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LA PRÉVENTION DE LA RADICALISATION
Un dé à relever collectivement
radicalisation, les Anglo-Saxons utilisent le terme d’extré-
misme violent, alors qu’au Québec, le terme de «radicali-
sation menant à la violence» prévaut. La notion de radi-
calisation doit bien être distinguée de celle de terrorisme :
la spécificité de la radicalisation menant à la violence est le
basculement d’un espace précriminel où les individus reven-
diquent leurs idéologies vers un espace criminel qui enfreint
le contrat social au travers d’actions sortant du cadre légal,
ceci en tant que moyen de transformation sociale.
Penser à la fois la singularité des parcours
et les logiques communes
La distinction entre le niveau des croyances et la radicalisation
violente des comportements est très importante. L'enjeu pour
la recherche est de trouver un juste équilibre entre la singula-
rité des parcours menant à la radicalisation et une explication
généralisable. Le débat actuel part du principe qu’il n’existe
pas de profil type des individus qui se radicalisent, ce qui est
exact. Il existe une diversité de logiques, mais aussi de profils
sociaux : les personnes peuvent être issues de milieux aisés
ou non, comme de familles dysfonctionnelles ou aimantes.
Ainsi, un parcours peut partir d’une désillusion amoureuse qui
conduit l’individu à changer son style de vie et ses relations,
puis l’amène à intégrer un groupe qui l’incite à la violence.
Un autre exemple part de la rencontre avec une figure charis-
matique, ce qui provoque une désillusion vis-à-vis de la réalité
sociale et une incitation à l’action violente.
Ceci étant, selon un schéma disponible sur le site du CPRMV
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, la
conception de la radicalisation menant à la violence comporte
toujours trois niveaux : celui de la société, où se croisent les
histoires individuelles faites de liens familiaux complexes, de
parcours scolaires et professionnels difficiles, etc. Le terrain
sociétal national et international provoque aussi des malaises
identitaires et un rejet des appartenances et du contrat social.
Le second niveau est celui des cercles amicaux, familiaux,
professionnels, scolaires ou encore sportifs, où les individus
cherchent des réponses et des justifications à leur vision du
monde et à leur malaise identitaire. Les réponses reçues
peuvent les orienter vers des positions qui respectent le contrat
social ou vers des positions beaucoup plus violentes. Le troi-
sième niveau concerne les éventuelles logiques d’engagement
dans la violence et leur gradation : engagement passif dans des
groupes violents, diffusion des messages, mais aussi engage-
ment plein, par exemple sous la forme d’un départ en Syrie
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.
Le terreau de la disponibilité est la première composante
1.
Voir https://info-radical.org/
fr/radicalisation/processus/
2.
Cette schématisation peut
être mise en parallèle avec
d’autres formes de radicalisa-
tion, telles que l’extrême droite,
l’extrême gauche, les mouve-
ments antiavortement,etc. Elle
permet donc de comprendre
d’autres phénomènes.