Janvier 2015
La clé de notre expertise : la recherche approfondie
Point de vue
sur le marché du pétrole
AUTEURE
Barbara Betanski, CFA
Gestionnaire de portefeuille
principale, actions
canadiennes
AVEC LA CONTRIBUTION DE
Duncan Mathieson, CFA
Vice-President, Canadian
Equitiesl
Benoît Durocher
Vice-président directeur et chef
stratège économique
Richard Beaulieu, CFA
Vice-président et économiste
principal
Regard approfondi sur les déterminants
du prix du pétrole
Après avoir récemment culminé à 110 $ le baril en juin 2014, les prix de
référence du pétrole ont chuté de plus de 55 %, les cours les plus récents du
Brent et du WTI s’établissant en deçà de 50 $ le baril. La moyenne des cours
mondiaux du pétrole dépasse les 100 $ le baril depuis 2011. La période de
quatre ans durant laquelle des prix record ont été enregistrés a contribué à
créer les conditions propices à l’e ondrement actuel : la production des pays
non membres de l’OPEP connaît sa plus forte croissance à ce jour tandis que
les dépenses en immobilisations de l’industrie augmentent et que la demande
croît à son rythme le plus faible des cinq dernières années.
Prix du pétrole brut
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1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011 2015
West Texas Intermediate (WTI)
Sources : Federal Reserve Bank of St-Louis, US Department of Energy, Addenda Capital
(USD)
La clé de notre expertise : la recherche approfondie
Point de vue
sur le marché du pétrole
Tendances clés ayant mené à la récente baisse des cours mondiaux du pétrole
Les marchés mondiaux du pétrole ont été marqués par certaines tendances clés au cours des
dernières années :
1. Demande : Depuis 2009, la croissance de la demande mondiale en pétrole a été plutôt faible
comparativement à la période de dix ans qui a précédé. En particulier, la croissance de la
demande en pétrole a ralenti de façon signi cative en 2014, augmentant de seulement 0,6
million de barils par jour (b/j), alors qu’elle atteignait 1,3 million b/j en 2013.
2. Lo re : La rapidité des innovations technologiques a permis l’accès à de nouvelles sources
d’approvisionnement, notamment les dépôts de pétrole de schiste d’Amérique du Nord. Cette
situation a entraîné une forte croissance de l’approvisionnement en pétrole issu de nouvelles
sources. Les cours élevés ont favorisé des investissements élevés en immobilisations. En 2014,
la production de pétrole de schiste s’est accélérée et a surpassé les attentes aux États-Unis.
La hausse de la production des pays non membres de l’OPEP a atteint le niveau record de 1,9
millions b/j en 2014, comparativement à une croissance moyenne annuelle de 0,7 million b/j
entre 2000 et 2013.
3. Géopolitique : Depuis 2011, les con its géopolitiques qui sévissent dans plusieurs pays (Libye,
Irak, Iran, Nigeria, Syrie, Soudan et Soudan du Sud, Yémen) ont causé d’importants arrêts de
production dépassant à certains moments les 3 millions b/j. Ces perturbations, subies durant
presque toute la période couvrant 2011 à 2014 et atteignant des niveaux inégalés au début de
2014, ont rendu moins évident l’écart qui se creusait entre la croissance de la production et
l’a aiblissement de la demande. Ces bouleversements ont permis aux cours du pétrole de
demeurer au-dessus de 100 $/b la plupart du temps, malgré la détérioration de l’équilibre entre
l’o re et la demande.
4. Début de la chute des cours du pétrole : Au milieu de 2014, la production a partiellement repris
en Libye. Cet approvisionnement supplémentaire a révélé l’équilibre précaire sous-jacent des
marchés du pétrole, et les cours du pétrole ont commencé à baisser. LArabie saoudite, qui a
souvent agi comme producteur d’appoint en réduisant sa production lorsque les marchés du
pétrole étaient sur approvisionnés, n’est pas intervenue pour stabiliser les prix. Au moment
de rédiger ce document, l’Arabie saoudite a rmait qu’elle n’avait aucunement l’intention de
réduire sa production. Cette décision semble viser, du moins en partie, à modérer les dépenses
élevées en immobilisations engagées par les producteurs non membres de l’OPEP et ainsi
ralentir, sans toutefois stopper, l’exploitation de pétrole de schiste, limitant par conséquent la
croissance de l’o re, qui pourrait autrement continuer de nuire à la part de marché de l’Arabie
saoudite.
Point de vue
2
Structure du marché et de l’industrie du pétrole brut
Établissons d’entrée de jeu qu’à court terme, la demande en pétrole est plutôt inélastique quant
aux variations de prix en raison de l’omniprésence du pétrole dans nos économies modernes et
de l’absence de solutions de rechange e caces. Lo re à court terme, elle, varie davantage que la
demande, mais selon une capacité limitée d’augmentation de la production. À plus long terme,
l’o re et la demande sont toutes deux plus élastiques quant aux  uctuations de prix puisque les
prix élevés favorisent la création de nouvelles technologies permettant une utilisation plus e cace.
Un prix plus élevé est également propice à la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement
et aux changements de comportement des consommateurs en faveur du développement d’autres
sources d’énergie.
Demande mondiale de pétrole
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Consommation mondiale de pétrole
Source : US Energy Information Administration, Addenda Capital
(millions de barils par jour)
La structure du marché du pétrole brut correspond à un modèle d’oligopole mondial au sein
duquel les décisions en matière d’investissement et de production prises par un petit groupe
de grands producteurs peuvent avoir une incidence considérable sur l’o re à l’échelle du globe.
Au cours des cinq dernières décennies, soit depuis le début des années 1970, les décisions
concernant l’établissement des prix et les parts de marché ont été grandement in uencées par
le comportement de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP1), un cartel de pays
producteurs de pétrole. Aujourd’hui, ce cartel compte 12 pays membres contrôlant la propriété et
l’exploitation de la ressource à l’intérieur de leurs frontières respectives. LOPEP a été fondée en
1960 par l’Irak, le Koweït, l’Iran, l’Arabie saoudite et le Venezuela, à un moment où le marché du
pétrole était dominé par des multinationales collectivement appelées « les sept sœurs », établies
aux États-Unis, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
LOPEP a véritablement commencé à imposer son emprise sur le marché en 1973, lorsqu’elle a
brutalement augmenté le prix du pétrole (de 3 $ US à 12 $ US) en réaction à l’aide apportée à Israël
par les États-Unis pendant la guerre du Yom Kippour, déclenchant le premier « choc pétrolier ».
Depuis ce temps, les décisions concernant l’établissement des prix et le système de quotas de
production du cartel ont souvent exercé une pression importante sur les prix du pétrole. De plus,
les décisions en matière de production prises par l’Arabie saoudite, le producteur dominant du
cartel, ont souvent dicté la tendance à court terme des prix du pétrole. En e et, les Saoudiens
ont souvent agi comme producteur d’appoint, intensi ant ou réduisant leur production pour
équilibrer le marché et atténuer la pression sur les prix.
Point de vue
31 Aujourd’hui, les douze pays membres de l’OPEP sont l’Algérie, l’Angola, l’Équateur, l’Iran, l’Irak, le Koweït, la Libye, le Nigeria, le Qatar, l’Arabie
saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Venezuela.
Le cartel pro te encore aujourd’hui d’un important pouvoir sur l’établissement des prix puisqu’il
détient 39 % du marché mondial du pétrole, même si cette part a diminué d’environ 10 % depuis
son apogée. Néanmoins, les pays de l’OPEP possèdent toujours les réserves de pétrole les moins
chères à exploiter. Tandis que beaucoup des 61 % restants produits par les pays non membres de
l’OPEP viennent également de sources conventionnelles relativement peu coûteuses, une part
considérable et croissante du pétrole est beaucoup plus chère à exploiter, qu’il s’agisse de sources
conventionnelles comme les puits en eau profonde, ou de sources non conventionnelles comme
les formations de schistes et les sables bitumineux.
Parts de marché de la production de pétrole brut.
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Non-OPEP OPEP
Source :US Energy Information Administration, Addenda Capital
(%)
Un oligopole, surtout s’il comprend un cartel favorisant la collusion, tentera généralement de  xer
un prix plus élevé que dans un contexte typique de marché à libre concurrence. Ce prix supérieur,
qui favorise les producteurs au détriment des consommateurs, peut être exigé au  l du temps
grâce à un sous-approvisionnement du marché à la marge. Le maintien d’un tel état de sous-
approvisionnement peut toutefois s’avérer épineux. Lorsque les prix sont élevés et que les incitatifs
à produire davantage sont nombreux, il peut devenir impossible de faire respecter des quotas
de production aux membres du cartel. Qui plus est, des prix qui demeurent élevés encouragent
l’exploration. Lexploitation de sources d’approvisionnement supplémentaires à l’extérieur du
cartel  nit par combler le manque et exerce une pression à la baisse sur les prix.
Pendant le premier choc pétrolier, en 1973, l’OPEP a imposé un embargo sur les exportations de
pétrole à de nombreux pays occidentaux, y compris les États-Unis et le Canada, et le prix du baril
de pétrole est passé de 3 $ US à 12 $ US. Au cours du deuxième choc pétrolier, déclenché par les
ruptures d’approvisionnement durant la révolution iranienne de 1979, les prix ont atteint un
point culminant de 40 $ US. Ces cours élevés constituaient un incitatif puissant pour les nouvelles
explorations. Les découvertes majeures en Alaska, dans la mer du Nord, dans la mer Caspienne et
au Caucase ont donné lieu à beaucoup de nouvelles sources d’approvisionnement, et la Russie est
alors devenue le plus grand producteur du monde. Cette o re supplémentaire a réduit le pouvoir
et la cohésion au sein de l’OPEP, la transgression des quotas est devenue monnaie courante et le
recul des prix s’est enclenché, cette tendance se poursuivant tout au long des années 1980 et 1990,
jusqu’à un creux de 9,44 $ US en décembre 1998.
Point de vue
4
Production de pétrole brut - Russie
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Source : US Energy Information Administration, Addenda Capital
(milliers de barils par jour)
De la  n des années 1990 jusqu’au début de la grande récession de 2008, la demande en pétrole
a fortement augmenté à la suite de la croissance économique soutenue des marchés émergents,
notamment la Chine et l’Inde. Durant cette période où la production avait peine à su re à la
demande grandissante, les prix du pétrole ont connu une envolée pour culminer à 144 $ à l’aube de
la grande récession.
Tandis que l’on entrait dans la grande récession, la demande s’est temporairement e ondrée et le
prix du pétrole a chuté à 37 $ US. En 2009, l’économie mondiale et la demande reprenant du mieux,
le prix du pétrole a rebondi assez rapidement autour des 80$ US puis s’est mis à augmenter de
façon volatile jusqu’à un peu plus de 100 $ US. D’un bout à l’autre de cette période plus récente,
la demande a enregistré une progression beaucoup plus lente qu’au cours de la décennie de forte
croissance des marchés émergents qui avait précédé la grande récession. Cependant, l’instabilité
géopolitique persistante au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a occasionné de fréquentes
ruptures d’approvisionnement et une prime substantielle pour compenser les ruptures possibles
s’est imbriquée dans le prix. Dans ce climat d’instabilité géopolitique, les prix constamment élevés
ont encouragé l’exploitation de sources non traditionnelles coûteuses, comme les formations de
schistes aux États-Unis et les sables bitumineux au Canada. Ces deux sources à elles seules assurent
actuellement la production de plus de 7 millions de barils par jour, ou près de 8 % de la demande
mondiale.
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Source : US Energy Information Administration,Addenda Capital
(milliers de barils par jour)
Production de pétrole brut - Canada
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Source : US Energy Information Administration, Addenda Capital
(milliers de barils par jour)
Production de pétrole brut - États-Unis
Point de vue
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