L`érection : comment c¸a marche

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La dysfonction érectile en 2011
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie 2011 ; 13 (supplément 1) : 5-12
L’érection : comment ça marche ?
Erection: How it works
Laurent Wagner
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Hôpital Carremeau,
Service d’uro-andrologie,
place du Pr Debré,
30029 Nîmes Cedex, France
<[email protected]>
Résumé. L’érection est un phénomène neuro-vasculo-tissulaire. Les artères péniennes (dorsales
et caverneuses) se relaxent ou se contractent de façon synchrone avec les fibres musculaires
lisses (FML) aréolaires. Il s’agit d’un phénomène actif, secondaire à l’action de neuromédiateurs
au niveau des terminaisons nerveuses intrapéniennes. L’état de flaccidité est l’état habituel de
la verge. L’érection ne survient qu’en situation de stimulation sexuelle. En période de flaccidité, les FML ne sont pas au repos mais contractées du fait de la présence d’une stimulation
continue d’origine végétative (orthosympathique). L’érection, au cours d’une activité sexuelle
normale, est d’abord psychogène. Elle s’installe en premier, à partir d’un désir sexuel. Cette
érection, chez l’homme normal, est complète, rigide, permettant la pénétration et un rapport
sexuel complet. La stimulation de la verge lors du coït permet aux mécanismes qui contrôlent
l’érection réflexe de participer à son maintien jusqu’à l’éjaculation. L’érection réflexe est aussi
une voie possible de suppléance, utilisée pour renforcer une érection psychogène incomplète.
Mots clés : érection, physiologie, dysfonction érectile
Abstract. Erection is a neurovascular, tissue related phenomenon. The penile arteries (dorsal
and cavernous) relax or contract in synchrony with aerial smooth muscle fibers (SMF). This
is an active phenomenon, secondary to the action of neurotransmitters at intrapenian nerve
endings. The penis is normally flaccid, and erection occurs only upon sexual stimulation.
When flacid, the SMFs are not relaxed, but to the contrary are contracted due to a continuous,
orthosympathic stimulation. During normal sexual activity, erection is primarily psychogenic
and arises from sexual desire. A normal erection is complete, rigid and allows penetration and
full sexual intercourse. Stimulation of the penis during intercourse allows mechanisms, which
control the erection reflex to participate in its maintenance until ejaculation. The erection
reflex is also a possible means of substitution, used to strengthen an incomplete psychogenic
erection.
Key words: erection, physiology, erectile dysfunction
doi:10.1684/mte.2011.0327
L’
médecine thérapeutique
Médecine
de la Reproduction
Gynécologie
Endocrinologie
érection est un phénomène
vasculo-tissulaire
complexe,
sous contrôle neurohumoral, permettant au pénis de passer de l’état de
flaccidité (fonction mictionnelle et
de repos) à l’état de rigidité (fonction
copulatoire). Cette rigidité permet au
pénis de pénétrer dans le vagin afin
de déposer les gamètes mâles dans
les voies génitales de la femelle. La
pénétration est nécessaire dans les
espèces où le mode de reproduction
est la fécondation interne.
De nombreux travaux ont étudié
la sexualité humaine, en particulier
ceux de Master et Johnson dans les
années 1960 [1]. La prévalence des
dysérections est estimée aux alentours de 10 % dans la population
générale (de 18 à 59 ans), de 20 %
dans une tranche plus âgée (de 50 à
59 ans). En 1994, Feldman a étudié
1 290 hommes âgés de 40 à 70 ans
[2] et a défini la prévalence cumulée
des troubles érectiles à 2 % répartis en trois degrés d’impuissance :
minime (17,2 %), modérée (25,2 %) et
complète (9,6 %). En France, l’étude
Spira (1993) portant sur près de
9 000 sujets masculins retrouve 19 %
de dysérection [3]. Schématiquement,
nous retiendrons qu’au moins un tiers
de la population française âgée de
60 à 80 ans présente une insuffisance érectile totale ou partielle [4].
Toutes ces études sont descriptives et
n’abordent que peu la qualité de la
relation avec le partenaire : les critères
qualitatifs du désir et du plaisir.
Rappel anatomique
Le gland, situé à l’extrémité distale
de la verge a pour rôle d’assurer la
qualité de la fécondation en maintenant le pénis en place dans le vagin
lors de l’éjaculation [5]. La saillie de
Pour citer cet article : Wagner L. L’érection : comment ça marche ? mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie 2011 ; 13 (supplément 1) :
5-12 doi:10.1684/mte.2011.0327
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La dysfonction érectile en 2011
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crochets cornés (cobayes) ou d’épines cartilagineuses
(requins) lors de l’érection du gland permet de comprendre cette fonction qui, pour s’être émoussée au cours de
l’évolution phylogénétique, n’en reste pas moins présente
chez l’homme sous la forme d’une saillie conoïde de tissu
spongieux taillée en biseau aux dépens de sa face inférieure.
Les corps caverneux pairs et symétriques, de forme
cylindrique, sont fixés aux branches ischiopubiennes et
entourés par les muscles ischiocaverneux au niveau de
leur racine. Au niveau du corps du pénis les corps caverneux sont accolés en canon de fusil et communiquent
entre eux au niveau du septum médian. Ils sont entourés
d’une membrane peu extensible de 2 à 4 mm d’épaisseur :
l’albuginée. Les corps caverneux et les muscles ischiocaverneux sont les acteurs principaux de la rigidité pénienne.
Dans certaines espèces, un os pénien situé au sein du tissu
érectile des corps caverneux complète l’action de ces deux
éléments.
Le corps spongieux qui fait suite au bulbe et entoure
l’urètre pénien jusqu’au gland occupant ainsi la gouttière
située à la face inférieure des corps caverneux. D’un point
de vue phylogénétique son apparition est plus récente et
permet de prolonger le sinus urogénital jusqu’à l’extrémité
du pénis. Cette acquisition fait disparaître le cloaque et
donne au pénis des mammifères cette dualité morphologique et fonctionnelle : flaccidité et miction - érection et
copulation.
Le tissu des corps érectiles du pénis est constitué d’un
enchevêtrement de fibres musculaires lisses, de fibres
élastiques et de fibres collagènes délimitant des lacunes
vasculaires bordées de cellules endothéliales : les espaces
sinusoïdes. Ces espaces sont vascularisés par les artères
hélicines, branches terminales des artères péniennes. Classiquement, l’origine de ces artères est l’artère pudendale
interne ; branche terminale antérieure de l’artère iliaque
interne, elle naît dans le pelvis et en sort par la grande
incisure ischiatique pour pénétrer dans le périnée où elle
chemine dans le canal honteux, à la face interne de
la branche ischiopubienne, sous le muscle élévateur de
l’anus, et donne ses branches collatérales : des rameaux
musculaires, l’artère rectale inférieure, les artères périnéales, des branches collatérales intrapelviennes (vésicale
antérieure et rétrosymphysaire), l’artère bulbo-urétrale,
les artères caverneuses, puis traverse le faisceau latéral
du ligament fundiforme (suspenseur) du pénis et devient
l’artère dorsale du pénis.
L’innervation végétative des corps érectiles est assurée
par les nerfs caverneux qui cheminent, recouverts par le
fascia pelvien, en dehors et en arrière de la prostate puis
s’enroulent progressivement autour du sphincter strié et de
l’urètre membraneux pour devenir antérieurs et traverser le
plancher périnéal. Ils sont issus du plexus pelvien (plexus
hypogastrique inférieur), situé dans les lames sacro-rectogénito-pubiennes, qui reçoit les fibres parasympathiques
6
pré ganglionnaires efférentes (pro-érectiles) des centres
sacrés (S2 à S4) ainsi que les fibres sympathiques (antiérectiles) des centres thoracolombaires (T11 à L2) et des
ganglions sacrés (S3 et S4).
L’innervation sensitive du gland et des enveloppes du
pénis est assurée par le nerf dorsal du pénis branche du
nerf pudendal. Ce nerf, satellite de l’artère et formé par
la réunion des racines antérieures de S2 à S4, assure également, par ses motoneurones, l’innervation des muscles
striés ischiocaverneux et bulbospongieux situés à la racine
des corps érectiles.
Physiologie de l’érection
À l’état flaccide, le tonus sympathique maintient les
espaces sinusoïdes fermés par contraction des fibres musculaires lisses caverneuses. Le déclenchement d’une érection est le résultat d’une cascade d’événements initiés au
niveau local par la libération de neuromédiateurs du système parasympathique (acétylcholine, monoxyde d’azote,
neuromédiateurs nonadrénergiques-noncholinergiques).
Le relâchement des fibres musculaires lisses caverneuses
et de la paroi des artères caverneuses permet le remplissage des espaces sinusoïdes par du sang artériel.
L’augmentation de volume des corps caverneux met en
tension l’albuginée bloquant par compression le retour
veineux. La pression intracaverneuse atteint ainsi des
valeurs proches de la pression artérielle systolique. La
rigidité est obtenue grâce à la contraction des muscles
ischiocaverneux qui chasse le sang de la racine des corps
caverneux vers leur partie libre où la pression atteint alors
des valeurs suprasystoliques (1 500 à 2 000 mmHg chez
l’animal).
Le fonctionnement des corps érectiles peut être assimilé à celui d’une éponge active [6, 7]. Les corps
caverneux et spongieux sont formés de fibres musculaires
lisses organisées en aréoles (ou alvéoles) capables de se
contracter ou de se relaxer (figure 1).
Lors de la relaxation, les aréoles se remplissent de sang,
la verge augmente de volume (tumescence) puis durcit
(rigidité).
Lors de la contraction, le sang quitte les tissus érectiles,
la verge perd sa rigidité, diminue de volume (détumescence) puis redevient complètement flasque (flaccidité).
L’érection : phénomène
neuro-vasculo-tissulaire
Les artères péniennes (dorsales et caverneuses) se
relaxent ou se contractent de façon synchrone avec les
fibres musculaires lisses aréolaires. Il s’agit d’un phénomène actif, secondaire à l’action de neuromédiateurs des
terminaisons nerveuses intrapéniennes.
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Prostate
Nerf caverneux
(autonomie)
Veine dorsale profonde
Artère dorsale
Artère dorsale
Nerf dorsal
(somatique)
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Nerf dorsal
(somatique)
En érection
Artère
circonflexe
Veine
circonflexe
Espaces
sinusoïdes
Flaccidité
Veine dorsale profonde
Tunique albuginéale
Espaces sinusoïdes
Corps caverneux
Artère caverneuse
Artères hélicines
Muscle lisse
trabéculaire
Plexus veineux
sous-albuginéal
Figure 1. Physiologie de l’érection : phénomène neuro-vasculo-tissulaire (D’après : « Lue T. NEJM 2000 ; 343 : 1801-13 »).
L’état de flaccidité est l’état habituel de la verge : activités professionnelles, sportives, repos et sommeil (sauf
sommeil paradoxal). L’érection ne survient qu’en situation
de stimulation sexuelle. En période de flaccidité, les fibres
musculaires lisses ne sont pas au repos mais contractées
du fait de la présence d’une stimulation continue d’origine
végétative (orthosympathique) (figure 2).
L’enveloppe des corps caverneux, ou albuginée, est
formée de fibres collagènes liées entre elles par des
ponts élastiques d’où émanent de nombreuses cloisons
qui forment une véritable charpente sur laquelle s’insèrent
les alvéoles musculaires. Cette enveloppe est extrêmement
solide mais aussi extensible, ce qui permet l’augmentation
de volume et de longueur de la verge en phase de tumescence.
Lorsque l’albuginée est parvenue à son extension
maximale (alvéoles complètement remplies) c’est sa soli-
dité qui permet aux corps caverneux de se rigidifier, tandis
que ses cloisons internes maintiennent la forme oblongue,
cylindrique, de la verge (figure 3).
Déclenchement et maintien de l’érection
L’homme a trois types d’érection : l’érection psychogène est secondaire au désir sexuel, aux fantasmes ;
l’érection réflexe apparaît après une stimulation des récepteurs sensitifs (du gland, de la verge) ; l’érection spontanée
survient essentiellement pendant le sommeil paradoxal (en
dehors d’une situation d’activité sexuelle).
L’érection au cours d’une activité sexuelle normale est
d’abord psychogène. Elle s’installe en premier, à partir
d’un désir sexuel. Cette érection, chez l’homme normal,
est complète, rigide, permettant la pénétration et un rapport sexuel complet.
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 13, supplément 1, décembre 2011
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La dysfonction érectile en 2011
Stimulation
sexuelle
Nerf
caverneux
L-Arginine
Cellule
endothéliale
O2
Cellule musculaire
lisse
Monoxide
d’azote NO
protéine kinase
GMPc-spécifique
Guanylate
cyclase
Diminution
[Ca2+]
GMPc
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(actif)
GTP
PDE5
5' GMP
(inactif)
Relaxation
musculaire
lisse
et érection
K+
Ca2+
Figure 2. Contrôle local de l’érection : relaxation du muscle lisse caverneux.
Organisation
générale des
corps érectiles,
détail de
l’albuginée et de
ses cloisons de
refend
Aréoles
musculaires
Albuginée
Cloisons
de refend
Figure 3. Anatomie des corps érectiles (les structures de soutien).
La stimulation de la verge lors du coït permet aux
mécanismes qui contrôlent l’érection réflexe de participer à son maintien jusqu’à l’éjaculation. L’érection réflexe
est aussi une voie possible de suppléance, utilisée pour
renforcer une érection psychogène incomplète.
8
Le désir sexuel : point de départ de l’érection
psychogène
Le désir sexuel est une manifestation physiologique
du comportement dont le point de départ se situe très
probablement au niveau des centres sous-corticaux [8]:
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3 noyaux hypothalamiques :
– l’aire médiane pré-optique : comportement copulatoire ;
– le noyau para-ventriculaire : déclenchement de l’érection
(via l’ocytocine) ;
– le noyau latéral para-gigantocellulaire : inhibition de l’érection.
Figure 4. Les centres de l’activité sexuelle.
thalamus, hypothalamus et système limbique. . . structures
profondes, « archaïques », partagées avec tous les animaux
(figure 4).
Rôle du cortex sur le désir sexuel
Le cerveau influence notre désir sexuel. Cette
influence peut se faire dans les deux sens : activation ou
inhibition. Notre imaginaire peut augmenter notre désir
(nous parlons alors de fantasmes). Mais notre désir est aussi
influencé par notre éducation, notre expérience passée, la
situation dans laquelle nous nous trouvons au moment où
notre désir s’installe. . .
Le désir sexuel peut ainsi avoir pour origine les organes
des sens (vue, toucher, odorat, goût, ouïe) mais aussi
l’imaginaire et le plus souvent, les deux à la fois (figure 5).
Le contrôle cortical de l’érection
Certains médiateurs centraux impliqués dans la régulation du désir sont connus : la noradrénaline, la dopamine
et son précurseur l’apomorphine favorisent le comportement sexuel. La sérotonine est par contre inhibitrice.
Toutes les informations confluent sur l’aire médiane
pré-optique puis sur le noyau paraventriculaire. Ces
structures comportent des récepteurs à dopamine qui
déclenchent le réflexe d’érection par transmission d’influx
activateurs sur les centres médullaires via l’ocytocine.
Contrôle médullaire de l’érection
L’érection nécessite tout d’abord une inhibition du
centre orthosympathique, dont le tonus permanent est à
l’origine de la flaccidité de la verge. La diminution de son
activité (désir, fantasmes) permet le début de la relaxation
des tissus érectiles. La stimulation du centre parasympathique (stimulation de la verge : caresses. . .) renforce
la relaxation des fibres musculaires lisses aréolaires et
l’érection.
Le centre orthosympathique contrôle la survenue des
érections psychogènes, le parasympathique celui des érections réflexes. Le centre somatique sacré commande la
contraction volontaire et réflexe des muscles striés du
périnée (ischio- et bulbocaverneux), entraînant 1’augmentation de rigidité de la verge.
Le point de départ de l’innervation sensitive se situe
au niveau des récepteurs de la muqueuse du gland (sillon
balanique et frein de la verge). L’information sensitive
va d’abord influencer les trois centres médullaires (permettant notamment l’érection réflexe [9]), puis remonter
jusqu’au cerveau et transmettre la sensation du plaisir
(figure 6).
Le centre orthosympathique a un rôle clé. Sa mise
en jeu au cours d’une érection (stress) peut provoquer
une détumescence de la verge, parfois une disparition
complète de l’érection. Il est alors difficile de rétablir
l’érection malgré le recours aux fantasmes et aux stimulations de la verge. Sa relaxation semble conditionner
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La dysfonction érectile en 2011
Stimuli sexuels
Olfactifs
(Rhinencéphale)
Visuels
(Occipital)
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Érection
NPV/MPOA
Imaginatifs
mémoire
(Système limbique)
Tactiles
(Thalamus)
Figure 5. Rôle du cortex sur le désir sexuel (D’après Chuang and Steers).
Noyau
paraventriculaire
Désir
+ Stimulation
sexuelle
Centre ortho-sympathique frénateur
+
Moelle
dorsolombaire
Voies
antiérectiles
(Σ)
Centre para-sympathique activateur
Plexus sacré
Voies
proérectiles
(para Σ)
Ré-activation de la
cascade des neuromédiateurs
PRO-ÉRECTEURS
GMPC
PRO-ÉRECTEUR
FLACCIDITÉ
ÉRECTION
Figure 6. Le contôle médullaire de l’érection.
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Voies
sacrées
Corps
caverneux
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Le pendule de l’érection
Facilitation :
Inhibition :
désir,
fantasmes,
caresses…
troubles du désir,
anxiété,
stress,
+
+ érection rigide, durable
- érection instable, médiocre
Figure 7. Le pendule de l’érection.
l’ouverture des récepteurs sensitifs du gland et l’apparition
des messages de plaisir facilitant érection et éjaculation.
L’érection a un fonctionnement réflexe, indépendant
de notre volonté, dont le déclenchement répond à une
pulsion sexuelle : le désir. L’érection peut être stimulée
psychiquement (fantasmes) ou physiquement (caresses).
Mais il existe un système inhibiteur : l’orthosympathique.
Une érection de bonne qualité nécessite une inhibition du
tonus orthosympathique et le maintien de son inhibition
(figure 7) [10].
De la physiologie à la pathologie
Le centre orthosympathique est directement activé en
cas de danger, d’inquiétude, de stress. Sa mise en route
produit une sécrétion locale de noradrénaline par toutes
ses terminaisons nerveuses et la sécrétion d’adrénaline
par la surrénale. En réponse apparaît une vasoconstriction
périphérique qui privilégie la vascularisation des muscles
et du cœur. . . et la détumescence active et rapide du pénis
en cas d’érection par contraction des tissus érectiles.
Les troubles de l’érection provoquent une forte augmentation du tonus orthosympathique du fait de la
souffrance, du stress chronique que ressent le patient.
Lorsque ce stress est important et prolongé, la sécrétion de
noradrénaline très élevée dans les corps caverneux peut
empêcher toute érection (spontanées ou sous stimulation)
et même bloquer l’effet des médicaments (y compris les
injections intracaverneuses).
À un degré moindre, l’érection est devenue de mauvaise qualité et instable. La pensée « négative » : « je n’y
arriverai pas. . . elle va se moquer de moi. . . » déclenche
un stress et donc une décharge orthosympathique, suivie
de détumescence.
De la physiopathologie à la prise en charge
Celui qui prescrit un médicament chez un patient
ayant une composante psychogène (l’immense majorité
des patients) doit tenir compte de ces données de physiologie. Il doit espérer que l’effet du médicament sera
supérieur à celui de la noradrénaline (la réapparition
d’érections permettra au patient de normaliser ses facteurs de stress) ou bien accepter le risque d’un fort taux
d’échec, et l’obligation rapide de prescrire des médicaments de plus en plus puissants (escalade thérapeutique).
La meilleure attitude est donc d’associer une prise en
charge spécifique (expliquer, rassurer, modifier les cognitions et les comportements. . .) avec, à chaque fois que
c’est nécessaire, l’aide d’un thérapeute spécialisé, psychologue, psychiatre ou sexologue [11].
Conflits d’intérêts : aucun.
Références
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Laffont, 1968.
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the Massachusetts Male aging study. J Urol 1994 ; 151 : 54-61.
3. Spira A, Bajos N. Le groupe ACSF. In : Les comportements sexuels
en France. Paris : La documentation française, 1993.
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mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 13, supplément 1, décembre 2011
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La dysfonction érectile en 2011
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1995 ; 22 : 727-54.
7. Giuliano F, Rampin O, Benoit G, Jardin A. Pharmacologie de
l’érection. Prog Urol 1997 ; 7 : 24-33.
10. Lue T, editor. Physiology of penil erection and physiopathology of
erectile dysfunction and priapism. Philadelphia : WB Saunders, 1996,
p. 1167-1179.
11. Costa P, Avances C, Wagner L. Dysfonction érectile : connaissances, souhaits et attitudes. Résultats d’une enquête française
réalisée auprès de 5 099 hommes âgés de 18 à 70 ans. Prog Urol
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Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
8. Rampin O, Giuliano F, Benoit G, Jardin A. Commande nerveuse
centrale de l’érection. Prog Urol 1997 ; 7 : 17-23.
9. Lue TF, Zeineh SJ, Schmidt RA, Tanagho EA. Neuroanatomy of
penil neurovascular structures. J Urol 1984 ; 131 : 273-80.
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