C - CHINE – JAPON : CONCURRENCES REGIONALES,
AMBITIONS MONDIALES
INTRO :
analyse : dans le contexte de forte croissance économique de l'Asie du Sud et de l'Est,
des puissances économiques émergent, à des degrés divers (Corée du Sud, Inde...), et
notamment la Chine qui vient ainsi concurrencer la plus ancienne puissance de la région,
le Japon.
Les limites du sujet :
espace : deux pays différents par leur taille la fois superficie et hommes : 9,5
millions de km² et 1,4 milliard d'hommes pour la Chine, 350000 km² et 125 millions
d'hommes pour le Japon) + deux échelles (le monde et la région asiatique)
thème : idée de concurrence, donc de compétition, et d'ambition, donc de
projet/d'aspiration … (ce qui nous projette dans le futur)
>> sujet tourne donc autour du concept de puissance : capacité à exercer une influence
sur d'autres pays ou acteurs du monde
Ici, le sujet nous invite à envisager le rapport de puissance entre ces deux pays (un peu
comme nous l'avons fait précédemment pour les Etats-Unis et le Brésil à l'échelle
mondiale, dans la logique de l'étude des nouvelles relations Nord/Sud). Il ouvre aussi une
dimension prospective en nous faisant réfléchir à ce que pourraient être les relations entre
ces deux pays dans le temps à venir
PBL : quel leadership pour l'Asie au XXI°siècle ? (donc ''pilotera'' l'Asie?)
1 / DEUX ACTEURS ECONOMIQUES MAJEURS
cf graphique de comparaison PIB et PIB/hab
a - La Chine, puissance émergente (montante)
*avant 1978, la Chine se caractérise par une très forte croissance démographique, mais
aussi un grand retard économique dû à la période maoïste, et donc par une immense
pauvreté et un relatif isolement dans le monde. Mais le passage au socialisme de marché
avec Deng a complètement changé le pays. La Chine a connu à partir de là une
extraordinaire ascension économique, en exploitant principalement trois atouts (cf
aussi le cours d'hist et le ch précédent) :
son immensité, en superficie et en hommes, pour y puiser ressources et main
d’œuvre abondante ;
la mondialisation (libéralisation des échanges, via l'OMC que la Chine a intégrée
en 2001 ; NDIT...)
réforme de son système économique pour s'ouvrir aux investisseurs étrangers
(les ZES)
>> le pays connaît ainsi depuis 30 ans une croissance économique moyenne de l'ordre de
10% !
* la Chine est devenu en 2010 la 2° économie du monde (2° PIB). On peut reprendre
rapidement les aspects de cette puissance économique :
une puissance industrielle. La Chine est ''l'atelier du monde'', le pays des
industries nécessitant beaucoup de main d'oeuvre, càd les industries de biens de
consommation courante (textile) et d'assemblage (cf électronique, edc sur Iphone).
Mais aujourd'hui, la Chine commence à monter en gamme : elle abandonne le
textile et se tourne vers des productions à plus forte valeur ajoutée et technologique
(matériel de transport, panneaux solaires …)
une puissance commerciale. (cf carte du commerce)La Chine est le 1°
exportateur mondial, dont une grande partie est constituée par l'exportation de
produits assemblés en Chine pour le compte de FTN étrangères (cf Iphone). Elle
inonde notamment le monde de biens de consommation courante, mais exporte
donc aussi de plus en plus de biens plus sophistiquées (cf la décision récente de
l'Ue de taxation des panneaux solaires chinois). Elle dégage ainsi le 2° excédent
commercial du monde (derrière l'Allemagne), quasi-exclusivement réalisé grâce
aux exportations industrielles
une puissance financière (cf carte sur IDE). Les énormes excédents
commerciaux ont fait de la Chine une très grande puissance financière dont
l'émergence de la bourse de Hong Kong et surtout de Shanghai est le symbole. Les
Chinois investissent encore peu en Europe et aux Etats-Unis (elle est cependant le
1° débiteur des EU dont elle finance la dette publique), mais surtout en Asie et dans
les pays du Sud (pour assurer ses énormes besoins en ressources naturelles > cf
Afrique)
* Si la réussite est évidente et spectaculaire, il faut aussi souligner la fragilité du modèle
chinois qui porte en lui de nombreuses faiblesses :
Les inégalités sont massives et il y a de fortes pressions sociales pour améliorer les
conditions de vie des plus pauvres, ce qui passe par une hausse des salaires et
donc une perte partielle de l'avantage que constitue une main d'oeuvre bon
marché. Toutefois la hausse du niveau de vie des Chinois crée aussi un
gigantesque marché de consommation intérieur, ce qui va continuer à maintenir
une croissance forte. Par contre, le vieillissement à venir crée un énorme défi.
Les ressources naturelles. La Chine dispose de ressources abondantes dans
certains domaines (charbon, pétrole) mais cela ne suffit pas à couvrir ses énormes
besoins. Cela explique la nécessité de sécuriser les importations d'énergies et de
matières premières, y compris agricoles.
Une dépendance à l'exportation. Pour l'instant, la Chine exporte en se servant
d'une monnaie faible (le yuan est sous-évaluée, rendant les produits chinois peu
chers) et en respectant peu les règles du commerce mondial (cf les contrefaçons).
Mais les pressions internationales sont de plus en plus fortes pour que la Chine
respecte mieux les règles de l'OMC (cf la dénonciation du dumping social et
environnemental)
la dégradation de son environnement.
>> La Chine est devenu un géant économique tout en restant un pays du Sud, comme
le prouve un IDH ''moyen'' et un PIB par habitant encore faible (4300$/hab).
b - Le Japon, puissance déclinante ?
Le Japon est la plus ancienne puissance économique asiatique et le premier pays
développé du continent.
* Le pays est aujourd'hui la 3° puissance économique, dépassée par la Chine. Cette
puissance repose sur :
la puissance industrielle. Les industries de biens de consommation courante ont
été délocalisées ; les industries lourdes (métallurgie, pétrochimie) et de biens de
consommation durable (automobile) restent puissantes mais sont en déclin. Par
contre le Japon est une grande puissance de la haute-technologie : on dit de lui
qu'il est ''le laboratoire du monde'' du fait de sa capacité extraordinaire
d'innovation dans le domaine des hautes-technologies, en partie réalisée par ses
très grandes entreprises (Sony, Hitachi, Mitsubishi > elles ressemblent au modèle
des grandes entreprises coréennes). Le Japon est ainsi de très loin le leader
mondial de la robotique (industrielle mais de plus en plus au service des personnes
> cf les ''robots humains'').
La puissance commercial. Le Japon est un très gros exportateur. Il exporte donc
surtout des biens industriels à forte valeur valeur ajoutée, ce qui explique des
exportations surtout tournées vers les pays développés.
La puissance financière. Les énormes excédents commerciaux, notamment dans les
années 80, en ont fait une puissance financière, symbolisée par la bourse de
Tokyo. Le Japon investit surtout dans les autres pôles de la Triade.
* Depuis 20 ans, le pays connaît un ralentissement économique marqué, comparable à
ce que connaît l'Europe (cf trois années de récession depuis 2008). Plus largement, le
pays connaît plusieurs difficultés :
la montée de la concurrence asiatique (cf par exemple la Corée et la téléphonie
avec Samsung)
le vieillissement de sa population et sa diminution à venir (pays développé, le Japon
est en avance sur la Chine en la matière)
la fragilité et la pauvreté de son espace. Le Japon a un sous-sol très pauvre qui
l'oblige à importer massivement énergies, matières premières et produits agricoles.
Le pays est aussi très vulnérable avec un environnement difficile, marqué en
particulier par le risque sismique et ses conséquences (tsunami de mars 2011).
>>> Le Japon semble en panne et en déclin. Mais il faut se méfier de ce constat brutal
car le pays a une capacité forte à se renouveler : il mise beaucoup sur sa capacité
d'innovation ; il a connu une profonde mutation industrielle, passant des industries
traditionnelles (qui consomment beaucoup de ressources et d'espaces, deux choses que
le pays n'a pas) aux industries de haute-technologie et devenant aussi une économie
tertiaire ; sa productivité est très forte, avec en plus une image de qualité (la Chine n'a ni
l'un ni l'autre!)
c - Une réalité plus complexe
* Chine et Japon sont donc des acteurs majeurs de l'économie mondiale. Ils partagent
aussi le leadership en Asie : et 3°puissance économique mondiale, 75 % du PIB de
l'Asie, 2/3 du commerce
* On peut donc dire qu'il y a concurrence entre les deux pays pour s'imposer comme le
seul leader continental. Cette concurrence se retrouve par exemple au sein de l'ASEAN
(Association des Nations d'Asie du Sud-Est), la principale organisation économique
régionale. Pour l'Instant, Chine et Japon (mais aussi Corée du Sud) n'en sont pas
membres mais ils y sont associés. Dans ce cadre, les deux pays essaient de prendre la
tête d'une organisation qui doit devenir la grande zone de libre-échange de la région.
* Mais les relations entre les deux pays sont plus complexes qu'une simple relation de
concurrence :
- les deux économies sont liées de façon très forte : (cf texte sur conséquences du
tsunami)
--le Japon est le investisseur en Chine les entreprises japonaises sous-
traitent leur production ; la Chine est le client du Japon. Les échanges et les
investissements sont donc très importants entre les deux. Il faut aussi penser
que la Chine a bénéficié de la stratégie du vol d'oies sauvages et du rôle
d'impulsion joué par le Japon.
-- Le modèle économique est identique : c'est une stratégie extravertie, càd
fondée sur l'exportation de biens industriels. Il crée ainsi le même modèle
d'organisation de l'espace caractérisé par l'importance des littoraux, des
métropoles et des zones industrialo-portuaires (la plupart des grands ports du
monde sont japonais et surtout chinois).
> on peut donc dire qu'il y a aussi une interdépendance économique forte entre les deux
pays.
- Les deux économies sont encore assez différentes :
-- la Chine a un secteur agricole encore énorme (40% des actifs), alors que ce
secteur a quasiment disparu au Japon. C'est là un signe majeur de différence de
niveau de développement entre un pays du Sud et un pays du Nord
-- la Chine investit surtout en Asie et au Sud pour asseoir sa domination
continentale et garantir ses approvisionnements en ressources naturelles, alors
que le Japon investit davantage dans les pôles européen et américain.
-- Le Japon dispose d'une avance technologique énorme que la Chine, malgré
des efforts très importants et recherche et formation (cf les étudiants chinois à
l'UTT) n'a pas encore comblée
CONCL. On a donc deux très grandes puissances économiques, à la fois rivales et
complémentaires, dans le monde et en Asie
2 / DES AMBITIONS DE PUISSANCE MONDIALES
Ces deux pays ne se contentent plus de s'affirmer sur la scène économique. Elles ont ont
des ambitions qui visent à en faire des puissances globales ou complètes.
a - La Chine : la puissance maîtrisée (cf le cours d'histoire)
* La Chine de Mao, dans le contexte de la guerre froide et de la rivalité avec l'URSS, était
un pays au discours agressif (Mao se disait prêt au conflit avec les Etats-Unis, y compris
nucléaire...) et cherchait à diffuser son modèle au sein des pays du Sud. La Chine
d'aujourd'hui est très loin de cette position
* Aujourd'hui, en politique comme en économie, c'est le pragmatisme qui l'emporte très
largement : la Chine n'a pas de discours universaliste, de modèle à diffuser (différent du
messianisme américain donc) et cherche d'abord et avant tout à défendre ses intérêts,
sans considération idéologique.
* Les ambitions chinoises : on peut en distinguer deux :
- assurer les conditions de sa croissance économique et garantir ses
approvisionnements en ressources naturelles. A titre d'exemple, on peut citer la
politique de sécurisation des routes maritimes, notamment dans l'Océan indien et
l'Asie du Sud-Est (passage des détroits dont celui de Malacca) : elle met en place ce
qu'on nomme ''un collier de perles'', càd un ensemble de ports situés dans des pays
amis ( Birmanie, Pakistan ...) permettant à la marine chinoise de se positionner dans
l'Océan indien et d'assurer la sécurité des convois marchands (des pirates mais
aussi de la menace indienne, les deux pays étant en mauvais termes)
- garantir le respect de la souveraineté des Etats en refusant toute forme d'ingérence
dans des conflits intérieurs (guerre civile). C'est ainsi que la Chine (et la Russie pour
les mêmes raisons …) a toujours utilisé son véto à l'ONU contre une intervention
internationale en Syrie. La Chine entend défendre le refus de toute ingérence sur
des questions liées à la démocratie, aux droits de l'Homme, sujets très sensibles
dans ce pays.
* Les moyens : la Chine a les moyens de ses ambitions et de la puissance :
- son poids démographique : 1,4 milliard d’habitants, soit 19% de la population
mondiale. Il faut ajouter à ce nombre l'énorme diaspora chinoise (cf carte diaspora),
présente en Amérique, Europe, mais surtout dans de nombreux pays asiatiques du
Sud-Est où les Chinois sont souvent majoritaires (Singapour, Malaisie...)
- sa participation aux grandes institutions internationales : un siège de membre
permanent du CS de l’ONU, membre de plus en plus influent de l'OMC ou du FMI. A
noter que dans le cadre des ses organisations, la Chine joue la carte du
multilatéralisme pour trouver des alliés et s'opposer à ce qu'elle ne veut pas (cf la
conférence sur le climat au Danemark en 2009 elle s'est alliée avec les Etats-
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