés à partir de lames ou de galets de petite
taille (pas plus de cinq centimètres). La mise en forme est apparemment simple, sauf pour
l’un des nucléus où apparaît un négatif de direction transversale par rapport au sens de
l’exploitation et qui pourrait correspondre à la réalisation d’une lame à crête pour initier la
production ou à une néo-arête dans le but de corriger quelque accident dans le développement de l’exploitation (Fig. 15(1)).
Pour les plans de percussion, on profite de la surface corticale/naturelle du support ou
bien la face bulbaire de l’éclat-support. Nous n’avons aucune évidence de la phase de commencement de l’exploitation, mais comme nous l’avons commenté auparavant, celle-ci
peut correspondre à un type d’entame ou d’arête naturelle. Si nous tenons compte de ce
modèle, il devrait exister une adéquation morphologique du support avant le début de
l’exploitation. Les derniers négatifs de la séquence d’extraction reflètent une production de
J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
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lamelles dans deux des nucléus (Fig. 15(2, 3)), et cela serait très probable dans un autre
(Fig. 15(1)) et d’éclats-lamellaires dans le reste (Fig. 15(3)). L’exploitation serait convergente dans trois des nucléus et parallèle dans un autre.
Le développement du débitage commence à partir de l’un des côtés, en profitant de
l’intersection entre la table et le flanc afin de s’étendre sur toute la table. Ce développement
peut présenter deux modalités : a) d’un côté de la table vers un autre et b) réaliser une
extraction dans un flanc, réaliser une extraction dans l’autre flanc et, finalement, une extraction dans le centre de la table. L’abandon se trouve conditionné par les nombreux négatifs
d’accidents de taille observés qui, non seulement déforment les conditions morphotechniques du carénage et du cintrage de la table, mais changent également les vertus caractéristiques de ce type d’exploitation.
Le modèle de production lithique caractérisé ici doit être mis en relation avec le reste de
l’ensemble lithique de ces niveaux archéologiques. Cette production de lamelles doit être
regroupée dans un objectif plus large d’obtention de supports allongés, soit des lames, soit
des supports laminaires qui sont obtenues à partir d’autres méthodes comme peuvent l’être
les Levallois et dont la production de supports lamellaires à partir de nucléus à tendance
prismatique serait une modalité parallèle afin d’obtenir ces supports.
3.1.2. Les supports
Comme le reste du matériel présenté, les supports qui peuvent être attribués à ce type de
schémas sont rares. Nous ne pouvons compter que sur cinq pièces attribuables à ces schémas opératoires (Fig. 15(4–9)), toutes réalisées sur du silex, et sans cortex. Seules deux
d’entre elles présentent un talon (punctiforme et facetté). Toutes présentent des nervures
parallèles, une direction de négatifs antérieurs parallèles à l’axe de débitage (Inizan et al.,
1995). Deux des pièces ont été retouchées : l’une d’elles présente une retouche latérale
semi-abrupte (Fig. 15(5)) et l’autre un revers abrupt (Fig. 15(6)). Le mode de percussion ne
peut être discriminé que dans les supports qui offrent un talon. Dans ceux-ci, les caractéristiques correspondent à celles décrites pour la percussion directe avec un percuteur tendre
(Pelegrin, 2000). Cependant, nous devons exclure la percussion directe avec un percuteur
dur pour l’extraction de certains des supports et ce, après l’étude des négatifs des nucléus.
Nous devons constater la rare standarisation des nucléus de ce type d’exploitation ainsi
que la variabilité au sein de la tendance prismatique générale. Cependant, la disposition en
volume du nucléus à exploiter, de même que les modalités de préparation et d’exploitation
les font s’éloigner des conceptions du type Levallois ou discoïde et les font s’approcher de
certaines modalités de débitage laminaire que nous allons trouver dans l’Aurignacien archaïque (Maíllo Fernández, 2003).
4. Esquisse technologique
4.1. Matières premières
Le type de matières premières le plus employé par les groupes moustériens de El Castillo a été le quartzite (Cabrera Valdès, 1984 ; Bernaldo de Quirós et Cabrera Valdès, 1996).
Avec les nouvelles interventions sur le gisement, la différence entre cette roche et le reste
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
s’est accentuée encore plus, aussi bien dans la séquence moustérienne que dans la séquence
aurignacienne de Transition (Cabrera Valdès et al., 1996a). Ceci est provoqué par l’absence
de sélection de matériel qui caractérisait les fouilles du début du siècle.
Dans les niveaux étudiés, la majorité des pièces et la totalité des nucléus sont élaborés
sur du quartzite C.1 dans ses trois variantes possibles. Il s’agit de quartzite de grain très fin
et de bonne qualité pour le débitage. Le silex est la seconde variété la plus employée pour
le débitage des lamelles. La plupart se trouvent altérées à cause d’une perte de silice, bien
que celles qui ne le soient pas présentent un grain fin et homogène, pouvant être opaques. Il
est classé comme S1 (Cabrera Valdès et al., 1996a). Pour Cueva Morin, la matière première
est d’origine locale (moins de 10 km.) et le silex est le plus employé (Sarabia, 1999).
L’origine des matières premières est toujours à l’étude. Bien que le silex de l’ancienne
collection puisse se trouver à proximité du gisement vers le nord (Vargas, Puente Arce) ou
à l’ouest (Tarriba). Dans tous les cas, ils sont d’origine locale puisqu’ils se situent à moins
de 10 km du gisement. L’origine du quartzite peut se trouver dans les dépôts fluviaux du
Pas (nombre d’entre eux ont disparu) ou dans les restes de terrasses qui existent dans la
grotte voisine de La Flecha (Freeman et González Echegaray, 1968 ; Sarabia, 1999).
4.2. Mise en forme
Cette étape de préparation est très simple et peu standardisée. Pour la réalisation des
nucléus à tendance prismatique, on emploie ceux des nodules qui présentent un ajustement
morphométrique adéquat au type d’exploitation qui va être réalisé. La mise en forme est
simple, avec préparation d’un ou deux (si le nucléus est bipolaire) plans de frappe. Les
flancs du nucléus sont les angles mêmes de fracture du nodule ou la zone corticale de
celui-ci, même si dans certains cas, on réalise des arêtes latérales ou de base. Le début de
l’exploitation s’effectue au moyen d’entames, et il n’existe aucune évidence d’un autre
type d’extraction comme le sont les crêtes de nucléus.
4.3. Phase d’exploitation
Les supports obtenus sont des lames/lamelles bien caractérisées. Elles présentent des
nervures parallèles à l’axe technologique et les enlèvements précédents suivent la même
direction. Les talons sont lisses ou punctiformes et avec une préparation au moyen d’une
abrasion ou d’un polissage. Ceci, uni à un plan de percussion oblique dans le nucléus
provoque la saillie du talon, obtenant le même effet que la préparation en éperon.
À cause de la taille des nodules employés, il n’existe pratiquement pas de remise en
forme des nucléus, étant donné que le fait de réaliser un quelconque type de produit de
ravivage pour conditionner à nouveau le cintrage ou le carénage des nucléus annulerait la
morphométrie de celui-ci. Le ravivage du cintrage s’effectuerait au moyen de lames débordantes. Ce type de produit contrôle le cintrage, permettant ainsi l’enchaînement des différentes séries récurrentes au moyen d’une gestion en volume du nodule (Boëda, 1990) en
permettant un repos au re-conditionnement de la table dans la confluence de celle-ci avec
l’un des flancs. Cependant, le carénage du nucléus ne se contrôle pas avec ce procédé. De
fait, le carénage dans la méthode unipolaire ne se contrôle pas et dépend de la morphologie
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originale du nucléus. Quand le carénage n’est pas approprié, la gestion est abandonnée.
Dans la méthode prismatique bipolaire, le carénage est contrôlé au moyen des extractions
bipolaires. Cependant, il ne semble pas exister une hiérarchie d’un plan de percussion par
rapport à un autre et les deux pourraient être principaux.
Le profit et l’utilisation des lames et des lamelles obtenues nous sont inconnus dans le
cas de El Castillo, mais comme nous l’avons déjà cité, il y a des pièces retouchées dans
Cueva Morin.
4.4. Technique
Le mode de percussion, au sein de l’étude des techniques de débitage employées dans
un ensemble archéologique, est toujours un vaste problème difficile à résoudre. Pour pouvoir l’identifier, il est nécessaire de mettre en marche un vaste encadrement expérimental
de répliques des différents types de percussion pour leur analyse postérieure et une comparaison avec l’ensemble archéologique. Les études expérimentales préalables ont été réalisées sur silex (Pelegrin, 2000) et, en principe, leurs conclusions peuvent être extrapolées
aux ensembles de El Castillo et Cueva Morin en ce qui concerne le silex et avec quelques
précautions en ce qui concerne le quartzite qui est la matière première la plus abondante
dans l’ensemble étudié.
Nous trouvons deux modes de percussion dans les matériaux étudiés. Il s’agit de la
percussion directe avec un percuteur tendre pour les lamelles en silex et de la percussion
directe avec un percuteur dur pour les pièces confectionnées en quartzite. Ce second type,
bien que clair pour certaines pièces, ne l’est pas autant pour d’autres, ce qui fait que nous
devons continuer à le considérer comme hypothétique jusqu’à ce que nous ayons effectué
l’expérimentation pertinente.
5. Discussion
Associé à la conception habituelle en surface des schémas de débitage des ensembles
moustériens (Boëda, 1990), d’autres de conceptions en volume ont été constatés dans El
Castillo et Cueva Morin. L’objectif de cette nouvelle conception est, de façon majoritaire,
le débitage de lamelles. Cette conception du nodule n’est pas nouvelle (Revillion et Tuffreau, 1994a), mais elle n’avait pas été constatée dans les moments de la fin du Paléolithique moyen de l’Europe : France (Ameloot-van der Heijden, 1994 ; Slimak, 1999 ; Revillion
et Tuffreau, 1994a, 1994b, 1994c ; Revillion, 1994), Belgique (Revillion et Cliquet, 1994 ;
Otte, 1994 ; Otte et al., 1990), Allemagne (Bosinski, 1966 ; Conard, 1992), Pologne
(Kozłowski, 2001), Italie (Khun et Bietti, 2000).
La méthode de débitage laminaire tend à être prismatique, avec deux variantes : unipolaire et bipolaire. La mise en forme est simple sauf pour certains nucléus très caractéristiques. Un grand nombre de ces nucléus prismatiques unipolaires rappelle l’exploitation
type « grattoir caréné », comme ceux que nous pouvons trouver dans des niveaux Aurignaciens de Transition comme le 18c et le 18b de El Castillo ou l’Aurignacien archaïque de
Cueva Morin 8 (Maíllo Fernández, 2003).
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J.M. Maı́llo Fernández et al. / L’anthropologie 108 (2004) 367–393
Il existe deux points divergents entre l’ensemble laminaire de El Castillo et le reste
des ensembles de l’occident européen. D’une part, sa chronologie car les ensembles laminaires connus de l’Ouest de l’Europe sont situés dans le stade isotopique 8 et 4,
à la fin du Pléistocène moyen, alors que l’ensemble étudié ici présente une chronologie
qui se situe entre les 40 000 BP du niveau Aurignacien de Transition 18c de El Castillo
(Cabrera Valdès et al., 2000a) les 43 300 ± 3800 BP (GiFA 92506) du niveau 20b (Cabrera
Valdès et al., 1996b) et les 69 000 de la base du 21 (Rink et al., 1997). D’autre part, nous
devons voir aussi que le mode de percussion majoritairement employé dans ces ensembles est la percussion directe avec un percuteur dur et la percussion directe avec percuteur
tendre.
La présence des chaînes opératoires liées à la production de lamelles dans des niveaux
du Moustérien comme ceux de l’unité 20 de El Castillo et des niveaux 11 et 12 de Cueva
Morin, renforce nos hypothèses antérieures sur la transformation de ces industries vers un
Aurignacien Archaïque et représente la relation entre cette industrie et le Moustérien, par
un Aurignacien de transition comme celui de El Castillo. Elles remettent également en
question les hypothèses qui soutiennent la présence des chaînes opératoires de lamelles
comme la vraie « révolution du Paléolithique supérieur » et aussi de la présence des humains
modernes (Bar Yosef et Kuhn, 1999).
Comme cela a déjà été présenté (Cabrera Valdès et al., 2000a, 2001) l’Aurignacien de
Transition des niveaux 18b et 18c de la Grotte de El Castillo présente déjà des caractères
liés à cette industrie comme les grattoirs carénés et à museau, des burins – quelques-uns
multiples –, des lames aurignaciennes, etc. ainsi qu’une importante présence de racloirs,
d’une façon qui présente un caractère de mosaïque caractéristique des industries de transition. L’existence d’une pointe de sagaie dans ce niveau nous démontre déjà sa présence et
nous permet aussi de le relier à celles trouvées dans la fouille Obermaier. L’existence des
lamelles est un caractère à remarquer car même si elles ne sont pas normalisées dans le type
« Dufour » le caractère périphérique de notre fouille par rapport à celle de 1910–
1914 n’exclue pas son existence.
Les caractéristiques de ces niveaux les situent comme intermédiaires entre le Moustérien et l’Aurignacien classique. La présence de schémas opératoires de production de lamelles dans les niveaux 21, 20 de El Castillo et 11 et 12 de Morin structurent une séquence
dont l’extrême serait la production de produits caractéristiques de l’Aurignacien 0 ou Aurignacien Archaïque (Kozłowski et Otte, 2000) comme pour El Castillo 16 ou Cueva Morin
9 et 8, pendant que le reste de l’industrie offre des caractères en mosaïque propres aux
deux. Ainsi, à l’existence d’industrie de transition comme celle de Châtelperronien, Uluzzien, Bachkokirien, etc. nous devons ajouter l’Aurignacien de Transition de El Castillo 18b
et 18c. La réalité de ces niveaux oblige chaque fois davantage à exclure une origine extraeuropéenne de l’Aurignacien, qui, comme nous l’avons démontré, serait purement locale
(Bernaldo de Quirós et Cabrera Valdès, 1990 ; Cabrera Valdès et al., 2000a). Ainsi les
caractéristiques du niveau 16 de la grotte de El Castillo indiquent déjà un Aurignacien
Archaïque pleinement développé, avec d’authentiques lamelles Dufour, et donc, avec cela,
la séquence se complèterait. La présence de restes fossiles du type humain de Neandertal
dans le niveau 20 de la grotte de El Castillo (Garralda Vandermeersch et Maureille, 2000)
confirme également notre hypothèse de réalisation néandertalienne pour les industries de
transition – Aurignacien 0 inclus.
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Remerciements
Ce travail s’inscrit au sein du Project BHA2000-0200 de la DICYT, du GDR 1945 « Comportements symboliques et techniques des hommes du Pléistocène supérieur en Europe »
du CNRS, et du Project « Changements sociaux et des conditions paléo- environnementales dans le Pléistocène supérieur des Cantabres : Monte Castillo et son contexte » du
Plan de Promotion de la Recherche de la UNED (Université Nationale d’Enseignement à
Distance). Ainsi que des différents projets de recherche archéologique financés par la Consejería de Cultura del Gobierno de Cantabria. Nous désirons également remercier la collaboration de la Mairie de Puente Viesgo.
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