Réaction inflammatoire Inflammation chronique Fibrose

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REACTION INFLAMMATOIRE
INFLAMMATION CHRONIQUE
FIBROSE
I - GENERALITES
L'inflammation est la réponse des tissus vivants, vascularisés, à une agression. Ce processus
comprend :
• Des phénomènes généraux, exprimés biologiquement par le syndrome inflammatoire et cliniquement
de façon variable, le plus souvent par de la fièvre et éventuellement une altération de l’état général
• Des phénomènes locaux : l'inflammation se déroule dans le tissu conjonctif vascularisé. Les tissus
dépourvus de vaisseaux (cartilage, cornée) sont incapables de développer une réaction inflammatoire
complète. Les tissus épithéliaux n'ont pas de rôle actif dans le déroulement de la réaction
inflammatoire mais ils peuvent être altérés par l'agression qui déclenche l'inflammation puis être
réparés au cours de la phase terminale de l'inflammation.
L'inflammation est un processus habituellement bénéfique : son but est d'éliminer l'agent pathogène
et de réparer les lésions tissulaires. Parfois l'inflammation peut être néfaste du fait de l'agressivité de
l'agent pathogène, de sa persistance, du siège de l'inflammation, par anomalies des régulations du
processus inflammatoire, ou par anomalie quantitative ou qualitative des cellules intervenant dans
l'inflammation.
Les causes sont multiples et représentent les agents pathogènes. Ces causes déterminent des lésions
cellulaires et tissulaires qui vont déclencher l'inflammation :
• Infection contamination par des micro-organismes (bactérie, virus, parasites, champignons)
• Agents physiques : traumatisme, chaleur, froid, radiations
• Agents chimiques : caustiques, toxines, venins
• Corps étrangers : exogènes ou endogènes
• Défaut de vascularisation: réaction inflammatoire secondaire à une nécrose par ischémie.
• Agression dysimmunitaire (anomalie de la réponse immunitaire, allergies, auto-immunité…)
Le rôle de l'examen anatomopathologique au cours d'une maladie inflammatoire
De nombreuses réactions inflammatoires sont morphologiquement non spécifiques : l'étude
histologique des tissus lésés ne peut déterminer la cause de l'inflammation mais peut dater
l'inflammation (apprécier le caractère aigu ou chronique) et apporter des éléments de pronostic
concernant :
• La sévérité de la destruction tissulaire
• Le risque de séquelles si l'inflammation répond mal au traitement
• L’existence d'une régénération du tissu ou d'une cicatrice
Dans certains cas, l'étude anatomopathologique peut orienter le clinicien vers la cause de
l'inflammation : inflammations granulomateuse dites spécifique et inflammations où l'agent pathogène
est identifié par l'examen microscopique des tissus (virus, bactéries, parasites, champignons, corps
étrangers)
II – REACTION INFLAMMATOIRE
Déroulement général des différentes étapes de la réaction inflammatoire :
La réaction inflammatoire est un processus dynamique comportant plusieurs étapes successives : la
réaction vasculo-exsudative, la réaction cellulaire, la détersion, la phase terminale de réparation et
cicatrisation.
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1. Réaction vasculo-exsudative
Elle se traduit cliniquement par les quatre signes cardinaux classiques de l'inflammation aiguë:
rougeur, chaleur, tuméfaction, douleur. Elle comporte trois phénomènes : une congestion active, un
oedème inflammatoire (l'exsudat), une diapédèse leucocytaire.
2. Réaction cellulaire
Elle se caractérise par la formation d’un tissu de granulation inflammatoire.
La composition du tissu de granulation varie en fonction du temps : Les polynucléaires sont le
stigmate morphologique de l'inflammation aiguë mais généralement après quelques jours ou
semaines d'évolution, le tissu de granulation inflammatoire contient plus de cellules
inflammatoires mononucléées que de polynucléaires : il s'agit des macrophages et des cellules de
la réponse immune (lymphocytes et plasmocytes), puis progressivement, sous l'influence de facteurs
de croissance, le tissu de granulation s'enrichit en fibroblastes et en cellules endothéliales formant
des néo-vaisseaux. La composition du tissu de granulation varie aussi en fonction de la cause de
l'inflammation : un type cellulaire peut prédominer sur un autre.
Rôle du granulome inflammatoire
Assurer la détersion par les phagocytes (polynucléaires et macrophages)
Développer une réaction immunitaire B et/ou T
Sécréter de multiples médiateurs intervenant dans le recrutement cellulaire, la phagocytose, la
défense immunitaire, et la modification de la matrice conjonctive. Durant les phénomènes de
chimiotactisme et de phagocytose, les leucocytes activés peuvent libérer des métabolites toxiques et
des protéases dans l’espace extra-cellulaire, ce qui engendre des lésions tissulaires.
3. Détersion
Elle succède progressivement à la phase vasculo-exsudative, et est contemporaine de la phase
cellulaire. La détersion peut être comparée à un nettoyage du foyer lésionnel : c'est l'élimination des
tissus nécrosés (issus de l'agression initiale ou du processus inflammatoire lui-même), des agents
pathogènes et du liquide l'exsudat. La détersion prépare obligatoirement la phase terminale de
réparation cicatrisation. Si la détersion est incomplète, l'inflammation aiguë va évoluer en
inflammation chronique.
La détersion s'effectue selon 2 mécanismes :
détersion interne : Elimination des tissus nécrosés et de certains agents pathogènes (micro-
organismes infectieux, corps étrangers) par phagocytose, tandis que le liquide d'oedème est drainé
dans la circulation lymphatique et résorbé par les macrophages (pinocytose) La phagocytose est
définie par l'englobement dans le cytoplasme du phagocyte d'une particule étrangère vivante ou inerte,
habituellement suivi d'une digestion de cette particule par les enzymes lysosomiaux. La digestion est
complète ou incomplète avec des résidus rejetés hors de la cellule ou qui s'accumulent dans le
macrophage. Les phagocytes sont : les polynucléaires, capables de phagocyter des bactéries et des
petites particules et les macrophages pour les macro particules.
détersion externe : • spontanée : liquéfaction de matériel nécrosé (pus, caséum) et
élimination par fistulisation à la peau ou dans un conduit bronchique, urinaire, intestinal • chirurgicale
: parage souvent indispensable lorsque les lésions sont trop étendues ou souillées.
4. Réparation et cicatrisation
La réparation tissulaire suit une détersion complète. Elle aboutit à une cicatrice si le tissu lésé ne
peut régénérer (exemple : neurones ou cellules musculaires myocardiques) ou lorsque la destruction
tissulaire a été très importante et/ou prolongée. La réparation peut aboutir à une restitution intégrale
du tissu : il ne persiste alors plus aucune trace de l'agression initiale et de l'inflammation qui a suivi.
Cette évolution très favorable est observée lors d’agression limitée, brève, peu destructrice dans un
tissu capable de régénération cellulaire. Le processus de réparation implique de nombreux facteurs de
croissance et des interactions complexes entre les cellules et la matrice extra-cellulaire pour réguler les
proliférations et biosynthèses cellulaires.
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Les étapes de la réparation tissulaire sont les suivantes :
Réparation conjonctive :
Le bourgeon charnu : La réparation passe par la constitution d'un nouveau tissu conjonctif
appelé bourgeon charnu qui va remplacer les tissus détruits au cours de l'inflammation.
Le bourgeon charnu est formé par 3 constituants présents en proportion variable au cours du
temps :
• Les leucocytes du tissu de granulation • Des fibroblastes et myofibroblastes • Des néo-
vaisseaux sanguins dont la croissance est dirigée de la profondeur vers la surface de la lésion.
Au début, le bourgeon charnu prend progressivement la place du tissu de granulation
inflammatoire : il contient encore de nombreux leucocytes et possède une matrice extra-
cellulaire lâche, peu organisée, avec une prédominance de glycosaminoglycanes (dont l'acide
hyaluronique), de collagène de type III et de fibronectine. Puis le bourgeon charnu va
s'enrichir en fibres collagènes de type I, s'appauvrir en fibroblastes, néo-vaisseaux et
leucocytes, et diminuer de volume grâce à l'action contractile de myofibroblastes. Le bourgeon
charnu va progressivement évoluer soit vers une cicatrice soit vers la reconstitution d'un
tissu conjonctif identique au tissu préexistant à l'inflammation.
Constitution d'une cicatrice : La cicatrice est la marque définitive laissée par le foyer
inflammatoire après la phase de bourgeon charnu. Elle est formée d'un tissu conjonctif fibreux
(prédominance de collagène) prenant la place des tissus définitivement détruits ; sa structure
va se modifier progressivement pendant plusieurs mois.
Régénération épithéliale :
Elle apparaît parallèlement à la réparation conjonctive. Les cellules épithéliales détruites sont
remplacées par la prolifération des cellules épithéliales saines situées autour du foyer
inflammatoire.
-au niveau d'un revêtement (peau, muqueuses), l'épithélium régénère, depuis la périphérie
jusqu'au centre de la perte tissulaire, dès lors que celle-ci est comblée par le bourgeon charnu.
Cette régénération peut se faire sur un mode métaplasique (exemple : régénération de
l'épithélium cylindrique bronchique sous la forme d'un épithélium malpighien) ou un mode
atrophique avec disparition de certaines fonctions spécialisées (exemple : disparition de cils
vibratiles)
-au niveau d'un parenchyme (foie, glandes exocrines, rein...) : la qualité de la régénération
épithéliale dépend d'une part de l'importance de la destruction initiale du tissu (et notamment
de l'intensité de la destruction de la trame conjonctive de soutien) d'autre part du pouvoir
mitotique des cellules épithéliales. Exemple des hépatites : Dans les hépatites virales aiguës
communes, la trame conjonctive de soutien des hépatocytes reste intacte et la régénération
hépatocytaire à partir d'hépatocytes non nécrosés, guidée par cette trame conjonctive, aboutit à
la formation de nouvelles travées hépatocytaires normales et sans cicatrice. Dans les hépatites
virales aiguës graves, la destruction hépatocytaire et conjonctive initiale est importante et la
régénération hépatocytaire aboutit à des travées hépatiques épaissies et désorganisées,
associées à des territoires de cicatrice.
III - INFLAMMATION CHRONIQUE
Définition : inflammation de durée prolongée, due à la persistance du ou des facteurs d’agression.
Elle peut suivre l’inflammation aiguë ou débuter de façon insidieuse sous forme d’une réponse de
faible intensité, souvent asymptomatique.
Les facteurs prédisposant sont : une agression persistante (ex, l’acide gastrique dans l’ulcère
peptique) ; une réponse inadéquate de l’hôte à l’infection ; une maladie auto-immune chronique (ex la
polyarthrite rhumatoïde ou la colite ulcéreuse).
La séquence agression tissulaire – phase vasculo-exsudative - tissu de granulation - cicatrice
fibreuse se déroule uniquement lorsque l’agression est de courte durée et disparaît. Mais, si
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l’agression perdure, les phénomènes de nécrose, d’organisation et de réparation se déroulent de façon
simultanée. L’inflammation chronique est associée à une réponse immunitaire tissulaire comme en
témoigne la présence de lymphocytes.
Aspects histologiques de l’inflammation chronique : elle est caractérisée par :
- un infiltrat fait de cellules mononuclées, macrophages, lymphocytes et plasmocytes ;
- une destruction tissulaire, essentiellement due aux cellules inflammatoires ;
- une tentative de cicatrisation : prolifération de tissu conjonctif remplaçant le tissu altéré. Cette
prolifération de tissu conjonctif est réalisée par la multiplication de petits vaisseaux sanguins
(angiogenèse) et par de la fibrose.
Inflammation chronique granulomateuse
Définition
L’inflammation granulomateuse est un aspect particulier de réaction inflammatoire chronique où
prédominent les phénomènes cellulaires. Il s’agit d’une inflammation histiocytaire formée de lésions
circonscrites correspondant à un regroupement de macrophages : le granulome.
UN GRANULOME se définit comme un agglomérat de cellules histiocytaires, souvent bien limité,
volontiers entouré de lymphocytes et pouvant comporter en proportion variée des cellules épithélioïdes
et des cellules géantes multinucléées.
Le granulome inflammatoire traduit toujours la persistance de l’agent pathogène, même s’il n’est pas
toujours visible. Cette persistance est liée :
- soit à une phagocytose incomplète : résistance des germes, CE non résorbables, déficit enzymatique
- soit une inefficacité +/- complète du système immunitaire
- soit à un débordement des 2 phénomènes de défense par l’arrivée permanente d’agents inflammatoires,
ou une résistance naturelle propre à certains germes
Dans le granulome, les histiocytes se transforment en cellules épithélioïdes et par fusion en cellules
géantes multinucléées :
- les cellules épithélioïdes : grandes cellules de formes variées arrondies, allongées ou
fusiformes. Leurs noyaux sont ovoïdes, allongés ou encochés. Leur cytoplasme est abondant
éosinophile homogène avec parfois quelques vacuoles. Leur nom provient de la ressemblance
avec les cellules épithéliales. Les cellules épithélioïdes sont des histiocytes très activés
sécrétant des cytokines et des enzymes. En revanche leur activité phagocytaire est réduite. Les
mécanismes de l'activation des histiocytes en cellules épithélioïdes sont peu connus.
- des cellules géantes : 2 types :
- cellules de Langhans par fusion des cellules épithélioïdes
- cellules de Muller par division nucléaire sans division cytoplasmique
Elles peuvent atteindre 40 à 50u, avec un grand cytoplasme et jusqu’à 20 noyaux arrangés en
périphérie (Langhans) ou de façon désordonnée (Muller).
Principales étiologies de l’inflammation granulomateuse
L’inflammation granulomateuse peut être non spécifique, ou spécifique, c’est à dire permettant un
diagnostic étiologique :
Par un aspect caractéristique : granulome épithélioïde et giganto-cellulaire
Par la présence d’un agent infectieux identifiable
Etiologies :
- Lésions infectieuses
Lésions bactériennes : Mycobactérie typique (bacille de Koch) ou atypique (SIDA ++)
Lésions fungiques mycoses : candidose, aspergillose, cryptococcose, histoplasmose
Lésions virales
Parasitoses : Amibiase, oxyurose, distomatose hépatique, échinococcose, schistosomiase,
bilharziose, pneumocystose
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- Lésions non infectieuses : Maladie de Crohn, Sarcoïdose, bérylliose, stroma de certaines tumeurs,
vascularites granulomateuses
Exemple de l’ulcère peptique chronique de l’estomac :
Illustre les phénomènes de l’inflammation chronique causée par une agression persistante.
La paroi de l’estomac est normalement protégée des effets de l’acide chlorhydrique dilué et des
enzymes protéolytiques produits par la muqueuse gastrique. Si ce mécanisme protecteur est détruit,
l’acide et les enzymes détruisent l’épithélium et le tissu de soutien sous-jacent et il apparaît une
ulcération. L’agression persiste puisque l’estomac produit en permanence l’acide et les enzymes.
La lésion tissulaire provoque une réaction inflammatoire avec un exsudat. Dans la partie profonde
de l’ulcère, partiellement protégée de l’acide, l’exsudat s’organise et il se constitue un tissu de
granulation qui évolue vers une cicatrice fibreuse. Dans l’ulcère constitué, tous ces phénomènes
apparaissent simultanément.
Exemple de la tuberculose :
C'est un exemple d'inflammation granulomateuse. C’est l’exemple type de granulome épithélioïde. La
présence de Mycobacterium tuberculosis dans les tissus déclenche une réaction inflammatoire qui suit
les phases successives de l'inflammation: exsudative, cellulaire, réparation avec fibrose.
Elle présente 2 caractéristiques spécifiques :
- des lésions granulomateuses épithélioïdes et giganto-cellulaires
- apparition d’une nécrose spécifique : la nécrose caséeuse
Ces 2 aspects permettent sur un prélèvement biopsique de porter le diagnostic de tuberculose. Ce
diagnostic devra être confirmé par la mise en évidence de M. tuberculosis
Le Bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis) est un bacille intracellulaire, siégeant dans les
histiocytes macrophages, avec une multiplication cellulaire lente. Les histiocytes n’ont pas d’enzymes
capables de le détruire, le BK ne sécrète pas d’enzyme ou de toxique, et il ne provoque qu’une
réaction inflammatoire aiguë minime et transitoire. Sa virulence vient de sa paroi, constituée de lipides
et de sulfamides déclenchant une immunité à médiation cellulaire.
La diffusion du bacille dans l'organisme se fait: soit par contiguïté, soit par voie vasculaire, soit par
voie canalaire (bronches tubes digestif)
Différentes phases
Phase aiguë : il s’agit d’une phase exsudative riche en bacille, avec des lésions non spécifiques,
constituées par de l’œdème, des polynucléaires neutrophiles et des histiocytes. A ce stade apparaît la
nécrose caséeuse. Le nom de « caséum » provient de l’aspect macroscopique, qui ressemble à du lait
caillé. Il s’agit d’un foyer de destruction tissulaire. Histologiquement, il s’agit d’une substance
éosinophile homogène dépourvue de cellules, d’aspect homogène, mais contenant des fibres
élastiques, collagènes et réticuliniques.
Les causes de la formation de cette nécrose reste mal connue: sécrétion de TNF alpha par les histio-
monocytes sous l'influence de M Tuberculosis entraînant des lésions vasculaires, endothéliales et
dépôts de fibrine jusqu'à la nécrose?
Le caséum peut se modifier : se liquéfier ce qui permet l’évacuation et le drainage du foyer
tuberculeux avec formation d’une cavité (caverne) et la contamination des tissus voisins. Il peut
également s’assécher ou se calcifier.
Phase cellulaire : lésions granulomateuses (granulome immunologique témoin de la mise en jeu de
l'immunité à médiation cellulaire).
Macroscopie : Nodules bien limités et persistants dans les tissus : granulations miliaires (1-2 mm),
tubercules miliaires (2-3 mm), tubercules enkystés (1-3 cm).
Histologie : granulomes formant des nodules arrondis constitués de cellules épithélioïdes se disposant
en palissade mêlées à un nombre variable de cellules géantes. En périphérie on note une couronne de
lymphocytes. Plus à l’extérieur, et dans les lésions plus évoluées, il y a des fibroblastes et du
collagène. Ces nodules sont parfois centrés de nécrose caséeuse.
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