Article original
Le débitage lamellaire dans le Moustérien final
de Cantabrie (Espagne) : le cas de El Castillo
et Cueva Morin
Bladelet production in the Final Mousterian
of Cantabrian (Spain): the case of El Castillo
and Cueva Morin
Jose Manuel Maíllo Fernández
a
, Victoria Cabrera-Valdès
a,
*,
Federico Bernaldo de Quirós
b
a
Departamento de Prehistoria y Arqueología, Universidad Nacional de Educación a Distancia, UNED,
C/Senda del Rey 7, 28040 Madrid, Espagne
b
Area de Prehistoria, Universidad de León, Espagne
Disponible sur internet le 8 décembre 2004
Résumé
Nous présentons ici une série de données confirmant la présence de produits laminaire et lamel-
laire dans les niveaux moustériens de la grotte de El Castillo et Cueva Morin. Leur présence renforce
nos hypothèses sur la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur dans la région
cantabrique et appuie notre idée quant au rôle des néandertaliens dans les transformations culturelles
liées à l’origine de l’Aurignacien.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
We present here evidence for blade/bladelet production in Mousterian levels of Cueva del Castillo
and Cueva Morin. This presence reinforces our hypothesis of a cultural continuity between the Mid-
dle and Upper Palaeolithic in Cantabrian Spain. It also provides us with new data on the role of
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (V. Cabrera-Valdès).
L’anthropologie 108 (2004) 367–393
http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/
0003-5521/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.anthro.2004.10.009
Neanderthals in Early Upper Palaeolithic cultures and more specifically in the formation of the Auri-
gnacian.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Paléolithique moyen ; Paléolithique supérieur ; Moustérien ; Schéma opératoire lamellaire ; El Cas-
tillo ; Cueva Morin ; Technologie lithique
Keywords: Middle Palaeolithic; Upper Palaeolithic; Mousterian; Bladelet production scheme; El Castillo; Cueva
Morin; Lithic technology
1. Introduction
Le débitage lamellaire est un des éléments traditionnellement lié au Paléolithique supé-
rieur et aux premières étapes de l’Aurignacien. Bien que le débitage laminaire soit déjà
connu aux moments anciens du Paléolithique moyen (EOI 8-6) enAngleterre, en France et
en Belgique (Revillion, 1994) sa présence est considérée comme une caractéristique du
Paléolithique supérieur. Cependant les nouvelles découvertes et leur présence de plus en
plus communes dans des sites moustériens remettent en question cette conception, de sorte
que ce serait la présence des chaînes opératoires de lamelles qui deviendrait le facteur
discriminant entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur, et, ainsi, un indica-
teur des humains modernes (Bar Yosef et Kuhn, 1999).
Dans ce travail nous présentons des résultats préliminaires sur la présence de chaînes
opératoires de production de lamelles dans deux sites cantabriques soient la grotte de « El
Castillo » et celle de « Morin » toutes les deux du Moustérien, à proximité des vallées
centrales de la Cantabria (Fig. 1).
2. El Castillo
Les nouvelles fouilles de la Grotte de El Castillo (Fig. 2) apportent un important corpus
de données qui nous permet d’établir l’existence d’une continuité claire entre les niveaux
moustériens et ceux qui correspondent au Paléolithique supérieur. Ces données nous ont
permis de considérer comment la transition est plutôt un problème quantitatif que qualitatif
(Bernaldo de Quirós et Cabrera Valdès, 1990). L’étude technologique des niveaux 18b et
18c a également apporté la confirmation de l’existence, dans ces niveaux de l’Aurignacien
de Transition, de schémas opératoires de type récurrent centripète et ses variantes, associés
à la présence de schémas lamellaires caractéristiques (Cabrera Valdés et al., 1996a,2000a).
La séquence de la grotte de El Castillo représente l’une des plus vastes connues dans la
Péninsule Ibérique, ayant une succession complète d’occupations paléolithiques, qui se
subdivisent en 26 couches, où des niveaux stériles alternent avec ceux d’occupation humaine,
arrivant à atteindre une puissance estimée, selon H. Obermaier, à 1–20 m dans les fouilles
de l’IPH de 1910–1914. D’une façon résumée, et après la révision réalisée par l’un d’entre
nous (Cabrera Valdès, 1984), nous trouvons représentés, au début, les niveaux culturels
suivants : deux niveaux Paléolithique moyen Ancien, un niveau Acheuléen supérieur, deux
niveaux Moustériens, deux niveaux Aurignaciens, deux du Périgordien supérieur, un du
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Solutréen moyen, trois de différentes étapes du Magdalénien et finalement un niveau Azi-
lien (Fig. 3). Il est aussi intéressant de faire remarquer quelques aspects de ces fouilles
anciennes. Même si elles n’avaient pas une méthodologie comme celle qui est employée
aujourd’hui, elles ont été réalisées avec une vision géologique et avec une surveillance
horizontale des différentes couches comme on peut l’observer dans la documentation pho-
tographique, dans les dessins et dans les schémas réalisés pendant ces travaux, abordant
chaque couche anthropique comme une unité culturelle (Cabrera Valdès, 1984). La strati-
graphie de El Castillo était très nette et les couches culturelles, en couleur noire, se distin-
guaient clairement des niveaux stériles rougeâtres, avec lesquels elles formaient une séquence
Fig. 1
.
Situation des sites de Cueva de « El Castillo » et Cueva Morín.
Fig. 1. Situation of the sites of Cueva de “El Castillo” and Cueva Morín.
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alterne, quoique l’on puisse distinguer, aujourd’hui, entre eux, différentes occupations dans
chaque niveau archéologique (Fig. 4).
Dans les fouilles actuelles, nous avons respecté la numérotation des niveaux donnés par
Obermaier (Obermaier, 1925 ;Cabrera Valdès, 1984) bien qu’on y ait distingué des sous-
niveaux archéologiques ou sédimentaires. Depuis 1980, les fouilles horizontales furent cen-
trées sur la zone externe signalée dans une superficie de 40 m
2
de laquelle ne restèrent que
24 m
2
utiles pour les fouilles au début de l’unité 18, de même qu’un peu moins de 3 m
2
dans la zone de la coupe longitudinale conditionnée par la morphologie de la grotte. Les
objectifs poursuivis consistaient à analyser les activités et les différentes occupations pos-
sibles à l’intérieur de l’unité 18, parce qu’il était possible de trouver, avec beaucoup de
chance, l’existence de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur, car
l’on avait constaté la présence de l’unité 18 (Aurignacien), nettement séparé par un autre
niveau stérile (19) de l’unité 20 (Moustérien) (Fig. 5).
Le gisement de El Castillo se situe dans la zone externe d’un vaste réseau de conduits
karstiques qui constituent la grotte ainsi appelée, correspondant avec une vaste salle cou-
pée dans son extrémité par l’évolution du versant, ouvrant sur une grande cavité avec un
portique de section pseudo rhombique de 18-20 m de large et d’une hauteur visible actuelle
d’environ 20 m, laquelle fut pratiquement colmatée dans sa totalité par des sédiments avant
Fig. 2
.
Plan du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 2. Plan of the site of Cueva de “El Castillo”.
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Fig. 3
.
Stratigraphie du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 3. Stratigraphy of Cueva de “El Castillo”.
Fig. 4
.
État actuel du site de Cueva de « El Castillo ».
Fig. 4. Actual view of Cueva de “El Castillo”.
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