
Journal Identification = IPE Article Identification = 1060 Date: April 30, 2013 Time: 2:36 pm
Accès psychotique aigu révélant une poussée de neurolupus
Figure 2. IRM en coupe horizontal en T2.
Sur le plan psychiatrique, la patiente fut traitée par
olanzapine à la dose de 5 mg/j, le soir associé à un anxioly-
tique. L’évolution fut favorable, marquée par la disparition
progressive des symptômes psychotiques au bout d’un
mois.
Discussion
L’atteinte neurologique lupique peut être à l’origine d’un
retard diagnostique dans les formes psychiatriques pures.
Chez notre patiente, la démyélinisation n’était pas accom-
pagnée de signes neurologiques et c’est l’apparition des
signes psychotiques qui a suscité la demande d’une IRM
cérébrale qui a objectivé la démyélinisation, ce qui fait la
particularité de notre cas clinique. On n’a pas trouvé des
cas similaires dans la littérature.
Les atteintes neuropsychiatriques constituent avec les
atteintes rénales, les complications qui conditionnent le
pronostic du LED [5].
L’Association des rhumatologues américains en 1999 a
proposé une description des atteintes du système nerveux
observées dans le LED en 19 syndromes neuropsychia-
triques. Les troubles psychotiques en font partie [1].
Les désordres psychiatriques communs du LED neu-
ropsychiatrique et leurs incidences peuvent varier dans la
littérature en fonction de la méthodologie (10 à 75 %) avec
16 à 52 % de troubles dépressifs,5à11%detroubles
psychotiques. Ces chiffres ne distinguent pas les troubles
psychiatriques comorbides, réactionnels, iatrogènes ou dus
à un neurolupus [4].
La psychose lupique est généralement attribuée au dom-
mage immunologique de la maladie bien qu’elle puisse plus
rarement être secondaire à des altérations métaboliques ou
à des médicaments, surtout les corticoïdes (1, 3-5 % des cas
de patients sous fortes doses) [8, 9]. La chronologie de sur-
venue par rapport à la maladie lupique et aux variations des
doses des corticoïdes fait la distinction entre troubles psy-
chiatriques dus au traitement, ou dus au lupus. Soixante et
onze pour cent des troubles psychiatriques dus au lupus sur-
viennent la première année contre 57 % dans les 15 premiers
jours du traitement par les corticoïdes. Les troubles psycho-
tiques sont plus fréquemment dus au neurolupus qu’aux
corticoïdes et la diminution des doses de corticoïdes suffit
à faire disparaître les symptômes [4, 6].
Selon la littérature, l’expression psychiatrique la plus
typique, mais non exclusive, du neurolupus est souvent
précoce au début de la maladie, parfois révélatrice, asso-
ciant un syndrome hallucinatoire, un syndrome délirant et
un syndrome confusionnel [3, 4, 7].
Le diagnostic de neurolupus est orienté le plus souvent
par les données de l’IRM cérébrale.
Selon des auteurs, l’IRM cérébrale chez des patients
lupiques avec des manifestations neuropsychiatriques a
objectivé des lésions d’hypersignal au niveau de la sub-
stance blanche ou grise du cervelet ou du cerveau, la plupart
des lésions évidentes sur l’IRM n’étaient pas apparentes sur
TDM cérébrale [2, 10].
Le traitement des troubles psychiatriques liés à un neu-
rolupus est celui de la maladie lupique, et les psychotropes
sont prescrits transitoirement et de manière symptomatique.
Les neuroleptiques atypiques sont à privilégier. La durée de
traitement nécessaire lors de troubles psychiatriques liés à
un neurolupus reste empirique avec diminution progressive
des psychotropes une fois que les paramètres biologiques
du lupus régressent avec retour à la quiescence clinique [4].
Dans notre observation, la poussée du neurolupus est
apparue huit ans après le diagnostic de la maladie. Le
diagnostic est retenu par l’apparition d’un trouble psycho-
tique chez une patiente présentant des céphalées depuis
deux mois avec un épisode de confusion mentale, une
démyélinisation cérébrale dans l’IRM cérébrale. L’examen
neurologique est strictement normal.
Conclusion
L’atteinte neuropsychiatrique au cours du lupus sys-
témique constitue un tournant évolutif de la maladie
lupique et constitue une complication grave. Elle doit
être recherchée systématiquement même en absence de
signes neurologiques afin de pouvoir instaurer un traitement
précoce.
Conflits d’intérêts : aucun.
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 89, N◦4 - AVRIL 2013 335
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.