Un autre q-analogue des nombres d’Euler
G.-N. Han1, A. Randrianarivony2et J. Zeng3
1IRMA, CNRS et Universit´e Louis-Pasteur (Strasbourg 1), France
2Facult´e des Sciences, Universit´e d’Antananarivo, Madagascar
3Institut Girard Desargues, Universit´e Claude Bernard (Lyon 1), France
Dedicated to G. Andrews on the occasion of his 60th birthday
Abstract
The ordinary generating functions of the secant and tangent num-
bers have very simple continued fraction expansions. However, the
classical q-secant and q-tangent numbers do not give a natural q-
analogue of these continued fractions. In this paper, we introduce a
different q-analogue of Euler numbers using q-difference operator and
show that their generating functions have simple continued fraction ex-
pansions. Furthermore, by establishing an explicit bijection between
some Motzkin paths and (k, r)-multipermutations we derive combina-
torial interpretations for these q-numbers. Finally the allied q-Euler
median numbers are also studied.
1 Introduction
Les nombres d’Euler En(n0) sont classiquement d´efinis comme les coef-
ficients apparaissant dans le d´eveloppement de Taylor suivant :
X
n0
En
tn
n!= 1 + t+t2
2! + 2 t3
3! + 5 t4
4! +. . . =1
cos t+ tan t. (1)
Ainsi les nombres E2net E2n+1 sont appel´es aussi nombres s´ecants et nom-
bres tangents respectivement. En rempla¸cant cos tet tan tpar leurs q-
analogues dans (1) on obtient alors le q-analogue classique des nombres
d’Euler comme les coefficients correspondants dans le d´eveloppement en q-
s´eries de Taylor. Ces q-nombres d’Euler g´en´eralisent effectivement certains
aspects arithm´etiques et combinatoires des nombres d’Euler [2, 3, 10], mais
1
ils ne fournissent pas de q-analogues simples pour deux S-fractions continues
remarquables de leurs s´eries g´en´eratrices ordinaires [8] :
X
n0
E2ntn= 1 + t+ 5 t2+ 61 t3+. . . =1
112t
122t
132t
...
,(2)
X
n0
E2n+1tn= 1 + 2 t+ 16 t2+ 272 t3+. . . =1
11·2t
12·3t
13·4t
...
.(3)
Une autre suite de nombres li´es intimement aux nombres s´ecants et tan-
gents est la suite des nombres d’Euler m´edians Ln, qui sont les nombres
apparaissant au milieu du triangle de Seidel-Arnold [4, 7]:
1
10
011
2210
02455
16 16 14 10 50
016 32 46 56 61 61
. . . . . .
dont la construction est analogue `a celle du triangle de Pascal pour les
coefficients binomiaux. Par exemple, on trouve les premi`eres valeurs de ces
nombres : L0= 1, L1= 1, L2= 4, L3= 46, ainsi que celles des nombres
d’Euler : E0=E2= 1, E4= 5, E6= 61 et E1= 1, E3= 2, E5= 16.
Dumont [7] a montr´e que la fonction g´en´eratrice des nombres Lna aussi un
d´eveloppement simple en S-fraction continue :
X
n0
Lntn= 1+t+4 t2+46 t3+1024 t4+. . . =1
11·1t
11·3t
12·5t
12·7t
...
.(4)
2
Il s’av`ere [17, 18] qu’une telle formule pour une suite de nombres est g´en´erale-
ment li´ee `a une formule de type Gandhi de ces nombres. Plus pr´ecis´ement,
soit α= (a, b, c, d) une suite d’entiers rationnels et P(α)
n(x) (n0) une suite
de polynˆomes d´efinis par
P(α)
0(x) = 1,
P(α)
n(x) = (x+a)n(x+b)P(α)
n1(x+c)(x+d)P(α)
n1(x)o.(5)
Par la m´ethode de [17, 18], on obtient ais´ement le r´esultat suivant:
X
n0
P(α)
n(x)tn=1
1(bd)(x+a)t
1c(x+b)t
1(bd+c)(x+a+c)t
12c(x+b+c)t
1(bd+ 2c)(x+a+ 2c)t
13c(x+b+ 2c)t
...
.(6)
D’o`u, par comparaison de leurs fractions continues, on d´eduit que
E2n+1 =P(1,2,2,1)
n(1), E2n=P(0,1,2,0)
n(1), Ln= 4nP(0,2,4,2)
n(1).(7)
Par ailleurs, les polynˆomes P(α)
n(x) interpolent les trois autres suites de
nombres (Rn), (ln) et (rn) propos´ees dans [7, 18] par les ressemblances de
leurs fractions continues `a celles des nombres d’Euler edians:
Rn= 4nP(2,4,4,0)
n(1), ln= 2nP(0,1,2,1)
n(1), rn= 2nP(1,2,2,0)
n(1).(8)
Les premi`eres valeurs de ces nombres sont : R0= 1, R1= 3, R2= 24,
R3= 402, l0= 1, l1= 1, l2= 3, l3= 21 et r0= 1, r1= 2, r2= 10, r3= 98.
L’un des avantages d’une formule de type (5) est qu’elle ouvre une nou-
velle voie pour des q-extensions en rempla¸cant la diff´erence ordinaire par la
q-diff´erence. Ce qui a d’ailleurs ´et´e fructueux dans l’´etude de q-nombres de
Genocchi [13]. Le but de cet article est d’´etudier le q-analogue des nombres
plus haut dans cette optique.
Pour tout entier positif ou egatif de n, on d´efinit son q-analogue [n] par
[n] := [n]q=1qn
1qet [x, n]q=xqn+ [n].(9)
3
Pour n0, on d´efinit le q-analogue de (5) les polynˆomes P(α)
n(x, q) par
P(α)
0(x, q) = 1,
P(α)
n(x, q) = [x, a]q
[x, b]qP(α)
n1([x, c]q, q)[x, d]qP(α)
n1(x, q)
1+(q1)x.(10)
Pour des entiers positifs rl0, on note [12, p.73] l’ensemble des
entiers compris entre let rpar
[l..r] = {l, l + 1, . . . , r 1, r}.(11)
D´efinition 1 Soient ket rdeux entiers naturels. Une (k, r)-multipermu-
tation ou (k, r)-MP de [1..n] est un r´earrangement du mot 0k1r2r· · · nrtel
qu’entre deux lettres identiques, il n’y a aucune lettre plus petite. On note
S(k,r)
nl’ensemble des (k, r)-multipermutations de [1..n].
Remarque: Si k= 0, une (k, r)-MP se r´eduit `a une r-multipermutation
de [1..n], qui a ´et´e introduite par Gessel et Stanley [11] et poursuivie par
Park [15]. Si r= 1, une (k, r)-MP de [1..n] s’appelle simplement k-permuta-
tion de [1..n]. On s’aper¸coit assez facilement que le cardinal de S(k,r)
na une
formule explicite :
|S(k,r)
n|= (k+ 1) ·(k+1+r)· · · (k+1+r(n1)).
Il en r´esulte que X
n0
|S(k,r)
n|xn
n!= (1 rx)(k+1)/r,
ainsi (voir [8]) que
X
n0
|S(k,r)
n|tn=1
1(k+ 1)tr(k+ 1)t2
1(k+1+2r)t2r(k+1+r)t2
...
1bitλit2
...
(12)
o`u bi=k+1+2ir et λi=r(i+ 1)(k+1+ir) pour i0.
En vertu de la th´eorie combinatoire des J-fractions continues [8], on
en d´eduit l’existence d’une bijection de S(k,r)
nsur un certain ensemble de
4
chemins de Motzkin valu´es (voir Section 3). Nous allons construire une
telle bijection Θnen g´en´eralisant la bijection classique de Fran¸con-Viennot-
Flajolet (voir [8]), qui correspond au cas o`u r= 1.
Cet article est organis´e comme suit. Dans la section 2 on calcule d’abord
la s´erie g´en´eratrice ordinaire de P(α)
n(x, q) (n0) et puis d´efinit des q-
extensions des nombres et des polynˆomes introduits plus haut. La sec-
tion 3 est consacr´ee `a la construction de la bijection Θn. En appliquant
la th´eorie combinatoire g´en´erale des fractions continues, on en d´eduit des
interpr´etations combinatoires de ces polynˆomes dans la section 4. Enfin on
termine l’article par des liens avec les nombres de Genocchi.
2 Fractions continues et d´efinitions
Posons ∆qx= 1 + (q1)xet P(x, t) = Pn0P(α)
n(x, q)tn. La r´ecurrence
(10) equivaut alors `a l’´equation fonctionnelle suivante :
P(x, t) = qx
qx+ [x, a]q[x, d]qt+[x, a]q[x, b]qt
qx+ [x, a]q[x, d]qt·P([x, c]q, t).(13)
Comme 1 + (q1)[x, c]q=qcqxet [[x, c]q, a]q= [x, a +c]q, on en d´eduit
par it´eration le r´esultat suivant.
Proposition 1 On a
X
n0
P(α)
n(x, q)tn=X
n0
qnctnqxQn1
i=0 [x, a +ic]q[x, b +ic]q
Qn
i=0{qicqx+ [x, a +ic]q[x, d +ic]qt}.(14)
Comme dans [13, 17, 18], on obtient le eveloppement en fraction continue
de P(x, t) en appliquant une formule de Wall [20] `a (13).
Th´eor`eme 1 La fonction g´en´eratrice ordinaire des polynˆomes P(α)
n(x, q)
admet le d´eveloppement en S-fraction continue suivant :
X
n0
P(α)
n(x, q)tn=1
1qd[bd][x, a]qt
1qa[c][x, b]qt
1qd[bd+c][x, a +c]qt
1qa[2c][x, b +c]qt
1qd[bd+ 2c][x, a + 2c]qt
1qa[3c][x, b + 2c]qt
...
.
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