dossier pédagogique

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
LA PLUIE D’ÉTÉ - ma 14 - me 15 - JE 16 FÉVRIER 20h
Marguerite Duras | Muriel Vernet
© Claudine Lambert
Dossier réalisé par Anne Pommeray, professeur relais du jumelage avec
la complicité de Charlène Ferrer
+ d’info >
Magalie Gheraieb - [email protected]
04 76 90 94 24
www.theatre-hexagone.eu - http://entractes.theatre-hexagone.eu
LA
PLUIE
D’ÉTÉ
FÉV
UN CONTE POUR NOTRE TEMPS
THÉÂTRE
Marguerite Duras | Muriel Vernet
Pièce cinématographique d’après le roman éponyme de Marguerite Duras — Conception, adaptation et mise en scène Muriel Vernet — Avec Sébastien Depommier, Laurent Marielle-Tréhouart,
Isabelle Prim… distribution en cours — Collaborateur artistique Dominique Pasquet — Cinéaste et
musicien Jean Guillaud — Scénographie Daniel Martin — Lumière Léo Van Custem — Costumes Anne
Jonathan — Régisseur Julien Cialdella — Diffusion, administration Emmanuelle Guerin - 19.10 prod.
« Il reste toujours quelque chose de l’enfance… » Marguerite Duras
—
La Pluie d’été, dernier roman de Marguerite Duras s’est imposé à Muriel Vernet comme une
évidence et son adaptation en sera donc le matériau premier. Ce roman fort et universel, qui
« touche » à l’origine, notre « noyau premier » nous raconte la vie de petites gens. Un frère et
une sœur issus d’une famille démunie et dont le garçon animé d’une soif d’apprendre, a une
compréhension intuitive du monde. Mais c’est aussi une histoire d’amour poignante entre
eux deux, et entre toute cette famille. Cette création sera traversée par des thématiques
contemporaines et universelles, comme celles de la transmission des savoirs, du rapport
à l’apprentissage, mais aussi celles des frontières, des clivages de tous ordres. Sur scène,
Muriel Vernet qui continue ici son questionnement sur le rapport à l’écrit, la parole et l’image,
mettra en résonance un travail photographique et cinématographique, nourri notamment de
l’œuvre de Sarah Moon. Une résonance subtile existe entre ces deux univers féminins ; il y
a comme une filiation qui passe notamment par leur rapport au temps, à l’enfance et leur
rapport singulier à l’image et au cinéma. Toutes deux ont « troué la toile » ; c’est aussi cette
filiation que Muriel Vernet cherchera à poursuive sur le plateau : on naviguera entre théâtre
et cinéma, « au cœur de la corporalité de l’écriture et du déchirement de l’image photo-cinéma ».
—
VARIATIONS ET RÉSONANCE AUTOUR DE L’UNIVERS DE MARGUERITE DURAS
dans les collections du musée — Visite guidée nocturne au Musée de Grenoble avec Muriel Vernet
JE 09 MAR — 18H30 > 20H — 8 € sur réservation au 04 76 90 00 45
Rencontre avec les artistes à l’issue de la représentation — MA 14
Rencontre avec Muriel Vernet à la bibliothèque Mi-Plaine de Meylan — ME 15 — 12H30
—
Retrouvez la librairie Les Modernes dans le hall du théâtre tous les soirs.
—
Production Compagnie Choses Dites. Coproduction Théâtre de Vienne. Soutien pour cette création MC2: Grenoble. La compagnie Choses Dites, artiste associée au Théâtre de Vienne est subventionnée par la DRAC Rhône-Alpes, la Région Rhône-Alpes,
le Département de l’Isère et avec le soutien de la ville de Meylan.
MA 14
ME 15
JE 16
20H
SOMMAIRE
I. Les 3 étapes-références
• Le conte
• Le film
• Le roman
II. Les 3 pôles du dispositif
• Les personnages
• La scénographie
• La narration
III. Les pistes pédagogiques
A) Aborder l’écriture de Marguerite Duras
B) Aborder le spectacle
IV. Les annexes avec des extraits du roman
V. Pour aller plus loin
A) Duras : S’imaginer le personnage
B) Extraits de textes choisis autour de La Pluie d’été : les thèmes chers à Duras
VI. Dossier de la Cie Choses dites
On se reportera avec profit au dossier très stimulant de la compagnie Choses dites :
http://www.chosesdites.fr/spectacles/la-pluie-dete-ou-les-toiles-trouees?d=jJqN8kQMWyzn
Nota bene : Les images de Sarah Moon ne seront finalement pas présentes dans la pièce mais son
univers a nourri le travail de création.
Comment interroger l’écriture et le langage : un conte, un film, un roman ?
I. 3 étapes - références
• 1970, un conte : Ah! Ernesto.
Ce conte est à l’origine une commande d’un éditeur François Ruy-Vidal, qui vient de lancer une nouvelle
collection d’albums pour enfants. Il est associé avec un éditeur américain. Leur style surprend et fait
scandale, ils s’opposent à la littérature conventionnelle d’après guerre. Contre l’autorité, ils prônent l’absence de tabous. Ils veulent que les enfants puissent se reconnaître avec leurs joies, leurs hésitations,
leurs contradictions, leurs angoisses dans leurs albums. «Ce n’est pas en sécurisant les enfants mais au
contraire en les exposant progressivement à la vie qu’on en fait des adultes équilibrés. » ( FRV). Duras, elle,
dit qu’elle écrit ce conte pour son fils Jean Mascola, dit Outa, né en 1947. Le choix du prénom du héros du
conte fait référence à Ernesto Rafael Gevara dit « Che Gevarra » né en 1928 et mort en 1967. L’âge d’Ernesto
dans le conte se situe entre 7 et 27 ans...
Cet ouvrage a été réédité en 2013 aux éditions Thierry Magnier sous forme d’un album, Cathy Couprie en
est l’illustratrice. On observe et on découvre des jeux de correspondances entre le texte et les illustrations sans ordre apparent, à l’image de la connaissance qui s’acquiert sans ordre apparent comme dans
l’histoire d’Ernesto.
Ce conte est une invitation à prendre les chemins de la connaissance en toute liberté, «à se servir de
soi-même», nous dit Duras. Ah ! Ernesto est accompagné par les images en forme de cabinet de curiosités, l’illustratrice n’a pas souhaité « illustrer » littéralement le texte (on ne trouvera donc aucune image
des parents, d’Ernesto, ou du maître). La graphiste a plutôt cherché à « se rapprocher de ce qui fonde la
curiosité et l’émerveillement « (Cathy Couprie)
À écouter et à regarder : la lecture de l’album Ah! Ernesto par Jeanne Moreau. (voir youtube, 2014)
https://www.youtube.com/watch?v=I-DFlVSMjUo
• 1984, un film : Les Enfants
Le film a été écrit par Marguerite Duras, Jean Ascolo et Jean-Marc Turine. Il a participé au festival de Berlin
en février 1985 où il a obtenu le prix spécial du jury et le prix de la confédération internationale des cinémas
d’Art et d’Essai. Les titres successifs ont été : L’enfant-roi puis Le mystère Ernesto et enfin Les Enfants. G.
Depardieu, M. Lonsdale, JP Léaud avaient été pressentis pour jouer le rôle d’Ernesto, c’est finalement Axel
Bogousslovski qui interprétera le rôle d’Ernesto. Daniel Gélin joue le père, Tatiana Moukine, la mère et André
Dussolier l’instituteur. Ce tournage a été agité, Marguerite et son fils se trouvant associés sur le projet. Notons qu’un court métrage de Jean-Marie Straub, En rachâchant, également adapté du conte est sorti deux
ans auparavant.
Ces films sont également visibles sur you tube.
Citations à propos du film Les Enfants :
« La folie d’Ernesto, dans un monde entièrement assujetti au consensus, réside dans cette liberté
débordante, excessive, révolutionnaire dont il voudrait disposer. Dans son refus de toute valeur préétablie,
dans sa volonté de détruire et de saboter le savoir - dans son cas le savoir scolaire - pour retrouver en lui
l’innocence universelle. Ce n’est pas un hasard si le film se construit sur une sorte de comique désespéré. »
Marguerite Duras, Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre. 1987
« Ernesto est un paradoxe. Sept ans d’âge et pourtant déjà physiquement adulte. Pire, il refuse l’école
« parce que l’on y apprend ce que l’on ne sait pas ». Il déroute ses géniteurs : une brave femme de mère surtout préoccupée de nourrir sa ribambelle de « sisters et de brothers », un père sympathique « glyschroïde »
qui n’y comprend goutte. […]
Il y a eu Aurélia Steiner, Lol V. Stein, ou Anne-Marie Stretter. Il y a eu le viceconsul de Bombay et maintenant Ernesto. Cet Ernesto existe, il est peut-être un double, un petit frère du
vice-consul d’India song, « ce modèle de l’intelligence moderne et du désespoir politique ». C’est un nouveau
héros du cinéma de Duras, une intelligence « en creux », comme un iceberg. […]
C’est le héros d’un grand film
comique de notre époque, à la fois « durassien » et « tatiesque ».
Serge Toubiana, Cahiers du cinéma
• 1990, un roman : La Pluie d’été
Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras a publié La pluie d’été. Ernesto, le héros, vit dans une
famille nombreuse et pauvre : parents immigrés, chômeurs, mais son environnement ne l’empêche pas d’être
un génie. La complicité entre Ernesto et sa sœur Jeanne les conduit à une relation amoureuse. Ernesto est
heureux dans le malheur de l’être. Ce qu’il vit est un bonheur contradictoire et douloureux, comme l’image
du feu sous la cendre. La vraie chaleur et le seul espoir sont dans la complicité qui unit les membres de la
famille. Ernesto et Jeanne, après la pluie d’été qui marque la fin de l’envoûtement et de l’enfance, se sépareront.
Dans ce roman, Duras reprend les personnages du conte initial, développe leur histoire personnelle, et
insère les dialogues du film, pratiquement sans y toucher. On peut dire qu’elle a ainsi procédé ici à l’inverse
de son geste habituel d’écrivain.
C’est un roman de l’enfance qui appréhende le monde et pose sur lui un regard singulier. Le personnage
d’Ernesto se situe entre le monde des enfants et des adultes; ce passage du « devenir adulte » passe, dans
La Pluie d’été, par la connaissance, le savoir, la spiritualité… Ernesto découvre le livre L’Ecclésiaste, (voir
pages 56/57 de l’Edition POL ou 54-55 de l’édition Folio), dont le thème est la vanité des choses humaines
(« vanité des vanités, tout est vanité » dit l’Ecclésiaste ) et suit à partir de là l’exemple de Qohélet (traduit
par l’Ecclésiaste, « celui qui s’adresse à la foule »), fils de David, qui commence par connaître le monde et
finit par dire que tout se vaut. Marguerite Duras était fascinée par L’Ecclésiaste, elle l’apprenait par cœur ; et
arrive à la conclusion que, puisqu’on meurt, tout est vanité, que la joie vaut la tristesse, que la connaissance
vaut la non-connaissance. Cela se retrouve chez Ernesto qui manque de devenir fou en constatant qu’avancer dans l’omniscience ne sert à rien, n’explique rien. À l’école, Ernesto est terrassé parce qu’il comprend
l’inexistence de Dieu. Il part de l’école « parce qu’on y apprend des choses qu’on ne sait pas ». (voir annexes
3 et 8 ).
Travail sur le titre :
Le titre du roman est donc chargé de sens, il apparaît à 2 reprises dans le roman :
>> page 150 (145-146 chez Folio): « Les ciels d’orage, dit Ernesto, il regretta /La pluie d’été. /L’enfance.»
>> page 151 : « Ça avait été pendant cette nuit-là, pendant la longue Neva pleurée de la mère que tomba
sur Vitry la première pluie d’été. Elle tomba sur tout le centre-ville, le fleuve, l’autoroute détruite, l’arbre, les
sentes et les pentes des enfants, les fauteuils navrants de la fin du monde, forte et drue comme un flot de
sanglots. «
Ce titre fait référence à ce qui est en friche, à ce qui va croître, pousser mais en douceur (voir annexe 3), le
germe ne peut donner quelque chose que s’il y a de l’amour (un cocon familial, des parents aimants...), on
apprend d’autant mieux qu’on aime et on aime ce qu’on comprend...
II. 3 pôles importants du dispositif
• Les personnages :
- LE PÈRE et LA MÈRE
- ERNESTO et sa sœur JEANNE
- L’INSTITUTEUR
- Les BROTHERS et SISTERS : non incarnés sur le plateau mais traités avec du SON et de l’IMAGE. La vidéo
permet de faire exister des personnages qui ne sont pas sur le plateau.
• La scénographie :
✒ Création d’une ambiance scénographique où la vidéo fait partie de la scénographie et peut être considérée
comme un élément du décor.
✒ Des scènes ont été tournées et sont projetées, ce procédé permet d’interroger le langage et les différentes manières de dire quelque chose.
• La narration :
✒ Le roman est composé de passages narratifs et de passages dialogués, l’idée dans le spectacle est de
différencier la narration d’une scène purement jouée.
✒ Un comédien-narrateur - en se désincarnant de son personnage – tisse la narration qui se trouve être
traîtée par l’image filmée.
✒ L’amplification de voix peut être une manière de traiter la narration.
✒ Établissement d’un jeu sur l’ÉCART et sur l’interrogation de différents types de langages . (voir annexe 4)
III. Les pistes pédagogiques
A) Aborder l’écriture de Marguerite Duras :
Faire entendre le texte !!!
✒ Une écriture du SENSIBLE, voire de l’indicible.
✒ L’ importance de la musique pour Duras (voir annexe 5 ), c’est ce qui résonne dans la parole de l’instituteur
où seule reste la musique, car les mots assujettis au rationalisme demeurent en deçà de ce que l’on veut
exprimer.
✒ Les limites du rationnel, car la raison ne peut suffire à expliquer le monde.
✒ L’écriture romanesque liée à l’oralité, donc au langage scénique.
✒ Une écriture élaborée dans sa densité qui se prêtera à la mise en voix.
B) Aborder le spectacle :
✒ A l’aide des annexes, des mises en voix des différents extraits seront une très bonne manière de faire
entendre l’écriture de Duras, dans sa dimension scénique et romanesque. (Passages narratifs et passages
dialogués)
✒ S’interroger sur les différents types de langages et d’écritures (dramaturgie, cinéma, roman, conte)
✒ Etablir le portrait du personnage d’Ernesto à partir des 3 sources (conte/film/roman) ;
✒ Caractériser les autres personnages (rôles, fonctions, caractéristiques)
✒ Proposer des interprétations à la phrase-clé d’Ernesto : « Je retournerai pas à l’école parce qu’à l’école
on m’apprend des choses que je sais pas.»
✒ Vérifier auprès des élèves les sens de concret/abstrait, rationnel/irrationnel.
✒ Définir les types d’espace au théâtre : réaliste, naturaliste, mental, fantastique ... ?
✒ Définir les différents types de décors : symboliste, expressionniste, réaliste... ?
✒ Après le spectacle, une analyse chorale peut être pertinente pour revenir sur la scénographie observée,
les costumes (contemporains), la gestuelle, les voix et la matière textuelle.
( voir précis analyse chorale)
IV. Annexes
Annexe 1 : La pluie d’été, Incipit du roman
Les livres, le père les trouvait dans les trains de banlieue. Il les trouvait aussi séparés des poubelles,
comme offerts, après les décès ou les déménagements. Une fois il avait trouvé la Vie de Georges Pompidou.
Par deux fois il avait lu ce livre-là. Il y avait aussi des vieilles publications techniques ficelées en paquets
près des poubelles ordinaires mais ça, il laissait. La mère aussi avait lu la Vie de Georges Pompidou. Cette
Vie les avait également passionnés. Après celle-là ils avaient recherché des Vies de Gens célèbres – c’était
le nom des collections – mais ils n’en avaient plus jamais trouvé d’aussi intéressante que celle de Georges
Pompidou, du fait peut-être que le nom de ces gens en question leur était inconnu. Ils en avaient volé dans
les rayons « Occasions » devant les librairies. C’était si peu cher les Vies que les libraires laissaient faire.
Le père et la mère avaient préféré le récit du déroulement de l’existence de Georges Pompidou à tous
les romans. Ce n’était pas seulement en raison de sa célébrité que les parents s’étaient intéressés à cet
homme-là, c’était au contraire à partir de la logique commune à toutes les vies que les auteurs de ce livre
avaient raconté celle de Georges Pompidou, si éminent que cet homme ait été. Le père se retrouvait dans la
vie de Georges Pompidou et la mère dans celle de sa femme. C’étaient des existences qui ne leur étaient pas
étrangères et qui même n’étaient pas sans rapports avec la leur.
Sauf les enfants, disait la mère.
C’est vrai, disait le père, sauf les enfants.
C’était dans le récit de l’occupation du temps de la vie qu’ils trouvaient l’intérêt de la lecture des
biographies et non dans celui des accidents singuliers qui en faisaient des destinées privilégiées ou calamiteuses. D’ailleurs, à vrai dire, même ces destinées-là, parfois, elles ressemblaient les unes aux autres. Avant
ce livre, le père et la mère ne savaient pas à quel point leur existence ressemblait à d’autres existences.
Toutes les vies étaient pareilles disait la mère, sauf les enfants. Les enfants, on ne savait rien.
C’est vrai, disait le père, les enfants on sait rien.
Une fois qu’ils avaient commencé un livre, les parents le finissaient toujours, même s’il s’avérait très
vite être ennuyeux et si sa lecture leur prenait des mois. Ainsi en était-il du livre d’Édouard Herriot, La Forêt
normande, qui ne parlait de personne, mais seulement du début jusqu’à la fin de la forêt normande.
Les parents, c’étaient des étrangers qui étaient arrivés à Vitry, depuis près de vingt ans, plus de vingt
ans peut-être. Ils s’étaient connus là, mariés là, à Vitry. De cartes de séjour en cartes de séjour, ils étaient
encore là à titre provisoire. Depuis, oui, très longtemps. Ils étaient des chômeurs, ces gens. Personne n’avait
jamais voulu les employer, parce qu’ils connaissaient mal leurs propres origines et qu’ils n’avaient pas de
spécialité. Eux, ils n’avaient jamais insisté. C’est à Vitry aussi que leurs enfants étaient nés, y compris l’aîné
qui était mort. Grâce à ces enfants ils avaient été logés. Dès le deuxième on leur avait attribué une maison
dont on avait arrêté la destruction, en attendant de les loger dans un HLM. Mais ce HLM n’avait jamais été
construit et ils étaient restés dans cette maison, deux pièces, chambre et cuisine, jusqu’à ce que – un enfant arrivant chaque année – la commune ait fait construire un dortoir en matériau léger séparé de la cuisine
par un couloir. Dans ce couloir dormaient Jeanne et Ernesto, les aînés des sept enfants. Dans le dortoir les
cinq autres. Le Secours Catholique avait fait don de poêles à mazout en bon état.
Le problème de la scolarisation des enfants ne s’était jamais sérieusement posé ni aux employés de
la mairie ni aux enfants ni aux parents. Une fois ceux-ci avaient bien demandé qu’un instituteur se déplace
jusqu’à eux pour enseigner à leurs enfants mais on avait dit : quelle prétention et puis quoi encore. Voilà, ça
s’était passé comme ça. Dans tous les rapports de la mairie les concernant il était fait état de la mauvaise
volonté de ces gens et de l’obstination étrange qu’ils mettaient à s’y tenir.
Ces gens lisaient donc des livres qu’ils trouvaient soit dans les trains soit aux étals des librairies
d’occasion, soit près des poubelles. Ils avaient bien demandé d’avoir accès à la bibliothèque municipale de
Vitry. Mais on avait dit : il ne manquerait plus que ça. Ils n’avaient pas insisté. Heureusement il y avait eu les
trains de banlieue où trouver des livres et les poubelles.
Le père et la mère avaient des cartes de transport gratuit à cause de leurs nombreux enfants et ils allaient
souvent à Paris aller et retour. Ça, c’était surtout depuis cette lecture sur Georges Pompidou qui les avait
tenus pendant un an.
Une fois il y avait eu une autre histoire de livre dans cette famille. Celle-là était arrivée chez les enfants au début du printemps.
À ce moment-là Ernesto devait avoir entre douze ans et vingt ans. De même qu’il ne savait pas lire,
de même Ernesto ne savait pas son âge. Il savait seulement son nom.
La chose était arrivée dans le sous-sol d’une maison voisine, une sorte d’appentis que les gens laissaient toujours ouvert pour ces enfants-là et où ceux-ci allaient se réfugier chaque jour après le coucher
du soleil ou dans l’après-midi lorsqu’il faisait froid ou qu’il pleuvait, en attendant le dîner. C’était dans cet
appentis, dans une galerie par où passaient des tuyaux de chauffage central, sous des gravats, que les plus
petits des brothers avaient trouvé le livre. Ils l’avaient rapporté à Ernesto qui l’avait longuement regardé.
C’était un livre très épais recouvert de cuir noir dont une partie avait été brûlée de part et d’autre de son
épaisseur par on ne savait pas quel engin mais qui devait être d’une puissance terrifiante, genre chalumeau
ou barre de fer rougie au feu. Le trou de la brûlure était parfaitement rond. Autour de lui le livre était resté
comme avant d’être brûlé et on aurait dû arriver à lire cette partie des pages qui l’entourait. Les enfants
avaient déjà vu des livres aux devantures des librairies et chez leurs parents mais ils n’avaient jamais vu de
livre aussi cruellement traité que celui-ci. Les très jeunes brothers et sisters avaient pleuré.
Dans les jours qui avaient suivi la découverte du livre brûlé Ernesto était entré dans une phase de
silence. Il était resté des après-midi entiers dans l’appentis, enfermé avec le livre brûlé.
Puis brusquement Ernesto avait dû se souvenir de l’arbre.
[…]
Annexe 2 , La Pluie d’été, p 16 -17, le personnage d’ERNESTO
Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu’il avait
lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu’il le faisait, et
puis qu’ensuite eh bien qu’ensuite, il ne s’était plus rien demandé ni s’il se trompait ni s’il lisait en vérité ou
non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu’il avait essayé
de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis
au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au
premier mot, et cela jusqu’à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il
compris que la lecture c’était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d’une histoire par
soi inventée. C’était de cette façon qu’il avait cru comprendre que dans ce livre il s’agissait d’un roi qui avait
régné dans un pays loin de la France, étranger lui aussi, il y avait très longtemps de cela. Il avait cru avoir lu
non des histoires de rois mais celle d’un certain roi d’un certain pays à une certaine époque. Un peu de cette
histoire seulement, à cause de la destruction du livre, juste ce qui avait trait à certains épisodes de la vie et
des occupations de ce roi. Il l’avait dit à ses brothers et sisters. Mais ceux-là qui étaient jaloux du livre, ils
avaient dit à Ernesto :
« Comment t’aurais pu lire ce livre, espèce de crétin, puisque tu sais pas ? Que lire t’as jamais su ? »
Ernesto disait que c’était vrai, qui ne savait pas comment il avait pu lire sans savoir lire. Il était luimême un peu troublé. Il l’avait également dit à ses brothers et sisters.
Alors, ensemble, ils avaient pris la décision de vérifier le dire d’Ernesto. Ernesto était allé voir le fils
d’un voisin qui, lui, était allé à l’école, qui y allait encore et qui, lui, avait un âge déterminé, quatorze ans. Il
lui avait demandé de lire la partie du livre que lui, Ernesto, avait cru avoir lue : Qu’est-ce que ça raconte, là,
dans le haut du livre ?
Il était allé voir aussi un instituteur de Vitry qui, lui, avait des diplômes et un âge également déterminé, trente-huit ans. Et les deux avaient dit à peu près la même chose, que c’était l’histoire d’un roi. Juif,
avait ajouté l’instituteur. C’était la seule différence entre les deux lectures. Ensuite Ernesto aurait bien voulu
vérifier auprès de son père mais curieusement le père s’était défilé, il s’était débarrassé du problème, il avait
dit qu’il fallait croire ce qu’avait dit l’instituteur. Après, l’instituteur était venu voir les parents pour leur dire
d’envoyer Ernesto à l’école et sa sœur aussi, qu’ils n’avaient pas le droit de garder à la casa des enfants
aussi intelligents et qui avaient une telle soif de connaissances.
Annexe 3, La pluie d’été, p 18-25, «… à l’école on m’apprend des choses que je sais pas.»
C’est tôt dans la matinée. C’est dans la cuisine, la pièce principale de la maison. Il y a une longue
table rectangulaire, des bancs et deux chaises. Cette femme assise qui regarde entrer Ernesto c’est elle. Elle
regarde et puis elle se remet à éplucher des pommes de terre.
Douceur.
La mère : T’es encore un peu en colère Ernesto.
Ernesto : Oui.
La mère : Pourquoi...tu sais pas. Comme d’habitude.
Silence.
Ernesto : Oui, je sais pas.
La mère attend longtemps et en silence qu’Ernesto parle. Ernesto, elle le connaît bien. Il est dans la colère
intérieure. Il regarde le dehors, il oublie la mère. Et puis il revient à elle. Et ils se regardent. Dit rien, lui. Elle,
elle le laisse. Et lui, alors il parle.
Ernesto : Tu épluches des pommes de terre.
La mère : Oui.
Silence. Puis Ernesto crie.
Ernesto : Le monde, il est là, de tous les côtés, il y a des tas de choses, des événements de toutes catégories
et toi t’es là à éplucher des pommes de terre du matin au soir tous les jours de l’année...tu peux pas changer
d’légumes à la fin?
La mère elle le regarde.
La mère : Tu s’rais à pleurer pour une chose pareille, t’es fou ou quoi ce matin ?
Ernesto : Non.
Douceur revenue.
Long silence. La mère épluche. Ernesto la regarde.
La mère : T’es pas un peu en avance pour revenir de l’école Ernestino ?
La mère attend. Ernesto se tait. Silence.
La mère : Tu voudrais peut-être me dire quelque chose Ernesto, non ?
Lent à répondre, Ernesto.
Ernesto : Non (temps). Si.
La mère : Ca peut arriver quelque chose à dire...
Ernesto : Ca peut, oui.
La mère : Je me disais aussi... tu vois...
Ernesto : Oui.
Silence.
La mère : Comme ça peut arriver aussi le contraire?
Ernesto : Ca peut aussi, oui.
Silence.
La mère : C’est peut-être c’que tu veux me dire tu peux pas me le dire.
Ernesto : C’est ça, je peux pas te l’dire...
Lenteur. Douceur.
La mère : Pourquoi donc ?
Ernesto : Ca te ferait du chagrin alors je peux pas.
La mère : Et pourquoi ça me ferait du chagrin?
Ernesto hésite .
Ernesto : Parce que. Et puis tu comprendrais pas ce que je te dis. Alors, du moment que tu comprendrais
pas, c’est pas la peine que je te le dis.
La mère : Mais alors, j’aurais pas de chagrin si je comprendrai pas.
Ernesto se tient muet devant sa mère.
La mère : Qu’est-ce que tu racontes Vladimir aujourd’hui ?
Ernesto : C’est pas ce que je te dirais qui te ferait le chagrin. Tu aurais le chagrin parce que tu comprendrais
pas.
Silence. La mère regarde son fils.
La mère : Dis-moi quand même Vladimir... dis-moi comment tu le dirais si c’était la peine que tu me l’dis...
Ernesto : Eh bien... je serais là ni plus ni moins que maintenant à te regarder éplucher les pommes de terre
et puis tout à coup je te dirais, voilà (temps). Après ce serait dit.
La mère attend. Silence.
Puis Ernesto crie.
Ernesto : M’man, je te dirai, m’man... m’man, je retournerai pas à l’école parce que à l’école on m’apprend
des choses que je sais pas. Après ce serait dit. Ce serait fait. Voilà.
La mère s’arrête d’éplucher. Silence.
La mère, répète lentement : Parce que-à-l’école-on-m’apprend-des-choses-que-je-sais-pas...
Ernesto : Ouais.
La mère réfléchit. Puis elle regarde Ernesto. Puis elle sourit. Ernesto sourit pareil.
La mère : En voilà une bien bonne.
Ernesto : Ouais.
Ernesto se lève, va prendre un couteau dans un tiroir et revient à la table.
Long regard de la mère sur son enfant Ernesto.
Silence.
Puis les deux, tout à coup, ils rient... oh la la. Ils rient. Ils épluchent, ils rient.
Silence.
Ernesto : Tu comprends, ce que je t’ai dit, m’man.
Silence. La mère réfléchit.
La mère : C’t-à-dire. Je peux pas dire comment je l’comprends...Si c’est la bonne manière... Mais quelque
chose il m’semble que j’comprends quand même.
Ernesto : Laisse tomber m’man...
La mère : Oui.
Silence.
La mère épluche de nouveau. De temps en temps elle regarde son enfant Ernesto.
La mère : T’es mon combien Vladimir ?
Ernesto : J’suis ton premier après celui qui est mort. (tendre). Tous les jours tu m’désobliges avec cette
question m’man. Faudrait que tu te le mettes une bonne fois dans la tête. J’suis le premier... (geste) 1 + 6 =
7... C’est comme ce prénom que tu m’donnes, Vladimir, d’où c’est que ça sort, ça... ? De vieille Russie ?
Silence. Répond pas la mère.
Ernesto : T’as donc compris un peu ce que je te disais m’man?
La mère : Quelque chose je vois... mais faut pas trop s’avancer quand même...
Ernesto : T’as raison, faut pas trop s’avancer...
Silence. Puis exaltation soudaine de la mère et d’Ernesto, leur amour l’un pour l’autre qui tout à coup éclate
dans la joie.
La mère : C’est fou ce que le monde il est arriéré, des fois on sent combien... oh la la...
Ernesto : Oui, mais des fois, il l’est pas, arriéré... oh non, oh la la !
La mère, heureuse : C’est ça... des fois il est intelligent... oh la la...
Ernesto : Oh oui ! L’est à un point... il le sait même pas...
Silence. Ils épluchent. Ils sont calmés.
La mère : Dis donc Ernestino, vaudrait mieux que tu rejoignes tes frères et soeurs... ton père il va rentrer...
vaudrait p’être mieux que ce soit moi qui lui fait part de ta décision.
Ernesto : Mon père il me fera rien, il est brave, mon père, que c’en est incroyable.
La mère, dubitative : il est brave... il est brave... c’est vite dit ça... tu vas voir, il va t’dire : j’comprends mon
garçon, il aura l’air comme ça... tranquille, à plus rien chercher dans rien et puis tout à coup il t’cherche des
poux mais alors à t’rendre fou.
Silence.
La mère, douceur : Va rejoindre tes brothers et tes sisters, Ernesto, vas-y... crois-moi...
Tout à coup une certaine méfiance traverse le regard d’Ernesto.
Ernesto : Au fait où c’est qu’ils sont mes brothers et sisters...
La mère : Où veux-tu qu’ils soient, à Prisu, tiens...
Ernesto, rit : Au bas des rayons, assis par terre à lire, à lire des alboums.
Annexe 4, La pluie d’été, p 92-97 : Dialogue et narration
C’est dans la cuisine. Le cerisier dehors. Ernesto est à la fenêtre. Il fait une lumière fixe de plein été.
La mère regarde dehors. Ernesto arrive face à la mère. Il s’assied devant elle.
La mère : L’instituteur, il est venu. Il a dit qu’il voulait te parler.
Pas de réponse d’Ernesto.
La mère : Il dit qu’il a réfléchi... Que ce que tu avances, ça tient pas.
Ernesto : Quoi j’avance ? J’avance rien …
la mère : Tu es en colère aujourd’hui Ernesto.
Ernesto : Un petit peu.
La mère : Toujours à cause de Dieu ?
Ernesto : Toujours.
Silence.
La mère : L’instituteur dit que si tous les enfants sortaient de l’école, il n’aurait plus qu’à plier bagage.
Ernesto : Tous les enfants, ils ont pas quitté l’école. Celui qui a quitté l’école, c’est moi.
La mère : Tu as aussi la colère contre moi, Vladimir.
Ernesto : Oui. Aussi contre toi.
Silence. Douceur insondable d’Ernesto.
Ernesto : C’est pas pour toi que je dis ça. Toi tu peux m’embêter autant que tu veux, être abrutie autant que
tu veux. (temps). C’est pour rien que je dis ça.
Silence.
La mère : Pourquoi tu m’aimes comme ça, Ernesto, c’est agaçant à la fin.
Silence. Ils se regardent.
Ernesto : Je sais pas bien. Peut-être parce que je te connais tellement... Je peux te comparer à rien. T’es
mieux que tout le monde.
La mère : Plus que Jeanne.
Ernesto : Pareil. Je le savais pas avant que tu le dises.
La mère : Je suis pas toute blanche Ernesto, faut pas t’y tromper.
Ernesto : Je sais ça aussi. T’es mauvaise aussi.
La mère : Oui. Il faut que je le dise aussi. Ca m’a toujours été égal les qualités morales. Tu les avais … ? Ce
que je voudrais, c’est des biens matériels.
Rires pleurés d’Ernesto et de sa mère.
Ernesto : Un bon vélo ? C’est ça ?
La mère : C’est ça. Un bon vélo, et puis ça va mieux. Un bon frigo, un bon chauffage. Et puis de l’argent. Mais
j’ai rien. Dans toute ma vie, il n’y a que toi de positif, Ernesto.
Ernesto : Avant, je pensais que quand je serais grand, je trouverais tous ces biens matériels pour toi. Je ne
le pense plus. On peut pas rattraper les parents.
Silence.
La mère : Ca m’intéresse pas beaucoup la vie… Ça m’a jamais vraiment intéressée... Tu le savais aussi, ça,
Ernestino ?
Ernesto : Rapport à toi j’ai toujours su quelque chose comme ça, oui …
Silence.
Ernesto : Je regrette beaucoup maman. Quand on pourrait leur donner, ils sont trop vieux les parents, ils
veulent plus s’embarrasser de rien... Je voulais te dire maman, j’ai grandi très vite, exprès pour rattraper la
différence entre toi et moi, ça a servi à rien…
La mère regarde cet enfant fou, Ernesto.
La mère : C’est vrai que tu es immense Ernestino...
Ernesto : Si je veux on me prend pour un enfant de quarante ans de philosophie. Je peux gagner ma vie
comme ça si je veux. Faut plus avoir peur de manquer.
La mère : Tu crois…
Ernesto : Ouais.
Silence. Ernesto détourne les yeux du regard de sa mère.
Ernesto : Au fait où il sont mes brothers et mes sisters ?
La mère : Sont au cirque, les pauvres.
Ernesto : C’est pourtant vrai.
La mère : Oui.
Silence.
La mère : Tu avais oublié ?
Ernesto : Un peu.
La mère : Pourquoi t’es pas au cirque, toi ?
Ernesto : Parce que le cirque ça m’a jamais intéressé m’man... Fallait bien que j’finisse par te l’dire une fois
…
La mère : C’est ça que dès qu’il y avait les lions tu piquais du nez...
Ernesto : C’est ça...
La mère : Qu’est-ce que tu fais en ce moment Ernestino ?
Ernesto : La chimie m’man.
La mère regarde cet enfant, scandalisée tout à coup.
La mère : La chimie...Tu comprends la chimie maintenant ?
Ernesto : On comprend d’abord un petit peu… quelque chose... et puis tout. Au début, c’est lent et puis un
jour on comprend tout. C’est d’un seul coup... C’est foudroyant.
Silence.
La mère, cherche : Ca fait combien de temps que tu vas plus à l’école Ernesto… ?
Ernesto : Ca fait trois mois. Tu sais ce que je fais m’man, je vais aux entrées des écoles, j’écoute ce qui
s’raconte, alors après je sais. C’est fait.
La mère : Dis donc... dis donc Ernesto... oh la la...
Ernesto : Il y a le bon air. Puis ça va plus vite. On fait toutes les années en une fois. Ca y va... Faut pas t’en
faire m’man.
La mère, épouvantée.
La mère, tout bas : Tu as fait toutes les années d’la communale en trois mois Ernesto ?
Ernesto : Oui m’man. Maintenant faut que j’aille à Paris du côté des universités... C’est la logique.
La mère, voici, elle pleure.
La mère : Laisse-moi te regarder Ernesto.
Ernesto, crie : Pleure pas m’man, pleure pas j’t’en supplie.
La mère : J’pleure plus, c’est fini...
Ernesto : Faut plus penser à Vladimir, laisse tomber Vladimir, Maman.
La mère : Oui. Faut plus.
Silence.
Ils ne se regardent plus. Ils regardent le sol. Puis Ernesto se relève du banc.
Ernesto, temps : … Bon, je crois qu’il faut que j’aille chercher mes brothers et mes sisters. Ils sont durs à
ramener les petits. Ca vous fuit dans les mains... des vrais petits poissons...
Ernesto est sorti.
La mère est restée seule. Elle est éblouie, elle est épouvantée, elle pleure. Puis elle crie. Elle rappelle
Ernesto.
Ernesto revient et la regarde pleurer en silence. Puis il lui dit :
Ernesto : Je voulais te dire m’man... moi aussi j’ai peur...
La mère, elle crie : Non... non... faut pas Ernesto... pas toi... Surtout pas toi...
Annexe 5, La pluie d’été, p 115 : l’instituteur
L’instituteur est revenu. Encore une fois il attend Ernesto à l’extérieur, il n’entre pas dans l’appentis.
La voix qui chante, c’est celle de Jeanne. A la Claire fontaine je me suis reposée... L’eau était si claire
que je me suis baignée... il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai...
L’instituteur est bouleversé par la voix de Jeanne.
Ernesto est arrivé à la porte de l’appentis et il sourit à l’instituteur. Il ne voit pas que l’instituteur
pleure.
L’instituteur : Excusez-moi, Monsieur Ernesto... encore une fois je n’ai pas pu m’empêcher de venir...avec le
soir je n’ai personne à Vitry, c’est le désert, je n’ai que vous.
Ernesto : Mais Monsieur, pourquoi ne pas venir.
Ernesto s’approche de l’instituteur. L’instituteur le regarde avec beaucoup de douceur.
Ernesto : Je voulais justement vous le dire, j’en suis dans les derniers jours de la connaissance, Monsieur.
L’instituteur : Vous dites quoi, Monsieur Ernesto... vous en êtes à quoi... ?
Ernesto : A la philosophie allemande. J’avais envie de vous le dire...
L’instituteur reprend pour lui seul, tout bas, les mots d’Ernesto.
L’instituteur : A la philosophie allemande...
Ernesto : Oui. Je ne vais pas tarder à m’arrêter.
L’instituteur se cache la figure dans ses mains, il crie.
L’instituteur : Je suis un criminel, Monsieur Ernesto... Vous êtes devenu fou...
Silence. Ernesto sourit à l’instituteur.
L’instituteur : Après... il n’y aurait plus rien... ?
Ernesto : Je le crois... Pour moi... je parle pour moi... Pour moi, après, il n’y a plus rien... rien... que la déduction
mathématique... machinale...
L’instituteur, il crie tout bas : Rien... Ça clôt le cycle... de ce côté-là du monde...
Ernesto sourit.
Ernesto : Ou ça l’ouvre... C’est comme on veut, vous savez bien Monsieur.
L’instituteur : non, je ne sais pas, je ne sais rien... Qu’est-ce qui reste à votre avis Monsieur Ernesto...
Ernesto : Tout à coup, l’inexplicable... la musique... par exemple...
Ernesto regarde l’instituteur avec une grande douceur, il sourit.
L’instituteur sourit à son tour.
Annexe 6, Allo maman bobo, Alain Souchon (1977)
J’marche tout seul le long d’la ligne de ch’min d’fer
Dans ma tête y a pas d’affaire
J’donne des coups d’pied dans un’ ptite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
J’suis mal en campagne et mal en ville
Peut-être un p’tit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment tu m’as fait j’suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
J’train’fumée, j’me retrouve avec mal au cœur
J’ai vomi tout mon quatre heur’
Fête, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol
Maintenant qu’j’fais du music hall
J’suis mal à la scène et mal en ville
Peut-être un p’tit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment tu m’as fait j’suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Moi j’voulais les sorties d’port à la voile
La nuit barrer les étoiles
Moi les ch’vaux, l’révolver et l’chapeau d’clown
La belle Peggy du saloon
J’suis mal en homme dur
Et mal en p’tit cœur
Peut-être un p’tit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman comment tu m’as fait j’suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
J’marche tout seul le long d’la ligne de ch’min d’fer
Dans ma tête y a pas d’affaire
J’donne des coups d’pied dans une p’tite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
J’suis mal en campagne, j’suis mal en ville
Peut-être un p’tit peu trop fragile
La référence à cette chanson apparaît dans le roman à la page 86.
« Et puis l’instituteur se met à chantonner encore une fois Allo maman bobo d’Alain Souchon.
Et les parents de l’écouter, aussi ravis que la première fois.
Et puis l’instituteur a fini de chanter, il oublie les parents. Et de nouveau il s’endort.
Le père et la mère sourient en regardant dormir l’instituteur comme ils le feraient devant le sommeil
d’un enfant. »
Le texte peut apporter un éclairage intéressant dans la perception que nous avons des personnages du
roman puis de la pièce.
Annexe 7 : La phrase de Bartelby : « I would prefer not to... »
BARTELBY est le héros d’une nouvelle de MELVILLE (1853), ce personnage énigmatique peut être rapproché
d’Ernesto. Il a une posture qui tranche avec les attitudes habituelles, en particulier dans sa vie professionnelle et face au travail , ce qui laisse son entourage généralement dans la stupéfaction ; il se contente,
devant toute injonction, de prononcer son unique formule « Je préférerai ne pas . »
Cette formule qui résume une attitude devant l’existence et le monde professionnel pourrait se traduire par
« Je préférerai ne pas... », phrase-clé, « formule-talisman, mot de passe de la société secrète, signe de
connivence de la tribu, formule cryptée de la résistance passive » selon Olivier Nora qui propose une analyse
du texte dans l’édition Mille et une nuits.
Annexe 8 , Poème de Victor Hugo Aux Feuillantines
Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu’on marche dans les fleurs et qu’on monte aux échelles.
Abel était l’aîné, j’étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d’elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d’une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu’à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l’avoir,
Mais je me souviens bien que c’était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d’encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire !
Nous l’ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu’oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s’ils ont pris un oiseau des cieux,
S’appellent en riant et s’étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.
V. Pour aller plus loin…
Propositions de textes et vidéos autour de Marguerite Duras et de La pluie d’été :
A) Duras : S’imaginer le personnage :
Duras visionnaire sensible : En 1985 sur Antenne 2, Duras parlait des années 2000 :
https://www.youtube.com/watch?v=3bihPsYb-Ys
Duras metteuse en scène exigeante :
Savannah Bay écrit et mis en scène par Marguerite Duras (choisir le passage de la 46e min à 48e min)
https://www.youtube.com/watch?v=rjZuQb5crOc
A travers ces deux extraits nous avons découvert la personnalité de Duras mais aussi sa façon de s’exprimer
très proche de celle qu’elle a d’écrire…
B) Extraits de textes choisis autour de La Pluie d’été : Les thèmes chers à Marguerite Duras
Lecture collective :
Hiroshima mon amour, Marguerite duras, 1960. Scripte de cinéma.
« Apprendre la durée exacte du temps. Savoir comment le temps, parfois, se précipite puis sa lente retombée
inutile et qu’il faut néanmoins endurer, c’est aussi ça, sans doute, apprendre l’intelligence. »
« C’est comme l’intelligence, la folie, tu sais. On ne peut pas l’expliquer. Tout comme l’intelligence. Elle vous
arrive dessus, elle vous remplit et alors on la comprend. Mais, quand elle vous quitte, on ne peut plus la comprendre du tout. »
--> Ces deux extraits nous renvoient au personnage d’Ernesto.
« Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l’amour. Tu étais fait à la taille
de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J’avais faim. Faim d’infidélités, d’adultères, de mensonges
et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu’un jour tu me tomberais dessus. Je t’attendais dans
une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu’aucun autre, après toi, ne
comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas
finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous
pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n’aurons plus rien d’autre à faire, plus rien
que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où
nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s’en effacera peu à peu de notre mémoire.
Puis, il disparaîtra tout à fait. »
--> Intéressant en lecture collective, rend compte de l’écriture rythmée et propre à Marguerite Duras.
Savannah Bay, Marguerite duras, 1980. Texte théâtral.
Jeune femme : Vous ne vous souvenez pas?
Madeleine : Non.
Jeune femme(temps) : Vous avez toujours parlé d’un jour sans soleil, très long. Des gens qui avaient appris la
nouvelle, qui étaient venus, qui entouraient la maison. (Temps. Geste de Madeleine: non). Vous avez toujours
parlé de cet homme qui ne comprenait pas la mort, qui appelait une morte vers la Magra. (Temps. Geste de
Madeleine: non). Vous ne vous souvenez pas ?
Madeleine : Non.
Jeune femme : Vous vous souvenez de quoi ?
Madeleine : Des grands marécages à l’embouchure de la Magra. Des bois. Ils sont encore là. (Temps). La
mer. (Temps). La pierre. (Temps). Le temps.
Jeune femme : Les cris.
Madeleine : Non. L’histoire.
Jeune femme (Temps) : On n’avait jamais vu un amour pareil ?
Madeleine : Non.
Silence.
Jeune femme : Un amour comment ?
Madeleine : Un amour. (Temps). Un amour de tous les instants. (Temps). Sans passé. (Temps). Sans avenir.
(Temps). Fixe.(Temps). Un crime.
Silence.
Jeune femme : Le soleil chaque matin au sortir du soir, et eux ils s’aiment d’un amour entier, mortel, dans la
monotonie du temps.
Madeleine : Dans la monotonie du temps, oui, cet amour… singulier…
Silence.
Jeune femme : C’était ce que l’on disait? Ensuite, on l’a écrit dans un livre ?
Madeleine : Je crois. Dans une pièce de théâtre aussi. Et puis ensuite dans un film.
On retrouve le rythme de Duras une nouvelle fois, mais aussi le même genre de douceur dans l’amour que
porte la mère d’Ernesto à son fils, ici entre Madeleine et la jeune fille. Madeleine est une vieille dame qui perd
un peu la mémoire et qui porte un amour profond et tendre à la jeune femme.
« Tu ne sais plus qui tu es, qui tu as été, tu sais que tu as joué, tu ne sais plus ce que tu as joué, ce que tu
joues, tu joues, tu sais que tu dois jouer, tu ne sais plus quoi, tu joues. Ni quels sont tes rôles, ni quels sont
tes enfants vivants ou morts. Ni quels sont les lieux, les scènes, les capitales, les continents où tu as crié la
passion des amants. Sauf que la salle a payé et qu’on lui doit un spectacle.
Tu es la comédienne de théâtre, la splendeur de l’âge du monde, son accomplissement, l’immensité de sa
dernière délivrance. Tu as tout oublié sauf Savannah, Savannah Bay. Savannah Bay c’est toi.»
✒ La question de l’éclatement des frontières est évoquée ici avec Madeleine qui a fait le tour du monde
durant sa carrière de comédienne.
✒ Outre les frontières « réelles », Duras a souvent évoqué les frontières spirituelles tel que l’adultère évoqué dans Hiroshima mon amour, la frontière de ce qui est convenu est elle dépassée entre Ernest et sa sœur
Jeanne par exemple.
✒ Plans de Hiroshima mon amour où Nevers et Hiroshima sont mises en parallèle pour montrer l’éclatement
des frontières :
https://www.youtube.com/watch?v=oPONf1fu2II
VI. Dossier de la compagnie
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
La Pluie d’été
Un conte pour notre temps…
Mise en scène Muriel Vernet
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
Pièce cinématographique d’après le roman éponyme
de Marguerite Duras
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
La Pluie d’été
Un conte pour notre temps…
De l’équipe artistique, des figures….
De la scénographie, du film, de l’univers sonore...
De l’adaptation, du montage...
Genèse d’une Pluie d’été…
Du conte au roman cinématographique…
Variations autour d’une œuvre… de Marguerite Duras
Muriel Vernet et la Compagnie Choses dites
Contacts
Marguerite Duras
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
Générique
Avant propos….
De la Pluie d’été… ou des ciels d’orage... Marguerite Duras
Autour de Sarah Moon
Quelques notes de direction du travail en cours…
C O M PA G N I E
Conception, adaptation et mise en
scène
Muriel Vernet
Avec
Julien Anselmino
Sébastien Depommier
Isabelle Prim
Laurent Marielle-Tréhouart
Chris Sahm
Collaborateur artistique et adaptation
Dominique Pasquet
Cinéaste et musicien
Jean Guillaud
Scénographie
Daniel Martin
Lumière
Léo Van Custem
Régisseur
Julien Cialdella
Diffusion, administration
Emmanuelle Guérin, Albine Ginon
19.10 prod.
Production Compagnie Choses Dites.
Coproduction l’Hexagone - Scène Nationale
de Meylan, avec le soutien de la SPEDIDAM
et une participation du Théâtre de Vienne.
La Compagnie Choses Dites est
subventionnée par la DRAC Auvergne Rhône-Alpes, la Région Auvergne - RhôneAlpes, le Département de l’Isère et avec le
soutien de la ville de Meylan.
Générique
PROCHAINEMENT
# 14, 15, 16 février 2017
La Pluie d’été, un conte pour notre temps...
à l’Hexagone - Scène Nationale de Meylan
EN ATTENDANT LA PLUIE
- EN PARTENARIAT AVEC L’HEXAGONE # mardi 14 février 2017
Rencontre avec les artistes à l’issue de la
représentation
# mercredi 15 février 2017 à 12h30
Rencontre avec Muriel Vernet à la bibliothèque
Mi-Plaine de Meylan
# jeudi 9 mars 2017 de 18h30 à 20h
Visite guidée «Les miroirs de Duras» au Musée de
Grenoble avec Muriel Vernet
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
CHOSES DITES
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Avant propos….
« Le système nous veut triste et il nous faut arriver à être joyeux pour lui résister »
Gilles Deleuze
S’est imposé à moi comme une évidence de travailler à partir du dernier roman de
Marguerite Duras La Pluie d’été qui est un de ses écrits le plus fort et le plus universel
car il contient « tout », car il touche à « l’origine », à notre « noyau premier ».
D’autre part fascinée par l’œuvre photographique et cinématographique de Sarah
Moon, m’est apparu une résonnance subtile, entre ces deux univers féminins, une
sorte de filiation entre Marguerite Duras et Sarah Moon, passant notamment par leur
rapport au temps, leur rapport à l’enfance, et leur rapport singulier à l’Image et au
Cinéma.
Moi-même dans mon travail théâtral, je me suis toujours questionnée sur le rapport
entre l’écrit, la parole et l’image.
Cette création dont le matériau premier est l’adaptation au plateau du roman La
pluie d’été de Marguerite Duras sera donc une forme hybride croisant théâtre et
cinéma, au cœur de la corporalité de l’écriture et du déchirement de l’image photocinéma.
Cette création est intergénérationnelle, traversée par des thématiques
contemporaines et universelles, comme celles de la transmission des savoirs, du
rapport à l’apprentissage, mais aussi celles des frontières, des clivages de tous ordres.
Elle s’adresse à un tout public. La structure même du « conte » permet d’aller à la fois
dans le récit, l’évocation, et le jeu.
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
La genèse de ce projet est née, face au fracas du monde, du désir de travailler à un
Conte pour notre temps, qui restaurerait une sorte de « douceur résistante », un «
état d’enfance », source de joie et source du vivant, que nous portons tous en nous.
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
« Savoir lire c’est remplacer un vide qui est le notre » Marguerite Duras
Ce dernier roman de Marguerite Duras est un « enchantement ».
Ce n’est ni savant, ni cérébral.
Porteur d’une dimension onirique, faisant advenir des réminiscences des contes de
notre enfance, (Le Petit Poucet et la thématique de l’abandon, les figures du frère et
de la sœur de Peter Pan et de l’Ile aux enfants perdus, ou encore le chapelier fou dans
Alice aux pays des merveilles), c’est également très concret et charnel.
Concret également dans la langue notamment dans les dialogues où elle est
éminemment travaillée, creusée dans le corps, dans sa rythmique et sa musicalité
avec les élisions, les blancs, les silences, les contractions, les inventions.
Cette corporalité de l’écriture enrichit également la grande sensualité qui court tout
au long du roman ; les corps travaillés par le « désir » qui court dans toute l’histoire,
notamment entre Ernesto et sa sœur Jeanne, mais aussi chez les parents, et d’une
autre façon chez les tout petits brothers and sisters …
De même le corps vibrant, « médiumnique » d’Ernesto dans son rapport au Livre
brulé et à l’Arbre « enfermé » raconte aussi le vivant du charnel.
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Concret dans les situations quotidiennes, voire triviales – la mère qui épluche et ne
fait que des pommes de terre, à toutes les recettes, pour toute sa tribu, les brothers
and sisters qui vont « lire les alboums au Prisu », les virées nocturnes du père et de la
mère dans les bars de Vitry…
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
C’est aussi une histoire allégorique, avec la figure christique que porte Ernesto, qui
transforme, « transfigure » tous les êtres qu’il côtoie, avec son père et sa mère qui
nous rappellent aussi, avec humour, « la sainte famille »... « ça m’émotionne beaucoup,
l’intelligence c’est si loin de nous et voilà qu’on l’a enfantée...». Dit la mère au père…
On pense aussi au film Théorème de Pasolini. Il y a également une force symbolique,
métaphysique avec les présences notamment de l’arbre solitaire qui représente la
force de la vie mais aussi la « résistance » et celle du livre brûlé, référence à l’Ancien
Testament et au peuple juif, livre dans lequel Ernesto lira « les yeux fermés » des
fragments de l’Ecclésiaste (ou Paroles du Sage). Car il y a aussi dans cette œuvre,
comme dans tous les livres de Duras d’ailleurs, un grand « présent-absent », Dieu.
« J’ai toujours parlé de Dieu dans presque tous mes livres ; la nostalgie de Dieu elle est
partout, même chez les enfants… Si on a inventé le mot, c’est qu’on en avait besoin »,
dira Duras lors d’un entretien.
Enfin, c’est un livre plein d’humour, de tendresse, qui nous parle et nous recentre sur
« l’être ».
Avec une fin ouverte, qui ne fait ni la morale ni la leçon, « ça restaure quelque
chose » de l’Humanité, simplement, et ouvre sur un devenir possible...
« L’enfance est sans fin... » Stendhal
Aujourd’hui si je reviens sur l’écriture de Marguerite Duras – j’ai déjà mis en scène en
2008 / 2009 Et si on jouait au camion, Marguerite ? D’après son film Le Camion - c’est
que l’œuvre de Duras est une œuvre métaphysique ; son écriture nous convoque.
« Décrypteuse de la sublimation » (Lacan), Marguerite Duras atteint une zone
profonde, intime de nous-mêmes.
La pluie d’été, est son dernier roman (1990) ; il est né tout d’abord d’un conte
philosophique pour enfants Ah ! Ernesto (qu’elle écrit en 1970, mais qui sera jugé à
l’époque comme trop subversif pour une littérature jeunesse), en 1982, Jean-Marie
Straub en réalisera un court-métrage s’intitulant En rachachant, puis Duras elle-même
en fait un film en 1984, Les Enfants, (le dernier également).
Enfin en 1990, elle reviendra au récit et écrit Les ciels d’orage, la pluie d’été (1er titre
envisagé), à la sortie d’un coma de plus de six mois… Elle dira d’ailleurs dans une
interview : C’est La pluie d’été qui m’a réveillée…
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
De la Pluie d’été…
ou des ciels d’orage... Marguerite Duras
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
De la Pluie d’été…
ou des ciels d’orage... Marguerite Duras
« Toutes les vies se ressemblent, sauf les enfants… » Marguerite Duras
C’est l’histoire d’un enfant d’immigrés, né à Vitry, d’une mère russe et d’un père
italien, qui accède à la connaissance en refusant l’outrecuidance du savoir, qui lit sans
avoir appris à lire dans un livre brulé l’histoire d’un roi de Jérusalem, et qui comprend
que le monde est loupé, que ce sera pour le prochain coup, pour celui-ci disons que
c’était pas la peine…
C’est l’histoire d’un enfant qui sait dire Non, et c’est bien suffisant… Et deviendra un
jeune et brillant professeur puis un savant nommé un peu partout dans le monde au
hasard de l’implantation des grandes centrales scientifiques de la terre.
C’est l’histoire d’une famille, en marge comme on dit, et sans doute en fait, au cœur
du monde, libre, gaie, pauvre et rebelle, et dont le terreau essentiel pour continuer à
vivre et inventer sur les ruines du monde, est un amour indéfini et infini, ni mièvre ni
angélique : un « état d’enfance » qui comprendrait tout, à la fois l’origine et l’à-venir,
qui « co-nait » la blessure et la vitalité de cette blessure.
C’est une histoire traversée des rires et des fous-rires de tous, de la violente douceur
de Jeanne, l’incendiaire, la sœur d’Ernesto, de la vitalité de tous les petits brothers
and sisters, des chants de la mère, des jeux et des silences du père…
Une histoire traversée de vents, de pluie et d’orages…
Et cette histoire vient bousculer tous les codes, toutes les normes et toutes les
certitudes...
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C’est l’histoire de ce garçon, Ernesto, d’un âge indéterminé entre 12 et 27 ans, et qui
ne veut plus aller à l’école parce qu’à l’école on lui apprend des choses qu’il ne sait
pas…
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Autour de Sarah Moon
Mondialement connue pour ses photographies de mode, (le magazine Vogue, les
Maisons de Couture telles que Chanel, Dior, Cacharel), Sarah Moon, décide en 1985 de
se consacrer à ses propres créations tant photographiques que cinématographiques,
purement artistiques.
Son univers est proche des contes et de l’enfance... Un émerveillement du monde
toujours menacé par la perte… Les photos sont quasiment toujours en mouvement, les
clichés sont volontairement retravaillés « à la main », comme dans l’atelier du peintre
(abîmés, dégradés ou griffés) pour leur donner un aspect hors temps, suspendu,
vulnérable. Nourrie du cinéma des années 20, des films expressionnistes allemands,
une grande partie de son œuvre est en noir et blanc,
mais elle a aussi travaillé la couleur et leur mélange, tout en créant des situations qui
les déréalisent et ses photos deviennent de la peinture…
En 1990 elle réalise son premier long-métrage Mississipi On, « une histoire d’amour,
sur le mode mineur, entre un homme un peu fêlé et une petite fille, rien d’autre
qu’une ballade douce-amère », qui d’ailleurs fait écho aussi à l’univers de Chaplin et
tout particulièrement à The Kid, tout en gardant une dimension onirique et singulière.
Entre 2002 et 2007 elle revisite l’univers des contes avec quatre courts-métrages,
qu’elle-même appelle des « nouvelles » d’après Andersen et Perrault : Circuss (la Petite
fille aux allumettes), Le fil rouge (Barbe bleue), l’Effraie (Le petit soldat de plomb),
La sirène d’Auderville (La petite sirène), où elle mêle l’argentique, le numérique, le
super-huit, le fixe et le mouvement, les trucages à la Méliès avec les outils de Bill
Gates.
En 2008, Sarah Moon reçoit le prix Nadar et la même année parait son dernier ouvrage
1, 2, 3, 4, 5, livre hybride, fait de cinq cahiers.
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« Je cherche la lumière de l’ombre... » Sarah Moon
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Quelques notes de direction
du travail en cours…
La beauté absolue au cœur de
la fragilité, le sublime toujours
menacé par l’effacement… Ce
qui est fascinant aussi, c’est
cette « traversée du miroir » où
nous entraine Sarah Moon par
son travail de superposition et
déplacement du/des cadres, de
la perspective, des arrières plans,
du « voilé/dévoilé » et bien-sûr
de la lumière… Le « je cherche
la lumière de l’ombre » de Sarah
Moon répond au « c’est par le
manque de lumière qu’on dit la
lumière » de Marguerite Duras.
Duras, voulait faire « un film théâtral » et elle brisa l’unité du cinéma en proposant
parallèlement au film qui se déroule en images, un film purement vocal, non
accompagné d’images. Deux plans et deux forces que tous ses films continueront à
séparer pour casser l’évidence quotidienne de leur rapport.
Le cinéma de Moon, plus esthétisant et élaboré que chez Duras, cherche aussi la
même chose, « pas de naturel, pas plus que d’actuel ni de réel »… Un rapport au
temps particulier, un « hors-temps »… Quelque chose déchire et traverse l’écran…
Toutes deux ont « troué la toile »…
Avec cette création de La pluie d’été, c’est cela aussi que j’aimerais chercher :
Comment au théâtre pouvons-nous « trouer la toile » ?
« Par quel moyen peut-on enlever une couche de complaisance et de facilité et pénétrer
jusqu’au noyau « naïf » ?
Je ne crois pas que ce soit le savoir, car il se lit trop facilement avec l’outrecuidance.
Peut-être que c’est la vérité dans son âpre commencement.
Pour revenir à l’origine, il est indispensable de détruire les normes et valeurs rigides.
C’est probablement cette « primitivité » qui aide à créer un espace libre pour agir et qui fait
de nous des enfants gais et cruels.
Je pense que si l’on essaie de revenir à sa propre origine, on découvre un réservoir qui peut
donner beaucoup.»
Rolf Borzik
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Quand j’ai découvert ce travail photographique et cinématographique de Sarah
Moon, cela a été pour moi une « déflagration »… Comme Duras, Sarah Moon est une
« décrypteuse de la sublimation » et elle atteint une zone profonde de nous-mêmes,
notre « noyau naïf ». Duras disait que « l’état d’enfance » était le « premier miracle
»… (Le deuxième étant la musique « innocente à en hurler »…)
L’œuvre de Sarah Moon est de cet ordre, c’est « miraculeux »…
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Quelques notes de direction
du travail en cours…
De l’équipe artistique, des figures….
Distribution en cours Sébastien Depommier, Isabelle Prim, Laurent MarielleTréhouart, Chris Sahm...
Conception, adaptation, mise en scène Muriel Vernet /
Collaborateur artistique Dominique Pasquet / Cinéaste Jean Guillaud / Scénographie
Daniel Martin /Lumière : Léo Van Custem / Costumes Anne Jonathan / Voix off
Muriel Vernet / Régisseur Julien Cialdella / Musique et univers sonore en cours…
Plusieurs personnages/figures traversent La pluie d’été, tous d’âge approximatif,
portant plusieurs prénoms ou pas du tout (étant nommés de leur fonction), procédé
qui souligne la valeur universelle du récit…
Ernesto (Wladimir) la figure centrale, le « grand frère symbolique », celui qui révèle,
transfigure les autres, initie. Figure christique. Dans le film de Duras, Ernesto porte
un coté « autiste surdoué » ; cette direction ne m’intéresse pas ; d’un âge entre 12 et
27 ans, c’est un jeune homme d’une grande beauté « non sue » qui a conservé son «
noyau naïf et sa vieille âme »… Un visage d’ange et des mains de bûcheron…
Jeanne sa sœur (Giovanna) : Comme Ernesto, elle est belle mais elle ne le sait pas,
peut-être est-ce sa jumelle, sans doute « l’âme sœur », elle « sait » peut-être même
avant Ernesto… Elle parle peu, mais elle est toujours là, contre les murs, blottie, ou
allongée par terre, à écouter Ernesto, toujours en contact et en miroir. L’histoire
d’amour qui les lie est au-delà d’une histoire incestueuse. Ils ne font qu’un, c’est
« Adam et Eve non séparés »…
Jeanne danse, c’est « la vivante », « l’incendiaire », c’est du « désir en mouvement »…
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Ce sera donc du « théâtre cinématographique» et j’aimerais également que cette
création s’ouvre comme un livre de conte…
Avec un début et une fin qu’on peut reprendre, qui se rejoignent, avec des mouvements/
séquences plus que des scènes, des champs contre champs scène/écran, des fondues
enchainés au plateau, des ellipses de lumière noire et blanche…
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
La mère et le père : Des « Joseph et Marie faussement dépassés »… Couple inaliénable…
Elle : (Natascha - Ginetta - Eugenia - Hanka) : d’origine Russe, sans âge, d’une grande
beauté, troublante, une « Reine des bidonvilles », une « Ysé de banlieue », elle chante,
épluche des pommes de terre, invente son Transsibérien et est toujours prête à tout
quitter, tout abandonner. Dira au Journaliste « Ecoutez la phrase d’Ernesto, je ne la
comprends pas à vous l’expliquer, je la comprends à me taire »…
Lui : (Emilio - Enrico) : d’origine Italienne, « autre enfant » de la famille, d’une grande
douceur, fait le pitre pour amuser les tout petits Brothers and Sisters, dévasté par
l’amour qu’il porte à la mère.
L’instituteur : « Au bord du monde », décalé, seul, un peu « fou ». Fasciné par Ernesto
et cette famille…
Le journaliste : Le « bruit du monde » - inconsistant - Il ne sera pas incarné au plateau,
figure en off/ radio/ télévision/ Journal de 20H/ zapping de BFMTV…
La narration-auteure : portée à la fois par une narratrice au plateau sonorisée, une
autre voix enregistrée de femme, et également par tous les acteurs au plateau ou
dans les séquences filmées en fonction de l’adaptation du roman.
Nous chercherons avec les acteurs qu’ils soient au plus près de l’écriture,
qu’ils créent un rapport intime entre l’écriture et eux, dans une corporalité,
une « véracité » au plus proche d’eux-mêmes…
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Les brothers and sisters :
Tous les petits ils ont leur âge. Tous dans la peur de l’abandon (comme dans les
contes). « Sont tous beaux », comme la mère et Jeanne et Ernesto, « si c’est pas
dommage quand même » diront les voisins…. Portés par la voix narrative et voix
d’enfants enregistrées - Voir évocations projections photographiques/film-.
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Partir du « cadre » photographique, cinématographique.
Que le « décor soit acteur ».
Créer un « dispositif du manque » : que tout ne soit pas vu tout de suite, tout le
temps…
L’élément central sera donc un tulle/écran à l’avant scène permettant à la fois la
projection mais aussi la visibilité sur l’espace derrière, tout en créant un voile et donc
une superposition et un arrière-plan.
« Une toile » tendue sur une structure cadre de scène, métallique intégrant différentes
« niches/espaces de jeu» à des hauteurs différentes.
De plus, il y aura aussi un cyclo/écran au fond du plateau, réservé à la projection de
l’Arbre/Livre, figures allégoriques du roman.
Il y aura trois natures d’espaces plateau (espaces de jeu) : devant tulle, derrière tulle
et niches sur structures.
Il y aura deux espaces réservés aux projections cinématographiques que sont le cyclo
/écran du fond plateau et l’écran/tulle de l’avant scène.
Ce qui permettra d’avoir une double projection en transparence, notamment de
l’Arbre omniprésent, mais aussi des présences doublées film/plateau et « traversées
d’écran » - (voir La Rose pourpre du Caire de Woody Allen) – Ce qui permettra aussi
de travailler les champs contre champs par rapport à certaines scènes/séquences
(ex : un acteur de dos au plateau et un autre de face en film qui dialogue – ou pas –
ou contraire, etc...)
Derrière ce tulle/écran d’avant-scène, l’espace du plateau « vide », théâtre
dépendrillonné.
Seules présences d’espaces de terre et d’eau, et quelques éléments pourront
« arriver », comme les deux fauteuils en osiers de la fin sous la pluie…
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De la scénographie, du film, de l’univers sonore...
C O M PA G N I E
Au moment où dans l’histoire, Ernesto « a fait le tour de la connaissance », qu’il
sait qu’il va se séparer de Jeanne et donc perdre « son amour absolu », moment où
la « récupération du monde extérieur » va l’envahir, ce tulle avant-scène tombera,
révélant les acteurs dans leur « vérité nue »…
Retrouver aussi à des moments un cadrage au plateau et dans des moments filmiques,
comme celui très particulier dans le film de Duras Les Enfants : le bas du cadre est le
sol du monde, de la terre et les hommes sont « posés » sur la terre, sur le « cadre »…
Ce qui change les perspectives et les proportions.
Film en noir et blanc : certaines scènes/séquences dialoguées du roman, mais aussi
évocations, paysages, images oniriques… Seul à un moment l’arbre prendra la couleur.
« Images » à créer :
- Jeanne, l’incendiaire « assise sur le monde qui brûle »…
- Chantiers de démolition d’un quartier d’habitations, chantiers de constructions
d’autoroute, quartiers « d’affaires »…
- Projection photos animées notamment d’enfants, mais aussi de rails, trains,
usines désaffectées, cirques de banlieue, etc..
« Craquage » des lumières : densité du noir et
aveuglement du blanc. Le « livre
brûlé » dans
l’histoire, c’est aussi la « toile brulée » c’est à dire
la pellicule brulée, l’image noire dans les films
de Duras. Retrouver ce noir au plateau comme à
l’écran, « troué » par les voix, les silences, l’univers
sonore…
L’univers sonore sera composé de trois natures de sons :
- Le bruitage : importance de la présence du vent, du fleuve, des trains, de bruits
lointains de l’autoroute, de la ville…
- Les voix : la voix off narrative, la voix sonorisée au plateau pour autre type de
narration, la voix de Duras sur des fragments d’interviews, des voix d’enfants, des
rires ; et mixage voix film et plateau.
- La musique : musique instrumentale (en cours) et chants a cappella, notamment
La Neva chantée par la mère, et A la Claire fontaine chantée par Ernesto et
Jeanne. D’autres chants populaires, « musique du monde », traverseront la pièce,
notamment pour le père, l’instituteur et les brothers and sisters…
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CHOSES DITES
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De l’adaptation, du montage...
Travailler à une écriture scénique et cinématographique nourries de tous ces
« matériaux » que sont les trois strates de l’œuvre chez Duras - le conte ah !
Ernesto, le film Les enfants, et le roman La pluie d’été - et l’univers photographique
et cinématographique de Sarah Moon, source d’inspiration scénographique et
esthétique.
Travailler à l’adaptation du roman à la fois pour le plateau et pour le film, avec la « clef
d’entrée du conte » (« la parole porteuse de tout »), donc assumer la narration, avec
la précision de l’écriture de Duras à faire entendre, et en même temps faire exister
les « ellipses » ou coupures de passages de texte par des « variations plateau » non
verbales ou des temps suspendus cinématographiques faisant écho.
Certaines « scènes » ou « séquences » du roman seront entièrement filmées, d’autres
uniquement au plateau, d’autres encore se répondant « plateau/écran ». Nous
travaillerons aussi « la transparence », les différents voiles et leurs superpositions : la
présence physique de l’acteur en perspective derrière l’image à l’écran, etc.
Faire exister aussi ce que convoque le premier titre envisagé par Marguerite Duras
dans notre imaginaire : Les ciels d’orage, la pluie d’été… Cette odeur de la terre et la
clarté de la lumière qui sont lavées de tout, où tout peut de nouveau advenir, après
les ciels d’orage et la pluie d’été. (Thème d’une des variations possible)
Egalement travail de recherche physique, rythmique et chorégraphique autour de
certaines photographies et séquences filmiques de Sarah Moon.
La « théâtralité » qui s’en dégage me fait aussi beaucoup penser au Tantztheater de
Pina Bausch ; là aussi il y a une filiation entre l’œuvre de Sarah Moon et de Pina
Bausch, et je pense tout particulièrement au seul film que Pina Bausch ait réalisé (elle
aussi…) La Plainte de l’Impératrice… Filiation dans la « physicalité », dans les corps des
femmes, dans « l’élégance détournée » des formes, dans les « images/fragments
chorégraphiques » mis en situation, dans ce jaillissement et émerveillement «
toujours menacés par la perte »…
Enfin, travailler tout ce matériau
comme un montage de cinéma…
« Qui dit monter dit confronter, dit
montrer, et voir d’une autre façon…. »
(Sarah Moon)
Pour la Cie Choses Dites,
Muriel Vernet, avril 2015
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
CHOSES DITES
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Genèse d’une Pluie d’été…
Du conte au roman cinématographique…
Variations autour d’une œuvre… De Marguerite Duras
Nous travaillons également à une « petite forme à géométrie variable » en amont
de la création, dédiée à sensibiliser des publics divers, dans des lieux singuliers,
plus intimes, permettant des rencontres et échanges autour des thématiques de
La Pluie d’été, et plus largement sur l’œuvre de Duras.
Cette forme sera «à géométrie variable », notamment une partie plus ciblée
« jeune public » autour du Conte ah ! Ernesto, une autre partie tout public, retraçant
la genèse de ce dernier roman, traversée par des interviews radiophoniques de
Duras en écho de quelques images séquences tirées du travail filmique en cours
sur la création.
Cette « petite forme genèse » ouvrira également sur d’autres écrits de Marguerite
Duras, les grandes thématiques de ce dernier roman qu’est La Pluie d’été, se
retrouvant dans toute l’œuvre de Marguerite Duras…
Cette Genèse d’une Pluie d’été… Du conte au roman cinématographique…
Variations autour d’une œuvre… est conçue pour être proposée dès l’automne
2016, en amont de la création en février 2017, dans les bibliothèques, librairies,
cafés, lycées, écoles, foyers, maisons de retraites, chez l’habitant, en appartement,
et aussi sur des petits plateaux….
« …Mais comment, continue le maitre finaud,
comment l’enfant Ernesto envisage-t-il
d’apprendre ce qu’il sait déjà ?...Hein !...
Tiens ! Mais c’est vrai !... S’exclament
admiratifs les parents. Ernesto fronce les
sourcils et riposte : En rachâchant (…)
Le maitre poursuit son résonnement : J’ai posé
une question il me semble : que savez-vous,
enfant ? Ernesto, cette fois ne se fait pas prier
pour répondre : Non, je sais dire Non et c’est
bien suffisant. »
(Extrait du Conte Ah ! Ernesto)
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« Il reste toujours quelque chose de l’enfance… » Marguerite Duras
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Variations autour d’une oeuvre...
La Pluie d’été... Marguerite Duras
Petites formes à géométrie variable
Le désir de travailler sur La pluie d’été, dernier roman de Marguerite Duras, est né, face au fracas du monde,
de travailler à un conte pour notre temps qui restaurerait une sorte de « douceur résistante », un « état
d’enfance », source de joie et source du vivant que nous portons tous en nous.
De ce roman, la Cie Choses Dites créé en février 2017 une « pièce cinématographique » : La pluie d’été, un
conte pour notre temps…
Mais cet écrit de Duras est infini… Il contient « tout », il est universel et intergénérationnel car il touche à
« l’origine »; il met en écho de grandes thématiques contemporaines comme celle de la transmission des
savoirs ou de la connaissance, celles des frontières et des clivages de tous ordres, aussi celles du corps, du
désir, enfin questionne « cet état d’enfance, cet émerveillement toujours menacé par la perte… »
Aussi le désir s’est imposé de travailler en parallèle de cette création à des petites formes hybrides en
résonance.
Ces petites formes sont dédiées à sensibiliser des publics divers, dans des lieux singuliers et plus intimes
tels que les bibliothèques, librairies, cafés, lycées, écoles, foyers, maisons de retraites, chez l’habitant, en
appartements, et petits plateaux …
Afin de permettre des rencontres et échanges avec les publics, une approche plus directe et concrète de
l’œuvre, une sorte de clé d’entrée, et enfin de partager et nourrir ainsi une réflexion commune.
Ces petites formes proposées « à géométrie variable » sont également « à géométrie variable » qu’en t’a la
distribution : de 1 à 4 artistes, en fonction : 2 comédiens(nes), 1 musicien-vidéaste,
1 danseuse. Et cela ne nécessite que très peu de technique en fonction des lieux.
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*La pluie d’été, c’est l’histoire de ce garçon, Ernesto, d’un âge indéterminé entre 15 et 27 ans, et qui « ne
veut plus aller à l’école parce qu’à l’école on lui apprend des choses qu’il ne sait pas…»
C’est le dernier roman de Marguerite Duras ; il est né tout d’abord d’un conte philosophique pour enfants Ah
! Ernesto écrit en 1970 puis Duras en réalisera un film en 1984, Les enfants, (le dernier également). Enfin en
1990, elle reviendra au récit et écrit Les ciels d’orage, la pluie d’été (1er titre envisagé).
C O M PA G N I E
CHOSES DITES
Genèse d’une Pluie d’été, du conte au roman cinématographique…
Petite forme croisée lecture, musique, vidéo et danse retraçant la genèse de ce roman : le conte Ah !
Ernesto, seul écrit jeunesse de M. Duras, les notes de l’éditeur autour de cet « ouvrage jeunesse »,
considéré à l’époque comme trop subversif, quelques notes de Duras autour du film Les enfants, enfin
quelques fragments du roman traversés par des interviews radiophoniques de Duras, mis en perspectives
avec quelques images séquences tirées du travail filmique fait autour de la création de Février 2017 de la
Pluie d’été. Cette petite forme peut être accompagnée également par une composition musicale en live
au violon, et d’une performance chorégraphique.
Avec, en fonction : Comédiens/lecteurs : Laurent Marielle Tréhouart et Muriel Vernet, Violoniste et
cinéaste jean Guillaud, danseuse chorégraphe Margaux Marielle-Trehouart.
De l’enfance… Conte et poésie ….
Lecture jeune public du conte de Marguerite Duras Ah ! Ernesto et poèmes en résonnance
Par Laurent Marielle-Trehouart
Il s’agit là de sensibiliser le jeune public avec la lecture de ce petit conte, et d’ouvrir également à la poésie
contemporaine jeunesse.
Cette lecture peut être également suivie par un atelier d’écriture autour des thématiques que suscite ce
conte Ah ! Ernesto.
« …Mais comment, continue le maitre finaud, comment l’enfant Ernesto envisage-t-il d’apprendre ce qu’il
sait déjà ?...Hein !...
Tiens ! Mais c’est vrai !... S’exclament admiratifs les parents. Ernesto fronce les sourcils et riposte : En
rachâchant (…)
Le maitre poursuit son résonnement : J’ai posé une question il me semble : que savez-vous, enfant ?
Ernesto, cette fois ne se fait pas prier pour répondre : Non, je sais dire Non et c’est bien suffisant. »
(Extrait du Conte Ah ! Ernesto)
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« Il reste toujours quelque chose de l’enfance… » Marguerite Duras
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CHOSES DITES
Effeuillons la marguerite …Lecture musicale
Nous ne pouvons tout parcourir, l’œuvre et la vie sont trop denses…
Nous effeuillerons donc, quelques chemins de traverse… De l’écriture, du cinéma,
de l’érotisme, de la résistance…
Marguerite Duras – 1914/1996 - femme bien ancrée dans son siècle, transgressa
les lois artistiques et sociales de son temps et par son regard incisif sur le monde,
décrypteuse de la sublimation, elle nous est toujours- tout le temps, partoutcontemporaine…
Textes et fragments tirés de :
Écrire, Les carnets de la guerre, La vie matérielle, Outside, Les Yeux verts (cahiers
du cinéma), La Couleur des mots (Entretiens avec Dominique Noguez), C’est tout …
Avec Muriel Vernet - Lecture et Jean Guillaud - Violon
Marguerite et François… (En cours de préparation….)
Petite forme autour des entretiens de Marguerite Duras et François Mitterrand.
Ces entretiens entre Marguerite Duras et François Mitterrand ont été enregistrés
entre juillet 1985 et avril 1986, à l’initiative de Michel Butel, directeur de L’autre
journal.
En 2006, les Editions Gallimard ont réunis les textes dans un livre intitulé Le bureau
de poste de la rue Dupin et autres entretiens, préfacé par Mazarine Pingeot.
Amis de jeunesse, évoquant les grands événements du 20ème siècle, avec leur
acuité et intelligence féroces ainsi qu’une grande maitrise orale de la langue
française, aujourd’hui en voix de disparition…
Ces entretiens et joutes verbales de Duras et Mitterrand restent extrêmement
réjouissants et éclairants pour notre 21èmesiècle en quête de sens….
Avec : Laurent Marielle-Trehouart, Muriel Vernet, jean Guillaud – violon - et
quelques archives de films documentaires….
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« Effeuillons la Marguerite » est une invitation au voyage, un cheminement à travers
l’œuvre et la vie de Marguerite Duras, œuvre littéraire et cinématographique,
sous tendue par ses engagements politiques.
C O M PA G N I E
Muriel Vernet
Fondatrice de la Compagnie Choses Dites depuis 1999, metteure en
scène, comédienne et pédagogue.
Artiste Associée au Théâtre de Vienne 2015-2016 - 2017.
En résidence avec la Communauté de Communes de Bièvre-Isère de
2010 à 2012. En résidence à L’Hexagone, Scène Nationale de Meylan
de 2004 à 2008.
De triple formation : Musique (piano et chant au Conservatoire
d’Annecy et cours Gauthier), Danse (cours Russillo et Pasquet), Muriel
Vernet a commencé sa formation théâtrale au Conservatoire de Lyon,
puis au cours de Jean-Louis Martin-Barbaz et à l’Ecole du TNP de
Chaillot à Paris avec Antoine Vitez, Madeleine Marion, Yannis Kokkos,
Jean-Marie Winling. Comédienne depuis 1986 - au théâtre sous la
direction de Martin-Barbaz, Auricoste, Mnouchkine, Knapp, Marion,
Charrier, Rossfelder, Roy, Bourcier, Seyer, Perret, Serrano, Dioume,
Bozo, Pick, Touré, Belletante, d’Introna, Mennessier - au cinéma dans
des réalisations de Patureau, Flaubert, Peterli, Berry, Comencini,
Nuytten.
Très investie aussi dans la transmission, Muriel Vernet a accompagné et dirigé des projets de pratiques
amateurs et d’éducation artistique (festival d’été de la Cité de Carcassonne, Théâtre du Sappey en Chartreuse,
ateliers de l’Amphithéâtre de Pont de Claix, ateliers de la Cie Choses Dites, Classes à option théâtre). Elle
enseigne aussi depuis 1994 - cours privés à Paris, CNAC à Châlons-sur-Marne, stage à l’ENASTT à Lyon, et a été
assistante de Madeleine Marion au CNSAD de Paris. De 2002 à 2015 elle est professeure puis coordinatrice
du département théâtre du Conservatoire de Grenoble et intervient également au Conservatoire de Lyon.
Actuellement elle enseigne à l’Ecole de formation d’acteur Auvray-Nauroy à Paris.
Femme de théâtre en prise directe avec son temps, elle a porté à la scène plus d’une quinzaine de créations
avec la Compagnie Choses Dites :
Saisons : 2015, 2016, 2017 - Artiste associée au Théâtre de Vienne
· « La pluie d’été, un conte pour notre temps» d’après Marguerite Duras - Création Février 2017 au Théâtre
de Vienne
· « Mangeront-ils ? » de Victor Hugo, 2015 (Théâtre de Vienne, Hexagone, Scène Nationale de Meylan,
Théâtre de Privas, Chateau Rouge à Annemasse, Théâtre de Bourgoin Jallieu et Auditorium de Seynod)
Création Novembre 2013
· « Celui qui ne sait plus parler qu’il chante ! ou le chant des larmes joyeuses… » Fugue intempestive (Théâtre
145 - Grenoble)
Saisons : 2010/2011/2012 - 3 créations autour du triptyque « Gibiers du Temps » de Gabily – Résidence
Bievre-Liers
· « A tout va » Manifeste – Oratorio D’après le journal, articles et notes de travail de Didier-Georges Gabily,
Juillet 2011 Festival d’Avignon, octobre 2011, septembre 2012
· « Gibiers (matériau/fragments) du Temps » De Didier-Georges Gabily, 2011
· « Phèdre, la chambre d’écho : Pour Hippolyte, le jeune homme au fusil » De Yannis Ritsos, 2010, 2011
De 2004 à 2008 – Résidence à l’Hexagone, Scène Nationale de Meylan
. « Et si on jouait au camion, Marguerite ? » D’après « Le camion » de Marguerite Duras, 2008, 2009
· « Stabat Mater Furiosa » de Jean-Pierre Siméon, Cie Adelante et Choses Dites, 2008, 2010
· « Rencontres avec Bram van Velde… ou l’art pour ne pas être broyé» de Charles Juliet, 2007
· « Grand et Petit » de Botho Strauss – 2005, 2006
· « L’impossible innocence du monde » D’après Büchner, Kleist, Handke, Celan, Strauss, 2004, 2006
· « Du rire et de l’oubli » de Milan Kundera, 2004 · « L’Échange » (1ère et 2ème version) de Paul Claudel, 2002,
2003 · « L’Épître aux jeunes acteurs, pour que soit rendue la Parole à la Parole » d’Olivier Py ; avec Madeleine
Marion, 2001, 2003, 2004, 2006 · « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » de Stig Dagerman,
2000 · « Rimbaud, la tentation du soleil » de Jean-Pierre Chambon, 1999
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
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Avec la Compagnie Choses Dites, Muriel Vernet crée aussi plus d’une
trentaine de lectures scéniques musicales :
« Genèse d’une pluie d’été » Ciné/ lecture d’après des entretiens de
Marguerite Duras et de Sarah Moon, 2016 - « Hugo dans l’Ile » d’après
Victor Hugo, 2014 - « Etranges étrangers », 2013 - « Couleurs Femmes
», 2012 - « Les métamorphoses de Vénus », 2010, 2011 - « Je te nous
aime » d’Albane Gellé, 2011 - «Lhommequicompte – Journal un peu
vrai » d’Isabelle Pinçon, 2011 - «Petit Traité de la lubricité » de Lydie
Salvayre, 2011 - « Marguerite, la décrypteuse », cycle de lectures
autour de Marguerite Duras, 2009 - « La langue mordue » de Seyhmus
Dagtekin, 2007 - « Techniques de l’exil » de Léo Ferré, 2007 - « Femmes
passeuses de mémoires», 2005, 2006 - « Stabat mater furiosa » de
Jean-Pierre Siméon, 2004 - « Du luxe et de l’impuissance » de Lagarce,
2004 - « Échos sous les arbres », 2004 - « Mémoires improvisés »
Paul Claudel, 2003, 2007 - «Regards d’Allemagne, lecture-parcours à
Berlin», 2005 - « Lecture-rencontre autour de Jean-Pierre Spilmont»,
- «Lectures croisées de paysages » avec un comédien et un paysagiste, 2004 - « Lecture Verlaine » printemps
des poètes, 2004 - « Odyssée poétique » printemps des poètes, 2004 - « Au fil de l’eau », 2002 - « Le livre inutile
» de Christian Bobin, 2001, 2002 - « Eau douce » lecture et exposition photographique, 2001 - «L’homme
vivant» de Louis Calaferte, lecture et danse, 2000 - « Par tous sentiers de langues, par toutes forêts du verbe…»
Paul Claudel, 2000 - « Le sexe de la femme comme champ de bataille » de M. Visniec, 2000 - « Poésie érotique
au féminin », 2000 - « Choses dites » de Louis Calaferte, 1999.
Elle crée également en collaboration avec diverses structures (ateliers, Ecoles, Conservatoires, Festivals,
autres équipes artistiques) une trentaine de spectacles : - « Les Prétendants » de Jean-Luc Lagarce, 2016 « Evènements » d’après Didier-Geaorges Gabily, 2016 - « Voracités… » d’après Euripide, Sophocle, Alfieri,
Ritsos, Cassiers, Lanoye, 2015 - « Voix et Fragments d’agonies » d’après la 2ème époque de Gibiers du Temps
de Gabily, 2015 - « Tentatives du Dire du Quoi » d’après Les Tristes champs d’asphodèles de Kerman, 2015
- « Je t’attendrai dit Jeanne…» d’après Circuss film de Sarah Moon à partir de La Petite Fille aux allumettes
d’Andersen, 2015 - « On aurait dit je tremble…» d’après Joël Pommerat, 2014 - « Aux rivages du genre…. »
Textes, poésie, performances, 2014- « Cent culottes et sans papiers » - de Sylvain Levey - 2013, « Fragments
du pays lointain… » D’après Jean-Luc Lagarce . 2013, « Cabaret Nouvelle Vague » - Hommage à Godard,
Truffaut… - 2013, « Le Pain de Roméo » d’après La Servante d’Olivier Py - 2012, « Illusions/Hallucinations »
Performances/Installations – 2012, « Violences – un diptyque (fragments) » de DG Gabily – 2011, « Cabarets
Minute’ chansons entre deux guerres » - 2011, « Ciel et Simulacre » ou « La comédie du temps » de JeanMarie Piemme – 2010, « Cabaret Vian » textes et chansons – 2010, « Fragments d’Eros » d’après Euripide,
Garnier, Racine, Ritsos, Gabily – 2009, « Réponse à la question précédente » de Jacques Rebotier – 2009,
« Des monstres d’infinie solitude » Sylvie Guillermin (danse) et Lionel Damei (chansons) 2009, 2010, 2011
« Chimères » de Didier-Georges Gabily, 2008 - « Si vous m’aimez, fermez vos gueules ! » cabaret autour de
Jacques Brel, 2008 - « 1ère journée du Soulier de Satin »de Paul Claudel ; avec Madeleine Marion, Ensatt
et Rencontres de Brangues, 2007 - « Le visage d’Orphée – 1ère époque » d’Olivier Py, 2007 - « Baal » et
«Mahagonny » de Bertolt Brecht, 2006 - « Quai Ouest » de Bernard-Marie Koltès, 2005 - « autour de « La
pluie d’été » de Marguerite Duras, 2004 - « Le Contrat des attachements » de Jean-Yves Picq, 2004 - « La
Conférence des Oiseaux » de Jean-Claude Carrière, 2003 - « Fantasio » d’Alfred de Musset, 2002 - « Donc » de
Jean-Yves Picq, 2001 - « La Cerisaie » d’Anton Tchekhov, 2000 - « Roberto Zucco » de Bernard-Marie Koltès,
2000 - « Clap », «Black Out » et « Opéra Bleu » de Louis Calaferte, 1999
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CHOSES DITES
Muriel Vernet
Artiste associée au
« … Les temps qui viennent, temps dont nous
sommes, nous aussi, et chasseurs et gibiers,
n’annoncent rien de bon quant à l’utopie
communautaire, voire simplement citoyenne.
Quant au reste non plus, d’ailleurs. Ne parlons
pas de l’art (…), on oublie que le véritable ne se
fonde que dans la réitération obstinée d’une geste
qui a besoin de la durée, de la virulence lente, de
l’inoculation du temps. » Didier-Georges Gabily
Théâtre de Vienne
en mouvement, et partager avec lui des questionnements, des émotions… Par les temps qui courent, c’est
essentiel…
La Compagnie Choses Dites
Créée par Muriel Vernet - metteur en scène et comédienne, et Laurent Marielle-Tréhouart - poète et
comédien, la Compagnie Choses Dites a pour vocation de « faire théâtre de tout », faire ressurgir une écriture,
une langue, un souffle, en cherchant d’autres champs d’expériences : croisements avec différentes voies de
création (la poésie, la photographie, la peinture, la danse, le cinéma…).
Tout en revendiquant l’espace du plateau de théâtre, elle cherche aussi différentes incarnations
scénographiques dans des espaces divers et lieux uniques, propose aussi des petites formes croisées,
notamment autour de la poésie contemporaine, des lectures musicales, des rencontres et échanges avec
le public afin de partager du sens et du désir pour toujours réinventer ensemble, voire « ré enchanter » le
monde…
Les résidences artistiques (2004 > 2017) :
De 2015 à 2017 : Artiste associée au Théâtre de Vienne
Projet centré sur les écritures intempestives.
De 2010 à 2012 : Résidence avec la Communauté de Communes de Bièvre-Isère.
Projet ancré dans des lieux de patrimoine industriel – Chantier d’exploration autour de l’œuvre de Didier
- Georges Gabily et son triptyque Gibiers du Temps avec plusieurs créations, sous le titre générique Une
archéologie du désir…
De 2004 à 2008 : Résidence à l’Hexagone Scène Nationale de Meylan autour de la thématique :
L’art, la parole et les traces. Six créations ont eu lieu, essentiellement tirées d’écritures contemporaines.
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A partir de janvier 2015, Giuliano Tenisci a proposé à la Compagnie Choses Dites d’être artiste associée au
théâtre de Vienne.
Etre artiste associée à un théâtre, c’est être accueillie, soutenue et accompagnée par un lieu, afin d’inventer
et d’enrichir une histoire commune.
C’est élargir un chant/champ artistique et citoyen de part en part, c’est aller à la rencontre du public, toujours
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CHOSES DITES
CONTACTS
www.ciechosesdites.fr
Compagnie Choses Dites
Résidence Les Jardins de Bonne
12 rue Simon Nora-38000 Grenoble
Metteur en scène
mel : [email protected]
Muriel Vernet
www.chosesdites.fr
Tel : 06 80 50 16 47
Albine Ginon
19.10 Prod
mel : [email protected]
Tel : 06 20 89 57 82
Diffusion
Emmanuelle Guérin
19.10 Prod
mel : [email protected]
Tel : 06 10 44 02 83
www.19-10prod.com
Crédits photographiques : Claudine Lambert : page de couverture et page 12 // Catherine Chapelle : pages 5,
10, 13 // Jean Guillaud : pages 4, 11, 14 // Margaux Marielle Tréhouart : page 8 //Guy Delahaye : page 15 //
Gérard Berne : page 16 //Source internet : page 2
La Compagnie est subventionnée par la DRAC Auvergne - Rhône-Alpes, la Région Auvergne - Rhône-Alpes,
le Conseil Général de l’Isère et avec le soutien de la Ville de Meylan.
19.10 prod/ Emmanuelle Guérin/ 06 10 44 02 83 / [email protected] / www.19-10prod.com
Administration
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