Précis d’Anesthésie cardiaque 2012 – 17 Transplantation et urgences cardiaques 5
Absence de facteurs métaboliques masquant les réflexes sus-mentionnés: état de choc,
intoxication médicamenteuse, troubles électrolytiques et acido-basiques, glycémie
pathologique, hypothermie;
Le diagnostic requiert deux évaluations séparées par un minimum de 6 heures;
Le diagnostic peut être confirmé par un EEG ou un examen de perfusion cérébrale
(radiologique ou angiographie isotopique au technetium 99);
Le consentement doit être clairement certifié par des dispositions préalables ; à défaut, celui
de la famille doit être sans ambiguité.
Le donneur devrait être âgé de moins de 50 ans (âge moyen 35 ans) ; il doit présenter une stricte
compatibilité ABO avec le receveur [78]. La différence de taille entre son cœur et celui du receveur ne
doit pas dépasser 30% [106]. Le donneur ne doit pas souffrir de maladie infectieuse ni cancéreuse.
HIV, infections virales actives, prions, méningo-encéphalite herpétique sont des contre-indications
absolues, alors qu'un bactériémie momentanée n'est qu'une contre-indication relative [143]. Le
donneur ne doit présenter aucune cardiopathie (traumatisme cardiaque, valvulopathie, maladie
ischémique), et jouir d'une fonction hémodynamique correcte pendant les dernières heures (FE >
0.45); un support inotrope n'est pas une contre-indication au prélèvement dans la mesure où il reste
limité à des doses de soutien (dopamine, dobutamine, nor-adrénaline). Une dysfonction ventriculaire
gauche modérée (FE: 0.4) ne contre-indique pas le prélèvement [136]. Des anomalies de la cinétique
segmentaire sont fréquentes et s’améliorent en général après transplantation, mais lorsqu’elles
correspondent à une coronaropathie significative, elles multiplient par trois le risque d’échec de la
transplantation [149]. La mort cérébrale et les perfusions de catécholamines ont toutes deux pour effet
de diminuer l'activité des récepteurs béta myocardiques dans le greffon, qui sera peu sensible aux
amines β1 après la transplantation [27,34].
Outre l'ECG et le status hémodynamique, une échocardiographie transoesophagienne est nécessaire à
l'évaluation de l'organe (anatomie, fonction globale et segmentaire, contusion en cas de décès par
traumatisme). En cas de doute sur la vascularisation coronarienne (homme > 40 ans, femme > 50 ans,
présence de facteurs de risque majeurs, anamnèse équivoque), une coronographie est pratiquée de
routine. En dernier ressort, l'inspection visuelle et la palpation des coronaires dans le champ opératoire
motivent la décision finale du prélèvement.
Les malades en mort cérébrale sont la seule source possible de greffon cardiaque, mais leur nombre est
très insuffisant par rapport à la demande d’organe, puisque environ un tiers des patients en liste
d’attente décède sans avoir pu bénéficier d’une greffe [1]. Pour pallier à ce manque, on a élargi les
critères de sélection en reculant l’âge (20% des donneurs ont > 50 ans), en acceptant des donneurs
hypertendus, diabétiques (dans la mesure où ces affections sont stables et contrôlées), souffrant de
tumeur cérébrale, d’hypertrophie ventriculaire ou de coronaropathie mineure, et en utilisant des coeurs
dont la fonction est abaissée (FE 0.4) [57,78]. Les résultats à un et à 5 ans ne paraissent pas
significativement altérés par ces choix [26,59]. Toutefois, les greffons prélevés chez les femmes et
transplantés à des hommes semblent avoir un moins bon pronostic [57].
La compatibilité ABO entre donneur et receveur est essentielle, mais on ne tient pas compte du groupe
Rhésus. Les critères de compatibilité sont les mêmes que pour les transfusions sanguines. Chez les
enfant de moins d’un an, toutefois, il est possible de pratiquer des transplantations ABO-incompatibles
car leur production d’anticorps anti-A et anti-B est très basse [137].
La compatibilité immunologique cellulaire est gérée par un système complexe de molécules
glycoprotéiques dont la synthèse est gouvernée par des gènes localisés sur le chromosome 6 (MHC:
Major Histocompatibility Complex). Ces molécules, qui déterminent la cartographie génétique d’un
individu (groupes HLA A et B), se trouvent à la surface de la grande majorité des cellules; d’autres
molécules (groupes DR) se situent sur des cellules spécialisées dans la reconnaissance
immunologique: mastocytes, lymphocytes B, macrophages. La compatibilité HLA est secondaire pour
la greffe cardiaque [134]. On ne recherche chez le donneur que la présence d’anticorps
lymphocytotoxiques, ou anticorps préformés, en faisant réagir son sérum contre un ensemble