neurologie.com | vol. 2 n°8 | octobre 2010 207
Revue flash
Dans le cadre de l’évaluation d’une PSH, il faut prendre en
compte l’âge, le mode d’apparition, la vitesse de progression
des symptômes, et la présence ou non d’une histoire fami-
liale. Il faut investiguer la famille à la recherche de signes
pyramidaux subtils car certains individus peuvent demeurer
asymptomatiques pendant plusieurs décennies. Le plus sou-
vent, le début est subtil et lentement progressif. La spasticité
demeure le symptôme prédominant tandis que la faiblesse
est très relative, certains patients pouvant même conserver
une bonne force musculaire tout au long de l’évolution de
la maladie. Par ailleurs, on peut voir aussi dans les formes
non compliquées des troubles légers de la pallesthésie, des
symptômes urinaires, ou des pieds creux. Pour faire la dicho-
tomie entre les formes non compliquées et les formes
compliquées, il faudra prendre en compte d’autres signes
neurologiques associés. On pourra évoquer une forme
compliquée devant la présence des éléments suivants : une
ataxie, une amyotrophie, une atrophie optique, une rétino-
pathie pigmentaire, un retard mental, des signes extrapyra-
midaux, une démence, une surdité, une neuropathie
périphérique, ou de l’épilepsie. La plupart du temps, ces
formes rares sont transmises de manière récessive auto-
somique. Au point de vue imagerie, les PSH avancées peuvent
présenter un amincissement de la moelle cervicale et thora-
cique à l’IRM. Il est aussi possible de retrouver des anomalies
de la substance blanche cérébrale ainsi qu’un amincissement
du corps calleux dans certaines formes compliquées [8].
LES DIFFÉRENTS SOUS-TYPES GÉNÉTIQUES
Sur le plan clinique, on peut diviser les PSH en compliquées
ou non compliquées. Sur le plan génétique, on peut les clas-
sifier en fonction de leur mode de transmission (dominant,
récessif, lié à l’X). Le tableau 1 présente une classification des
paraparésies spastiques selon leur mode de transmission et
leur phénotype. On connaît à ce jour 41 sortes différentes de
PSH mais seulement 17 dont le gène responsable est identifié.
Les formes dominantes autosomiques représentent 70 % des
cas de PSH dans les populations Caucasiennes (principale-
ment SPG4, SPG3A et SPG6). Les formes non compliquées
sont le plus souvent dominantes tandis que les formes
compliquées sont en général récessives [4].
Les PSH dominantes
La SPG-4 est la plus fréquente, soit 40-45 % des formes domi-
nantes. Typiquement, elle débute entre l’enfance et la tren-
taine. Le plus souvent, la spasticité s’installe progressivement
avec un handicap plus marqué une décennie après le début
des symptômes. Parfois, il est possible de retrouver des
problèmes d’urgence mictionnelle, une hyperréflexie des
membres supérieurs, un déficit de la pallesthésie et même
une faiblesse musculaire. Quelques cas compliqués par une
ataxie cérébelleuse, de l’épilepsie, un amincissement du
corps calleux, un retard mental ou même une démence ont
été rapportés. Les mutations du gène SPAST, codant pour la
protéine spastine, sont à l’origine du phénotype. La spastine
se présente selon différentes isoformes en fonction du site
de d’épissage à l’exon 4. Les neurones sont sensibles à
l’haplo-insuffisance, expliquant pourquoi une mutation du
site d’épissage est suffisante pour engendrer la maladie. Plus
de 150 mutations ont été décrites. Ces mutations entraînent
une perte de fonction du domaine catalytique AAA au niveau
du C-terminal de la protéine. Cela provoque principalement
une désorganisation du cytosquelette et des microtubules
induisant ainsi une rupture du trafic membranaire et du
transport axonal [2-7].
La SPG-3A représente 10 % des cas de PSH dominante. Sou-
vent débutant avant l’âge de 10 ans, elle se caractérise par
un phénotype non compliqué et lentement progressif.
Le gène SPG3A encode l’atlastine, qui semble contribuer au
trafic membranaire intracellulaire surtout de l’appareil de
golgi et du réticulum endoplasmique. Elle présente une
homologie avec les dynamines, protéines responsables de
transport des facteurs neurotrophiques et du recyclage des
vésicules synaptiques. Elles contribueraient aussi à la crois-
sance axonale et interagiraient avec la spastine [7-8].
La SPG-31 compte pour 8 % des cas dominants et se carac-
térise par un phénotype non compliqué dont le début est
d’âge variable. Le gène SPG31 code pour la REEP1, une
protéine chaperonne localisée dans la mitochondrie mais
dont la fonction demeure inconnue [2-8].
Autres PSH dominantes plus rares
La SPG-6, induite par des mutations de NIPA1, présente aussi
un phénotype pur lentement progressif mais parfois sévère.
La NIPA1 est un transporteur du magnésium au niveau des
endosomes. Lorsque NIPA1 est muté, en découle un pro-
blème de transport du magnésium à travers les membranes
cellulaires [6].
La SPG-8, caractérisée par un phénotype non compliqué
parfois accompagné de déficit sensitif. La SPG-8 origine de
mutations du KIAA0196, codant pour la strumpelline qui
semble être en lien avec la croissance neuronale [7].
La SPG-13 est caractérisée par une forme non compliquée
à début tardif causée par des mutations de HSP-60. La HSP-60
est une protéine mitochondriale dont les défauts entraînent
une dysfonction mitochondriale [7].
La SPG-17 est une forme compliquée caractérisée par une
atrophie des muscles des mains et des pieds débutant entre
l’adolescence et la trentaine. La fonction de la seipine,
codée par le gène BSCL2, demeure inconnue [8].
Les PSH récessives
La SPG-7 se caractérise par un phénotype non compliqué
lié à des mutations du gène SPG7 codant pour la paraplé-
gine. Toutefois, on retrouve des phénotypes compliqués
par de l’ataxie cérébelleuse, une neuropathie périphérique,
et des disques optiques pâles. La paraplégine est une pro-
téine du complexe des métalloprotéases qui semble être
impliquée dans le premier complexe de la chaîne respira-
toire mitochondriale. Son déficit pourrait induire une
perturbation du transport axonal secondaire à une dysfonc-
tion mitochondriale [8].
La SPG-5A donne un phénotype variable. Le gène CYP7B1
code pour le cytochrome 7B1, qui serait impliqué dans le
métabolisme des neurostéroïdes. C’est ici un exemple d’une
perturbation du métabolisme du cholestérol qui joue un
rôle clé dans une pathologie du neurone moteur [8].
La SPG-11 est classiquement associée à un amincissement
du corps calleux avec un déclin cognitif et une neuropathie
axonale motrice. Le gène SPG11 code pour la spastacsine,