N°42 26 NOVEMBRE 2013
PRISE EN CHARGE DES PATHOLOGIES CHRONIQUES EN
AMBULATOIRE : EFFICACITE ET REELLE COOPERATION
AUTOUR DU PATIENT
Il existe, depuis plusieurs années, une volonté politique réelle de faire prendre en charge
les patients atteints de pathologies chroniques dans le cadre de la médecine ambulatoire
en réorganisant le parcours de soins, en facilitant son accès et en utilisant, d’une manière
coordonnée, l’ensemble des ressources liées aux professions médicales et paramédicales
dans le monde libéral. Tous les acteurs approuvent cette philosophie qui a été renforcée
par la loi au cours des derniers plans de financement de l’Assurance Maladie. Le but est,
bien sûr, d’améliorer la prise en charge des patients mais, également, d’éviter les recours
inopinés aux services d’urgences ou des hospitalisations inutiles. C’est un moyen de retirer
à l’hôpital des patients qui ne doivent pas être hospitalisés dans des structures lourdes, en
dehors d’accidents aigus ; c’est un moyen, également, de permettre à l’hôpital de rejoindre
la médecine de ville dans le cadre de l’efficacité de la maîtrise médicalisée.
Ceci implique pour l’U.ME.SPE/CSMF de participer activement à l’organisation du second
recours. Les soins primaires ne seront jamais efficaces si l’on ne développe pas et si l’on ne
reconnaît pas la chaîne des soins secondaires apportée par la médecine libérale de
proximité. Ne pas organiser le second recours, c’est réduire le système de soins à un axe
court, déséquilibré et inefficace à l’anglaise, médecin traitant gatekepper, structure
hospitalière. Dans l’organisation de ce second recours, dans certains cas, le praticien
spécialiste participe également au premier recours.
Mais ce rapport et ce dialogue, médecin traitant/médecin correspondant, mis en place par la
convention de 2005 doivent être renforcés et élargis aux pratiques coopératives
interprofessionnelles regroupant l’ensemble des professionnels de santé libéraux. C’est un
moyen de mieux utiliser les uns et les autres, encore faut-il que ceci se fasse dans le cadre
d’un dialogue et d’une transparence. Les émotions et les réticences de deux syndicats
d’infirmiers, l’un vis à vis de la CSMF, l’autre vis à vis de MG France, doivent nous
interpeller ; nous devons respecter toutes les sensibilités. Les expériences des uns et des
autres sont légitimes, encore faut-il que, dans le cadre de l’élaboration, un dialogue local
corresponde à ce qui a été développé au cours de ces trois dernières années dans le cadre
du CNPS et de l’UNPS. Finalement, personne ne doit craindre le rôle d’un médecin traitant,
chef d’orchestre, dans la mesure il coordonne l’efficacité de tous les acteurs en laissant
parfois s’exprimer, dans l’intérêt des patients, des actions isolées ou prépondérantes même
si elles ne viennent pas d’une initiative du médecin traitant. Tous les professionnels de
santé, médicaux et paramédicaux, participent à l’accès aux soins, à une meilleure prise en
charge du patient et c’est la raison pour laquelle, l’U.ME.SPE et l’UNOF ont développé,
depuis près de dix ans, ce concept de pratiques coopératives interprofessionnelles
chacun trouve sa place sans faire de l’ombre à l’autre, la déflation démographique nous
donnant des marges de manœuvres financières.
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Dans ce concept idéal, nous nous heurtons, actuellement, à deux écueils : celui des
multiples expérimentations souvent initiées par l’Assurance Maladie et qui peuvent
constituer un véritable « mille feuilles » prenant en otage le même patient (qui peut être, à
la fois diabétique, insuffisant cardiaque et en sortie d’hôpital après une prothèse de
hanche…). Il faut donc, comme dans le passé nous avons transformé les CAPI en
ROSP, répondre à l’invitation du Directeur de l’Assurance Maladie pour négocier tous
ensemble, dans le cadre de l’UNPS, sans aucune exclusive, des avenants à l’ACIP qui est
le socle qui doit réunir toutes nos professions en permettant des déclinaisons, exercice par
exercice, profession par profession, et en respectant toujours le choix individuel du praticien
libéral.
Le deuxième obstacle est lié à l’idéologie passéiste d’une faible fraction de médecins
traitants que nous avons entendus, dans le cadre du congrès de MG France. Si l’accueil et
le dialogue ont été de mise, notamment parmi les jeunes médecins généralistes, nous
avons, quand même, entendu par les plus anciens, souvent Professeurs de médecine
générale, des propos dépassés d’un médecin omnipraticien qui n’est pas forcément
omniscience, comme le dit souvent notre ami Michel COMBIER. Se vanter, en public, qu’un
diabétique ne sera jamais vu par un diabétologue nous semble relever du passé. De même,
vouloir réécrire, à la place de la Haute Autorité de Santé, des protocoles sur l’insuffisance
cardiaque relève d’une vue étroite de la prise en charge des patients.
C’est tous ensemble, professionnels de santé, spécialistes en médecine générale ou
spécialiste d’organes ou de tranches d’âge, que nous devons contribuer à l’élaboration des
protocoles de la Haute Autorité de Santé mais après les appliquer au quotidien. Car, en
effet, il ne faut jamais oublier qu’à vouloir à tout prix prendre en charge toutes les
pathologies, le médecin chargé des soins primaires peut se retrouver en déficit de
diagnostic et en perte de chance pour le patient.
La réponse, nous l’avons trouvée, depuis dix ans, dans les réunions de travail en commun
UNOF et U.ME.SPE dans le cadre de la CSMF pour déterminer les pratiques coopératives
interprofessionnelles ; il faut les élargir, désormais, à l’ensemble des professionnels de
santé, médicaux et paramédicaux, pour marginaliser ceux qui font preuve d’ostracisme.
Docteur Jean-François REY
Président
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