LE COURRIER GENÈVE JEUDI 7 OCTOBRE 2010 VAUD Les libéraux se font de la publicité sur le nom de leurs adversaires EN BREF L’ECOLE D’AGRICULTURE DE GRANGE-VERNEY POLLUE ET NE DIT RIEN VAUD L’Ecole d’agriculture de Grange-Verney, près de Moudon, est à l’origine d’un déversement de purin dans les eaux du Riau Gresin, un affluent de la Broye. Cette pollution a mis en évidence des dysfonctionnements dans les procédures d’annonce. La pollution, survenue en mars, a eu un impact sur la faune, entraînant la mort de trois cents truites. Une enquête pénale est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’incident et les responsabilités. Apparemment, une vanne aurait été mal refermée sur le domaine, a expliqué hier l’Etat de Vaud. Le canton a pris des mesures pour remédier à ces problèmes. Les procédures d’alerte ont été revues, les principes de transparence et de célérité ont été réaffirmés. De plus, un audit complet de l’exploitation agricole sera entrepris. ATS INTERNET • Des liens publicitaires du Parti libéral genevois apparaissent en tapant le nom de députés sur Google. Les socialistes envisagent une plainte pour faire cesser ces pratiques. MARIO TOGNI «Je n’accepte pas que mon nom soit utilisé pour faire de la publicité à mes adversaires politiques!» Députée socialiste au Grand Conseil, Prunella Carrard n’apprécie guère les méthodes de campagne du Parti libéral genevois (PLG) sur internet. En tapant son nom sur Google, elle a constaté récemment qu’un lien très ciblé vers le site des libéraux apparaissait comme premier résultat, à titre de lien publicitaire. «Mieux que Prunella Carrard. Le PLG s’engage pour plus de logements à Genève», mentionne en effet l’annonce – d’autres versions ciblent le social ou l’emploi. Selon l’élue, le procédé est déloyal et lui porte préjudice. Des citoyens l’ont notamment interpellée en croyant qu’elle était... libérale. Une action en justice est envisagée. LE DÉTECTEUR DE PARTICULES ATLAS INSPIRE UN ARTISTE AMÉRICAIN GENÈVE Le CERN, à Genève, a dévoilé hier une immense peinture murale réalisée par l’artiste américain Joseph Kristofoletti. L’œuvre représente le détecteur de particules ATLAS, actuellement enfoui dans une caverne à 100 mètres sous terre et inaccessible au public. La peinture recouvre trois étages d’un bâtiment de surface abritant l’expérience ATLAS. Le détecteur de particules qui y est représenté est malgré tout trois fois plus petit que l’original installé cent mètres sous terre. M. Kristofoletti avait déjà réalisé une première peinture plus modeste de la machine pour un festival d’art. Selon le CERN, l’artiste américain a accepté «avec joie» la commande que l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire lui a passée. Joseph Kristofoletti est fasciné par les machines élaborées par l’homme pour faire avancer la science. A ses yeux, construire une chose aussi complexe qu’ATLAS relève du «miracle». Beaucoup d’élus concernés Des dizaines d’autres députés, à gauche comme à droite, sont concernés, comme nous l’avons constaté. Avec un traitement très personnalisé. Ainsi le nom de politiciens verts renvoie vers un article libéral concernant le «slow-up» – manifestation dédiée à la mobilité douce –, alors que celui d’élus UDC conduit à des propositions en matière de sécurité. En réalité, cette campagne publicitaire utilisant le système Google AdWords n’est pas nouvelle. Elle a été initiée par la formation bourgeoise en vue des élections cantonales d’automne 2009, ce qui lui a déjà valu quelques critiques à l’époque. Mais sans plus. Aujourd’hui, les députés socialistes directement concernés espèrent bien faire cesser cette pratique. Le bureau genevois des préposés à la protection des données a été saisi en début de semaine et devrait rendre un avis aujourd’hui. En parallèle, 3 Chacun peut acheter des mots-clés sur Google. Lorsque ceux-ci sont entrés dans le moteur de recherche par un tiers, le lien de l’annonceur apparaît en haut de page. KEYSTONE le Parti socialiste va adresser une lettre de mise en demeure au Parti libéral, le sommant de retirer dans les quarante-huit heures les mots-clés achetés qui sont à la base de ce «détournement». Sans cela, une action en justice sera entreprise pour «atteinte à la personnalité». «Il n’y a rien de déloyal» Pour Geoffroy de Clavière, secrétaire général du PLG, «ce procédé n’a absolument rien de déloyal. Il s’agit de publicité, clairement identifiée, et nous payons pour cela.» En clair, tout un chacun peut acheter des mots-clés sur Google. Lorsque ceux-ci sont entrés dans le moteur de recherche par un tiers, le lien de l’annonceur apparaît en haut de page. La séparation avec les autres résultats existe – un cadre légèrement coloré – mais s’avère plutôt discrète. «Le but est d’amener les internautes qui s’intéressent à un sujet vers nos propositions en la matière, précise-t-il. Mais ils restent libres de cliquer ou non.» Le service est facturé au nombre de clics, et le PLG y consacre un budget de «quelques centaines de francs par trimestre». Le nom de candidats d’autres partis ont-ils été direc- tement achetés? «Je ne sais pas», répond le secrétaire général, avant de nous diriger vers l’agence de communication Enigma, qui a géré la campagne internet du parti. Son directeur, Olivier Perez Kennedy, rapporte que «plus de mille deux cents mots-clés ont été utilisés dans ce cadre. Je ne suis pas habilité à vous dire lesquels mais, de manière générale, il est possible d’acheter des noms.» Cadre juridique flou Ce type de procédé enfreint-t-il le droit à la personnalité? «Le cadre juridique est ex- trêmement flou, admet le responsable de l’agence. Nous avons interrogé plusieurs juristes et personne ne parvient à nous donner une réponse claire.» Sébastien Fanti, avocat spécialiste du domaine d’internet, est plus catégorique: «Selon moi, ce cas présente une atteinte à la personnalité et viole les conditions d’utilisation de Google.» Dans le cadre d’une campagne électorale, c’est encore pire, poursuit-il, «il s’agit d’un détournement de trafic. En attirant des électeurs au moyen d’un procédé clairement déloyal, à mon sens, cela fausse le processus de vote.» I ATS Un podium solidaire fait du chic avec des fripes Linux et ses pairs fêtés par leurs utilisateurs GENÈVE • A l’initiative de quatre associations caritatives, INFORMATIQUE • A l’école d’ingénieurs de Genève, des associations un défilé de mode est organisé avec des habits de récupération. d’utilisateurs font la promotion des logiciels libres. Alors que la haute couture dévoile ses fastueuses collections pour le printemps 2011 sur les podiums parisiens, c’est un défilé d’un tout autre genre qui sera organisé par des associations caritatives, vendredi prochain1. Caritas, Emmaüs, le Centre social protestant (CSP) et l’Armée du salut préparent un défilé caritatif où les tenues exposées seront exclusivement fabriquées à partir de vêtements de seconde main, tirés de leurs centres de tri. Ce projet, nommé «Fripe & Chic», est le fruit d’une collaboration avec la haute école d’art et de design (HEAD) de Genève. Pendant un an, ces organisations ont ouvert leurs portes à ses élèves, leur donnant accès au nombreux matériel récupéré. Ces étudiants ont ainsi pu confectionner des créations originales, qu’ils exhiberont eux-mêmes en jouant les mannequins le soir du défilé. Ils ont été rejoints par trois designers indépendants genevois, Solomâtine, Mûre Création et Santiago, qui ont également conçu plusieurs pièces. Chacune des tenues présentées au cours de l’événement sera ensuite revendue au profit des organisateurs. Au-delà de l’aspect financier, ces quatre associations espèrent faire la promotion de leur mouvement. Le défilé vise en effet aussi à faire la promotion des boutiques de seconde main et des brocantes caritatives auprès de la population genevoise. Enfin, ce projet se veut pédagogique. Les organisateurs souhaitent non seulement mettre en avant la valeur historique et culturelle des vêtements, mais aussi promouvoir le développement durable en incitant, comme l’ont fait ces étudiants stylistes d’un soir, à faire du neuf avec du vieux. FPZ 1 «Fripe & Chic», vendredi 8 octobre à 18h. Bâtiment des forces motrices, 2, place des Volontaires, Genève. Entrée: 20 francs. Programme musical Aloan, Soraya Berent, DJ’F et DJ’H. FRANCISCO PEREZ C’est une célébration du libre accès à l’informatique qui se tiendra, demain, à la haute école de paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hepia). A l’appel de plusieurs organisations d’utilisateurs, l’institution accueille l’événement «Fêtons Linux1». Dans le paysage concurrentiel de l’informatique, le système d’exploitation Linux fait figure d’exception depuis sa création en 1991. «Ce système n’est pas développé par une grande entreprise. Il vient du bas et il est maintenu par la communauté d’utilisateurs» explique Cédric Brinner, coordinateur du collectif des organisateurs. Linux ne se limite pas non plus à l’informatique: il est éga- lement présent dans les téléphones portables, dans les terminaux pour cartes de crédit, ou encore dans certaines marques d’aspirateurs. Au-delà de cette diversité, c’est le concept des logiciels libres que les organisateurs veulent promouvoir en exhibant ses déclinaisons: le navigateur internet Firefox et la messagerie Thunderbird, entre autres. L’événement sera aussi l’occasion de faire découvrir Linux en action à un grand public. Ainsi, des stands découverte et d’aide à l’installation seront présents, aux côtés de démonstrations de nouveaux outils utilisant ce système – telle une imprimante en trois dimensions qui «imprime» des objets en résine. Enfin, les lieux accueilleront également des conférences destinées à promouvoir des projets qui, dans l’esprit de Linux, encouragent la collaboration entre les utilisateurs. Il sera notamment question de l’encyclopédie en ligne Wikipedia, le logiciel de cartes en ligne OpenStreetMap ou encore le e-learning mis en place par le Département de l’instruction publique (DIP) à Genève. Ce dernier utilise le logiciel libre de traitement de texte Open Office – un pas dans le sens de la neutralité informatique de l’Etat. I 1 «Fêtons Linux», vendredi 8 octobre de 14h à 21h, à la haute école de paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hepia), 4 rue de la Prairie, 1202, Genève.