diagnostiquées (n=71) a montré que les seules différences statisti-
quement significatives ont concerné la fréquence plus importante
deconstipation, de dyschésie, de présence de manœuvres vaginales
et/ou périnéales, et de la sensation d’exonération incomplète dans le
premier groupe ainsi que l’importance de l’amplitude de la descen-
te périnéale radiologique (40+/-6,7 mm contre. 35+/-7 mm).
(Tableau I). Ainsi, à ce jour, dans un service traitant tous les trou-
bles de la statique pelvienne mais orienté vers la chirurgie gynéco-
logique, le diagnostic de périnée descendant n’est retenu, sans
doute logiquement, que lorsqu’il existe une symptomatologie cli-
nique.
Pour pallier l’insuffisance de l’examen clinique, on peut utiliser un
périnéomètre [16]. Il consiste en un cylindre central gradué en cen-
timètres, mobile verticalement sur une base métallique. Ce cylind-
re est bordé par deux bras métalliques parallèles pouvant être
immobilisés sur la base commune. Le patient est placé en décubitus
latéral gauche. Le cylindre mobile central est ajusté au niveau de la
marge anale avec les deux bras métalliques parallèles ajustés à la
hauteur des tubérosités ischiatiques. Les mesures sont prises au
niveau du cylindre central en position de repos puis en poussée. La
différentielle obtenue correspond à la descente périnéale. Une des-
cente périnéale anormale a été définie comme une descente de la
marge anale dépassant le plan des tubérosités ischiatiques en pous-
sée [16]. La marge anale se situe au repos, chez un sujet normal, à
2,5 cm au-dessus des tubérosités ischiatiques, et en poussée à 0.9
cm. Il y a donc, lors de l’exonération un abaissement de 1.6 cm. En
cas de périnée descendant, la marge de l’anus se situe au repos à 2
cm au-dessus des tubérosités ischiatiques. Elle est par conséquent
peu abaissée. En poussée, elle s’abaisse à 1.2 cm au-dessous. Il y a
donc un abaissement de 3.2 cm lors de l’exonération. L’avantage de
la périnéométrie est de permettre de quantifier la descente périnéa-
le sans exposition aux rayons. Cependant, il a été démontré que le
périnéomètre apprécie moins bien de la descente périnéale que la
défécographie, et que ses résultats peuvent être incorrects chez les
patientes obèses [27].
PHYSIOPATHOLOGIE
L’éthiopathogénie des troubles de la statique pelvienne est bien
définie [40]. Par contre, celle concernant la dynamique du plancher
pelvien proprement dit a été rarement étudiée. La position normale
du plancher pelvien dépend de la position du corps. Elle se situe le
plus bas en position assise, puis debout, puis en position couchée
[13]. Avec le vieillissement, la position du plancher pelvien devient
plus basse au repos, alors que l’amplitude de la descente périnéale
en poussée se réduit [31]. 48 heures après un accouchement par
voie basse, le plancher pelvien est abaissé au repos et à la poussée
et 2 mois plus tard uniquement à la poussée [36]. Après cinq ans, il
retrouve sa position d’avant l’accouchement [35]. La constipation
de transit (définie comme inférieure à 3 selles par semaine pendant
au moins 3 ans) n’affecte pas la descente périnéale au repos ou à
l’effort d’exonération [13]. Par contre, cette descente est plus pro-
noncée chez des patientes ayant une histoire chronique de straining
(dyschésie) [22]. Enfin, le périnée descendant est le seul trouble de
la statique pelvienne associé de façon significative à la rectocèle
[45].
Le périnée descendant est aussi bien rencontré chez des sujets
asymptomatiques que chez des sujets constipés, incontinents, souf-
frant d’algies pelviennes ou porteurs d’un trouble de la statique rec-
tale [29]. Cependant, dans le SPD l’histoire est faite de plusieurs
années de constipation terminale, puis de la disparition progressive
etspontanée de cette symptomatologie qui laisse la place à une
incontinence anale [42]. Une fois constituée, la descente périnéale
aggrave les difficultés d’exonération. Les muscles du périnée se
laissent déformer par les efforts de poussée ce qui disperse les for-
ces propulsives et aggrave les difficultés de vidange rectale. Paral-
lèlement les déformations et la ballonnisation des parois du rectum
sont à l’origine d’une obstruction du canal anal par la paroi rectale
redondante. Il s’installe donc un cercle vicieux où les efforts d’exo-
nération sont à l’origine du périnée descendant qui les aggrave. Aux
difficultés d’exonération, sont généralement associées des manœu-
vres d’appui sur le périnée postérieur ou latéral visant à compenser
lepérinée descendant et des manœuvres intra-anales visant à libé-
rer le canal anal de la paroi rectale qui l’obstrue.
Les études neurophysiologiques du périnée descendant ont montré
que les lésions ne sont pas seulement musculaires mais également
neurologiques. En effet, l’abaissement du plancher pelvien entraîne
une lésion de son innervation et notamment du nerf pudendal. Le
nerf pudendal pénètre dans le périnée en s’enroulant autour de l’é-
pine ischiatique. La descente du périnée lèse le nerf pudendal en
l’étirant au-delà de celle-ci dans le canal d’Alcoq. Une descente
anormale de 2 cm représente un étirement de 20% [16]. Or, des
dégâts irréversibles apparaissent au-delà d’un étirement de 12%
[38]. Il s’installe un cercle vicieux : le périnée descendant est à l’o-
rigine d’une neuropathie d’étirement ; cette dénervation entraîne
une dégénérescence des fibres musculaires du périnée et leur élon-
gation progressive ; ensuite, lors des efforts aigus d’exonération, les
lésions d’élongation du nerf pudendal sont aggravées par la des-
cente rapide du périnée à laquelle rien ne s’oppose [9]. Ainsi, la
notion d’incontinence anale secondaire à une neuropathie d’étire-
ment favorisée par le périnée descendant est considérée actuelle-
ment comme un concept physiopathologique valide [29].
La relation linéaire entre l’amplitude de la descente périnéale et
celle de la neuropathie pudendale a été démontrée par deux études
et réfutée par une troisième. JONES [20] a étudié 60 patientes pré-
sentant une incontinence fécale idiopathique. Il existait une relation
significative entre l’amplitude de la descente périnéale clinique à la
poussée et l’allongement du temps de latence distal du nerf puden-
dal (TLDNP) (p< 0.001). HO[17] a évalué 141 patients consécutifs
présentant une descente périnéale clinique pathologique. Ces
patients présentaient une constipation chronique (n=81), une
incontinence fécale neurologique (n=31), un prolapsus muqueux
rectal (n=17) et une incontinence urinaire d’effort (n=9). Une ana-
lyse multivariée, a montré que l’âge a été la seule variable corrélée
àla descente périnéale au repos (p<0.005), alors que l’allongement
du TLDNP était la seule variable corrélée à la descente périnéale à
la poussée. Ces résultats ont été remis en cause par JORGE [21] qui
a, dans une étude prospective, évalué la relation entre la neuropa-
thie pudendale et la descente périnéale radiologique anormale chez
213 patients consécutifs présentant des troubles fonctionnels divers
comprenant la constipation (n=115), l’incontinence fécale idiopa-
thique (n=58), et des douleurs rectales chroniques (n=40). Aucune
corrélation n’a été mise en évidence entre l’allongement du TLDNP
et l’amplitude de la descente périnéale. Ces résultats peuvent être
secondaires à une technique différente de mesure de la descente
périnéale, la périnéométrie utilisée dans les deux premières études
pouvant sélectionner des périnées descendants plus évolués que
ceux diagnostiqués par la défécographie utilisée dans la dernière.
D’autre part, si le sphincter externe est innervé par le nerf pudendal,
la sangle pubo-rectale l’est par des branches venues directement de
S3 et S4 qui peuvent, comme le nerf pudendal, être lésées par la
R. Villet et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 265-271
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