Courrier de Rome


Abbé Gleize 
Prologue
 Art.1:Qu’est-cequelacanonisaondessaints?I.Déniondelacanoni-
saon;II.Propriétédelacanonisaon:elleestinfaillible;III.Preuvesde
l’infaillibilité.
 Art.2:Lesnouvellescanonisaonsobligent-ellesenconsciencetouslesdè-
lescatholiques?;Argumentspouroucontre;Ilsemblequeoui;Ilsemble
quenon;Principederéponse;Réponsesauxarguments.
 Art.3:Jean-PaulIIpeut-ilêtrecanonisé?;Ilsemblequenon;Principede
réponse;Réponseauxarguments.
 Épilogue.

Pr. Pasqualucci 
 Unepastoralitéanomale–L’intenonanomaleduConcilea-t-elleuneinci-
dencesurlavaliditédesonmagistère–Criquerlapastoraleanomalede
VacanIInesigniepasadopteruncomportementprotestant–LeConcile
déclareouvertementqu’ilenseignedesnouveautés–Ilestpermisaudèle
d’étudierlacongruenadesnouveautésprofesséesparunConcilepastoral–
Nier la congruenad’untexteambigudeVacanIInecomporteaucunpéché
d’hérésie–LadogmacitéanomaledeVacanII.
 Lathèsesingulièred’unconcile«nouvellePentecôte»,etdonc«superdog-
m
aque»–La dogmacitéanomaledu Concilerésulteraitenréalitéde sa
conceponcommenouvellepentecôte–JeanXXIIIalancélemotd’ordredu
ConcilecommeNouvellePentecôte–Jean-PaulIIathéoriséVacanIIcomme
Nouvelle Pentecôte – Lenrichissement de la foi, concept dogmaquement
faux–Unenoondeconscienceàl’instardelapenséemoderne–Uneinté-
graon réciproqueàdémontrer–LapastoralitésingulièredeVacanII.

Abbé Gleize Dignitas humanae
 1.LanalyseduPèreBasile;1.1.ValeurdoctrinaledeDH;1.2Contextehisto-
riqueetdotrinal;1.3.Nature,buT,fondementetlimites;1.4.Réponsesaux
objecons.
 2.Premièreappréciaoncrique:lesvraiesobjecons;2.1.Reprisedela
premièreobjecondroitnégafetdroitàl’erreur;2.2.Reprisedeladeuxiè-
meobjecon:libertéetliberté;2.3.Reprisedelatroisièmeobjecon:quel-
ledisconnuité?
 3.Deuxièmeappréciaoncrique:lesprésupposésdeDH;3.1.Lebutdu
droit;3.2.Lefondementdudroit;3.3.Lecontextehistoriqueetdoctrinal.
 4.Enguisedeconclusion:lavaleurdoctrinaledeDH.
Crisana de Magistris

Lecas«passésoussilence»duPèreCalmel.

Roberto de Maei 
Abbé Gleize 
Paolo Pasqualucci 
 Maradiagasemoquedel’orthodoxiedoctrinaledeMüller–Müllernousrap-
pellequeDieuestjusceetnonpasseulementmiséricorde–Unefausse
noond’Incarnaonàlaracinedel’erreur–Maradiagaveutuneouvertureà
touslesusagescorrompusdusiècle–Ilfautprendreposionpourdéfendre
lafoi.
Crisana de Magistris
(écritpardonPaceen1978)


Abbé Gleize 
Prologue
 1.Quelquesrappelsindispensables
 2.Unnouveautypedediscours
 3.Desantécédentslourdsdeconséquence;3.1.AvantVacanII;3.2.Va-
canII;3.3.DepuisVacanII
 4.Lesprésupposésdelanouvelleecclésiologie
 5.Commentdirel’unetl’autre?
 Épilogue

Don Mauro Tranquillo
         

Roberto de Maei 
Mgr Lefebvre Sérénitéetdélitédansle
combatmalgrélespreuves–LesfruitsdelaTradionetdelaFsspx–Regard
portésurl’avenir(La sainteté sacerdotale,pp.472-481)

Abbé Gleize 
 1)Prologue:lavisibilitédel’Église
 2)SaintetéetRomanitédel’Église–2.1Saintetédel’Église–2.2Romanitéde
l’Église
 3)Brefretoursurl’actualitérécenteetprochaine
 4)Auxsourcesprofondesdel’actualité
 5)Épilogue:Luxveraintenebris:5.1LaProvidencetoujoursàl’oeuvre–5.2
Desrèglesetduprincipe–5.3Perplexesmaiscatholiques.
Abbé Gleize D’avril à octobre. Retour sur les récentes canonisaons.
Septembre, n° 379
Crisna Sicardi Lactualité de la lere aposotolique Testem benevolenae de Léon XIII et la
désobéissance des généraons actuelles.
Le Magistère pétrinien non écouté – La praxis est devenue de barycentre de
la religion Le nouveau pélagianisme Labsurde disncon entre vertus
acves et vertus passives.
Maurizio Blondet Pour mieux comprendre le pape François
Punir sévèrement Ils voulaient la collégialité ? Les voilà servis – Théologie
de la mauvaise éducaon.
Octobre, n° 380
abbé Gleize Une impossible connuité
Prologue
1. Le fond du problème
2. Le magistère antérieur et postérieur à DH
3. Lobjet du droit à la liberté religieuse
4. Le fondement du droit à la liberté religieuse
5. Le but du droit à la liberté religieuse
6. Les limites du droit à la liberté religieuse
7. Nos conclusions
Novembre, n° 381
Stephanus Demain, la forme extraordinaire de la morale catholique ?
Introducon
De l’aula conciliaire à la salle du Synode
Quand l’interdit devient la norme
La norme devient l’excepon
Le rêve milanais, triomphe posthume du cardinal Marni
Labominaon de la désolaon
Roberto de Mahei
Kasper, les sources philosophiques des erreurs « bergogliennes ».
Roberto de Mahei
Il n’y a qu’un seul pape. Annexe.
Décembre, n° 382
Mgr Lefebvre La déclaraon du 21 novembre 1974, chartre de la Fraternité
abbé Gleize 40 ans plus tôt
abbé Gleize 40 ans plus tard
abbé Gleize 40 ans autour du Concile
Courrier de R ome
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Année XLVIII 372 (562) MENSUEL — NOUVELLE SÉRIE Janvier 2014
Le numéro 3
JEAN-PAUL II : UN NOUVEAU SAINT POUR LÉGLISE ?
PROLOGUE
1. Dans sa premre Étre aux Thessaloni-
ciens (chapitre I, versets 6-9), saint Paul loue et
félicite les fidèles de léglise de Thessalonique
parce qu’ils ont suivi son propre exemple et
aussi parce quils ont à leur tour donné
lexemple à tous les autres fidèles de leur pays.
De telle sorte que, grâce à eux, la foi sest
pandue non seulement dans tout leur pays,
mais même partout ailleurs. C’est donc dire
toute limportance concrète et toute lefficacité
de cette prédication de lexemple, de cette pré
dication de la sainteté de vie. Et cest dire aussi
à quel point, si elle a lieu comme prévu, la
canonisation de Jean-Paul II représentera un
événement grave. Car cet acte donnera à tous
les catholiques lexemple trompeur dune faus
se charité. Fausse chari absolument oppoe
aux exigences de la. Royau du Christ, fausse
charité œcuménique, dont le pape polonais
sest fait lapôtre incessant. Cet exemple donné
à toute lÉglise sera par le fait même lapothéo
se (au sens le plus strict et étymologique du
terme) de Vatican II: à travers la canonisation
du pape Jean-Paul II, ce sont les enseignements
de ce concile qui seront rendus intouchables.
2. Voilà pourquoi il est indispensable de rap
peler quelques principes élémentaires, pour
donner aux fidèles catholiques le moyen de dis
cerner et de ne pas se laisser abuser par des rai
sonnements faux. Ceux-ci ne manqueront pas
et sefforcent dailleurs dédinciter les catho
liques à reconnaître dans la vie de Jean-Paul II
un idéal de sainteté authentique, dont limita
tion simposerait à toute lÉglise.
3. On nous dira que lon ne peut pas sans
cesse sobéir, contester et refuser l’adhésion
au magistère et au pape. Nous répondons alors
précisément quen effet on ne le peut pas et que
cest justement pour continuer à oir à la Tra
dition bimilnaire de lÉglise, pour ne pas la
contester et pour lui donner toute ladhésion
quelle réclame que nous sommes bien obligés
de nous opposer à toutes les initiatives qui sen
éloignent, quand bien me elles émanent des
plus hautes autorités dans lÉglise.
4. La rupture n’est pas le fait de ceux qui
contestent le bien-fondé dune éventuelle cano
nisation de Jean-Paul II. Elle est plut le fait de
ce pape, qui a voulu rendre lÉglise conforme
aux nouveaus introduites par le concile Vati
can II, spécialement en promulguant une nou
velle législation. « Cet instrument quest le
Code », dit-il, « correspond pleinement à la
nature de l’Église, spécialement comme la
décrit le magisre du Concile Vatican II en
général, et en particulier dans son enseignement
ecclésiologique. En un certain sens, on pourrait
même voir dans ce Code un grand effort pour
traduire en langage canonique cette doctrine
même de lecclésiologie conciliaire. [...] Il en
résulte que ce qui constitue la "nouveauté"
essentielle du Concile Vatican II, dans la conti
nui avec la tradition législative de lÉglise,
surtout en ce qui concerne l’ecclésiologie,
constitue également la "nouveauté" du nouveau
Code. Parmi les éléments qui caractérisent
limage réelle et authentique de lÉglise, il nous
faut mettre en relief surtout les suivants : la doc
trine selon laquelle lÉglise se présente comme
le Peuple de Dieu et l’autorité hiérarchique
comme service; la doctrine qui montre lÉglise
comme une communion et qui, par conséquent,
indique quelles sortes de relations doivent exis
ter entre les Églises particulières et lÉglise uni
verselle et entre la collégialité et la primau; la
doctrine selon laquelle tous les membres du
Peuple de Dieu, chacun selon sa modalité, par
ticipent à la triple fonction du Christ: les fonc
tions sacerdotale, prophétique et royale. À cette
doctrine se rattache celle concernant les devoirs
et les droits des fidèles et en particulier des
laïcs; et enfin l’engagement de lÉglise dans
lœcuménisme. Si donc le Concile Vatican II a
tiré du trésor de la Tradition de lancien et du
nouveau, et si ce qui est nouveau, ce sont juste
ment ces éléments que nous venons dénumé-
rer, alors il est clair que le Code doit refléter
cette même nuance de fidélité dans la nouveau
té et de nouveauté dans la fidélité, et s’y
conformer dans son propre domaine et dans sa
façon particulière de sexprimer f »
5. En ce sens, la canonisation de Jean-Paul II
sera, elle aussi, une nouveauté. Mais une nou
veau contestable, pour qui veut rester attaché
à la Tradition de lÉglise.
ARTICLE 1 - QUEST-CE QUE LA
CANONISATION DES SAINTS?
[ d ’après: Timothée Zapelena, s.j., De
Ecclesia Christi, t. 2, 1954, thèse XIX,
p. 244-249]
1. Jean-Paul II, « Constitution apostolique Sac-
disciplinæ leges du 25 janvier 1983 » dans La
Documentation Catholique,1847, p. 245-246.
- 1 - Définition de la canonisation
1. La canonisation des saints tire son nom du
fait quelle consiste à inscrire un bienheureux au
canon, cest-à-dire au catalogue, des saints. Elle
se définit comme une sentence définitive du sou
verain pontife moyennant laquelle un fidèle béa
tifié est propoà toute lÉglise pour quelle le
regarde obligatoirement comme vraiment saint,
jouissant du bonheur du ciel et devant faire ici-
bas lobjet dun culte.
2. La canonisation est donc premièrement une
sentence définitive, cest-à-dire un jugement ulti
me et péremptoire, qui ne pourra plus être ni
abrogé, ni modifié, ni révisé ou réexaminé.
3. La canonisation est deuxièmement une sen
tence réservée au seul souverain pontife (Code
de Droit Canonique de 1917, canon 1999, § 1).
Par le passé, béatification et canonisation étaient
accomplies dans chaque diocèse, par lévêque
propre de lendroit. Cest le pape Alexandre III
qui, en 1170, réserva totalement au Saint-Siège
ce genre d’actes et cest Urbain VIII qui, en
1634, interdit sous la menace des peines les plus
lourdes dattribuer à un fidèle défunt un culte
public sans que le souverain pontife ait dabord
procé à sa béatification ou à sa canonisation.
4. La canonisation est troismement une sen
tence moyennant laquelle un fidèle dé atifié
est proposé à toute l’Église pour qu’elle le
regarde obligatoirement comme vraiment saint,
jouissant du bonheur du ciel et devant faire ici-
bas lobjet dun culte. La canonisation compor
te en effet un double jugement. Un jugement
spéculatif, l’on affirme que le fidèle atif
est saint et parvenu au ciel. Un jugement pra
tique et préceptif, lon décide que ce fidèle
atifdoit faire ici-bas lobjet dun culte. Et
lon précise que cette sentence propose ce fi
le béatif « à toute lÉglise pour qu’elle le
regarde obligatoirement ainsi », car tous les
fidèles sont tenus de croire sans le moindre
doute que la personne canonisée est sainte et
parvenue au ciel, et de la considérer comme
ayant droit à un culte public.
5. Ces pcisions nous indiquent quelle est la
différence entre la canonisation et la béatifica
tion. La atification est un jugement qui, loin
dêtre ultime et finitif, ne fait que précéder et
pparer la canonisation. Elle ne fait que per
mettre le culte, sans le rendre obligatoire. Et la
plupart du temps, le décret dune béatification
na pas la portée dun jugement universel, qui
concernerait toute lÉglise. Il na que la portée
2Courrier de Rome Janvier 2014
d’un jugement particulier et ne concerne
quune province, une gion, un pays, ou une
société religieuse.
- II - Propr de la canonisation :
elle est infaillible
6. L’infaillibilité du souverain pontife ne
sétend pas à la atification des serviteurs de
Dieu, du fait même que celle-ci néquivaut pas
à une sentence ultime et péremptoire. Seule une
sentence de ce genre peut en effet béficier du
privige de 1 infaillibilité. Cependant, on peut
pieusement croire (de foi humaine) que Dieu ne
permettra jamais que soit béatifié un fidèle
funt qui serait non pas saint mais pécheur, et
qui serait même prouvé, surtout si le décret
de béatification donne son approbation à un
culte universel.
7. Le véritable objet formel de l’infaillibilité
dont jouit le pape lorsquil canonise un saint
correspond à tout ce quil définit et seulement à
cela, cest-à-dire au triple fait que la personne
historique qui est inscrite au catalogue de saints
soit vraiment sainte, ait obtenu le bonheur
céleste et mérite ou clame un culte. Lon ne
saurait admettre lavis de certains auteurs, du
reste isolés, qui, pour résoudre certaines diffi
cultés dordre historique, voudraient restreindre
linfaillibilité de la canonisation au point précis
elle présenterait un portrait idéal, sans doute
revêtu des vertus et des miracles, mais nayant
pratiquement rien à voir avec la alité histo
rique de la personne à laquelle il serait attribué.
- III - Preuves de linfaillibilité
des canonisations
8. Premier argument. L’Église est infaillible
pour dire jusqusétend sa propre infaillibili
té. Or, lÉglise sattribue l’infaillibilité lors
quelle canonise les saints. Bien sûr, cette
infaillibilité des canonisations na pas encore
fait l’objet d’une définition elle-même
infaillible, et, en particulier, le concile Vatican I
na pas jugé opportun de se prononcer cagori
quement en sa faveur. Cependant, l’infaillibilité
des canonisations repsente la doctrine com
mune des théologiens et elle est présupposée
par la discipline ecclésiastique. D’autre part,
lÉglise s’attribue l’infaillibili chaque fois
quelle propose de façon péremptoire et irrévo
cable ce quelle oblige tous les fidèles à tenir, et
seulement dans ces cas-là. Or, lÉglise propose
de façon péremptoire et irrévocable la canoni
sation des saints et elle oblige tous les fidèles à
la reconnaître comme telle. On peut sen rendre
compte si lon observe les expressions dont elle
use lorsquelle accomplit cet acte ou cet exerci
ce solennel de son magisre. Par exemple,
celle utilisée par Pie XII : « Pour lhonneur de
la sainte et indivise Trinité, pour lexaltation de
la foi catholique et laccroissement de la reli
gion chtienne, par lautorité de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, [...] nous cidons et fi
nissons que les bienheureux Jean de Britto mar
tyr, Joseph Cafasso et Bernardin Realin,
confesseurs, sont saints et nous les inscrivons
au catalogue des saints. Nous établissons que
leur mémoire doit faire lobjet dun culte de la
part de toute lÉglise 2. » Deux choses appa
raissent clairement dans cette formule. Premiè-
2. Acta apostolicæ sedis, t. 30 (1947), passim.
rement, la finition du pape revêt un caractère
péremptoire. Deuxmement, son objet nest
pas seulement un portrait idéal ou un type de
sainteté; il sagit au contraire de la sainteté de
la gloire leste et du culte qui reviennent à un
personnage historique.
9. Deuxième argument L’infaillibilité de
lÉglise s’étend aussi loin que le réclame la
fin pour laquelle le Christ a établi le magistè
re de cette même Église. Or, cette fin en rai
son de laquelle le Christ a établi le magisre
et a voulu qu’il soit revêtu du privilège de
l’infaillibilité consiste à instruire convenable
ment les fidèles de la doctrine et à diriger leur
vie de manière re, en conformité avec la loi
de lÉvangile. Et pour diriger ses fidèles dans
la voie de la justice et du salut, lÉglise procè
de de deux manres. Premièrement, elle leur
propose les règles objectives de la vie chré
tienne révées par Dieu et deuxièmement elle
leur met sous les yeux des exemples vivants
et concrets, où la règle de vie évangélique est
mise en pratique et qui représentent ainsi pour
eux le modèle exceptionnel en même temps
que le miroir et l’appui dont ils ont besoin.
Cest pourquoi, le secours divin promis par le
Christ sétend aussi bien à ces actes par les
quels le magistère propose aux fidèles les
exemples héroïques de vie chrétienne qu’ils
doivent imiter et invoquer quà ceux par les
quels le même magistère leur prêche les
gles ordinaires de la sainteté.
10. Troisième argument. Si le souverain
pontife peut se tromper dans l’acte solennel
de la canonisation dun saint, il faut admettre
qu’il peut imposer à toute lÉglise un culte
objectivement contraire à lhonnêteté. Mais
cela est bien difficile à concevoir, et semblera
à juste titre trop inconvenant. Le successeur
de Pierre demeurerait-il alors le fondement de
la foi évangélique, et confirmerait-il vraiment
ses frères chrétiens dans cette foi ?
11. Comment lÉglise sait-elle quun saint
est au ciel? Elle en a la certitude non point
par le moyen dune nouvelle révélation, mais
par lassistance de Dieu qui dirige son Église
lorsqu’elle examine la vie de ce saint, ainsi
que ses vertus héroïques et les miracles obte
nus en son nom.
ARTICLE 2 - LES NOUVELLES
CANONISATIONS OBLIGENT-ELLES
EN CONSCIENCE TOUS LES
FIDÈLES CATHOLIQUES?
Argum en ts pour ou co ntre
Il semble que oui
1. Premrement, les nouvelles canonisations
se présentent comme des jugements solennels
du souverain pontife, cest-dire comme des
actes de son magistère suprême. Or, lacte du
magistère suprême du pape oblige en conscien
ce tous les fidèles catholiques. Donc les nou
velles canonisations obligent en conscience
tous les fidèles catholiques.
2. Si Ton objecte que la nouvelle intention
collégialiste impliquée par les réformes post
conciliaires autorise à douter que les nouvelles
canonisations soient des actes du magisre
suprême du pape, on plique deuxmement
que, quoi qu’il en soit de ces antécédents théo
riques, on voit bien, lors de lacte formel de ces
nouvelles canonisations, que le souverain pon
tife agit au titre de son magistère personnel. En
effet, les formules utilisées lors de ces nou
velles canonisations signifient à lévidence que
le pape, investi de son autorité pontificale apos
tolique, proclame la gloire leste et la sainteté
du canonisé. L’intention collégialiste ne saurait
donc porter atteinte à lintention requise, telle
quelle est impliquée par lacte de la canonisa
tion, même après Vatican II. Les nouvelles
canonisations obligent donc en conscience tous
les fidèles catholiques, en tant qu’actes du
magistère suprême du pape.
3. Troisièmement, les nouvelles canonisa
tions se présentent comme des jugements défi
nitifs du magistère solennel, cest-à-dire
ultimes et péremptoires, qui ne pourront plus
être ni abrogés, ni modifiés, ni révisés ou réexa
minés. Or, de tels jugements obligent en
conscience tous les fidèles catholiques. En
effet, les termes employés jusquici par ces
nouvelles canonisations sont ceux par lesquels
le pape propose en exemple à toute lÉglise un
fidèle défunt, pour qu’elle le regarde obligatoi
rement comme vraiment saint, jouissant du
bonheur du ciel et devant faire ici-bas lobjet
dun culte3. Or, un tel jugement est bien défini
tif en raison même de lobligation quil impose
à toute lÉglise. On en tire la même conclusion
que dans les deux arguments précédents.
4. Quatrmement, comme toute canonisa
tion, celles accomplies depuis Vatican II repré
sentent autant de jugements infaillibles. En
effet, linfaillibilides canonisations, sans être
encore explicitement définie comme un dogme,
est une vérité constamment enseignée dans la
Tradition de lÉglise, au point d’être, sinon
implicitement définie 4, du moins certaine 5.
Nier cette infaillibilimériterait selon Jean de
Saint-Thomas 6 la censure « sapiens resim et
proximum errori in fide » et équivaudrait aux
yeux de Benoît XIV sinon à la note drésie
du moins à celle de méri 7. Or, un jugement
infaillible oblige en conscience tous les fidèles
catholiques. On en tire la même conclusion que
dans les trois arguments précédents.
5. Si Ton objecte quune canonisation erro
née ou douteuse serait une canonisation faus
se et apparente, on réplique cinquièmement
cjue Dieu induirait ainsi tous les fidèles de son
Église en erreur, sur un point de ts grande
importance. Or cela répugne à la droite rai
son, éclairée ou non par la foi. On en tire la
même conclusion que dans les quatre argu
ments précédents.
3. Cf. par exemple AAS, 2003, p. 747: «... bea-
tum Josephmariam Escriva de Balaguer sanctum
esse decemimus et definimus, sanctomm catalogo
adscribimus, statuentes eum in universa Ecclesia
inter sanctos pia devotione recoli debere. »
4. J. Salaverri, De Ecclesia,, 726.
5. C a r d in a l L o uis B illot, s.j., L Église. II - Sa
constitution intime, Courrier de Rome, 2010,
601, p. 208-209 ; Ar n a l d o X avier d a Silveira,
« Appendice : Lois et infaillibilité » dans : La nou
velle messe de Paul VI: quen penser?, D.P.F.,
1975, p. 164.
6. Jean de Saint-Thomas, Cursus theologicus sur
2a2æ, question 1, disputatio 9, article 2, 11.
7. Trai des canonisations, livre I, chapitre 45,
28.
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