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L’absence d’un cadre opérationnel de dialogue social tripartite au niveau national3 semble
avoir été un frein à cet égard. Or le contexte actuel de l’économie tunisienne appelle une relance
urgente du dialogue social au niveau national pour apporter des réponses tripartites efficaces aux défis
socio-économiques susmentionnés. Cette relance passe par la création d’une institution tripartite forte
de dialogue social au niveau national.
L’expérience passée des pays en transition politique, sociale et économique (Pays d’Europe
Centrale et Orientale, Pays d’Afrique, Pays d’Amérique Latine, ..) et celles des pays de l’UE dans un
contexte de crise économique (Belgique, France, Irlande, Pays Bas etc.) montre que seul un dialogue
social tripartite effectif entre le gouvernement et les partenaires sociaux autour d’accords ou de pactes
sociaux comprenant des réformes sociales et économiques urgentes permettra de garantir la stabilité
sociale et de relancer la machine économique et la création d’emplois décents en quantité suffisante.
Forte de son expérience de promotion du dialogue social dans les Etats membres,
l’Organisation Internationale du Travail s’est engagée aux côtés du gouvernement de la Tunisie et ses
partenaires sociaux à leur apporter un appui pour la mise en place du Conseil du Pacte Social et le
renforcement de la capacité des acteurs du dialogue social. Elle a reçu l’appui du gouvernement et des
partenaires sociaux de la Belgique, pays qui a une longue expérience en matière de dialogue social et
qu’il se propose de partager avec les mandants tripartites tunisiens partenaires du projet.
Ce projet de conférence nationale tunisienne sur le dialogue social constituera une première
action de suivi en Tunisie du Partenariat Algérie/Maroc/Tunisie – BIT et Belgique sur le dialogue
social dont la Conférence de lancement a eu lieu à Bruxelles le 8 décembre 2011 avec la participation
de délégations tripartites de ces partenaires. L’expérience de la Belgique en matière de dialogue social
et l’expérience des partenaires sociaux belges contribueront grandement au succès de cette initiative.
II. Objectif et résultats attendus de la Conférence Tripartite
L’objectif de la conférence tripartite est de réunir autour d’une table les représentants du
gouvernement et des partenaires sociaux tunisiens pour établir un diagnostic de la situation
économique et sociale de la Tunisie et esquisser les axes d’un contrat social pour la période 2012-
2020. Le Contrat traduira l’engagement des trois parties à œuvrer ensemble pour réaliser les réformes
économiques et sociales nécessaires seules à même de garantir la paix et la stabilité sociale et la
prospérité économique. La conférence offrira l’occasion aux participants de se familiariser avec des
expériences innovantes de dialogue social au niveau international. La conférence tripartite sera
précédée par des réunions préparatoires des trois parties avec l’appui des experts de l’OIT.
Il est attendu que la conférence débouche sur des recommandations précises sur les axes d’un
contrat social qui sera formulé et conclu par les mandants tripartites avec l’appui des experts de l’OIT.
Un groupe de travail tripartite issu de la conférence sera chargé de préparer un projet à la fin des
travaux de celle-ci.
3 La Commission nationale du dialogue social créée par le décret n ° 2000-1990 de 12 Septembre 2000 n’a
jamais vu le jour. Le décret est resté lettre morte. Par conséquent, du temps du régime autoritaire de Ben Ali, le
pays n’a pas connu une expérience effective de tripartisme dans la formulation des politiques économiques et
sociales.