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Journal Identification = MTP Article Identification = 0480 Date: May 24, 2013 Time: 11:49 am
Prise en charge des troubles du sommeil de l’enfant porteur d’un handicap neuro-développemental
gastro-œsophagien s’accompagnant d’œsophagite [5],
des douleurs posturales (enfant inconfortable du fait de
sa position ou d’un lit inadapté à son âge), des douleurs
dentaires, des céphalées. Il peut exister des causes res-
piratoires ou oto-rhino-laryngologiques : rhinite, asthme
ou apnées du sommeil, difficiles à diagnostiquer, mais
évoquées systématiquement dans la trisomie 21 [6], le
syndrome de Prader Willi ou dans certaines maladies
neuro-musculaires avec hypotonie et dans tous les cas
où il existe des anomalies maxillo-faciales. Les manifes-
tations épileptiques, très fréquentes dans ces pathologies,
se traduisent par une symptomatologie inhabituelle dans
le sommeil, mouvements anormaux, bruits de gorge, cris,
agitation sans réveil ; un EEG doit être fait au moindre
doute. Chaque pathologie peut avoir en propre des mani-
festations diurnes et nocturnes, que les parents ont appris
à reconnaître.
Les parasomnies
Les terreurs nocturnes en première partie de nuit, le
bruxisme, les rythmies sont fréquentes chez l’enfant handi-
capé. Elles seront expliquées aux parents et peuvent avoir
une prise en charge spécifique : pose de gouttières man-
dibulaires dans le bruxisme, isolement du lit ou matelas
posé par terre dans les rythmies du sommeil.
Le contexte environnemental
Le contexte environnemental doit être précisé soi-
gneusement [7]. Il faut savoir comment l’enfant passe sa
journée, dans quel centre (école avec une auxiliaire de
vie scolaire (AVS), Cliss, institut médico-éducatif (IME),
hôpital de jour), évaluer les activités supplémentaires
(orthophonie, psychomotricité, etc.) qui surchargent son
emploi du temps. Inversement, il faut penser à question-
ner sur les siestes et les moments d’inactivité : la prise en
charge dans certains centres n’est pas toujours optimale
et l’enfant peut avoir de longues périodes d’inactivité sus-
ceptibles d’entraîner dépression et hypersomnie diurne.
Constamment se pose le problème des transports du domi-
cile au centre où l’enfant est pris en charge, transports
qui peuvent atteindre, pour certains enfants, 2 heures
quotidiennes : les enfants vont dormir au cours de ces
déplacements, ce qui désorganise leur sommeil nocturne.
À la maison, on recherchera comment l’enfant passe
la soirée, où il dort, si ce temps est organisé suivant les
besoins réels de sommeil de l’enfant en fonction de son
âge, de ses activités et de la saison. On précisera dans
quelle chambre et dans quel lit il dort, s’il est seul ou avec
un de ses frères ou sœurs, s’il mange durant la nuit et s’il est
propre. En effet, des conseils simples pourront améliorer
le sommeil de l’enfant : prévoir un matelas confortable,
maintenir l’obscurité dans la chambre ou une veilleuse
qui remplace la lumière que l’enfant pourrait allumer la
nuit (modifiant ainsi la sécrétion de mélatonine), penser
au confort de l’enfant avec un pyjama ou des couvertures
adaptées (l’enfant avec un trouble neurologique bouge
peu ou peut avoir une hypothermie nocturne), éviter les
bruits (couper le son de la télévision dans la chambre,
son au minimum si l’enfant joue la nuit avec des jouets
sonores). Le problème de l’alimentation en fin de journée
est important, un repas trop consistant peut gêner le som-
meil mais à l’inverse l’enfant peut se réveiller car il a faim,
ou se lever la nuit pour manger dans une compulsion ali-
mentaire non maîtrisée. Les traitements (notamment les
anti-épileptiques), la prise d’excitants, doivent être pris en
compte, car ils peuvent influencer le sommeil, la posolo-
gie devra parfois être adaptée.
Il est indispensable de déterminer l’économie familiale
autour des troubles de l’enfant : certains parents peuvent
penser que les problèmes de sommeil sont inhérents à la
pathologie de l’enfant ou sont négligeables en regard des
autres troubles de l’enfant (troubles du langage, agitation).
Ils peuvent aussi trouver un bénéfice à ce que l’enfant se
couche tôt ou dorme dans la journée. Or les besoins de
sommeil dépendent de l’âge de l’enfant qu’il soit ou non
handicapé. Un enfant de 11 ans ne dort pas 12 heures de
suite comme un petit de 4 ans.
La prise en charge du trouble du sommeil de l’enfant
handicapé ne peut se faire sans prendre en compte et
en charge le sommeil de ses parents. Ils ont souvent une
dette de sommeil considérable, un sommeil morcelé, ils
sont épuisés, ce qui entraîne une fatigue diurne bien sûr,
mais aussi de l’anxiété, un sentiment de dévalorisation,
et bien souvent une dépression. Les parents n’ont plus de
vie sociale, ils s’isolent et les difficultés de couple qu’ils
peuvent rencontrer aggravent cette symptomatologie. Or
ces graves difficultés retentissent à leur tour sur le sommeil
de l’enfant qui est particulièrement sensible à l’humeur
de ses parents. Bien souvent, un des parents dort dans la
chambre de l’enfant et n’osera pas en parler si on ne lui
pose pas clairement la question, avec compréhension et
empathie. Une prise en charge médicamenteuse ou en
psychothérapie pourra être proposée si nécessaire.
Il ne faut pas non plus oublier les conséquences du
trouble du sommeil sur la fratrie et se soucier de la qualité
du sommeil des frères et sœurs.
Analyse du trouble du sommeil
L’expression des troubles du sommeil est spécifique
à chaque enfant, mais on peut classer schématiquement
ceux-ci dans 3 catégories différentes : trouble du rythme
circadien de l’organisation veille sommeil, trouble de
l’endormissement, réveils nocturnes [8-10]. La mise en
place d’un agenda de sommeil qui précise les heures
exactes de coucher et de lever, la durée et l’horaire des
siestes et des éveils nocturnes est souvent indispensable
avant de proposer une thérapeutique (figure 2).
92 mt pédiatrie, vol. 16, n◦2, avril-mai-juin 2013
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