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16. A cet égard, le renforcement des capacités institutionnelles du Parlement tunisien est
indispensable. Celui-ci doit désormais acquérir les usages et procédures qui s’imposent pour le
contrôle, au nom du peuple tunisien, du pouvoir exécutif et des organismes nationaux chargés de
la sécurité. Si la nouvelle Constitution confère au Parlement un rôle substantiel au sein du
gouvernement, nombre de ses membres sont de nouveaux venus dans l’arène politique nationale.
De nombreux parlementaires sont jeunes, preuve encourageante de renouveau et de changement.
Toutefois, ils n’ont pas accès à tous les éléments d’information dont ils ont besoin pour exercer
leurs fonctions, manquent de personnel, d’ordinateurs et de ressources financières, et doivent,
dans l’immédiat, acquérir très rapidement la maîtrise des questions de sécurité essentielles.
Gilbert Le Bris a indiqué aux membres du Parlement tunisien que l’AP-OTAN était prête, par le
biais de ses séminaires et programmes de formation parlementaire, à aider ce dernier à
développer ses capacités.
17. L’armée tunisienne est sortie de la révolution en conservant intacte sa réputation.
Zine el-Abidine Ben Ali lui avait demandé d’ouvrir le feu sur les manifestants. Les responsables
militaires cependant ont refusé, gagnant par là même le profond respect et l’admiration durable de
la population. Aujourd’hui, l’armée doit adapter sa doctrine, ses entraînements et son dispositif au
faisceau de menaces actuelles auxquelles elle est confrontée. La délégation a visité en ce sens la
base navale de Bizerte, afin de s’entretenir de cette transition avec les officiers supérieurs de la
marine. Bizerte occupe une position stratégique et se trouve à mi-chemin entre Gibraltar et le
canal de Suez, près du détroit de Sicile, dans une région où le trafic maritime est intense. Trois
cents grands bâtiments transitent dans ces eaux chaque jour et au moins 7 500 bateaux de pêche
opèrent au large des côtes. En outre, l’exploration gazière offshore augmente le long des côtes
méridionales de la Tunisie.
18. Les commandants de la base de Bizerte ont passé en revue les missions essentielles de la
marine tunisienne, notamment la défense côtière, la protection du domaine maritime tunisien, la
surveillance côtière, la défense des intérêts et biens économiques nationaux, la recherche et le
sauvetage, la lutte contre la traite des personnes et le trafic à des fins commerciales, ainsi que les
opérations de lutte contre le terrorisme. De leur point de vue, la Méditerranée est devenue le
théâtre de menaces grandissantes, un certain nombre de pays riverains étant en crise et aux
prises avec de graves problèmes tels que les migrations massives, le trafic d’armes et les activités
terroristes. La Tunisie modernise sa flotte. Elle a récemment acheté des vedettes rapides
supplémentaires et compte doter ses navires de capacités de renseignement, surveillance et
reconnaissance, ainsi que de capacités de transport d’hélicoptères. Les commandants ont
également évoqué le travail accompli avec l’OTAN et les efforts qui se poursuivent pour améliorer
le niveau d’interopérabilité avec les forces de celle-ci. Le centre des opérations de la Tunisie
échange des informations essentielles avec le haut commandement de l’OTAN. Des groupements
de combat otaniens ont fait escale en Tunisie dans le cadre d’exercices conjoints, et un certain
nombre d’initiatives bilatérales sont par ailleurs en cours avec des pays comme la France, la
Grèce, la Turquie, l’Espagne et le Portugal. La coopération avec l’Italie s’est avérée
particulièrement importante et utile. Les forces navales tunisiennes pratiquent le partage de
données en temps réel avec leurs interlocuteurs italiens, de même qu’avec le Centre des
opérations maritimes de l’OTAN à Naples.
19. De fait, la Tunisie ne doit pas affronter seule les considérables défis de sécurité auxquels
elle est confrontée. La délégation a rencontré Eileen Murray, qui dirige le bureau de la Banque
mondiale à Tunis, ainsi que Laura Bazea, cheffe de la Délégation de l’Union européenne (UE) en
Tunisie, afin de s’enquérir de l’appui que ces deux institutions accordent à cette nouvelle
démocratie dans des domaines aussi divers que la privatisation, la restructuration du
gouvernement, la réforme du système judiciaire, le développement des infrastructures, la bonne
gouvernance et la gestion des frontières. Pour leur part, les ambassadeurs des pays de l’Alliance
ont décrit un ensemble d’initiatives bilatérales et soutenues par le G7, ainsi que les efforts de
sensibilisation déployés par l’OTAN à l’égard de la Tunisie dans des domaines comme
l’interopérabilité des forces. Les responsables tunisiens ont par la suite indiqué à la délégation que
le gouvernement appréciait sa collaboration avec l’OTAN et axait son travail avec celle-ci sur