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Eléments sur Claude Tresmontant
Le 16 avril prochain, jour de Pâques cette année, correspondra au 20ème anniversaire du
décès de Claude Tresmontant (1925-1997), philosophe, métaphysicien et exégète capital.
Dans la lignée d’Aristote, Thomas d’Aquin, Bergson, Blondel et Teilhard de Chardin, sa
pensée, profondément originale et d’une ampleur peu commune, a renouvelé la réflexion
sur des questions essentielles pour le christianisme et l’ensemble de la société aujourd’hui :
Sciences et Foi : A la suite du Concile Vatican 1 qui a affirmé que « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être
certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées », Tresmontant
a utilisé toute son intelligence pour analyser les révolutions scientifiques du XXe siècle - en astrophysique,
physique, biologie et anthropologie. Il a trouvé que la doctrine chrétienne n’avait rien à craindre de ces
découvertes : bien au contraire.
Métaphysique : Tresmontant a analysé les grandes familles de métaphysiques. Parmi elles, la pensée
hébraïque est complète, cohérente, et parfaitement originale. Elle seule est une métaphysique de la Création
(par opposition aux idéalismes grecs et orientaux, au tentations gnostiques, et aux matérialismes). Elle seule est
compatible avec le Réel découvert par les sciences au XXe siècle : l’Univers est en régime d’évolution, c’est-àdire de Création continuée. L’univers de plus en plus complexe ne peut se donner à lui-même ce qu’il ne
contenait pas dans ses premiers instants : il ne peut être seul.
Théologie : Tresmontant a analysé le prophétisme hébreu : il a montré le développement continué de la pensée
pendant 20 siècles ainsi que la vérification des annonces. Il a également constamment répété et expliqué des
éléments constants et essentiels de la pensée de l’Eglise : l’excellence de l’exercice de la raison (contre les
tentations d’une foi aveugle), l’excellence de la Création (contre la dépréciation du monde et du corps), la vérité
du monothéisme (contre les risques de trithéisme)
Anthropologie : Dans la continuité de toute sa réflexion, Tresmontant a montré que l’Homme est appelé à
œuvrer à sa propre métamorphose : à passer du « vieil homme » à l’« homme nouveau » décrit par Paul en
acceptant de se laisser informer et façonner par la Parole de Dieu. Cet homme nouveau, parfaitement uni à Dieu,
est la finalité de la Création ; le premier, c’est le Christ. L’homme peut également participer à l’œuvre de la
Création. La réflexion de Tresmontant implique donc une éthique : création contre destruction.
Christianisme : Tresmontant a donné des pistes pour le Christianisme d’aujourd’hui. Dans le domaine de
l’action : la justice. Dans le domaine de la pensée : la vérité. Le christianisme ne sera pour lui reçu, notamment
par les jeunes « formés aux sciences modernes », que s’il se présente comme intelligible, désirable, et s’il est
vérifié comme vrai.
Exégèse : Excellent connaisseur de l’hébreu et du grec il a remis en cause l’habitude de considérer que les
Evangiles ont été écrits en grec et tardivement.
Il est urgent de redécouvrir la pensée de cet homme qui se présentait comme « artisan
métaphysicien » et dont les ouvrages sont limpides.
Il est le penseur qui peut réconcilier les chrétiens avec les sciences, les ouvrir au judaïsme,
les aider dans le dialogue avec toute personne de bonne volonté.
Pour toute information complémentaire et propositions d’interviews, vous pouvez joindre :
Bérengère Gaullier, [email protected], 06 60 26 13 50
Eléments sur Claude Tresmontant
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Eléments biographiques et bibliographiques :
Né le 5 août 1925, Claude Tresmontant a étudié la philosophie et les sciences à la Sorbonne puis les sciences
bibliques et l'hébreu à l'Ecole pratique des hautes études. Attaché de recherche au CNRS, docteur ès lettres, il
enseigne ensuite la philosophie des sciences et la philosophie médiévale. Travailleur acharné et solitaire, d'une
extrême rigueur, doué d'un humour incisif, il s'était, depuis sa retraite "établi à son compte comme artisan
métaphysicien"- l'expression est de lui. Il a obtenu le Grand Prix catholique de littérature (1962), le prix
Emmanuel-Mounier (1963) et le grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques en 1987 pour
l’ensemble de son œuvre.
Un des meilleurs connaisseurs de la pensée de Bergson et de Maurice Blondel, nourri aux sources des grands
scolastiques chrétiens, Thomas d'Aquin, saint Augustin ou Duns Scott, ce philosophe et théologien largement
autodidacte est attiré très vite dans deux directions : la philosophie des sciences, la métaphysique hébraïque.
Illustrant ses préoccupations, deux de ses premiers livres, parmi d'autres : l'Introduction à la pensée de Teilhard de
Chardin et l'Essai sur la pensée hébraïque. Joignant si l'on peut dire l'acte à la parole, il militera pour la
reconnaissance du théologien catholique, vu encore comme très sulfureux dans les années 50 et dont il éditera
l'œuvre ; il sera par ailleurs un des premiers animateurs des amitiés judéo-chrétiennes.
C'est sur ces bases que Claude Tresmontant entreprendra une traduction commentée des quatre Evangiles et de
l'Apocalypse, laissant comme ultime fruit de ses inlassables travaux les fiches qu'il avait établies en vue d'un
gigantesque dictionnaire sur 3 000 ans d'hébreu. Le grand rabbin Jacob Kaplan a dit de lui : "Ce Juste parmi les
nations est l'homme au monde qui sait l'hébreu." Quel plus bel hommage peut-on rendre à ce catholique de si
exigeante observance ?
Claude Tresmontant a publié une cinquantaine d'ouvrages parmi lesquels : Essai sur la pensée hébraïque (Cerf,
1953) ; Introduction à la pensée de Teilhard de Chardin (Seuil, 1956) ; Essai sur la connaissance de Dieu (Cerf,
1959) ; Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu (Seuil, 1966) ; L'enseignement de
Ieschoua de Nazareth (Seuil, 1970) ; Les Problèmes de l'athéisme (Seuil, 1972) ; Introduction à la théologie
chrétienne (Seuil, 1974) ; Sciences de l'Univers et problèmes métaphysiques (Seuil, 1976) ; La crise moderniste
(Seuil, 1979) ; Le Christ hébreu (DDB, 1983) ; Les Métaphysiques principales (F.-X. de Guibert, 1990) ; Enquête
sur l'Apocalypse (F.-X. de Guibert, 1994)
Eléments sur Claude Tresmontant
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Quelques citations sur Claude Tresmontant :
Un grand théologien catholique contemporain. Un admirable exégète de la pensée hébraïque.
Mircéa Eliade
Mon maître
Jean Guitton
Ce philosophe ne porte pas enseigne. Il ne cherche pas à nous en mettre plein la figure. Il n’a d’autre souci que de
ramener sur l’obstacle l’animal pensant qui se dérobe. L’univers, tel qu’il nous est connu aujourd’hui, est-il
pensable seul ? L’athéisme est-il pensable ? Le monde est-il l’Etre absolu ?
Il est bien étrange ce complexe de supériorité chez les athées, qui fait qu’un Tresmontant, parce qu’il est
chrétien, ne mérite pas de réponse, et qu’il ne saurait être pris au sérieux, alors qu’il leur a mis le nez dans
les impossibilités attestées par la science et à quoi se heurte leur certitude que le monde est le seul être et
qu’il n’en existe pas d’autre.
François Mauriac
Depuis presque deux siècles, notre intelligentsia philosophique et théologique est en état officiel de collaboration
avec une tyrannie intellectuelle germanique qui, de Kant à Heidegger, passe par Hegel, Fichte et Marx. En face de
cette « collaboration » triomphante, Tresmontant est à peu près comme en 1940, à Londres, un certain général
français. Pas plus qu’à De Gaulle, sa solitude n’a l’air de faire peur à Tresmontant. Il sait qu’il a raison. Le plus
fort est qu’il le prouve.
Raymond-Léopold Bruckberger
Ce Juste parmi les nations est l’homme au monde qui sait l’hébreu. Nous, nous savons de l’hébreu. Lui, il
sait l’hébreu.
Grand rabbin Jacob Kaplan
Exégète, le plus grand, avec Mgr Robinson et Jean Carmignac, Tresmontant restitue aux Evangiles l’authenticité
que l’exégèse historico-critique, née au XIXème siècle et dévoyée au XXème leur a insidieusement retirée.
Votre pensée est une pensée originale et capitale.
Pierre Chaunu
Vous tentez de rapprocher la science et la métaphysique au moyen d’une méthode qui procède de l’analyse
et non du dogme, ce qui est beaucoup plus vrai.
En bref, votre pensée est vraiment de celles qui mériteraient de bénéficier du support des grands médias.
Jean Cluzel
Une œuvre de valeur exceptionnelle et considérable et une vie de travail acharné et solitaire. (…) Vous avez fait
une grande œuvre de philosophe, de théologien, d’exégète ; vous avez rendu à toute une jeunesse le sens de la
vérité et celui de la gravité des problèmes, le respect de la métaphysique et de la foi dans la raison, le
sentiment de la fraternité entre la science et la religion.
M. René Poirier, porte-parole de l'Académie.
Il a rencontré Jésus-Christ par hasard et, en ce sens, il découvre naïvement ce que nous croyons tous connaître. Et
votre Essai sur la pensée hébraïque porte en lui le renouveau d’une véritable foi, mal traduite par les pensées
grecque et latine qui en ont été le premier vêtement. Vous avez au sens profond et symbolique du terme,
ressuscité le Christ ; tous les chrétiens peuvent vous en être reconnaissants : vous leur avez donné une
nouvelle manière de rentrer en relation avec Celui qui est la Vie éternelle.
Jean Guitton
Eléments sur Claude Tresmontant
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Quelques citations de Claude Tresmontant :
Il ne suffit pas d'affirmer. En métaphysique, comme en logique et comme en mathématique, il faut justifier.
Les idées maîtresses de la métaphysique chrétienne, Seuil
C'est à l'intelligence que constamment Jésus fait appel. Il la sollicite ; le reproche constant dans sa bouche, c'est :
« Ne comprenez-vous pas, n'avez-vous pas l'intelligence ? »
Essai sur la connaissance de Dieu, Cerf
Le christianisme est d’abord une Pensée. C’est même la pensée créatrice de Dieu. Il importe de découvrir son
contenu.
Les tâches de la pensée chrétienne aujourd’hui, F.-X. de Guibert
Personne n’est pratiquement aussi efficace que celui qui avance un peu dans la vérité, qui découvre quelque
vérité, qui revient d’un long silence et d’un long travail avec quelques idées claires et vraies. Quelle économie
de temps pour le monde ! Quelle économie de sang, quelle économie de douleur, quelle économie d’erreurs
cruelles !
Les tâches de la pensée chrétienne aujourd’hui, F.-X. de Guibert
Être aristotélicien et thomiste, aujourd'hui, au vingtième siècle, ce n'est pas partir des textes d'Aristote et de saint
Thomas pour les commenter. C'est refaire, aujourd'hui, sur la base expérimentale qui nous est offerte par les
sciences de la nature, ce qu'ils feraient : une analyse rationnelle qui va jusqu'au bout des exigences de la raison
et qui respecte la réalité objective.
Un philosophe pour aujourd'hui et pour demain, Le Monde, 7 mars 1974
Ce que l'idée d'évolution a appris aux métaphysiciens (…) et aux théologiens, c'est que de fait la création s'est
effectuée et continue de s'effectuer progressivement. C'est une composition qui est en train de s'effectuer, et
nous sommes dedans.
Introduction à la théologie Chrétienne, Seuil
Il est de plus en plus difficile d’être athée aujourd’hui, maintenant que l’on a découvert que l’Univers, en son
histoire, est comparable à une symphonie en train d’être composée On ne peut pas soutenir que l’Univers se
compose lui-même.
Quel avenir pour le Christianisme, F.-X. de Guibert
L'intégrisme consiste essentiellement à durcir et à choséifier ce qui est in via, en développement, en genèse.
L'intégrisme est une fixation à la lettre. L'orthodoxie est esprit. Mais l'esprit n'est pas sans structure.
Les idées maîtresses de la métaphysique chrétienne, Seuil
L’une des maladies principales du christianisme aujourd’hui est le fidéisme, c’est-à-dire une conception
fausse de la foi, selon laquelle la foi serait séparée de l’intelligence et de la connaissance.
Quel avenir pour le christianisme, F.-X. de Guibert
La pensée de l'Eglise s'est toujours développée par crises, et l'on peut constater que lorsqu'il n'y a pas de crise,
il n'y a pas non plus de développement, pas de progrès. (…) Dans son histoire, l'Eglise a connu de multiples crises
de croissance et ce n'est pas fini.
Les idées maîtresses de la métaphysique chrétienne, Seuil
Le christianisme est une doctrine selon laquelle la création tout entière a un but, une finalité, et cette finalité n’est
rien d’autre que la participation personnelle des êtres créées capables de cette destinée à la vie personnelle de
Dieu. (…). Si l’on oublie, ou bien si l’on méconnaît cette finalité, toute la doctrine chrétienne devient inintelligible.
Sciences de l’univers et problèmes métaphysiques, Seuil
L'élection d'Israël ne doit pas être comprise comme un choix arbitraire, voire injuste, que Dieu aurait fait d'une
nation parmi les autres, pour lui confier son message et lui assurer une suprématie temporelle. C'est là une
caricature, et une méconnaissance radicale de l'élection du Peuple de Dieu. L'élection du peuple de Dieu est une
création.
La doctrine morale des prophètes d’Israël, Seuil
Eléments sur Claude Tresmontant
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Ecole Normale Supérieure, 45 Rue d'Ulm, 75005 Paris
Samedi 13 et dimanche 14 mai 2017
et deux jours à l’automne (dates à définir)
« La vérité ne fait pas violence »
Claude Tresmontant : Pour un réalisme intégral
(1925-1997)
« La vérité ne fait pas violence, elle ne s’impose pas,
il faut aller la chercher. Il faut, comme Abraham,
accepter de quitter ses présupposés, ses a priori, son confort,
pour partir vers l’inconnu...»
Claude Tresmontant a eu le courage de choisir ce chemin escarpé.
Dans la lignée d’Aristote, Thomas d’Aquin, Bergson, Blondel et Teilhard de Chardin,
Claude Tresmontant a proposé l’une des pensées les plus originales et fécondes du XXe siècle.
Il est temps de redécouvrir sa méthode pour oser continuer à chercher la vérité en s’appuyant sur les
seuls fondements qui peuvent faire rempart aux intégrismes et rassembler les personnes de bonne
volonté : le réel et la raison. Il est temps également d’oser les décloisonnements, sans confusion, qu’il
a su opérer entre les disciplines qui relèvent toutes de l’analyse rationnelle – sciences de l’univers,
philosophie, métaphysique, théologie, exégèse – et qui lui ont permis de faire des découvertes
extraordinaires, toujours valables aujourd’hui.
Contre les penseurs de son temps, Claude Tresmontant a montré que la métaphysique n’est pas morte
mais qu’au contraire elle doit être renouvelée par les révolutions du XXe siècle dans la connaissance
de l’univers et du vivant : toutes les métaphysiques ne sont pas compatibles avec le réel découvert par
les sciences modernes. Et toutes les anthropologies et toutes les politiques ne sont pas compatibles
avec toutes les métaphysiques : il est donc également question de responsabilité et d’action.
A l’occasion du 20ème anniversaire de la disparition de Claude Tresmontant, des « Journées » sont
organisées pour étudier l’actualité et la pertinence de ses travaux aujourd’hui, et dessiner des pistes
pour des travaux futurs.
Les différents aspects de son œuvre y seront abordés : cosmologie, métaphysique, anthropologie,
éthique et politique, écologie, exégèse et théologie.
Intervenants : Marie Bayon de la Tour, Ariane Bendavid, Jean-François Bensahel, Brunor, Marie-Jeanne
Coutagne, Michel Fromaget, Philippe Gagnon, Henri-Louis Go, François-Xavier de Guibert, Philippe
Haddad, Edouard Husson, Michèle Juin, Etienne Le Coarer, Paul Mirault, Jérémy-Marie Pichon, Philippe
Poindron, Yves Tourenne, Raphaël et Emmanuel Tresmontant…
Les actes du colloque seront publiés aux « Cahiers Disputatio » (L’Harmattan), au printemps 2018.
Les interventions seront filmées et diffusées sur un site dédié.
Organisateurs : Association Tsemach (germe)
Contact : Bérengère Gaullier 06 60 26 13 50 ; [email protected]
Lieu : Ecole Normale Supérieure, 45 Rue d'Ulm, 75005 Paris
@journeesclaudetresmontant
Eléments sur Claude Tresmontant
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Deux articles à l’occasion du décès de Tresmontant :
Le Figaro, no. 16384
samedi 19 avril 1997, p. 25
LETTRES
La disparition du philosophe Claude Tresmontant
Pierre CHAUNU
Claude Tresmontant vient de nous quitter après une courte et très cruelle maladie. Le prochain siècle est en
deuil. Guy Sorman l'avait, voici une dizaine d'années, retenu au nombre des vingt penseurs contemporains
qui comptaient vraiment. Ceux qui ont eu le privilège de le connaître et de se nourrir des quarante volumes
qui jalonnent sa carrière scientifique partagent comme moi, avec lui, ce jugement.
Philosophe dans le prolongement de Newman et de Teilhard de Chardin, il a su dégager le premier
l'importance apologétique du big bang, d'un univers sorti d'une « particularité ».
Exégète, le plus grand, avec Mgr Robinson et Jean Carmignac, Tresmontant restitue aux Evangiles
l'authenticité que l'exégèse historio-critique, née au XIXe siècle et dévoyée au XXe, leur a insidieusement
retirée.
Notre éminent et regretté confrère le grand rabbin Jacob Kaplan a porté devant nous, à plusieurs reprises,
ce jugement : « Ce Juste parmi les nations est l'homme au monde qui sait l'hébreu, nous, nous savons de
l'hébreu. »
Claude Tresmontant nous a précédés auprès du Père, mais il nous a laissé sur fiches ce dictionnaire, 3 000
ans d'hébreu, qui fondait l'admiration du grand rabbin Kaplan.
Il nous appartient maintenant de le léguer au XXIe siècle et de le protéger en publiant ce trésor sans prix.
Le Monde
mercredi 23 avril 1997, p. 12
CARNET DISPARITIONS;
Claude Tresmontant
Un exégète dérangeant qui se disait "artisan métaphysicien"
SIMON JACQUES FRANCOIS
CLAUDE TRESMONTANT est mort dans la nuit du 16 au 17 avril à Paris des suites d'une maladie
foudroyante. Il laisse une œuvre considérable une quarantaine d'ouvrages, rédigée dans une complète
discrétion mais qui, si elle est exacte, devrait bouleverser de fond en comble l'exégèse de la théologie
chrétienne (les ouvrages de Claude Tresmontant ont été publiés aux éditions du Cerf, aux éditions du Seuil,
aux éditions François-Xavier de Guibert OEIL).
Eléments sur Claude Tresmontant
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(…)
La publication en 1983 du Christ hébreu, son premier ouvrage d'exégèse, marquera pour lui un nouveau
départ. Les spécialistes qui l'ont souvent ignoré ou brocardé devront sans doute reconnaître la richesse de
son apport, qui va se développer sur une vingtaine d'ouvrages. Disons, pour simplifier, que Claude
Tresmontant a voulu retourner à une étude strictement scientifique des textes fondateurs du christianisme.
Oui ou non, ce que les Evangiles nous rapportent du Christ correspond-t-il à la réalité ou s'agit-il, comme on
l'enseigne communément, de récits rédigés bien après les événements qu'ils mettent en scène pour
répondre aux aspirations des différentes communautés auxquelles ils sont destinés ? Maîtrisant parfaitement
le grec, devenu un des meilleurs spécialistes de l'hébreu biblique, les conclusions de Claude Tresmontant
sont infiniment dérangeantes : pour lui, sous le texte grec des Evangiles, officiellement canonisé, transparaît
à chaque phrase la version hébraïque dans laquelle ils ont été écrits à l'origine et cela quasiment en même
temps que les faits qu'ils racontent. Ce sont "des reportages et non des catéchèses", aimait-il à dire à la fin
de sa vie. Les écrits de saint Jean, par exemple, que l'on a l'habitude de considérer comme les plus tardifs,
sont, toujours selon lui, les plus antérieurs et ont été écrits sous la dictée par un prêtre juif résidant à
Jérusalem, ayant continué à servir le Temple après la mort du Christ et prophétisant dans l'Apocalypse la
chute de la Ville sainte comme un événement à venir dans un avenir proche, et non comme une parousie
infiniment lointaine.
(...)
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Eléments sur Claude Tresmontant
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